Revue de presse du 4 juin 2024

Afrique du Sud: à l’ANC, les négociations ont commencé pour former une coalition
Malgré son mauvais résultat aux élections qui lui a fait perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale, le Congrès national africain reste le premier parti politique d’Afrique du Sud. L’élection du prochain président devrait venir de ses rangs, à condition de trouver un partenaire de coalition. Un groupe de travail doit se réunir cette semaine, puis fournir ses scénarios aux membres de son comité national exécutif. « Nous sommes très unis », a réagi l’ANC alors que des rumeurs de division interne commençaient à circuler…Un rapprochement avec l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, assurerait la stabilité du pays, notamment d’un point de vue économique, selon des chercheurs. Mais la solution reste peu probable, car trop risquée. Cela donnerait des arguments aux voix qui accusent l’ANC d’être trop favorable au monde des affaires, majoritairement blanc. La solution est-elle de chercher des soutiens à gauche ? Avec les Combattants pour la liberté économique par exemple, parti de gauche radical de Julius Malema, arrivé quatrième, qui a déjà indiqué être prêt à travailler avec l’ANC. Ou alors avec MK, le nouveau parti populiste de Jacob Zuma, arrivé troisième, mais qui exige la démission de Cyril Ramaphosa avant toute discussion.  RFI

Sommet Corée du Sud-Afrique: une rencontre pour dynamiser les relations politiques et économiques
Ce mardi 4 juin s’est ouvert le premier sommet Corée du Sud-Afrique de l’histoire à Séoul. Vingt-cinq chefs d’États et les délégations de 48 pays du continent africain ont fait le déplacement dans la capitale coréenne…L’Afrique et son sous-sol offre des opportunités importantes à la Corée du Sud de diversifier ses approvisionnements en matières premières et en métaux rares. Les minerais sont vitaux pour le développement des industries de hautes technologies et des semi-conducteurs coréens qui sont le fleuron de l’économie du pays. Le président Yoon Suk-yeol a d’ailleurs fixé dans son discours comme priorité l’augmentation de la coopération dans ce domaine. En contrepartie, la Corée du Sud permettrait un transfert de compétence et des facilités dans les domaines des technologies de pointe, de l’agriculture, mais aussi dans les domaines de l’énergie et les infrastructures…Autre facteur important, la Corée du Nord a, ces derniers mois, fermé certaines emprises diplomatiques en Afrique dans une stratégie de restructuration de ses réseaux. Une aubaine pour Séoul qui pourrait prendre la place laissée vacante sur le continent par son grand rival nord-coréen. RFI

Le Nigeria tourne au ralenti en raison d’une grève générale pour une hausse du salaire minimum
Au Nigeria, un bras de fer est engagé entre les syndicats et le gouvernement. Depuis des mois, les négociations sont au point mort. En plus de la diminution des tarifs de l’électricité, les syndicats réclament un salaire minimum à 309 euros, alors que les autorités fédérales proposent de le passer de 18,50 à 37 euros. La distribution d’électricité, les ports, les universités, les hôpitaux, le transport aérien local… Les secteurs clefs et indispensables au Nigeria sont ralentis, voir complètement bloqués. Les chiffres de participations des grévistes ne sont pas encore connus. Annoncée depuis un mois, la grève lancée ce lundi 3 juin donne déjà des sueurs froides au gouvernement fédéral. D’autant que le mouvement devrait toucher la majorité les aéroports internationaux nigérians. Le précédent de 2012 hante le président Bola Ahmed Tinubu. À l’époque, lui-même et plusieurs membres de sa majorité présidentielle actuelle soutenaient de près ou de loin « Occupy Nigeria ». Des manifestations et des occupations ayant conduit à la paralysie du pays durant des semaines cette année-là. Douze ans plus tard, les Nigérianes et Nigérians ne protestent pas encore par millions dans les rues. RFI

