Revue de presse du 31 juillet 2024

M23 en RDC: la présidence angolaise annonce un accord de cessez-le-feu entre Kinshasa et le Rwanda
Un nouveau cessez-le-feu en République démocratique du Congo à partir de ce dimanche 4 août. C’est ce qu’a annoncé la présidence angolaise hier soir, mardi 30 juillet, après une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la RDC, à Luanda. Il s’agissait de la deuxième réunion ministérielle de ce type organisée dans le cadre du processus de Luanda. Le cessez-le-feu entrera en vigueur à minuit le 4 août 2024, selon un communiqué de la présidence angolaise. Son application sera contrôlée par un mécanisme ad hoc qui existe déjà, mais qui sera renforcé. La décision a été prise à l’issue d’une discussion entre la ministre des Affaires étrangères congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, sous l’égide du gouvernement angolais. Pas plus de précision sur ce qui s’est dit hier au palais présidentiel de Luanda. On sait que tout l’enjeu de ce processus, c’est de parvenir à réunir autour d’une même table les deux chefs d’État. Jusqu’ici, la partie congolaise avait posé comme préalable le retrait des soldats rwandais de l’est du pays. Kinshasa qui continue aussi de demander des sanctions économiques contre Kigali. L’annonce de la présidence angolaise ce 30 juillet survient à seulement trois jours de l’expiration de la trêve humanitaire obtenue par les États-Unis. Une trêve d’une durée totale d’un mois qui n’a été que partiellement respectée, puisque des combats se sont poursuivis dans les territoires de Masisi et de Rutshuru. RFI

Centrafrique : le Conseil de sécurité de l’ONU lève l’embargo sur les armes
Dans une résolution adoptée à l’unanimité, mardi 30 juillet, le Conseil de sécurité de l’ONU a levé l’embargo territorial sur les armes mis en place en 2013 après le début de la guerre civile en Centrafrique. Dans le même temps, il a décidé d’interdire jusqu’au 31 juillet 2025 les ventes d’armes à destination des « groupes armés » opérant dans le pays. Une interdiction de fait déjà en place : en juillet 2023, le Conseil avait en effet prolongé d’un an le cadre général de l’embargo sur les armes, mais en excluant celles destinées aux forces gouvernementales. C’est une « victoire diplomatique » pour Bangui qui, soutenu par la Russie et la Chine, dénonçait l’embargo comme un « affront » et une sanction « injuste », même si les forces gouvernementales en étaient exclues depuis un an. En renversant le mécanisme, la nouvelle résolution répond aux revendications centrafricaines…La Centrafrique, pays parmi les plus pauvres du continent africain, est en proie à des guérillas multiformes menées par des rebelles ou des groupes armés. L’armée est soutenue par des mercenaires du groupe russe Wagner ou de son successeur, l’Africa Corps. Le Monde avec AFP

Dans le nord du Mali, l’armée lance une « campagne aérienne » avec l’appui des forces burkinabées
Au moins six civils ont été tués par des tirs de drones, mardi 30 juillet, à Tin Zaouatine, une localité du nord du Mali où l’armée et ses alliés russes ont subi un gros revers et de lourdes pertes, samedi, lors de combats contre des séparatistes, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès d’élus et de séparatistes. Dans un communiqué, l’armée malienne affirme avoir commencé « ce mardi 30 juillet 2024 une campagne aérienne dans le secteur de Tin Zaouatine […] en coordination avec les Forces armées du Burkina Faso ». Cette campagne vise, selon ce communiqué, à « sécuriser les personnes et les biens dans la localité de Tin Zaouatine et ses environs, contre la coalition de terroristes auteurs d’exactions, d’abus et de trafics illicites contre les populations maliennes ». Elle est menée « conformément à la solidarité entre les Etats membres » de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et « en application du mécanisme de défense collective et d’assistance mutuelle ». Les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina sont réunis au sein de la nouvelle confédération de l’AES après leur départ de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à la suite de désaccords avec cette organisation. Le Monde avec AFP

