Revue de presse du 4 décembre 2023

Après le Mali, le Burkina et le Niger quittent la force antijihadiste G5 Sahel
Après le Mali l’an dernier, le Burkina et le Niger, également gouvernés par des régimes militaires, ont annoncé leur départ de l’organisation antijihadiste G5 Sahel qui semble désormais vouée à disparaître, neuf ans après sa création. À sa naissance en 2014, pour lutter contre le jihadisme au Sahel, l’organisation était composée du Mali, du Burkina, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad. Samedi, le Burkina et le Niger ont décidé « en toute souveraineté » de se retirer « de l’ensemble des instances et organes du G5 Sahel, y compris la Force conjointe ». Une décision qui a pris effet dès le 29 novembre, indiquent les deux pays dans un communiqué conjoint. En mai 2022, le Mali, également gouverné par des militaires depuis 2020, avait lui aussi quitté le G5 Sahel, invoquant une organisation « instrumentalisée par l’extérieur ». Les cinq pays du G5 Sahel avaient créé en 2014 cette organisation puis lancé en 2017 sa force militaire alors que l’étau des jihadistes se resserrait autour de ces États, aux armées sous-équipées. Seuls le Tchad et la Mauritanie sont désormais membres de cette organisation qui semble vouée à disparaître. Largement financée par l’Union européenne, cette force représentait aux yeux des partenaires internationaux du Sahel une porte de sortie dans une région en proie aux violences jihadistes. Mais les opérations conjointes sont restées peu nombreuses et la situation sécuritaire au Sahel n’a cessé de se dégrader. AFP

Au Burkina Faso, des ONG appellent à la libération de Daouda Diallo
« Daouda Diallo a été enlevé par au moins quatre hommes non identifiés le vendredi 1er décembre 2023 vers 15 heures, devant le service des passeports à Ouagadougou, où il s’était rendu pour le renouvellement de ses documents de voyage », a affirmé dans un communiqué la Coalition citoyenne pour le Sahel, qui précise n’avoir « aucune nouvelle » de lui depuis, ni « d’informations sur les raisons de l’enlèvement »…Lauréat du prix Martin Ennals en 2022 – aussi appelé prix Nobel des défenseurs des droits humains –, Daouda Diallo faisait partie des voix critiques à l’égard du régime au pouvoir au Burkina Faso qui avaient été récemment « réquisitionnées » pour participer à la lutte antijihadiste, selon Human Rights Watch. Arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a signé en avril un décret de « mobilisation générale » d’une durée d’un an, permettant si besoin la réquisition des « jeunes de 18 ans et plus » pour lutter contre les jihadistes dont les attaques endeuillent régulièrement le pays. Dimanche 3 décembre, la Coalition citoyenne pour le Sahel a estimé que ce décret « ne saurait servir de prétexte pour cibler arbitrairement des voix indépendantes et les réduire au silence ». Jeune Afrique avec AFP

Au Burkina Faso, la guerre de propagande fait rage après l’attaque djihadiste sur Djibo
A peine un an après avoir pris le pouvoir en renversant un autre putschiste, le capitaine Traoré a engagé une offensive militaire sur le terrain contre les islamistes armés, mais surtout sur le terrain de la communication. « A chaque attaque d’envergure, la junte maximise les pertes infligées à l’adversaire et minimise ou cache celle de ses soldats pour protéger son pouvoir », dénonce une source sécuritaire burkinabée, sous couvert d’anonymat…En matière de propagande, le capitaine Traoré, qui affirme avoir déjoué plusieurs tentatives de coups d’Etat, sait qu’il peut compter sur l’expertise de son nouvel allié russe. Le jeune putschiste était l’une des personnalités les plus en vue lors du sommet de Saint-Pétersbourg en juillet. Depuis, des officiers russes ont fait le voyage à Ouagadaougou. La coopération sur tous les plans se renforce entre les deux pays, alors que les rumeurs enflent sur la présence discrète des mercenaires russes de Wagner au Burkina. Dans la foulée de l’attaque de Djibo, des affichettes désignant notamment la « complicité de la communauté internationale » lors de l’assaut ont été diffusées par CCB News, un faux média lié au Groupe panafricain pour le commerce et l’investissement (GPCI), un réseau de désinformation proche de Wagner. Le Monde