Soudan : Des dizaines de morts dans les combats entre l’armée et les paramilitaires
Des violents affrontements entre l’armée et les forces paramilitaires ont causé la mort de dizaines de personnes au Soudan. Le week-end dernier, à El Fasher, capitale de l’État soudanais du Darfour du Nord, on estime que 85 civils ont été tués et plus de 110 blessés. Les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) sont impliquées dans ces combats intensifiés. Le comité de résistance local à El Fasher a rapporté que les FSR ont utilisé de l’artillerie dans plusieurs quartiers de la ville, rendant difficile l’évaluation précise des pertes humaines. Des témoins ont également signalé l’entrée des combattants des FSR dans certains quartiers avant d’être repoussés par les forces armées. Parallèlement, l’hôpital principal d’El Fasher, l’hôpital Sud, fait face à une pénurie de matériel médical. Ces affrontements font partie d’une escalade continue du conflit entre les FAS du général Abdel Fattah al-Burhan, chef du Conseil souverain et les FSR du général Mohamed Hamdan Dagalo, également connu sous le nom de Hemedti, ayant coûtés la vie à plus de 15 550 personnes et entraîné le déplacement de plus de 8,8 millions de personnes, selon les estimations récentes de l’OCHA. Sahel Intelligence

Visite de Lavrov en Guinée: Conakry et Moscou veulent renforcer leur coopération bilatérale
Le chef de la diplomatie russe a effectué une visite expresse en Guinée, de seulement quelques heures, mais à forte valeur symbolique. Sergueï Lavrov a pu s’entretenir avec son homologue guinéen, il a, aussi et surtout, été reçu par Mamadi Doumbouya, au palais présidentiel de Conakry. Si le putsch du 5 septembre 2021 n’avait pas marqué de rupture entre la Guinée et la Russie, les deux pays affichent, par cette visite, la bonne santé de leurs relations. Ils se disent prêts à renforcer leur coopération dans différents domaines comme l’économie, la défense, la lutte antiterroriste ou encore la santé et l’éducation. Le président de la transition a rappelé durant les échanges que « la Guinée reste un pays ouvert, souverain, qui coopère avec tout le monde ». Mamadi Doumbouya fidèle à sa ligne diplomatique, continue de prôner la neutralité et le non-alignement de son pays. La communication officielle, diffusée par Conakry à l’issue de cette visite, insiste sur « les liens historiques et diplomatiques solides » qui unissent les deux pays depuis 65 ans. L’URSS fut le premier État à reconnaître l’indépendance de la Guinée. Il avait apporté son soutien à la Première République dans son bras de fer avec la France. Aujourd’hui, les relations reposent avant tout sur l’exploitation minière. Un sujet abordé lors des discussions entre les deux ministres des Affaires étrangères…Le chef de la diplomatie russe était ensuite attendu au Congo-Brazzaville et au Tchad. RFI

Sahel central: «Quinze millions de personnes comptent sur l’aide humanitaire pour survivre»
Dans les trois pays du Sahel central (le Mali, le Niger et le Burkina Faso), la situation humanitaire ne cesse de se dégrader, affirme Ocha, le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires…Entretien avec Charles Bernimolin, le chef du Bureau régional d’Ocha pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale…RFI: Alors dans vos comptes rendus d’activité, vous déplorez des difficultés d’accès à certaines zones du Sahel central. Est-ce à cause de l’insécurité ou d’éventuels blocages de la part des États sahéliens ? Bernimolin: Les difficultés d’accès sont multiples, il n’y a pas une seule cause. Il y a d’abord la difficulté à atteindre les personnes touchées, plus de 200 humanitaires ont été récemment tués ou blessés dans le Sahel ces dernières années. Il y a aussi des difficultés d’ordre bureaucratique, des taxes, des autorisations, il y a des restrictions et des limitations de mouvement qui retardent l’aide humanitaire. Mais il y a aussi un élément très important que je voudrais souligner, il y a la prolifération, et c’est relativement récent, de messages de haine, de désinformation, qui compromettent la perception de la neutralité et de l’impartialité de l’indépendance des acteurs humanitaires. RFI

