Revue de presse du 3 juin, 2024

Le Nigeria ralenti par une grève illimitée sur fonds de crise économique
Ecoles fermées, vols internes annulés, pannes d’électricité…Une grève illimitée a démarré lundi au Nigeria à l’appel des syndicats après l’échec des négociations avec le gouvernement pour un nouveau salaire minimum, dans un contexte de grave crise économique. Les principaux syndicats, le Congrès du travail du Nigeria (NLC) et le Congrès des syndicats (TUC), ont exhorté les travailleurs à ne pas aller au travail après que le gouvernement a refusé d’augmenter le salaire minimum au-delà de 60.000 nairas (environ 41 euros) par mois, selon les médias locaux…Depuis son arrivée au pouvoir il y a un an, le président Bola Ahmed Tinubu a mis fin à la subvention des carburants et au contrôle des devises, ce qui a entraîné un triplement des prix de l’essence et une hausse du coût de la vie, le naira ayant chuté par rapport au dollar. M. Tinubu a appelé à la patience pour permettre à ses réformes de porter leurs fruits, affirmant qu’elles contribueraient à attirer les investissements étrangers. Dans la capitale Abuja, des bureaux gouvernementaux, des stations-service et des tribunaux étaient fermés lundi matin, tandis que de longues files d’attente se formaient devant les portes verrouillées de l’aéroport de la ville, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les vols intérieurs ont été annulés et l’aéroport sera à nouveau fermé mardi, a déclaré à l’AFP une source proche de l’Autorité fédérale des aéroports du Nigeria (FAAN). AFP

Gabon : à Paris, Emmanuel Macron et le général Oligui Nguema affichent leur bonne entente neuf mois après le putsch
Neuf mois après avoir renversé Ali Bongo Ondimba, le général Brice Oligui Nguema, président de la transition gabonaise, a été reçu vendredi 31 mai au soir à l’Elysée par Emmanuel Macron. Point d’orgue d’une tournée de cinq jours, cette rencontre avec le chef de l’Etat français constitue un pas de plus vers la normalisation du pouvoir du militaire putschiste de 49 ans, traité en partenaire fiable et fréquentable par la France. Une relation bien différente de celles, exécrables, qui prévalent avec les chefs des juntes du Mali, du Burkina Faso et du Niger…Les diplomates français insistent sur les signaux « positifs » qu’ont envoyés les nouvelles autorités gabonaises. Elles ont notamment promis de mettre fin à la transition d’ici août 2025 en organisant une élection présidentielle, à laquelle Brice Oligui Nguema devrait avoir le droit de se présenter. Alors que Paris assiste, démuni, à un recul de l’influence française au Sahel, il se félicite des bonnes relations entretenues avec Libreville depuis le coup d’Etat – celles-ci s’étaient au contraire dégradées sous Ali Bongo Ondimba, dont le père était un des piliers de la « Françafrique ». Aucun discours vindicatif n’a pour l’instant été tenu par la junte gabonaise, qui refuse de voir la présence de la base française sur son sol comme un symbole du néocolonialisme…Les relations économiques étaient en effet au cœur de la visite. Accompagné d’une douzaine de ministres et d’une forte délégation d’hommes d’affaires, le général Oligui Nguema s’est mué en VRP de son pays. « Nous sommes devant vous pour vous inviter au Gabon, terre de toutes les opportunités », a-t-il lancé aux six cents entrepreneurs français et gabonais venus l’écouter mercredi, à Paris, lors du premier forum économique Gabon-France supervisé par le Medef et le ministère de l’économie gabonais. Le Monde

Au Burkina Faso, l’impasse des déplacés fuyant les djihadistes
Rarement nommés par les déplacés, ces hommes armés sont généralement des combattants djihadistes liés à Al-Qaida ou à l’Etat islamique (EI), qui terrorisent les populations par des attaques sanglantes depuis près de dix ans au Burkina Faso. La région du Sahel paie un lourd tribut : un quart des 2 millions de déplacés internes au Burkina Faso en sont originaires, selon des chiffres officiels de mars 2023 (qui n’ont pas été réactualisés depuis). Le camp de Wendou a même été attaqué en septembre 2023 et au moins huit déplacés ont été tués. En début d’année, 85 % des écoles et 69 % des infrastructures sanitaires de la région du Sahel étaient fermées, d’après le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Selon un classement du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) publié lundi 3 juin, le Burkina Faso vit la crise de déplacement la plus négligée au monde pour la deuxième année de suite…Comme le Mali et le Niger, des pays voisins également en proie à des violences djihadistes, le Burkina Faso est gouverné par un régime militaire arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 2022 et dont les relations avec les puissances occidentales – en particulier la France – sont tumultueuses. Les autorités affirment régulièrement obtenir des victoires sur les djihadistes, mais les attaques se poursuivent et une partie du territoire reste hors de contrôle de l’armée. Le Monde avec AFP

