Revue de Presse du 4 octobre 2019

Au Cameroun, Paul Biya ordonne la libération de 333 détenus liés à la crise anglophone
Le président du Cameroun, Paul Biya, a ordonné jeudi 3 octobre la libération de 333 détenus, un « geste d’apaisement » à la veille de la clôture du grand dialogue national. Mais la perspective de ramener la paix dans les régions anglophones ravagées par un conflit meurtrier entre séparatistes et forces de l’ordre reste éloignée. Ces assises, convoquées par le chef de l’Etat, ont également préconisé l’octroi d’un « statut spécial » aux deux régions de l’Ouest peuplées par la minorité camerounaise anglophone, mais sans en spécifier pour l’heure la teneur exacte. Cette proposition écarte de fait le fédéralisme demandé par les personnalités anglophones qui n’ont pas boycotté ces assises, boudées par la grande majorité des leaders des groupes armés indépendantistes. La résolution sur un « statut spécial », comme d’autres, doivent être « transmises » au président Biya. Le Monde avec AFP

Trois personnes ont été tuées jeudi lors de l’attaque d’un autocar au Mozambique, où des dissidents de la Renamo, l’ex-rébellion devenue le principal parti d’opposition du pays, ont menacé de faire régner la violence avant les élections générales du 15 octobre. L’incident s’est déroulé dans le district de Gorongosa, dans le centre du pays, et a visé un autocar qui reliait la ville de Nampula (nord-est) à la capitale, Maputo, a-t-on appris auprès du Centre pour l’intégrité publique (CIP), une ONG qui surveille les préparatifs des prochaines élections générales. Cette région est le fief d’une faction de la Renamo qui a promis de multiplier les attaques si le scrutin n’était pas reporté. Interrogée par l’AFP, la police locale a confirmé l’incident mais s’est refusée à l’attribuer à ces militants. AFP

Plusieurs groupes terroristes seraient à la manœuvre dans les récentes attaques au Mali et au Burkina Faso, ce qui pose aujourd’hui la question de leur collaboration. « Les terroristes ont aussi leur G5-Sahel. Ansar Dine, Front du Macina, al-Mourabitoune, AQMI, Ansarul Islam, État islamique dans le Grand Sahara : ça fait un G5 », ironise le chef d’un groupe d’anciens rebelles du nord-est du Mali. Pour ce combattant, depuis la déroute de l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) dans l’est du Mali et de la Katiba Macina (affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, GSIM) au centre, les jihadistes se sont retranchés au Burkina Faso pour se recomposer. Des connexions ont même été établies entre eux. Ce serait le cas notamment pour la récente attaque de Boulkessi, attribuée par la force conjointe du G5 Sahel aux terroristes burkinabè d’Ansarul Islam. RFI

L’armée malienne a perdu 38 soldats dans l’attaque de deux camps par des jihadistes en début de semaine, selon un nouveau bilan officiel communiqué jeudi soir et aggravant encore la sévérité du coup reçu par les forces gouvernementales. « Je suis très fier de ces éléments, de ces parachutistes, qui se sont battus sur la position. Mais, malheureusement, après les décomptes, aujourd’hui, on a enterré 38 corps », a dit le ministre de la Défense Ibrahima Dahirou Dembélé à la télévision nationale. Le précédent bilan gouvernemental datant de mardi soir faisait état d’au moins 25 soldats tués et d’une soixantaine portés disparus. Jeune Afrique avec AFP

Conscient de l’ampleur de la menace, les 15 pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, plus la Mauritanie et le Tchad, ont tenu le 14 septembre à Ouagadougou un sommet extraordinaire sur le terrorisme. Ils ont annoncé un plan d’action 2020 – 2024, qui sera adopté en décembre, d’un milliard de dollars, pour lutter contre le terrorisme. Ce plan, décliné en huit axes, tournera autour de la mutualisation et d’une coordination accrue des efforts dans la lutte contre le phénomène, mais également d’un partage de renseignements entre les États membres, la formation et l’équipement. Boubacar Bocoum, analyste politique, perçoit la problématique du Sahel autrement. « Le problème aujourd’hui dans le Sahel n’est pas militaire. Même si débarque ici toute l’armée des États Unis, le problème ne sera pas résolu », dit-il avec conviction. « C’est un problème géopolitique et géostratégique. Tant que les États de l’ex OCRS (Organisation commune des régions sahariennes) ne décideront pas de mettre à disposition de l’Occident leurs ressources naturelles, ces pays ne seront jamais tranquilles. Tous ceux qui sont dans la MINUSMA aujourd’hui sont des gens qui attendent les retombées de cette histoire. C’est la triste réalité », soutient Bocoum. Journal du Mali