Déplacement de populations : l’Afrique francophone concentre les crises humanitaires les plus négligées
Avec le Burkina Faso en tête, 9 pays africains figurent parmi les 10 crises de déplacement de populations « les plus négligées » dans le monde selon un classement annuel publié lundi par le Conseil norvégien pour les réfugiés…Comme en 2022, le Burkina Faso se trouve en première position du classement, avec « un record de 707.000 nouveaux déplacements et des centaines de milliers de personnes privées de toute aide », selon NRC. « La couverture médiatique a chuté car l’accès est devenu plus difficile pour les journalistes et les organisations humanitaires », alors que le montant des financements humanitaires n’atteint que 37% des besoins, précise l’ONG. La situation s’est notamment aggravée dans les pays du Sahel dirigés par des régimes militaires qui ont pris le pouvoir par des coups d’Etat, rompu certains accords avec des partenaires occidentaux et créé une Alliance des États du Sahel. Après le Burkina Faso, le Mali arrive en 4ème position (7ème en 2022), devant le Niger (5ème) qui fait son entrée dans le classement. TV5 avec AFP

En Ethiopie, la capitale du Tigré émerge progressivement des affres de la guerre
Les cafés et échoppes des marchés sont de nouveau animés à Mekele, capitale de la région septentrionale éthiopienne du Tigré, près de 19 mois après la signature d’un accord de paix qui a mis fin à l’un des conflits les plus meurtriers au monde…La guerre au Tigré entre les forces fédérales éthiopiennes, appuyées notamment par l’Érythrée voisine, et les rebelles tigréens a fait environ 600.000 morts et contraint plusieurs millions de personnes à quitter leurs foyers. Les armes se sont tues en novembre 2022 après la signature d’un accord de paix à Pretoria (Afrique du Sud). Depuis, l’accès aux services essentiels, notamment les banques, l’électricité et internet, coupé par les autorités fédérales, a repris dans certaines parties du Tigré…Mais malgré les avancées, une grave crise humanitaire persiste dans la région…[D]ans le nord du pays, au Tigré et dans la région voisine de l’Amhara, quelque huit millions de personnes souffrent de la faim et ont besoin d’aide alimentaire selon une évaluation gouvernementale citée par l’ONU en avril. En plus des pertes humaines, de nombreuses écoles et maisons ont été détruites durant ce conflit. Plus de 800.000 personnes sont aujourd’hui encore déplacées internes au Tigré, région d’environ 6 millions d’habitants, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). AFP

Sénégal: saisies répétées de cocaïne en provenance de pays voisins
Les douanes sénégalaises ont annoncé avoir intercepté ces derniers jours plusieurs cargaisons de cocaïne et mené plusieurs arrestations lors de diverses opérations. Elles ont intercepté lundi 33 kg de cocaïne, d’une valeur de 2,7 milliards de Francs CFA (plus de 4 millions d’euros) cachés « dans des cachettes aménagées d’un véhicule de type Mercedes immatriculé à l’étranger », dans un village dans le centre du pays, selon un communiqué publié le même jour. Une cargaison de 30 kg, d’une valeur de 2,4 milliards de Francs cfa (environ 3,6 millions d’euros) avait été interceptée le 1er juin dans un autre village du centre du pays, près de la Gambie voisine. La cocaïne était dissimulée « dans les cavités des portières et de la malle arrière » d’un véhicule « en provenance d’un pays limitrophe du Sénégal », indique, sans plus de précision, un communiqué des douanes dimanche. Un chauffeur et son passager avaient été arrêtés lors de cette opération. Plusieurs saisies de cocaïne ont été annoncées ces derniers mois par les douanes dont une d’une tonne mi-avril dans l’est, frontalier du Mali. Le Sénégal est frontalier de la Guinée, de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la Mauritanie et du Mali, certains de ces pays sont réputés être des zones de transit pour les drogues produites en Amérique latine en direction de l’Europe. L’Afrique de l’Ouest est par ailleurs devenue depuis quelques années une région de forte consommation de drogues, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Trois cents kilos de cocaïne avaient été saisis au Sénégal dans un camion frigorifique en provenance du Mali en 2022. AFP

