Revue de Presse du 4 décembre 2019

Burkina : trois militaires et une « vingtaine de terroristes » tués dans le Nord
Trois militaires burkinabé ont été tués dans la nuit de lundi à mardi lors de deux attaques, dans le nord et le nord-ouest du Burkina Faso, a annoncé dans un communiqué l’état-major des armées, qui fait état d’une « vingtaine de terroristes » abattus. « Dans la nuit du 2 au 3 décembre, les détachements militaires de Toeni (province de Sorou, Nord-Ouest) et Bahn (province de Loroum, Nord) ont simultanément été attaqués aux environs de 2H. La vigoureuse contre-attaque a permis de neutraliser une vingtaine de terroristes (…) Trois des soldats ont malheureusement perdu la vie », selon le texte. Sept autres soldats ont été blessés lors « des combats qui ont été intenses », précise le communiqué. « De l’armement, des munitions, une dizaine de motos et divers autres matériels ont été saisis », selon l’armée. AFP

22 euros pour une bombe artisanale: l’IED, « l’arme du pauvre » au Burkina
Avec 15.000 francs CFA (22 euros), vous avez un IED », explique une source sécuritaire spécialiste des engins explosifs artisanaux. Leur utilisation par les groupes jihadistes est de plus en plus fréquente avec un bilan lourd en vies humaines et dégâts matériels au Burkina Faso. L’attaque du 6 novembre contre un convoi de la société minière canadienne Semafo, qui a fait 38 morts dans ce pays du Sahel, en est l’illustration. Un engin explosif improvisé (IED) a fait exploser un véhicule militaire d’escorte, neutralisant une éventuelle riposte juste avant que les jihadistes mitraillent les cars du convoi. « Les IED ont fait leur apparition mi-2018 au Burkina. Depuis, nous avons recensé 33 attaques avec des IED pour 133 morts », explique le chercheur italien Roberto Sollazzo, spécialiste du Sahel qui a enquêté sur les IED. Au moins deux soldats burkinabè ont été tués par des IED depuis la publication de ce bilan. AFP

Enfouies dans la brousse du Sahel, les mines meurtrières du jihad
« V-Check ! » Sur ordre du commandant d’unité transmis par radio à tous les blindés, la colonne française en mouvement entre le Burkina Faso et le Mali s’arrête brutalement. Là, en pleine brousse à une cinquantaine de kilomètres de Déou (nord du Burkina Faso), les véhicules se placent en arc de cercle. L’un s’avance au centre. Huit soldats du Génie en descendent, posant le pied sur la terre sèche et ocre pour se livrer à un rituel si rodé qu’il ferait oublier que la vie de leurs camarades de la mission antijihadiste française Barkhane peut en dépendre: le repérage d’une de ces mines artisanales qui, au Sahel, sèment la mort chez les militaires et les civils. … Les civils ne sont pas épargnés par ces dispositifs souvent placés sur les axes de communication. Un rapport de l’ONU a fait état en octobre de 110 civils tués par des IED au Mali au cours du premier semestre 2019. Tous pointent du doigt la « lâcheté » de la tactique. « Ils n’osent pas nous attaquer de front, ils ne sont pas assez équipés », dit l’adjudant-chef Thierry, spécialisé dans la destruction des IED. AFP

Un ministre algérien traite les opposants de « mercenaires, pervers et homosexuels »
Depuis l’adoption, jeudi 28 novembre, d’une résolution du Parlement européen sur la situation des libertés en Algérie, les autorités comme les médias audiovisuels mènent campagne contre les très nombreux opposants à l’élection présidentielle du 12 décembre, en jouant du thème de la collusion avec des intérêts étrangers qui chercheraient à provoquer le chaos dans le pays. Le chef de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, a ainsi de nouveau dénoncé, mardi 3 décembre, des « machinations qui se trament dans les laboratoires de la conspiration à l’étranger » et des « modes de trahison et de félonie à l’intérieur ». … Les propos du ministre ont immédiatement suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, certains n’hésitant pas à parler de provocation pour pousser le mouvement de contestation populaire, le Hirak, vers la violence. Des appels ont vite été lancés pour que soit préservé son caractère pacifique. Le Monde

Gabon : l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo inculpé
L’opération anticorruption gabonaise a fait une « victime » de plus. Le Franco-Gabonais Brice Laccruche Alihanga, 39 ans, ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba, a été interpellé ce mardi 3 décembre « à son domicile de Libreville », a déclaré à l’AFP le procureur André Patrick Roponat. « Il est actuellement entendu » par les enquêteurs, a ajouté le magistrat dans l’après-midi. Son arrestation intervient au lendemain de son éviction du gouvernement, après un énième remaniement. Il y a encore quelques semaines, Brice Laccruche Alihanga jouissait d’une certaine influence, renforcée au fil des mois avec l’absence du président, convalescent après un accident vasculaire cérébral (AVC) survenu le 24 octobre 2018. Mais le lancement d’une tonitruante « tournée républicaine » dans tout le pays n’est pas passé auprès des caciques du pouvoir, inquiets de voir cet ancien proche d’Ali Bongo Ondimba dans la lumière, devenu même pour le média gabonais Gabon Review « l’homme le plus puissant de la République ». Le Point