Mali: six civils tués dans des tirs de drone à Tinzaouatène après le revers subi par l’armée dans la région
Au moins six civils ont été tués mardi 30 juillet par des tirs de drone vers la localité malienne de Tinzaouatène située non loin de la frontière algérienne au nord du pays. C’est à cet endroit que l’armée malienne et les mercenaires du groupe Wagner viennent de subir un important revers face aux rebelles maliens du CSP. Selon plusieurs sources dont un élu, les frappes de drones ont tué au moins six civils ce 30 juillet à Tinzaouatène. Il s’agirait de Nigériens, de Soudanais et de Tchadiens. Orpailleurs, ils travaillaient sur un site non loin de cette localité du nord du Mali. « Le bilan est plus lourd » estime de son côté Mohamed Elmaouloud Ramadan, le porte-parole des rebelles du Cadre Stratégique Permanent (CSP). « Il y a des dizaines de civils tués, majoritairement des Nigériens et des Tchadiens » a-t-il déclaré à notre correspondant régional Serge Daniel…Qui sont les auteurs de ces tirs de drones ? Selon le porte-parole du CSP, les drones ont été envoyés soit par un pays voisin du Mali dirigé par une junte, comme le Burkina Faso ou le Niger, soit par les mercenaires russes et l’armée malienne qui ont voulu prendre leur revanche après le dernier revers subi à Tinzaouatène. S’agit-il d’une bavure ? Interrogée, une source militaire malienne explique : « nous menons des opérations de sécurisation dans la zone et ce sont des terroristes armés qui ont été visés et non des civils ». Ces événements ont en tout cas fait fuir les civils qui étaient encore sur place. Certains viennent de Kidal, localité située à plus de 200 kilomètres plus au sud. Des humanitaires s’inquiètent et invitent l’Algérie voisine à ouvrir sa frontière à ces ressortissants maliens. RFI

Un tribunal ghanéen interdit les manifestations prévues contre le coût de la vie
Une haute cour du Ghana a empêché des groupes de la société civile d’organiser des manifestations dans la capitale Accra, rejoignant ainsi d’autres gouvernements africains qui tentent d’étouffer les manifestations organisées par les jeunes pour protester contre le coût élevé de la vie. La juge Abena Afia Serwaa de la Haute Cour a approuvé une demande de la police ghanéenne visant à interdire des manifestations prévues entre le 31 juillet et le 6 août. La police a affirmé qu’elle ne disposait pas du personnel nécessaire pour assurer la sécurité, les agents ayant été déployés pour des rassemblements politiques dans le cadre de la campagne électorale pour les élections. Selon les organisateurs, plus de deux millions de personnes étaient attendues dans les rues pour exiger du président Nana Akufo-Addo qu’il prenne davantage de mesures en matière de corruption, pour améliorer les conditions de vie, ainsi que pour protester contre les retards dans la signature d’un projet de loi anti-LGBT. Une vague de manifestations de jeunes a déferlé sur plusieurs pays africains ces dernières semaines…L’économie ghanéenne s’est effondrée après que les effets d’années d’emprunts excessifs ont été exacerbés par la pandémie de COVID-19, les répercussions de la guerre en Ukraine et la hausse des taux d’intérêt mondiaux. Le producteur d’or, de cacao et de pétrole a restructuré la majeure partie de sa dette extérieure de 30 milliards de dollars afin de pouvoir mettre en œuvre un programme de sauvetage du Fonds monétaire international de 3 milliards de dollars sur trois ans et que le pays puisse sortir de la pire crise économique qu’il ait connue depuis une génération. VOA avec Reuters

Ghana: les fermes à trolls, un fléau russe et national
À l’ère d’internet et des réseaux sociaux, un risque prévaut : les fake news, des fausses informations qui peuvent être produites et partagées en masse sur les réseaux sociaux. Ces opérations sont organisées dans des fermes à trolls, jargon pour des personnes payées pour créer des faux contenus. Une de ces fermes, au Ghana, a provoqué un scandale international lorsqu’une enquête du média américain CNN a révélé son existence en 2020 et son but : perturber les élections américaines. Des fermes à trolls qui existent encore aujourd’hui au Ghana, et qui font craindre un risque de déstabilisation du pays en décembre, lors des élections générales…Au total, l’enquête a révélé plus de 200 comptes Facebook, Instagram ou Twitter alimentés au Ghana, dans un seul but : déstabiliser les élections américaines opposant Joe Biden à Donald Trump. Le tout, sous couvert d’une ONG dont l’enquête de CNN a révélé des liens avec la Russie. Neuf mois plus tard, le média américain The Daily Beast a publié une nouvelle enquête sur une autre ferme à trolls, toujours au Ghana…Le mode opératoire : de jeunes ghanéens sont recrutés pour écrire, parfois sans le savoir, des articles mensongers sur les États-Unis. Cela à partir de sources peu fiables, voire conspirationnistes, envoyées par des supérieurs presque anonymes. « Il y a très peu d’informations sur eux sur internet, à part le fait qu’ils ont fait leurs études en Russie et qu’ils parlent russe. On pouvait déduire qu’à la manière dont ils opéraient, ils suivaient un but précis : propager de la désinformation en faveur de la candidature de Donald Trump. » Une question subsiste : pourquoi la Russie choisirait le Ghana comme base de ses campagnes de trolls ? Les explications du journaliste ghanéen spécialisé dans le fact-checking, Rabiu Alhassan. « Les difficultés économiques, un taux de chômage croissant de la jeunesse, une augmentation de l’accès à internet. Tous ces facteurs ont un rôle à jouer dans le fait que ces jeunes se laissent utiliser en ligne pour promouvoir ce genre d’activités qui peuvent être liées à la Russie. » Mais, les opérations de désinformation ne sont pas uniquement l’apanage de puissances extérieures. Selon Kwaku Krobea Asante, responsable éditorial du site Fact-Check Ghana, le pays d’Afrique de l’Ouest compte ses propres fermes à trolls. « Lorsque l’on regarde les acteurs clefs et les forces en présence dans la désinformation, on voit majoritairement des politiciens, des partis politiques, on voit le gouvernement, ainsi que ses institutions et agences qui jouent un rôle là-dedans ». RFI

