Revue de presse du 31 mai 2024

Afrique du Sud : l’ANC en net recul selon des résultats partiels
Les résultats partiels des législatives en Afrique du Sud, à un tiers du dépouillement, montrait jeudi soir un recul de l’ANC au pouvoir avec 42,31% des suffrages exprimés, soit bien en dessous de la majorité absolue qu’il détient actuellement au Parlement. Avec 35% des votes comptabilisés peu avant 18H00 GMT, le Congrès national africain (ANC) se plaçait sous la barre fatidique des 50% avec 42,3% des suffrages exprimés, selon la Commission électorale (IEC). Le plus grand parti d’opposition (Alliance démocratique, DA, centre libéral) cumulait moins de 25%. Les radicaux de gauche des Combattants pour la liberté économique (EFF) rassemblaient 9% des voix, tout comme le tout récent parti Umkhonto We Sizwe (MK) du sulfureux ex-président Jacob Zuma un peu plus de 8%…Après trente ans d’une loyauté sans faille à l’égard de l’ANC, qui a libéré l’Afrique du Sud du régime raciste de l’apartheid, les électeurs devraient faire perdre, pour la première fois, au parti de Nelson Mandela sa majorité parlementaire. Les 400 députés de la nouvelle Assemblée devront ensuite élire le président courant juin. Pour nombre des 62 millions de Sud-Africains, le parti qui avait promis aux premières élections multiraciales en 1994 l’éducation, l’eau et un toit pour tous, n’a pas tenu ses engagements: la criminalité atteint des records, la pauvreté et les inégalités vont croissant. AFP

Le président sénégalais juge une réconciliation possible entre les pays du Sahel et la Cedeao
Le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a jugé possible jeudi 30 mai à Bamako et à Ouagadougou une réconciliation entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et les trois pays du Sahel qui ont rompu avec la Cedeao sous la conduite des juntes qui les dirigent. M. Faye, investi en avril, s’est rendu jeudi chez le voisin malien avant d’atterrir au Burkina Faso, effectuant sa première visite dans deux des trois Etats qui, avec le Niger, ont annoncé en janvier leur sortie de la Cedeao, l’accusant d’être inféodée à l’ancienne puissance coloniale française et de ne pas les avoir assez soutenus contre le djihadisme. Les trois pays ont formé l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et ont fondé une force antidjihadiste conjointe. M. Faye a dit avoir longuement parlé de la Cedeao avec le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta. La position malienne, « quoique rigide, n’est pas totalement inflexible », a-t-il précisé à la presse au côté du colonel Goïta…M. Faye a cependant assuré ne pas être venu à Bamako en tant que « médiateur de la Cedeao », mais pour une « prise de contact » qui l’a conduit dans plusieurs autres pays ouest-africains auparavant. « Je ne suis mandaté par aucune instance de la Cedeao », a-t-il insisté. Arrivé au Burkina dans l’après-midi, M. Faye a été accueilli à Ouagadougou par le chef du pouvoir militaire, le capitaine Ibrahim Traoré…Le chef de l’Etat prêche le panafricanisme et le souverainisme, qui sont aussi les mots d’ordre des régimes militaires qui ont pris le pouvoir lors de putschs successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger depuis 2020. Le Monde avec AFP

Au Cameroun, les législateurs de l’Afrique francophone dénoncent l’instabilité et l’influence étrangère
Des législateurs francophones d’une trentaine de pays africains se sont réunis au Cameroun pour évoquer l’instabilité et la série de récents coups d’État. Le dialogue, le retour aux principes démocratiques et la fin de l’influence étrangère sont selon eux des solutions à la crise actuelle. Les 150 législateurs, membres de la région Afrique de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), affirment que de nombreux pays africains francophones souffrent d’une profonde instabilité politique et économique et de menaces pour leur sécurité. Au cours des quatre dernières années, plusieurs anciennes colonies françaises ont connu des putschs ou des prises de pouvoir menés par les militaires, notamment au Niger, au Burkina Faso, en Guinée, au Mali, au Gabon et au Tchad. Outre ces prises de pouvoir par les militaires, plusieurs États francophones africains ont à leur tête des dirigeants depuis longtemps au pouvoir…S’exprimant à Yaoundé mercredi, Francis Drouin, le président de l’APF, estime que les jeunes des pays africains francophones se plaignent de l’instabilité politique qui reste élevée et que les civils sont mécontents parce que leurs libertés sont étouffées par des dirigeants au pouvoir depuis longtemps et par des gouvernements militaires. La pauvreté, l’absence de démocratie et les menaces qui pèsent sur la sécurité plongent les civils dans la souffrance et la misère. Selon lui, les jeunes de la région aspirent à la liberté de participer à la prise de décision. VOA