Soldats burundais tués : une équipe de la CIRGL pour des verifications
La Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) veut comprendre les circonstances de l’incident qui s’est produit dans une position de l’armée burundaise en novembre dernier. L’organisation a ainsi délégué mardi une équipe au Burundi. Comme on peut lire dans l’ordre de mission établi le 1er décembre par le colonel Léon Mahoungou, commandant du mécanisme de vérification élargie de la CIRGL. Au cours de cette mission qui a débuté mardi pour s’achever le 10 décembre, la délégation se rendra à Kibira, vers la frontière avec le Rwanda. C’est en effet ici qu’une position de l’armée burundaise a essuyé en mi-novembre dernier, une attaque surprise qui a coûté la vie à plus de huit soldats. Bujumbura a pointé du doigt le voisin rwandais, ce que Kigali a nié en évoquant des « accusations fantaisistes ». Africa News

RDC: le centre de Beni, refuge pour les habitants de la périphérie
Depuis le 30 octobre, l’armée congolaise a annoncé avoir lancé des opérations militaires de grande envergure contre les combattants de la rébellion ougandaise ADF dans la région de Beni. Au moins 100 personnes ont été tuées. Dans la ville de Beni, certains habitants quittent la périphérie, abandonnent leurs habitations pour se réfugier au centre-ville espérant plus de protection. 16 heures à Boikene. Sur sa moto, Kambale a roulé à vive allure. Il est venu chercher son cousin. Devant la porte fermée, il veut rapidement rebrousser chemin. « Les gens ont fui. Ils ont fui. Les familles sont éparpillées. Les gens ne savent pas où aller. Certains passent la nuit à la belle étoile. Il n’y a pas beaucoup de solution. » À quelques mètres d’ici, Donat s’apprête également à quitter Boikene. Lui et sa famille redoutent de nouvelles tueries dans ce quartier. Ils vivent depuis deux semaines au centre-ville de Beni, mais Donat, lui, revient souvent à Boikene pour se rendre compte de l’état de leur maison. RFI

Au Mali, un groupe armé prône la « fusion » de tous les mouvements politico-militaires du nord
Un des groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015 au Mali, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), a prôné mardi 3 décembre la « fusion » des différents groupes qui représentent le nord du pays, emboîtant le pas à une autre composante importante de l’ancienne rébellion à dominante touareg. Réunis en congrès à Kidal (nord-est) depuis le 30 novembre, les membres du MNLA, à tendance indépendantiste, ont appelé dans leur déclaration finale à la « fusion dans les meilleurs délais de tous les mouvements composant la CMA », la Coordination des mouvements de l’Azawad, « au sein d’une seule organisation politico-militaire ». Selon ce document reçu à Bamako, le MNLA s’inscrit dans la ligne défendue également à Kidal fin octobre par une autre branche de la Coordination, le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), à tendance autonomiste. Le Monde avec AFP

Somalie: le FBI recherche activement un Américain haut placé au sein des shebabs
Deux procureurs américains ont lancé une nouvelle mise en accusation contre Jehad Serwan Mostofa, un Américain de 37 ans qui depuis plus de dix ans fait partie des shebabs, le groupe terroriste islamiste basé en Somalie. L’homme est traqué depuis octobre 2009, mais la justice a lancé un nouvel avis de recherche pour élargir la période des faits incriminés jusqu’en 2017. La voix de Jehad Serwan Mostafa sort d’un enregistrement diffusé par le FBI. Selon le FBI, Jehad Serwan Mostafa est originaire de Californie. À 23 ans, après un diplôme dans une université de San Diego, il est parti au Yémen, puis en Somalie pour combattre les forces éthiopiennes entrées dans le pays. Il aurait rejoint les shebabs en 2008 avant de rapidement gravir les échelons. « Pendant environ dix ans, Mostafa a occupé des postes au sein du département explosifs des shebabs, son service média et des camps d’entraînement. Nous pensons qu’il continuera à jouer un rôle actif dans les actions terroristes des shebabs, jusqu’à ce qu’il soit arrêté », explique l’agent spécial du FBI Erin Westfall. RFI

Nigeria : l’avocat du leader sécessionniste biafrais recherché par la police
Au Nigeria, la police a déclaré mardi être à la recherche d’Ifeanyi Ejiofor, avocat de Nnamdi Kanu, dirigeant du mouvement des peuples autochtones du Biafra (IPOB). « J’aimerais que les Nigérians sachent qu’au moment où nous parlons, l’avocat Ejiofor, membre de l’IPOB et ses cohortes ont été déclarés recherchés par le commandement », a déclaré mardi, John Abang, responsable de la police de l’État d’Anambra. D’après des médias locaux, cette recherche a été lancée quelques heures après les affrontements entre la police et des proches de l’avocat à son domicile. Tout a commencé lors d’une perquisition des policiers qui venaient d’être informés de la séquestration d’une personne dans la maison d’Ifeanyi Ejiofor. Mais les deux parties ont vite cédé à la tentation de l’affrontement. Le bilan fait état de deux policiers tués. Des Nigérians estiment que la perquisition effectuée au domicile de M. Ejiofor est illégale. Africa News

