Revue de presse du 5 février 2024

Les élections de 2024 en Afrique : Des défis et opportunités pour retrouver l’élan démocratique
L’Afrique a un calendrier électoral chargé en 2024, avec 19 pays où se tiendront des élections présidentielles ou générales. Les scrutins vont d’élections multipartites concurrentielles à des exercices électoraux superficiels. Les deux tiers de ces scrutins se dérouleront au cours du dernier trimestre de l’année. Une série d’élections en Afrique australe, où un parti unique a longtemps dominé, pourraient voir leur première transition de pouvoir, tandis que d’autres pourraient perdre leur majorité législative…Plusieurs pays du Sahel qui ont subi des coups d’État ces dernières années devraient organiser des élections cette année dans le cadre du calendrier convenu pour le retour à un régime civil…Le désir profond des citoyens de faire entendre leur voix est thème commun et durable dans ces pays, notamment dans le cadre de l’aspiration du continent à une gouvernance plus réactive, plus orientée vers le service public et plus démocratique. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

Au Sénégal, le président, Macky Sall, annonce le report sine die de l’élection présidentielle
C’est la première fois depuis 1963 qu’une élection présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal. Lors d’un discours à la nation, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, a annoncé samedi 3 février le report sine die de l’élection présidentielle du 25 février. Une annonce qui survient quelques heures à peine avant l’ouverture de la campagne électorale. « J’ai signé le décret […] abrogeant [celui] portant convocation du corps électoral » le 25 février, a-t-il annoncé, après la mise en place d’une commission parlementaire enquêtant sur deux juges du Conseil constitutionnel dont l’intégrité dans le processus électoral est contestée…Le président, Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, avait annoncé en juillet ne pas être candidat. Il a réaffirmé samedi qu’il ne se représenterait pas à la présidence. « J’engagerai un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive », a dit M. Sall dans son discours, sans donner de date. Le Monde avec AFP

Des heurts devant l’Assemblée nationale sénégalaise avant un débat crucial
Les gendarmes sénégalais ont dispersé lundi à l’aide de gaz lacrymogène un rassemblement de protestation devant l’Assemblée nationale à Dakar avant l’ouverture d’un débat critique et explosif sur un report de la présidentielle…Les députés doivent débattre à partir de 11H00 (locales et GMT) d’une proposition de loi constitutionnelle qui reporterait le scrutin de six mois maximum, au cours d’une séance anticipée comme un moment crucial. L’approbation requiert une majorité des trois cinquièmes des 165 députés. Elle n’est pas acquise. Le vote est prévu dans la journée. Adoption ou rejet, la situation demeurera hautement volatile. L’opposition a appelé à manifester devant l’Assemblée nationale, placée sous la haute protection de dizaines de gendarmes et policiers appuyés par des véhicules lourds. AFP

Arrestation de l’opposante et ex-Première ministre sénégalaise Aminata Touré
L’opposante et ex-Première ministre du Sénégal Aminata Touré a été arrêtée dimanche à Dakar par la gendarmerie alors qu’elle participait à une manifestation de l’opposition contre le report de la présidentielle du 25 février, a indiqué le député d’opposition Guy Marius Sagna. « Je confirme qu’Aminata Touré a été arrêtée par les gendarmes », a déclaré M. Sagna. Ancienne Première du Sénégal nommée par le président Macky Sall puis passée à l’opposition, Mme Touré, candidate recalée à la présidentielle, répondait dimanche à un appel pour protester contre le report sine die du scrutin, annoncé samedi par le chef de l’Etat. AFP

Décès de Hage Geingob, président de la Namibie et militant anti-apartheid
Le président de la Namibie, Hage Geingob, est décédé dimanche à l’âge de 82 ans des suites d’un cancer. Son adjoint a prêté serment pour terminer son mandat. M. Geingob est décédé dans un hôpital local, avec sa famille à ses côtés. Il était rentré en Namibie le mois dernier des États-Unis, où il avait subi un essai de deux jours de « traitement novateur des cellules cancéreuses », selon son bureau. En 2014, il avait déclaré avoir survécu à un cancer de la prostate. M. Geingob a joué un rôle central dans ce qui est devenu l’une des démocraties les plus stables d’Afrique après être revenu d’un long exil au Botswana et aux États-Unis en tant que militant anti-apartheid. Il était le troisième président du pays depuis que celui-ci a obtenu son indépendance en 1990, après plus d’un siècle de domination allemande. VOA avec AP

Tunisie : Faible engouement électoral avec seulement 12,44 % de participation au second tour des élections locales
La Tunisie enregistre une participation dérisoire de 12,44 % au second tour des élections des conseils locaux dénotant ainsi un désintérêt massif du peuple tunisien. Dimanche soir, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a dévoilé des chiffres alarmants, annonçant un taux de participation au second tour des élections des conseils locaux s’élevant à seulement 12,44 % à la fermeture des bureaux de vote. Le président de l’Instance, Farouk Bouasker, a souligné lors d’une conférence de presse à Tunis que seuls 520 303 électeurs tunisiens avaient pris part au scrutin, rendant ce second tour largement délaissé. Il a précisé que le taux de participation était divisé entre 35 % de femmes et 65 % d’hommes, mettant en lumière une faible mobilisation de l’électorat…Les élections, qui se sont déroulées dans 779 des 2 129 circonscriptions électorales concernées, ont été marquées par un faible nombre de candidats avec seulement 1 558 en lice pour ce second tour, et une participation de 4 181 871 électeurs dans 2 037 centres de vote. La crise politique persistante en Tunisie depuis le 25 juillet 2021 a gravement impacté le processus électoral, avec un premier tour des élections des conseils locaux déjà marqué par le boycott de l’opposition. Sahel Intelligence