RDC : un nouveau mouvement de déplacés provoqué par les combats entre FARDC et M23 dans le Rutshuru
Des déplacés affluent depuis quelques jours dans plusieurs localités et villages du territoire de Lubero à la suite des combats entre les FARDC et les rebelles du M23 dans le territoire voisin de Rutshuru. Des déplacés qui se concentrent dans la commune rurale de Kanyabayonga, où la situation humanitaire reste préoccupante. Ce nouvel afflux des déplacés dans le territoire de Lubero est observé depuis quatre jours après l’occupation, par les rebelles du M23 de quelques villages du territoire de Rutshuru situés à une vingtaine de kilomètres de Kanyabayonga. C’est dans cette commune rurale du territoire de Lubero que sont concentrés ces déplacés, dont le nombre est estimé à environ six mille cinq cents ménages. Certains sont hébergés dans des familles d’accueil, d’autres dans des églises et écoles où ils partagent des salles de classe avec les élèves. Cette commune rurale héberge depuis une année plus de 30 000 autres ménages de déplacés. Beaucoup d’entre eux n’ont jamais bénéficié d’assistance humanitaire et vivent dans des conditions difficiles. Radio Okapi

RDC: La dépréciation du franc congolais impacte négativement les prix des produits de première nécessité à Kinshasa
Les prix des produits de première nécessité continuent, depuis quelques mois, de grimper sur différents marchés de Kinshasa à la suite de la dépréciation de la monnaie nationale, le franc congolais, face à la devise américaine, le dollars. Ce constat a été fait jeudi 30 mai, par des reporters de Radio Okapi, qui ont sillonné plusieurs marchés et autres lieux de vente de la capitale congolaise. Un sac de braise, par exemple, se vend actuellement à 70 000 francs congolais (environ 25 USD) , alors qu’il y a quelque temps, il se négociait entre 35 voire 40 000 FC ( environ 15 USD ). Cette flambée de prix met plusieurs ménages en difficulté, car ils ont du mal à nouer les deux bouts du mois…Mêmes les vendeuses de légumes disent avoir revu le prix de leurs produits à la suite de la dépréciation de la monnaie nationale. Cette situation n’épargne personne. Même les femmes qui font de petits commerces, disent ne plus s’en sortir, comme c’était le cas il y a quelques mois, et dénoncent elles aussi, cette instabilité et l’inflation qui les appauvrissent davantage…Pour plusieurs Congolais, l’amélioration de la situation socio-économique reste parmi les priorités du Gouvernement Suminwa qui a été publié mercredi 29 mai. Radio Okapi

«La Libye joue le rôle de plateforme logistique pour la Russie» en Afrique, selon le collectif «All Eyes on Wagner»
La Libye, plus que jamais porte d’entrée de la Russie sur le continent africain. Selon plusieurs observateurs dont le collectif « All Eyes on Wagner », la Russie augmente depuis plusieurs mois sa présence dans des ports comme Syrte ou Tobrouk pour débarquer armes et militaires. Une stratégie qui atteste l’idée que Moscou et les supplétifs d’Africa Corps (ex-Wagner) ont bien décidé de renforcer leurs positions en Afrique du Nord et au Sahel. RFI : En ce moment, vos yeux sont particulièrement tournés vers la Libye. Depuis quelques mois, on constate un accroissement des livraisons d’armes et de débarquement d’hommes en provenance de Russie. Où ont lieu ces débarquements et quel est le but supposé ? Lou Osborn du collectif « All Eyes on Wagner » : La première chose, c’est qu’une partie de ces combattants qui arrivent est, après, renvoyée dans les nouveaux territoires occupés par African Corps : le Niger et le Burkina Faso. Dans ce sens-là, la Libye joue le rôle de plateforme logistique pour les opérations de la Russie. C’était déjà le rôle que la Libye avait à un moment donné pour le groupe Wagner. Donc, ils remettent ça en route. La deuxième chose, c’est qu’une partie des combattants reste, à priori, en Libye. Mais la Russie a pour projet d’établir une base navale qui lui mettrait les pieds dans la Méditerranée. RFI

En Côte d’Ivoire, l’intox sur le recrutement de jeunes pour rejoindre les rangs de l’armée ukrainienne
L’armée ukrainienne a-t-elle tenté de recruter de jeunes volontaires ivoiriens pour aller combattre la Russie sur son sol ? C’est ce qui semble ressortir d’une circulaire publiée sur les réseaux sociaux lundi 27 mai et largement relayée par des comptes africains prorusses. Le document estampillé de l’emblème de l’Ukraine, le trident bleu, est signé par un certain Denys Chernyshenko, présenté comme le chargé de communication de l’ambassade d’Ukraine en Côte d’Ivoire…Sauf que Denys Chernyshenko n’existe pas, pas plus que le numéro de téléphone de l’ambassade d’Ukraine indiqué sur le communiqué. « Ce soi-disant avis de recrutement bricolé à la hâte n’est qu’une fraude de piètre niveau », confirme Yurii Pyvovarov, ambassadeur d’Ukraine en Côte d’Ivoire avec résidence au Sénégal, qui a prévenu les autorités ivoiriennes mercredi 29 mai et relayé un démenti officiel sur les réseaux sociaux…De faux avis de recrutement du même type ont été diffusés au Cameroun, au Togo et au Burkina Faso. « C’est une campagne de désinformation, résume Yurii Pyvovarov, orchestrée par les services spéciaux russes. Il n’y a aucun doute. » L’objectif étant, selon le diplomate, de porter atteinte à l’image de l’Ukraine en Afrique de l’Ouest, à deux semaines du sommet de la paix en Ukraine, prévu en Suisse les 15 et 16 juin. La participation de la Côte d’Ivoire, où Kiev a ouvert une ambassade mi-avril, est annoncée. Le Monde