Le Conseil de sécurité décide de mettre fin à la mission politique de l’ONU au Soudan
À la suite de la demande formulée le 16 novembre dernier par le gouvernement soudanais, le Conseil de sécurité a adopté vendredi une résolution par laquelle il décide de mettre fin, à compter du 3 décembre 2023, au mandat confié en 2021 à la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS). Le texte de la résolution, présenté par le Royaume-Uni, a été adopté par 14 votes pour et une abstention (Russie). Dans cette résolution, le Conseil de sécurité demande à la MINUATS d’entamer « immédiatement », le 4 décembre 2023, la cessation de ses opérations et le processus de transfert de ses tâches, le cas échéant et dans la mesure du possible, aux agences, fonds et programmes des Nations Unies, dans le but d’achever ce processus d’ici le 29 février 2024. Il décide que la liquidation de la MINUATS débutera le 1er mars 2024 et appelle la mission à établir avec l’équipe de pays des Nations Unies des arrangements financiers permettant à l’ONU de superviser les activités résiduelles de coopération programmatique précédemment initiées par la MINUATS. ONU Info

Est de la RDC: début du retrait de la force régionale est-africaine
La force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC-RF), dont Kinshasa, qui la juge inefficace, a décidé de ne pas renouveler le mandat, a commencé dimanche à quitter la République démocratique du Congo. Deux groupes d’une centaine de militaires kényans chacun ont quitté la région depuis l’aéroport de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, à destination de Nairobi…Un porte-parole de l’EAC-RF sur place a confirmé à l’AFP que les militaires kényans se rendaient à Nairobi mais n’a pas donné dans l’immédiat d’autres précisions sur la suite du retrait de la force, qui comprend également des soldats ougandais, burundais et sud-soudanais…De nombreux groupes armés et autres milices sévissent depuis trois décennies dans l’est de la RDC, un héritage des guerres régionales qui ont éclaté dans les années 1990 et 2000. Outre la force de l’EAC, une mission de l’ONU, la Monusco, anciennement Monuc, est présente en RDC depuis 1999…Pour remplacer la force de l’EAC, Félix Tshisekedi compte notamment sur le déploiement de contingents de la communauté d’Afrique australe (SADC) à laquelle appartient également la RDC. Mais la mise sur pied de cette force, évoquée depuis le mois de mai, ne s’est jusqu’à présent pas concrétisée. AFP

Présidentielle en RDC: un 4e candidat de l’opposition se rallie à Moïse Katumbi
Un quatrième candidat de l’opposition à la présidentielle du 20 décembre en République démocratique du Congo a annoncé dimanche à Kinshasa son désistement en faveur de l’ancien gouverneur du Katanga (sud-est) Moïse Katumbi. « J’ai décidé, dans un élan de sursaut et d’unité nationale (…) d’allier nos forces à la candidature de Moïse Katumbi », a déclaré dans un message lu devant la presse et diffusé notamment sur son compte Facebook le député Delly Sesanga, leader du parti Envol (Ensemble des volontaires pour le développement de la RDC). Au démarrage de la campagne officielle, le 19 novembre, il y avait 26 candidats à la présidentielle, élection à un seul tour organisée en même temps que des législatives, provinciales et municipales. Le président sortant Félix Tshisekedi, candidat à un second mandat, est parmi eux. Dès le 19, l’ancien Premier ministre (2012-2016) Augustin Matata Ponyo avait annoncé son désistement en faveur de Moïse Katumbi, suivi le lendemain par deux autres candidats moins connus, Seth Kikuni et Franck Diongo. M. Sesanga, critique virulent de Félix Tshisekedi dont il avait pourtant soutenu la candidature à l’élection de 2018, est donc le 4e à rallier Moïse Katumbi, riche homme d’affaires et leader du parti Ensemble pour la République. AFP

La Libye libère quatre membres du Hamas détenus depuis 2016
Les autorités libyennes ont libéré vendredi quatre membres du Hamas palestinien incarcérés depuis 2016 et qui purgeaient de lourdes peines de prison notamment pour « trafic d’armes » au profit du mouvement au pouvoir dans la bande de Gaza, ont rapporté les médias locaux. Les quatre hommes – Marwan al-Ashqar et son fils Baraa, Mouayad Abed et Nasib Choubeir – avait été arrêtés à Tripoli en octobre 2016. Leur arrestation avait été rendue publique quelques mois plus tard par le Parquet libyen. Ils avaient été condamnés en février 2019 par un tribunal de Tripoli à des peines allant de 17 à 22 ans de prison, selon les médias libyens, notamment pour trafic d’armes au profit du Hamas et activités de renseignement, selon les médias libyens. Leur libération vendredi a été rapportée par plusieurs médias libyens qui ont précisé qu’elle a eu lieu sur ordre du Parquet à la suite d’une médiation menée par la Turquie. Aucune source officielle au sein du gouvernement d’unité nationale d’Abdelhamid Dbeibah à Tripoli, n’a confirmé cette libération dans l’immédiat. Selon ces sites d’informations en ligne, les quatre membres de Hamas, qui étaient incarcérés dans la prison de Mitiga à Tripoli, sont partis vers Istanbul après leur libération à bord d’un avion privé et devaient s’envoler par la suite à destination du Qatar, siège du bureau politique du Hamas. Une photo les montrant à bord de l’avion a été publiée par les médias. AFP