Neuf pays africains parmi les dix crises les plus négligées en 2023, selon une ONG
Neuf pays africains figurent parmi les dix crises de déplacement de populations « les plus négligées » dans le monde selon un classement annuel publié lundi par le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). L’ONG publie chaque année une liste fondée sur trois critères: le niveau de volonté politique de la communauté internationale, de couverture médiatique et de financements humanitaires. Comme en 2022, le Burkina Faso se trouve en première position du classement, avec « un record de 707.000 nouveaux déplacements et des centaines de milliers de personnes privées de toute aide », selon NRC. « La couverture médiatique a chuté car l’accès est devenu plus difficile pour les journalistes et les organisations humanitaires », alors que le montant des financements humanitaires n’atteint que 37% des besoins, précise l’ONG. La situation s’est notamment aggravée dans les pays du Sahel dirigés par des régimes militaires qui ont pris le pouvoir par des coups d’Etat et rompu certains accords avec des partenaires occidentaux. Après le Burkina Faso, le Mali arrive en 4e position (7e en 2022), devant le Niger (5e) qui fait son entrée dans le classement. Les pays d’Afrique centrale demeurent parmi les plus négligés, selon NRC. Le Cameroun est deuxième de la liste (8e en 2022), avec près d’1,1 million de déplacés et un demi-million de réfugiés résidant sur son territoire. La République démocratique du Congo où « plus de 25 millions de personnes ont continué à faire face à de multiples situations d’urgence », figure en troisième position (2e en 2022). Le Soudan du Sud (7e), La République centrafricaine (8e) et le Tchad (9e) sont également cités, alors qu’ils étaient absents du classement en 2022. AFP

Législatives à Madagascar: les forces armées mettent en garde face aux troubles post-électoraux
À Madagascar, les forces armées haussent le ton alors que le climat se tend dans l’attente des résultats des élections législatives du 29 mai. Sur les réseaux sociaux, des candidats issus du pouvoir comme de l’opposition agitent des suspicions de fraude du camp adverse. Symbole de cette escalade des tensions, dans une commune du sud du pays, les locaux de la commission électorale ont été incendiés vendredi 31 mai. Le lendemain, samedi 1er juin, les forces armées ont donc mis en garde contre tout autre trouble lié aux élections…Vendredi après-midi, à Tsihombe, dans le grand sud du pays, les locaux abritant la CENI ont été incendiés. Un acte attribué, selon une source politique locale, à des habitants en colère devant les suspicions de fraude ayant émaillé la journée de vote ce 29 mai. À Tsiroanomandidy, dans le centre de l’île, les locaux de la section de recensement des matériels de vote (SRMV), entité chargée de saisir sur ordinateur les résultats issus du dépouillement, ont eux aussi pris feu ce samedi vers 3h30 du matin. Aucun indice ne permet en revanche d’indiquer un acte intentionnel pour l’heure, affirme une source au sein de la gendarmerie. Dans leur mise au point, les forces armées ont également appelé les internautes à « ne pas se laisser distraire par la diffusion de fausses informations ». Depuis quelques jours, les réseaux sociaux sont devenus le théâtre d’affrontements interposés entre candidats. Les uns revendiquent déjà leur victoire, d’autres contestent leurs défaites à la lumière de résultats issus d’un échantillon de bureaux de vote encore peu représentatif. Les résultats officiels ne devraient être annoncés par la Haute Cour Constitutionnelle qu’à partir du 24 juin. RFI

RDC : retour de plus de 7000 déplacés à Bweremana (société civile)
Plus de 7000 personnes déplacées originaires de Bweremana, dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu), ont regagné leur cité depuis le week-end dernier après avoir passé plus d’un mois en refuge à Minova. Selon le président de la société civile locale, ce mouvement de retour a débuté il y a environ un mois et s’est intensifié suite à une patrouille et une opération de traque des rebelles autour de l’axe Minova-Bweremana. Floribert Musanganya a encouragé l’armée à poursuivre ces opérations sans relâche : « Plus de 70% de la population a retourné à Bewremana. Par ce que les forces loyalistes ont avancé vers la colline de Ndumba pour contenir l’ennemi là-bas. Je vais demander vraiment au Gouvernement de ne pas retarder dans ces opérations. Par ce que lorsqu’il tarde, l’ennemi peut encore se réorganiser davantage… » Ce mouvement de retour est également observé dans la cité de Sake, toujours au sud de Masisi. Toutefois, les retournés restent inquiets en raison de la présence continue des rebelles autour de Sake et Bweremana. Radio Okapi

Un soldat sud-africain tué et treize blessés dans l’Est de la RDC
Un soldat sud-africain a été tué et treize ont été blessés par des rebelles du M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé vendredi dans un communiqué l’armée sud-africaine (SANDF). L’Afrique du Sud a déployé 2.900 soldats dans l’est de la RDC à la mi-décembre, dans le cadre d’une force régionale d’Afrique australe comprenant également des militaires du Malawi et de la Tanzanie, chargée d’aider les forces gouvernementales de la RDC à lutter contre les rebelles du M23 (« Mouvement du 23 mars »). Jeudi, « des membres de la SANDF sont entrés en contact avec le M23 à Sake », selon l’armée. « Suite à des affrontements, treize membres ont été blessés et un mortellement blessé ». « Tous les blessés ont été évacués vers l’hôpital de Goma et sont en train de se rétablir. Deux véhicules blindés ont par ailleurs été endommagés lors des affrontements », précise l’armée. Deux soldats sud-africains avaient déjà péri dans la région en février, dans des tirs de mortiers, devenant les premières victimes de l’Afrique du Sud depuis le déploiement de la force régionale. Le Nord-Kivu est en proie depuis fin 2021 à un conflit qui oppose le M23 à l’armée congolaise associée notamment à des groupes armés dits « patriotes ». La région est le théâtre de violences de groupes armés issus pour beaucoup des guerres régionales des années 1990. VOA