Un premier gisement de coltan découvert en Côte d’Ivoire
Moins d’un mois après la découverte du plus grand gisement d’or en Côte d’Ivoire, le pays annonce avoir identifié un gisement de coltan à Issia, dans le centre-ouest ivoirien. Il s’agit d’un élément fortement utilisé dans le domaine de l’industrie électronique, notamment pour la confection de téléphones portables et d’ordinateurs…Il s’agit du tout premier gisement de coltan, un minerai utilisé notamment dans la fabrication des téléphones portables et des ordinateurs, découvert en Côte d’Ivoire. C’est la Sodémi, la société pour le développement minier du pays, qui en a fait la découverte. Elle revendique être parmi les premières sociétés du domaine à se lancer dans la production du coltan dans la sous région. Pour Cédrick Sehe, un spécialiste du domaine, il faut miser sur l’exploitation locale de ce minerai pour mieux rentabiliser cette découverte inédite. « Si on exporte cela et qu’on ne le transforme pas sur place, cela n’aura pas assez de répercussions sur notre économie », prévient-il. « Mais s’il y a un partenariat gagnant-gagnant qui existe, il faut qu’on accepte le transfert de compétences. Cela va donner aux Ivoiriens de l’emploi mais cela va leur permettre de développer leurs compétences », ajoute-t-il. RFI

Une trentaine de salariés de Canal 3 Niger licenciés après trois jours de grève
Canal 3 Niger, qui comprend une radio et une télé, traverse une zone de turbulences. Plus d’une trentaine de salariés de ce groupe de médias privé ont été licenciés mardi. Les salariés, qui réclament plusieurs mois d’arriérés de salaires, ont été mis à la porte après un mouvement de grève de 72 heures. La direction met en avant les difficultés économiques auxquelles sont confrontés les médias nigériens. C’est un véritable bras de fer qui oppose Canal 3 Niger à une trentaine de ses employés. Journalistes, animateurs et techniciens ont observé une grève de 72h pour réclamer plusieurs mois de salaires impayés. Selon eux, plus d’un an et demi de salaire sont concernés…La direction de Canal 3 Niger met en avant les difficultés économiques qui touchent les médias du pays pour justifier la situation. « La crise du Covid-19 est passé entre temps. L’environnement économique et financier est devenu un peu plus austère aussi », selon Seyni Amadou, rédacteur en chef et directeur de la télévision Canal 3 Niger. Et d’ajouter : « Entre temps aussi, les charges ont augmenté, notamment les coupures intempestives de la compagnie d’électricité. Depuis un peu plus de 10 mois, beaucoup de partenaires privilégiés en termes de couverture médiatique nous ont quitté. Malheureusement, c’est un cas général ». RFI

L’Erythrée, le pays où même le football n’existe plus
L’Erythrée avait pourtant atteint une honorable 121e place en juin 2007 (sur 210 nations), à une époque où elle participait notamment aux phases préliminaires du Mondial ou de la CAN. Ses clubs n’ont plus participé aux compétitions continentales depuis 2008, et aucune donnée sur le déroulement du championnat national n’est disponible depuis 2019…La fédération érythréenne, présidée par Paulos Weldehaimanot – que Le Monde Afrique a plusieurs fois tenté de joindre –, était pourtant favorable au retour des Red Sea Boys sur la scène continentale. Mais le dirigeant n’a rien pu faire pour contrer la volonté de Zemale Tekle, commissaire (du gouvernement) aux sports et à la culture, lequel a imposé à l’instance de ne pas engager la sélection. Une injonction dictée par Issayas Afeworki, le chef de cet Etat indépendant depuis 1993 et considéré comme l’un des plus répressifs de la planète. « C’est une décision politique. Depuis des années, des joueuses, des joueurs et des membres du staff technique ont profité des déplacements à l’étranger pour demander l’asile politique comme ce fut le cas au Kenya, au Botswana, en Ouganda, en Angola et en Ethiopie, et le régime souhaite éviter que cela ne se reproduise », analyse Jean-Baptiste Guégan, enseignant à Sciences Po-Paris et expert en géopolitique du sport. Le Monde