Togo : remise en liberté de deux journalistes accusés d’avoir diffamé un ministre
Deux journalistes togolais, poursuivis et écroués à Lomé depuis le 15 novembre pour « diffamation » envers un ministre, ont été remis en liberté vendredi, a indiqué à l’AFP le rédacteur du journal Flambeau des Démocrates. Loïc Lawson, directeur de publication de ce même journal, et Anani Sossou, journaliste indépendant, avaient été inculpés et écroués après avoir affirmé sur les réseaux sociaux que le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Réforme foncière, Kodjo Adedze, s’était fait voler 400 millions FCFA (604.875 euros) à son domicile. Les journalistes étaient revenus sur leurs affirmations en expliquant que des « investigations poussées » avaient montré que « le montant communiqué était surestimé et n’atteindrait pas la somme de 400 millions de FCFA ». Le ministre, qui avait bien déclaré un cambriolage auprès de la police sans que le montant soit rendu public, avait porté plainte contre eux…Au Togo, les réseaux sociaux sont exclus du champ d’application de la loi relative au code de la presse et de la communication entré en vigueur cette année. En cas d’infraction, les poursuites s’appuient sur le code pénal. En mars dernier, deux journalistes togolais ont été condamnés par contumace à trois ans de prison ferme par le tribunal de grande instance de Lomé notamment pour « outrage à l’autorité » et « propagation de propos mensongers sur les réseaux sociaux », à la suite de plaintes de deux ministres, dont M. Adedze. AFP

Cinq attaques jihadistes au Mali dimanche, plusieurs dizaines de soldats tués
Les deux principales attaques ont visé Ménaka et Labbezanga, en fin de matinée dimanche 3 décembre. À Ménaka, de sources sécuritaires locales, ce sont les jihadistes de l’EIS qui ont attaqué trois positions tenues par l’armée malienne et ses supplétifs russes de Wagner ou par le MSA et le Gatia, des groupes armés locaux alliés aux forces maliennes. Les combats ont duré moins d’une heure…L’attaque de Ménaka, capitale régionale où vivent des dizaines de milliers de civils, constituait-elle une diversion, comme l’estiment certains observateurs ? Dans la foulée, les jihadistes de l’EIS, la branche sahélienne du groupe État islamique, ont pris d’assaut le camp militaire de Labbezanga, collé à la frontière nigérienne…Mais selon plusieurs sources sécuritaires locales, avant l’intervention des avions de l’armée, les jihadistes auraient eu le temps prendre le contrôle du camp, de tuer une trentaine à une quarantaine de militaires et d’emporter plusieurs véhicules. Selon ces sources, des soldats nigériens auraient traversé la frontière dans l’après-midi pour porter secours à leurs frères d’armes maliens. Trois autres attaques ont eu lieu dimanche au Mali, cette fois attribuées au Jnim, lié à al-Qaïda. Dans son communiqué, l’armée malienne évoque des attaques « terroristes » sans préciser les auteurs – c’est son habitude – et aucune revendication n’a encore été publiée mais, du fait notamment de leur localisation, les sources sécuritaires jointes par RFI citent unanimement le Jnim. RFI

Scrutins annulés en Côte d’Ivoire: session de rattrapage pour les élections locales
En raison d’irrégularités, les élections avaient été annulées par le Conseil d’État dans neuf communes et une région. Dimanche, au lendemain de la journée de vote, les résultats ont été rapidement proclamés par la Commission électorale Indépendante (CEI), sauf pour la ville de Ferkessédougou où le scrutin s’est déroulé dans un climat de grande tension…Dans ces scrutins renouvelés, tous les gagnants de la première élection ont de nouveau gagner sauf à Koumbala, où le candidat RHDP l’emporte. Le parti présidentiel empoche aussi la petite ville de Kouibly, ainsi que la région du Guémon. Le RHDP dirige donc 26 régions sur 31. Antoine Assale Tiemoko, indépendant, est élu maire de Tiassalé. Le candidat du PDCI Joachim Laguikouassi devient le premier magistrat de la ville d’Oumé. Si ces nouvelles élections ce sont globalement bien déroulées, le scrutin a dégénéré à Ferkéssédougou. Des individus ont investi le bureau local de la CEI pour détruire le matériel électoral rendant impossible la proclamation des résultats. Un proche du candidat Ouattara Kawéli, membre du GPS, le parti de Guillaume Soro, impute ces actes délictueux à des jeunes militants RHDP…Le rapport du superviseur de la CEI à Ferkéssédougou est attendu pour savoir si l’élection devra se rejouer une troisième fois dans cette localité. RFI