Une vingtaine de morts dans des attaques ethniques dans une région disputée entre les deux Soudan
Un total de 19 morts, dont un travailleur humanitaire, ont été tués dans des attaques à caractère ethnique dans la région d’Abyei, zone frontalière contestée entre le Soudan et le Soudan du Sud, a annoncé dimanche l’autorité de la région…Une personne a été tuée samedi dans une attaque et trois autres « enlevées », et 18 autres dimanche « dont quatre femmes, trois enfants et un travailleur humanitaire de MSF » tuées et « 18 blessés dont trois femmes et deux enfants » dans des attaques menées par des jeunes Twic et une milice armée, a-t-elle ajoutée…Le week-end précédent, des affrontements similaires entre deux tribus issues de l’ethnie Dinka, les Ngok vivant à Abyei et les Twic venus de l’Etat voisin du Warrap, ont fait 54 morts, dont deux Casques bleus, et 64 blessés. AFP

Guerre au Soudan: des combats dans le Darfour-Nord laissent craindre une escalade du conflit
Au Soudan, des accrochages ont éclaté, jeudi 1er février, entre l’armée et les paramilitaires du général Hemedti, dans la capitale du Darfour-Nord laissant craindre une escalade du conflit. La ville d’El Fasher, au Darfour, a été pilonnée mais elle reste contrôlée par la 6ème division de l’armée. Les Forces de soutien rapide (FSR) ont décidé d’ouvrir un nouveau front. Depuis novembre, elles contrôlent quatre des cinq provinces du Darfour. RFI

Incendie Kenya: William Ruto dénonce « l’incompétence » et « la corruption » de certains fonctionnaires
Le président kényan William Ruto a dénoncé samedi « la corruption » et l’incompétence » des fonctionnaires qui ont permis l’installation dans une zone résidentielle d’un site de stockage de gaz à l’origine d’un incendie qui a fait trois morts et 280 blessés à Nairobi…Le site de stockage de gaz, installé dans le quartier densément peuplé d’Embakasi, avait été qualifié d' »illégal » vendredi par les autorités. Mais l’Autorité nationale de gestion de l’Environnement (NEMA) a révélé samedi dans un communiqué que la société avait obtenu une autorisation de s’y installer le 2 février 2023. « Les enquêtes préliminaires ont révélé que quatre agents de la NEMA n’ont pas traité la licence conformément à la procédure et sont donc coupables », a déclaré samedi le président du conseil d’administration de la NEMA, Emilio Mugo, dans un communiqué…L’incendie a été déclenché jeudi vers 23H30 locale (18H30 GMT) par l’explosion d’un camion à proximité de ce site installé dans le quartier densément peuplé d’Embakasi, dans le sud-est de la capitale kényane. AFP

RDC: deux personnalités de la société civile toujours détenues après leur arrestation devant le Parlement
En République démocratique du Congo (RDC), plusieurs militants des droits de l’homme ont été arrêtés le 3 février 2024 en fin de journée à Kinshasa. Ils participaient à une manifestation pour commémorer et dénoncer les 600 jours d’occupation de la ville de Bunagana, dans l’Est de la RDC, par les rebelles du M23. Selon les informations de RFI, une partie des militants ont été libérés ce lundi matin. Mais deux personnalités de la société civiles congolaises sont toujours détenues : il s’agit de Fred Bauma et Bienvenu Matumo, deux militants historiques de la Lucha. Fred Bauma dirige notamment l’institut de recherches congolais Ebuteli, basé à Kinshasa et qui travaille sur plusieurs piliers : sécurité, gouvernance. Bienvenu Matumo poursuit son doctorat en France, mais continue de militer au sein de la société civile en RDC et il est actuellement à Kinshasa. RFI

RDC : un hélicoptère de l’ONU essuie des tirs
Un hélicoptère de l’ONU a essuyé des tirs de présumés rebelles du M23 et un engin explosif a semé la panique à la périphérie de la grande ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo. Selon l’ONU, deux Casques bleus sud-africains ont été blessés, dont un grièvement, dans l’attaque qui a visé dans les environs de Karuba, dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu), un hélicoptère de la Monusco (la Mission des Nations unies en RDC) qui effectuait une évacuation sanitaire…Le 2 février, un engin explosif a fait au moins deux blessés dans le quartier de Mugunga, à la périphérie de Goma. Des habitants paniqués ont immédiatement parlé d’une « bombe » tombée à proximité d’une école, tandis qu’un représentant de la société civile évoquait un obus de mortier. TV5 avec AFP

Présidentielle au Cameroun: les oppositions entament les manœuvres stratégiques
Deux coalitions sont d’ores et déjà sur pieds. La première, c’est l’Alliance politique pour le changement (APC), annoncée en décembre dernier lors de la dernière convention du MRC. Son candidat lui aussi est connu, il est nul autre que Maurice Kamto. Comme soutien principal à cette coalition en construction, le Front pour le changement Cameroun du député et transfuge du SDF, Jean-Michel Nintcheu. Pour ce dernier, il n’y a plus lieu de tergiverser sur le choix du candidat de l’opposition ayant le plus de chance de battre celui du RDPC. Maurice Kamto à ses yeux est l’homme sur lequel le reste de l’opposition qui aspire au changement doit s’agréger…À l’opposé de cette alliance, une autre a récemment vu le jour. Il s’agit de l’Alliance politique pour la transition (APT) portée par Olivier Bile, candidat recalé à l’élection présidentielle de 2018. Celle-ci mène parallèlement des consultations avec diverses figures de l’opposition et de la société civile. RFI