Un activiste camerounais détenu pour ses publications sur Tiktok
Un activiste camerounais a été arrêté à Douala et est détenu depuis mercredi pour « incitation à la rébellion » et « propagation de fausses nouvelles », à la suite de vidéos postées sur TikTok, a-t-on appris lundi d’un communiqué de l’ONG Human Rights Watch qui demande sa libération. D’après le communiqué, Junior Ngombe, un coiffeur et activiste sur les réseaux sociaux âgé de 23 ans, a été arrêté « devant sa boutique à Douala » par « trois hommes en civil qui prétendaient travailler pour les services de renseignement ». Selon ses avocats, le jeune homme a été conduit dans une unité de gendarmerie de Douala puis transféré à la capitale Yaoundé, dans les cellules du Secrétariat d’État à la Défense, un établissement où HRW signale dans son communiqué avoir « documenté dans le passé le recours régulier à la torture ». Junior Ngombe, est poursuivi pour « incitation à la rébellion » et « propagation de fausses nouvelles », indique Me Serge Emmanuel Chendjou, l’un de ses avocats, dans un communiqué. Ses avocats « estiment que l’arrestation est liée à plusieurs vidéos sur TikTok dans lesquelles Junior Ngombe a encouragé la population à s’inscrire sur les listes électorales pour voter à l’élection présidentielle de 2025, a plaidé en faveur d’un changement de régime démocratique et a contesté l’intolérance des autorités à l’égard des critiques », précise HRW. Depuis son arrestation, nombre de figures de la société civile et de l’opposition ont réclamé sa libération, en reprenant notamment le mot-dièse #FreeJuniorNgombe sur les réseaux sociaux. Pour HRW, « Junior Ngombe devrait être libéré, les accusations portées contre lui devraient être abandonnées, les droits à la liberté d’expression et d’opinion devraient être respectés ».  AFP

Verdict attendu dans le procès historique du massacre au stade de Conakry
La justice guinéenne rend mercredi son verdict dans le procès historique du massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry en Guinée, « un moment de vérité » pour les victimes et leurs familles qui attendent cette décision depuis près de 15 ans. Ce jour-là, au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées dans la répression d’un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry et ses environs, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Au moins 109 femmes ont été violées. Les exactions ont continué plusieurs jours contre des femmes séquestrées et des détenus torturés dans ce qui est considéré comme l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire contemporaine de la Guinée…Le procureur a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre lui et six autres accusés, ainsi que la requalification des faits en crimes contre l’humanité. Les juges ont indiqué qu’ils ne se prononceraient sur la demande de requalification des accusations qu’au moment du verdict. AFP

RDC : l’UA condamne l’expulsion des Batwa de leurs terres en 1975
Selon la Commission des droits de l’homme de l’Union africaine, le gouvernement congolais a violé les droits de la communauté indigène des Batwa en l’expulsant, il y a une cinquantaine d’années, de ses terres ancestrales afin d’agrandir l’un des plus grands parcs nationaux du pays. Cette décision, rendue publique lundi, est la première du genre à reconnaître le rôle central que jouent les populations autochtones dans la protection de la biodiversité. Les Batwa vivaient de la chasse et de la cueillette dans les régions forestières de l’Ouganda, du Rwanda et de la RDC. En 1970, un photographe et défenseur de l’environnement belge a fondé le célèbre parc national de Kahuzi-Biega, près de la rive occidentale du lac Kivu, sur un territoire traditionnellement utilisé par les Batwa. À la suite de l’agrandissement du parc en 1975, environ 13 000 Batwa ont été expulsés de leurs maisons au nom de la protection de la biodiversité. La plupart d’entre eux vivent encore à la périphérie du parc dans des villages de fortune, luttant pour l’accès à la terre et aux soins de santé. La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a appelé le gouvernement congolais à permettre le retour en toute sécurité des Batwa, à leur accorder la propriété de leurs terres ancestrales situées dans le parc national, à présenter des excuses publiques reconnaissant les abus commis et à verser une compensation aux populations autochtones après les avoir reconnues comme citoyennes. Africanews avec AP