Nigeria : des chars de combat fabriqués par des usines locales
Au Nigeria, plus question d’importer les chars de combat des pays occidentaux. Ce sont plutôt des véhicules blindés construits sur place qui seront déployés sur le terrain pour assurer la sécurité et combattre les groupes terroristes dont Boko Haram. La cérémonie de leur dévoilement a eu lieu mardi sous les auspices du chef de l’État, Muhammadu Buhari lors de la conférence annuelle de l’armée. Baptisés Ezugwu MRAP, ces véhicules blindés ont été construits par des ingénieurs du ministère nigérian de la Défense. Si les caractéristiques techniques n’ont pas été dévoilées, Muhammadu Buhari se dit déjà satisfait du travail abattu par ses forces de défense. « Je suis heureux que la production des véhicules que je dévoilerai aujourd’hui. Ils témoignent de nos efforts en matière de sécurisation de notre pays », a déclaré le président nigérian. Africa News

Au Nigeria, l’émission populaire du « président ordinaire » veut « donner la parole aux sans-voix »
Dès l’aube, tous les matins, une foule d’auditeurs se rassemble devant les studios de la radio des droits de l’homme, Human’s Rights Radio, à Abuja, la capitale du Nigeria, dans l’espoir d’être le prochain invité de l’émission populaire du « président ordinaire ». L’émission « Brekete Family » est une rare plate-forme où les Nigérians peuvent partager leurs coups de gueule et leurs doléances, et où ils peuvent interpeller les autorités dans un pays où la corruption est endémique et où les plaintes aboutissent rarement à des condamnations en justice. Ahmad Isah, présentateur de l’émission, choisit au hasard quelques chanceux qui pourront, au micro, demander une assistance financière, râler sur les mauvais traitements d’un hôpital ou dénoncer la corruption au sein de la fédération nationale de football… Les autres retenteront leur chance le lendemain. Le Monde avec AFP

L’UEMOA décide d’accorder 50 milliards de francs CFA au G5 Sahel
Cet argent est une contribution solidaire de tous les États membres de l’union, précisent les chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA. Plus de 50 milliards de francs CFA à libérer en urgence au profit des trois pays du G5 Sahel les plus touchés par le terrorisme. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger vont l’utiliser pour l’acquisition de matériels aériens mais aussi pour le recrutement et la formation de forces spéciales, a indiqué le premier ministre malien Boubou Cissé qui ajoute : « c’est important de trouver les moyens de lutter efficacement contre le terrorisme et l’insécurité. Mais il faut que les ressources que nous mobilisons puissent être des ressources pérennes. » Pour la mobilisation de ressources financières durables, la Conférence a décidé de créer un Fonds Régional de Sécurité. L’objectif est de permettre aux États de faire face aux défis sécuritaires dans l’espace CEDEAO. DW

Zimbabwe : le système de santé à l’agonie, des bébés naissent à même le sol
Le salon exigu d’un appartement d’Harare aux murs décrépis s’est transformé, en novembre, en maternité. Et sa propriétaire s’est improvisée sage-femme pour aider des femmes enceintes, terrorisées à l’idée d’accoucher seules chez elles, faute de personnel et de matériel adapté dans les hôpitaux publics. Le Zimbabwe est plongé depuis une vingtaine d’années dans une terrible crise économique sans fin, et son système de santé publique, à l’image du pays, agonise. La situation a encore récemment empiré pour les usagers, avec la grève des médecins du public entamée début septembre. Ils réclament une revalorisation de leur salaire dont la valeur a dégringolé en un an, victime de l’hyperinflation et de la dévalorisation de la monnaie. Et quand les infirmiers ont rejoint le mouvement en novembre et que la situation est devenue intenable, notamment pour les futures mères sur le point d’accoucher, une Zimbabwéenne de 69 ans, Esther Gwena, femme au foyer, a décidé de leur porter secours. AFP

A Madagascar, les jeunes ont des idées pour le climat
À Madagascar, l’association des anciens de l’École nationale de l’administration a lancé cette année un cycle de conférences-débat particulier, intitulé « Les jeunes ont des idées ». Des orateurs triés sur le volet s’y expriment sur un sujet censé intéresser le citoyen. Une manière de diffuser la connaissance, avec un parti-pris : laisser la parole aux jeunes. Ce 3 décembre, il s’agissait de débattre sur les actions concrètes à entreprendre pour s’adapter et lutter contre le changement climatique, dans l’un des pays les plus touchés, Madagascar. Sur scène, quatre jeunes de moins de vingt ans, étudiants, travailleurs ou militants, ont offert au public une démonstration brillante et convaincante, que ce soit au sujet de la transition énergétique, les éco-gestes, ou la gestion des déchets, à l’image de Jay Ralitera, responsable des plaidoyers au sein de CliMates Madagascar, la branche malgache de ce think tank sur le climat pour des jeunes et par des jeunes, qui a tapé du poing sur la table. RFI