Revue de presse du 5 octobre 2022

Burkina Faso : la délégation de la Cedeao repart « confiante » après sa visite post-coup d’Etat
Le capitaine Ibrahim Traoré a promis de respecter les engagements pris par son prédécesseur sur l’organisation d’élections et un retour des civils au pouvoir au plus tard en juillet 2024. … La délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) venue évaluer la situation au Burkina Faso, quelques jours après un deuxième coup d’Etat en huit mois, est repartie « confiante », mardi 4 octobre, de Ouagadougou, où des manifestants s’étaient rassemblés pour la critiquer. Cette mission lui a donné « l’occasion d’avoir deux rencontres importantes : une première avec les chefs traditionnels et religieux et la principale avec le capitaine Ibrahim Traoré », le nouvel homme fort du pays, a déclaré l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, membre de la délégation et médiateur de la Cedeao pour le Burkina, qui a jugé que le pays avait été pendant le week-end « au bord du gouffre ». Le Monde avec AFP

Attaque djihadiste au Burkina Faso : près d’une trentaine de soldats tués, selon un nouveau bilan
Vingt-sept soldats ont été tués lors d’une attaque le 26 septembre de djihadistes présumés à Gaskindé, dans le nord du Burkina Faso, selon un nouveau bilan établi mardi 4 octobre. Le précédent bilan faisait état d’au moins onze soldats tués et d’une cinquantaine de civils disparus dans l’attaque d’un convoi de ravitaillement à destination de la ville de Djibo, capitale régionale enclavée dans le nord du pays et sous pression constante, depuis plusieurs années, des groupes jihadistes. Mardi, un message interne de l’armée, authentifié par l’Agence France-Presse, faisait état d’une cérémonie prévue vendredi 7 octobre pour les obsèques de vingt-sept soldats morts à Gaskindé. Le document ne fait pas état des civils disparus. Le convoi de ravitaillement, composé de dizaines de camions, avait été attaqué sur la route par des hommes armés, djihadistes présumés, avec un mode opératoire désormais connu et répété dans cette zone excentrée du Burkina Faso. Ces convois, escortés par l’armée, ravitaillent des villes du Nord soumises à un blocus des groupes jihadistes qui ont récemment dynamité des ponts sur de grands axes routiers. Le Monde avec AFP

Au Mali, Ménaka se prépare au prochain assaut terroriste de l’EIGS
Au Mali, la situation est plus précaire que jamais dans le nord-est du pays, et tout particulièrement à Ménaka. Cela fait plusieurs mois que l’EIGS, la branche sahélienne du groupe État islamique, mène des offensives meurtrières pour prendre le contrôle de cette zone frontalière du Niger et du Burkina. La dernière offensive a eu lieu à Talataye, il y a trois semaines. … L’armée malienne et ses supplétifs russes, présents à Ménaka, n’ont jusqu’ici pris part à aucun combat dans cette partie du territoire malien. Les autorités de transition n’ont d’ailleurs jamais communiqué sur aucun des massacres commis dans la zone depuis mars dernier. Au plus grand désarroi des populations locales qui expriment, hors micro, leurs craintes et redoutent d’être volontairement abandonnées à leur sort par les autorités de transition. Sollicitée à plusieurs reprises par RFI sur ses activités dans la zone, l’armée malienne n’a jamais donné suite. RFI

Pour la COP27, la société civile africaine organise une caravane africaine pour le climat
La société civile africaine souhaite parler d’une même voix pour se faire entendre dans les négociations climatiques, à la pré-COP de Kinshasa et à la COP27 de Charm el-Cheikh, et ce, à travers une initiative inédite : la caravane africaine pour le climat. 375 organisations se sont unies pour recueillir les demandes des citoyens à travers 28 pays d’Afrique afin de préparer un plaidoyer commun. RFI

RDC : à la pré-COP27, le Sud a donné de la voix
Le 4 octobre au soir, les ministres et spécialistes de l’environnement d’une soixantaine de pays ont achevé leurs discussions sur les thèmes habituels des négociations sur le climat : adaptation, atténuation, finance, « pertes et préjudices ». Il n’y a pas eu de déclaration finale, comme c’est toujours le cas pour ces “pré-COP”, lieux de « discussions à bâtons rompus », a rappelé Tosi Mpanu Mpanu, négociateur de la RDC aux conférences climat des Nations unies. « Les pays peuvent discuter de manière plus audacieuse, plus osée, sachant que rien ne leur serait imposé comme conclusion finale », a-t-il expliqué. Tout le monde n’est pas d’accord, mais tous ont « identifié l’urgence de l’action climatique ». « Du point de vue de la diplomatie climatique, c’est un succès », estime-t-il. La ministre de l’Environnement de RDC, Eve Bazaïba, à la manœuvre depuis des semaines pour piloter cette “pré-COP” co-organisée avec l’Égypte, semblait satisfaite en annonçant la formation prochaine d’un front commun des grands pays forestiers que sont la RDC, le Brésil et l’Indonésie. Il s’agit de se présenter en force aux négociations sur le climat et la biodiversité, pour parler préservation du couvert forestier mais aussi de « accès aux finances climat » et « prix de la tonne de carbone ». Jeune Afrique