Dans le cadre de l’examen de la situation sécuritaire dans l’espace Uemoa, un mini sommet s’est déroulé au Centre International de Conférences Abdou Diouf (Cicad) à Dakar au Sénégal. Les chefs d’Etat, lors de leur discours de clôture, ont marqué leur préoccupation commune contre le terrorisme dans la sous- région. Ainsi, les pays membres de l’Union économique monétaire ouest africaine (Uemoa) compte mobiliser plus de 290 milliards de francs CFA pour lutter contre le terrorisme. Cette décision a été prise ce jeudi lors d’une réunion à Dakar (Sénégal), présidée par le président Macky Sall et son homologue du Bénin, le président Patrice Talon. Benin 24 TV

L’ensemble des partis politiques du Bénin sont invités le 10 octobre à un dialogue politique avec le pouvoir en place, a annoncé jeudi la présidence béninoise. Dans un communiqué de presse, la présidence de la République a invité une dizaine de formations politiques de l’opposition et celles qui soutiennent le président Patrice Talon, au pouvoir depuis avril 2016, « à prendre part au dialogue politique ». Le Bénin connaît depuis avril dernier une crise politique. Tous les partis ont été empêchés de prendre part aux élections pour élire les 83 députés à l’exception des deux qui soutiennent le président Talon. Des violences post-électorales sont survenues dans plusieurs localités du Bénin, faisant plusieurs morts dans la seule ville de Cotonou. AFP

La tension monte peu à peu au Soudan du Sud à mesure que l’échéance du 12 novembre approche. Ce jour-là, le chef rebelle Riek Machar est censé rentrer à Juba pour occuper le poste de premier vice-président, avant la formation d’un gouvernement d’union nationale. La dernière fois que Riek Machar était rentré définitivement au pays, c’était en 2016. Mais la guerre avait repris peu après. Or il devait rentrer en mai. Un délai de six mois a été accordé. Malgré tout, rien ne semble prêt. Plus d’un an après la signature de l’accord de paix, son application accuse un retard chronique. Deux points sont particulièrement sensibles : la sécurité entourant le retour du chef rebelle et les divisions administratives du pays, le président Kiir étant accusé de vouloir favoriser son ethnie, les Dinkas. RFI

Depuis le mois de juin, au moins 66 personnes ont été arrêtées et placées en détention provisoire à Alger alors qu’elles participaient ou projetaient de participer aux manifestations pour un changement de régime. Une première vague d’arrestations a eu lieu fin juin, après les discours du chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, pointant du doigt ceux qui brandiraient le drapeau berbère. La deuxième vague est arrivée mi-septembre, alors que les autorités annonçaient la tenue d’une élection présidentielle pour le 12 décembre. Selon la presse, sur la même période, près de cent personnes au total seraient concernées par des poursuites judiciaires ; et ce chiffre pourrait augmenter. Le 29 septembre, deux militants de l’association Rassemblement actions jeunesse (RAJ) ont été placés en détention provisoire après avoir été arrêtés dans deux cafés de la capitale. « Les arrestations ne vont pas cesser. Et avec l’approche des élections, ça m’étonnerait qu’ils les relâchent », soupire Ouhiba. Le Monde

L’Afrique est le continent le plus exposé à la cybercriminalité, ont déploré jeudi à Abidjan un spécialiste du numérique au 4e Africa Cybersecurity Conference d’Abidjan (ACC) « L’Afrique est le continent le plus exposé à la cybercriminalité. Le taux de vulnérabilité des infrastructures numériques est de 83 %, laissant une porte ouverte pour pourvoir infecter les équipements » a dit à l’AFP, James Claude, PDG de Global Voice Group, qui fournit des solutions numériques à des agences de régulation, des banques centrales, en particulier en Afrique. Pour lui, l’Afrique doit « investir considérablement dans la cybersécurité si elle veut aborder sereinement la quatrième révolution industrielle ». La « cybersécurité est incontournable pour les 400 millions d’utilisateurs de téléphone mobiles en Afrique ». AFP