Sénégal : 3 mois de prison contre un activiste et un prêcheur
La justice sénégalaise a condamné lundi un militant politique et un prêcheur à trois mois de prison ferme pour « diffusion de fausses nouvelles », après leurs propos ciblant le Premier ministre Ousmane Sonko et ses récentes déclarations sur l’homosexualité, a indiqué à l’AFP un de leurs avocats. Les deux hommes, jugés en flagrant délit par le tribunal de Dakar le 27 mai, ont en outre été condamnés à payer chacun une amende de 100.000 FCFA (150 euros), a indiqué Me El Hadji Amadou Sall. Le parquet avait requis six mois de prison ferme contre le militant politique Bah Diakhaté et le prêcheur Cheikh Ahmed Tidiane Ndao, poursuivis pour « diffusion de fausses nouvelles » et « offense » à l’encontre du chef du gouvernement, dernier délit pour lequel ils ont été « relaxés », selon Me Sall. Proche de l’opposition, Bah Diakhaté, interpellé le 20 mai par la Division des investigations criminelles (Dic, police judiciaire), s’était livré dans une vidéo à des attaques contre M. Sonko après une déclaration de ce dernier sur le thème de l’homosexualité à l’occasion de la visite mi-mai de l’opposant de gauche radicale française Jean-Luc Mélenchon. Le prêcheur Cheikh Ahmed Tidiane Ndao, placé en garde à vue le 21 mai par les mêmes services, a reproché dans une autre vidéo au Premier ministre ce qu’il dénonce comme de la complaisance vis-à-vis de l’homosexualité. Les deux hommes ont été maintenus en détention après leur condamnation. AFP

Egypte : Madbouli chargé de former un nouveau gouvernement après la démission du cabinet précédent
Le président égyptien Abdelfattah al-Sissi a reçu le premier ministre Moustafa Madbouli lundi pour discuter de la formation d’un nouveau gouvernement après la démission de l’ancien cabinet qui a subi plusieurs remaniements. Al-Sissi a chargé Madbouli de constituer une équipe compétente et expérimentée afin de répondre aux défis nationaux et internationaux en matière de sécurité. Les priorités du nouveau gouvernement incluent la poursuite des réformes économiques, avec un accent sur l’augmentation des investissements nationaux et étrangers, la promotion du secteur privé, et la maîtrise de l’inflation. Sahel Intelligence

L’eau potable coule à Waza après des années d’exactions de Boko Haram
Grâce à un premier financement de 1,2 milliard de francs CFA, la commune de Waza dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun a été dotée d’un réseau de distribution en eau potable. Une renaissance pour les populations de cette commune durement impactée par les exactions de Boko Haram depuis 2015. S’il y a un air de fête à Waza lors de la mise en fonction des points d’eau potable au profit des habitants de sept grands quartiers de cette commune dans la région de l’Extrême-nord, c’est aussi la fin d’un long calvaire…La commune de Waza a payé l’un des plus lourds tributs des exactions de Boko Haram. Pour cette première phase du projet dont le coût est évalué à 1,2 milliard de francs CFA, la commune a bénéficié d’un champ solaire pour renforcer la fourniture de l’offre énergétique dans une vingtaine de villages environnants. En plus des exactions de Boko Haram, il y a « les contraintes liées au relief, au climat, qui rendaient l’accès à l’eau très difficile, cette réalisation vient soulager énormément les populations de Waza, en particulier concernant l’agriculture et l’élevage », se félicite Zoutene Doufene, directeur général de la planification et de l’aménagement du territoire. VOA