RDC : Félix Tshisekedi réorganise encore ses forces armées, encore contrôlées par des proches de Kabila
Le président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a procédé à une série de nominations au sein de la hiérarchie des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), dont celle d’un nouveau chef d’état-major en la personne du général Christian Tshiwewe Songesha, a rapporté mardi la presse kinoise. Les ordonnances présidentielles détaillant ces nominations ont été lues lundi soir à la télévision publique congolaise, la RTNC. Le nouveau chef d’état-major général des FARDC était depuis deux ans et demi commandant de la Garde républicaine (GR), une unité d’élite forte d’environ 12.000 hommes – soit la taille d’une division -, et chargée de la sécurité du chef de l’État. Il avait été nommé à cette fonction en avril 2020 par M. Tshisekedi avant d’être promu au grade de lieutenant-général (« à trois étoiles »). Il succède au général d’armée Célestin Mbala Munsense, en place depuis juillet 2018 et reconduit à son poste le 21 mai 2019, selon la radio onusienne Okapi. Belga

« Mes cheveux, c’est ma liberté. C’est ça qu’ils veulent cisailler » : la junte militaire au Soudan coupe les mèches rebelles
« Mes cheveux, c’est ma liberté. C’est ça qu’ils veulent cisailler, raser de la surface », assène Abdallah* en empilant des briques sur une barricade. Comme chaque semaine depuis presque un an, cet étudiant en ingénierie est descendu dans les rues de Khartoum, jeudi 29 septembre, pour protester contre le coup d’Etat mené par le général Abdel Fattah Al-Bourhane. … Une semaine plus tôt, en sortant de l’université, il s’apprêtait à monter dans un bus quand une main l’a violemment tiré en arrière. Des policiers en civil l’ont roué de coups avant de lui découper des mèches de cheveux aux ciseaux. Ce jour-là, des dizaines de jeunes Soudanais ont subi le même sort, humiliés en place publique. Dans le sillage du putsch militaire du 25 octobre 2021, les campagnes de ce genre se sont multipliées dans la capitale et les autres grandes villes du pays. Postés à des check-points ou dispersés dans le tumulte des gares routières, des policiers, des soldats, des agents des renseignements ou des miliciens à la solde du pouvoir font régulièrement descendre les passagers d’un bus pour couper les crinières rebelles. Le tout à l’aide de tondeuses, couteaux, lames de rasoir et parfois même des bouts de verre. Les militants des comités de résistance, principale épine dans la botte des militaires, sont particulièrement ciblés, mais beaucoup d’autres jeunes citadins en font les frais. Le Monde

Tchad : des élections transparentes sont-elles possible après la transition ?
La probable candidature du chef de la junte militaire à la prochaine présidentielle, fait débat au Tchad et à l’extérieur du pays.L’Union européenne (UE) a fait part dimanche (02.10.2022), de sa « préoccupation » concernant les décisions prises la veille, de prolonger la transition et de permettre au chef de la junte militaire Mahamat Déby Itno de briguer la présidence. Ces mesures ont été adoptées par le « dialogue de réconciliation nationale », mais en l’absence d’une très grande partie de l’opposition et des organisations de la société civile qui le boycottent, ainsi que de deux des trois plus importants groupes armés rebelles. … Dans ses décisions de samedi, le Dialogue n’a donc pas suivi l’UA, en prolongeant de deux ans maximum la période de transition vers des élections, et en autorisant Mahamat Déby à briguer la présidence du pays. … Pour l’analyste Baidessou Soukolgue, joint par la DW, « l’Union africaine et la France ont fait preuve de souplesse face à la junte au pouvoir. L’Union africaine se trouve prise au piège de son propre jeu en ayant refuser de qualifier d’anticonstitutionnel, la prise de pouvoir de Mahamat Déby. Elle s’est donc privée d’une base contraignante. La transparence d’une élection est avant tout une question de volonté politique et non simplement une question de fichier électoral. » DW

Le gouvernement éthiopien vers des pourparlers avec les rebelles tigréens
Le gouvernement éthiopien a annoncé mercredi avoir répondu favorablement à une invitation de l’Union africaine (UA) à de prochains pourparlers de paix avec les rebelles de la région septentrionale du Tigré, sans en préciser la date ni le lieu. « L’Union africaine a envoyé une invitation à des discussions de paix. Le gouvernement d’Ethiopie a accepté cette invitation, dans la lignée de notre position de principe concernant la résolution pacifique du conflit et la nécessité de discussions sans préconditions », a indiqué dans un tweet Redwan Hussein, conseiller à la Sécurité nationale du Premier ministre Abiy Ahmed. Dans un communiqué, le Service de communication du gouvernement éthiopien (GCS) a affirmé que l’UA avait communiqué dans son invitation la date et le lieu des pourparlers, mais ne donne aucun détail à ce sujet. AFP