Face à la multiplication des vidéos de bagarres et d’agressions – souvent à l’arme blanche – sur les réseaux sociaux, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) veut tordre le cou à l’idée d’une insécurité en hausse. Mohamed Dkhissi, directeur de la police judiciaire, a vanté devant la presse les résultats du déploiement d’une nouvelle brigade anti-gang (BAG) qui se concentre sur les agressions, les vols à l’arraché et les altercations, ces maux typiquement urbains mis en avant sur internet. Jeune Afrique

La région des Grands Lacs d’Afrique est, plus que jamais, résolument engagée dans sa marche vers la stabilité, a déclaré jeudi 3 octobre, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour cette région, Huang Xia, devant le Conseil de sécurité. Selon lui, des étapes importantes ont été franchies dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région, qui a été signé en 2013, grâce notamment au transfert pacifique du pouvoir en RDC et à la volonté réaffirmée des leaders de la région de faire face ensemble aux défis qui entravent son émergence. « Après sa prise de fonctions, le Président de la RDC, Félix Tshisekedi, s’est engagé à travailler étroitement avec ses pairs afin de rétablir la paix et la sécurité à l’est de la RDC. Cette ouverture diplomatique a été saluée par tous les chefs d’Etat que j’ai rencontrés dans la région, qui m’ont assuré de leur engagement à soutenir cet élan de coopération », a souligné Huang Xia, devant les membres du Conseil de sécurité. Radio Okapi

Ils sont 590 réfugiés burundais partis de Tanzanie, de retour au pays depuis ce jeudi 3 octobre. Des retours qui font suite aux annonces fin août du gouvernement tanzanien qui estime que la paix est revenue au Burundi et que tous les réfugiés burundais peuvent ainsi rentrer au pays. Environ 225.000 Burundais sont actuellement répartis dans trois camps situés dans le nord-ouest du pays, Nduta, Mtendeli et Nyarugusu, sont réfugiés en Tanzanie, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le porte-parole du gouvernement tanzanien, Hassan Abbas, a assuré jeudi qu' »aucun réfugié burundais ne (serait) forcé de retourner dans son pays ». Mais la réalité semble toute autre. DW

En Ouganda, la police et des partisans de l’opposition s’empoignent sur la question du port du béret rouge, déclaré illégal pour les civils en début de semaine. Six partisans de l’opposition interpellés ce jeudi par les forces de l’ordre à Kabalagala, une banlieue du sud de la capitale, Kampala. Membres du mouvement du musicien devenu député, Robert Kyagulanyi – plus connu sous le nom de Bobi Wine – ces militants de l’opposition ont été arrêtés alors qu’ils participaient à une réunion politique lors de laquelle ils dénonçaient l’interdiction du port du béret rouge, décidée lundi par le gouvernement. « Les jeunes ont insisté sur le fait que nous ne commettions aucune infraction lorsque nous portions ces bérets », a déclaré Joel Senyonyi, porte-parole du mouvement « Le Pouvoir du Peuple », soulignant au passage que le mouvement ne comptait pas abdiquer sur cette question de béret. Africa News avec Reuters

Au moment où les relations économiques, politiques et culturelles se développent de plus en plus entre l’Afrique et l’Asie, les témoignages sont rares qui peuvent véritablement permettre de comprendre comment ces deux continents, naguère au même niveau sur le plan économique, se ressemblent, se distinguent et peuvent s’inspirer l’un l’autre. En remontant les sentiers de l’histoire à partir du XIXe siècle, on constate d’abord que l’Afrique et l’Asie ont ceci de commun qu’elles ont subi les affres de la colonisation. Celle-ci a été soit française, soit britannique, soit japonaise. À la veille de la vague d’indépendance qui a caractérisé le continent dès 1956 avec, pour ouvrir le bal, la reconnaissance de la souveraineté internationale du Maroc et de la Tunisie suivis du Ghana et de la Guinée, des leaders des mouvements d’émancipation africains et des jeunes hauts responsables asiatiques ne se sont-ils pas rencontrés à Bandung, en Indonésie, dans une conférence qui a posé les bases de la doctrine du non-alignement dans un monde alors bipolaire entre l’Est et l’Ouest, entre la sphère occidentale et les pays derrière le rideau de fer, entre pays capitalistes et pays socialistes ou communistes ? Le Point