Côte d’Ivoire : avec l’enterrement de l’ancien président Henri Konan Bédié, une page politique se tourne
Dix mois jour pour jour après sa mort à 89 ans, l’ancien président ivoirien (1993-1999) Henri Konan Bédié a été inhumé samedi 1er juin dans son caveau familial situé sous l’église de Pepressou, son village natal, dans le centre de la Côte d’Ivoire…Ministre de l’économie et des finances de 1966 à 1977, président de l’Assemblée nationale de 1980 à 1993, chef de l’Etat de 1993 à 1999, patron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’ancien parti unique, jusqu’à sa mort, « le Sphinx de Daoukro », tel qu’il était surnommé, fut de toutes les intrigues politiques depuis un demi-siècle…Ces dernières années, le PDCI d’Henri Konan Bédié peinait à convaincre les électeurs hors de ses bastions. En 2021, lors des élections législatives, la coalition d’opposition dont il faisait partie n’a recueilli qu’un quart des voix face à celle d’Alassane Ouattara. Avec l’arrivée de Tidjane Thiam à la tête du parti en décembre, une nouvelle génération accède aux responsabilités. Alors que la présidentielle de 2025 est déjà dans tous les esprits, les partisans d’Henri Konan Bédié espèrent déjà qu’il parviendra à réaliser le dernier vœu de leur ancien chef : faire revenir le PDCI au pouvoir après vingt-cinq années d’opposition. Le Monde

Le chef de la diplomatie russe entame en Guinée une nouvelle tournée africaine
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est arrivé lundi en Guinée où il entame une nouvelle tournée africaine, ont indiqué les ministères des Affaires étrangères guinéen et russe. C’est sa première visite dans ce pays depuis 2013, selon la diplomatie russe. Dans la nuit de dimanche à lundi, le chef de la diplomatie russe a été accueilli à l’aéroport international de Conakry par son homologue guinéen Morissanda Kouyaté. Le diplomate russe sera reçu en audience lundi par le chef de la junte qui a pris la tête de ce pays après un coup d’Etat en 2021, le général Mamadi Doumbouya, a indiqué le ministère guinéen des Affaires étrangères. Selon l’agence Tass, M. Lavrov doit rencontrer des « dirigeants politiques » de ce pays côtier d’Afrique de l’Ouest riche en ressources naturelles, dans le cadre de cette première étape d’une « tournée » africaine. AFP

Guinée : une radio censurée par la junte appelle aux dons pour ses employés
Une importante radio privée guinéenne frappée par la censure des militaires au pouvoir a lancé un appel aux dons pour ses employés contraints au chômage, indique un communiqué du groupe publié vendredi. Le mouvement syndical guinéen a par ailleurs apporté vendredi son « soutien sans réserve » au Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) après l’interdiction par la junte de six médias privés très suivis il y a une dizaine de jours…FIM FM, comme d’autres radios, était brouillée depuis des mois et avait continué à opérer en produisant des contenus digitaux jusqu’au retrait de son agrément le 22 mai, en même temps que trois autres radios et deux télévisions…L’interdiction des six radios et télévisions est la dernière mesure en date prise par la junte au pouvoir depuis 2021 pour museler l’opposition et les voix discordantes. L’Union européenne a dit « regretter » cette décision et rappelé que « la liberté d’expression et le pluralisme médiatique sont des principes fondamentaux de tout Etat de droit », via un message sur X de Nabila Massrali, porte-parole de la commission européenne à Bruxelles. AFP

Présidentielle en Mauritanie: les Nations unies confiantes avant le scrutin
En Mauritanie, l’élection présidentielle est prévue le 29 juin. Le processus électoral qui est en cours est suivi notamment par les Nations unies. Le représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Leonardo Santos Simão est resté cinq jours dans le pays la semaine passée. [Il] a pu rencontrer le chef de l’État, Mohamed Ould El Ghazouani, les candidats à l’élection et les organes chargés d’organiser ce scrutin. S’il reconnait que des points sont à régler avant le vote, Leonardo Santos Simão se dit satisfait et confiant pour que cette élection présidentielle soit crédible. « Je suis satisfait. Je suis rassuré que le pays soit prêt pour les élections crédibles et paisibles. J’ai eu l’opportunité de rencontrer les institutions responsables pour la gestion des élections, la plupart des candidats et membres de la société civile aussi », rapporte-t-il à Guillaume Thibault, du service Afrique de RFI. RFI