Mozambique : près d’un million de personnes ont fui cinq années de violence à Cabo Delgado, selon le HCR
Cette semaine marque le cinquième tragique anniversaire du début « des violences extrêmes », qui ont éclaté au nord du Mozambique. Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, près d’un million de personnes ont fui ces cinq années de violence à Cabo Delgado. « Tragiquement, le conflit ne s’est pas apaisé et des milliers de familles sont toujours contraintes de quitter leur foyer en raison des attaques de groupes armés non étatiques », a déclaré lors d’une conférence de presse régulière de l’ONU à Genève, Matthew Saltmarsh, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Plus de cinq ans après le début des violences dans ce pays d’Afrique australe, la situation humanitaire dans la province de Cabo Delgado a continué à se détériorer. Le nombre de personnes déplacées a augmenté de 20% pour atteindre plus de 946.000 au cours du premier semestre de cette année. Le conflit s’est étendu à la province voisine de Nampula, qui a été le théâtre de quatre attaques de groupes armés en septembre, touchant au moins 47.000 personnes et en déplaçant 12 000. ONU Info

Ouganda : Muhoozi Kainerugaba, fils du président Museveni, remplacé à la tête de l’armée
Ce n’est pas la première fois que les tweets de Muhoozi Kainerugaba virent à l’imbroglio diplomatique. Le ministre ougandais de la Défense a ainsi dû se rendre en Éthiopie en mai dernier, après la publication d’un message de soutien aux rebelles du Tigré. Le rôle de “Muhoozi” dans le rapprochement entre l’Ouganda et le Rwanda, et quelques-unes de ses publications sur la situation dans l’est de la RDC, ont également contribué à alimenter la méfiance d’une partie de l’administration congolaise vis-à-vis de Kampala. Faut-il pour autant voir dans ce limogeage une sanction ? Sans doute pas. Bien que remplacé à la tête de l’armée, Muhoozi Kainerugaba a été promu au grade de général quatre étoiles. Il conserve aussi son poste de conseiller spécial auprès du président. Depuis son entrée dans l’armée il y a 25 ans, il a connu une ascension météorique au sein des forces de défense. Dès 2009, à seulement 35 ans, il a pris la tête du Commandement des Forces spéciales (SFC), devenues l’une des unités les plus sophistiquée de l’armée ougandaise. Pressenti depuis plusieurs années pour succéder à son père à la tête de l’État, “Muhoozi” avait donné aux célébrations de son 48e anniversaire, en avril dernier, des allures de pré-campagne. Jeune Afrique

Notation souveraine : Le Ghana poursuit sa descente aux enfers
Après l’agence de notation financière Fitch Ratings, c’est au tour de Moody’s de dégrader les notes de crédit du Ghana, craignant une restructuration de la dette publique alors qu’Accra est en discussion avancée avec le FMI. Dernière chance face à une inflation galopante qui a emporté sur son chemin la devise nationale, le Cedi. Inquiète que les négociations en cours entre le gouvernement et le FMI ne débouchent sur un programme de financement incluant une condition de restructuration de la dette publique, Moody’s a décidé d’abaisser la note d’émetteur à long terme et de la dette senior non garantie de Caa1 à Caa2 (catégorie ultra-spéculative). Ces cotes ont été, dans la foulée, placées sous surveillance avec perspective négative, en vue d’une autre possible dégradation future. «Une telle restructuration serait probablement considérée comme un défaut», prévient l’agence Moody’s. Confronté à une crise économique aiguë, le gouvernement ghanéen est à la recherche d’une thérapie de choc auprès du FMI, pour se «recrédibiliser» auprès de ses partenaires, notamment les investisseurs. Pour Moody’s, «la dégradation de la note à Caa2 reflète la récente détérioration macroéconomique qui a aggravé les difficultés de liquidité et de soutenabilité de la dette publique et augmenté le risque de défaut.» AFRIMAG

Burkina Faso, les cartes pour comprendre les raisons du dernier putsch
L’ultime renversement du pouvoir en place intervient alors que le pays est en proie à une grave crise sécuritaire. Huit mois après le putsch qui avait déposé le président Roch Marc Christian Kaboré, en janvier, le Burkina Faso connaît un nouveau coup d’Etat. Le 30 septembre, des unités de l’armée se sont soulevées contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Celui-ci a finalement accepté le 2 octobre de démissionner avant de s’exiler au Togo. Il a depuis été remplacé par Ibrahim Traoré, un capitaine de 34 ans. Le Monde