Revue de Presse du 31 janvier 2022

La hausse de la violence des militants islamistes au Sahel, une dynamique qui domine le combat de l’Afrique contre les extrémistes
Le quasi doublement de la violence liée aux groupes islamistes militants au Sahel (de 1 180 à 2 005 évènements) met en relief l’escalade rapide de la menace sécuritaire dans cette région. Ce pic est le changement le plus important parmi toutes les régions sujettes à la violence des groupes islamistes militants en Afrique. Il éclipse une diminution de 30 %, en moyenne, de la violence dans le bassin du Lac Tchad, le nord du Mozambique et l’Afrique du Nord. Globalement, la violence liée aux groupes islamistes militants a augmenté de 10 % en 2021, atteignant un niveau record de plus 5 500 évènements attribués à ces groupes en Afrique. Cela continue une tendance à la hausse depuis 2016. Cependant, le taux d’augmentation annuel était, en 2021, beaucoup moins élevé que l’augmentation de 43 % signalée en 2020. Le nombre de décès attribués aux groupes islamistes militants a diminué de 7 % en 2021 comparé à 2020, atteignant environ 12 700 décès à travers l’Afrique. Cela comprend une diminution de 14 % des décès attribués à la violence contre les civils et une diminution dans toutes les régions en dehors du Sahel. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Le Burkina Faso suspendu de l’Union Africaine suite au coup d’État
L’Union africaine (UA) a annoncé lundi la suspension du Burkina Faso de toutes ses activités au sein de l’organisation continentale « jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays », théâtre d’un coup d’État la semaine dernière. « Le Conseil décide (…) de suspendre la participation du Burkina Faso à toutes les activités de l’UA jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays », a annoncé dans un tweet le Conseil de Paix et Sécurité, en charge des conflits et questions de sécurité au sein de l’UA. Le pays avait également été suspendu vendredi des instances de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), comme d’autres pays ayant récemment connu un coup d’État militaire, la Guinée et le Mali. Une délégation de chefs de la diplomatie de la CEDEAO doit se rendre dans la capitale Ouagadougou pour s’entretenir avec les membres de la junte, au pouvoir depuis une semaine. Les militaires ont pris le pouvoir le 24 janvier et placé en résidence surveillée le président Roch Marc Christian Kaboré. AfricaNews/AFP

Insécurité au Faso: la junte « condamnée à fournir des résultats », selon la société civile
Les organisations de la société civile Burkinabè réagissent au coup d’Etat et préviennent la junte qu’elle n’a pas droit à l’erreur. Une page est tournée et une autre s’ouvre à Ouagadougou. Un nouveau pouvoir est arrivé par un coup d’Etat comme si le pays renouait avec ses vieux démons. Les organisations de la société civile sont divisées. « C’est vraiment dommage pour notre démocratie. En tant qu’organisation de la société civile nous ne cautionnons pas les prises de pouvoir par la force. Mais comme c’est arrivé, nous ne pouvons que prendre acte et observer », a dit Abraham Badolo, le président de l’Alliance pour la défense de la patrie. … La junte doit aller vite. Elle n’a pas droit à l’erreur et les problèmes sécuritaires doivent être vite résolus, selon toutes ces organisations. « Il faut immédiatement et urgemment enregistrer des victoires sur des terrains de combats. C’est le premier agenda. S’ils ratent ce rendez-vous dans les trois où les six prochains mois, qu’ils sachent que les mêmes causes qui les ont amenés à prendre les armes amèneront d’une manière ou d’une autre le peuple ou leurs collègues à progresser dans les coups d’Etat. Ils sont condamnés à faire du résultat », a noté pour sa part Serge Bayala. VOA

Au Burkina Faso, une soixantaine de djihadistes tués selon l’armée française
Une soixantaine de djihadistes ont été tués dans le nord du Burkina Faso lors d’une opération des forces burkinabées assistées par des unités françaises de l’opération « Barkhane », peu avant le coup d’Etat du 24 janvier au cours duquel le président Roch Marc Christian Kaboré a été renversé, a annoncé dimanche 30 janvier l’armée française. « A quatre reprises, entre le 16 et le 23 janvier 2022, différents groupes de terroristes ont été localisés, identifiés et neutralisés par les forces burkinabées et par les unités de “Barkhane” », a-t-on appris auprès de l’état-major. « Au total, près d’une soixantaine de terroristes ont été mis hors de combat », selon l’état-major de l’armée française. … Selon l’armée, les forces burkinabées vont ainsi pouvoir « retourner » dans ces « zones de transit et de refuge » des groupes djihadistes dans lesquelles « elles n’avaient pas opéré depuis longtemps ». Le Monde

Mali : l’ambassadeur de France déclaré persona non grata
Après des semaines d’escalade verbale, Bamako a exigé le départ sous 72 heures de l’ambassadeur de France, Joël Meyer. Les relations entre les deux pays se sont fortement dégradées depuis que le pouvoir d’Assimi Goïta a annoncé vouloir repousser les élections, initialement prévues en février 2022. Le gouvernement malien « invite » l’ambassadeur de France à Bamako à quitter le pays « dans un délai de 72 heures », selon un décret lu durant le journal de 13 heures de l’ORTM, la télévision nationale, ce lundi 31 janvier. Cette décision « fait suite aux propos hostiles et outrageux du ministre français des Affaires étrangères », Jean-Yves Le Drian, et à la « récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes ». Joël Meyer était convoqué ce lundi au ministère malien des Affaires étrangères. Selon des sources diplomatiques françaises, il sera remplacé par Laurent Favier, le premier conseiller à l’ambassade de France. Jeune Afrique

Soudan: une nouvelle mobilisation anti-putsch sous forte tension
Des médecins confirment au moins un mort dans les manifestations, ce dimanche 30 janvier, contre le coup d’État au Soudan. Un homme de 27 ans touché à la poitrine. Le bilan de la répression s’élève désormais à 79 manifestants tués en trois mois, alors que ce dimanche après-midi s’élançaient dans tout le pays des cortèges pour la 16ᵉ « marche du million » organisée depuis le 25 octobre à l’appel des comités de résistance et de nombreuses organisations de la société civile. À Khartoum, les révolutionnaires ont tenté de se diriger vers le palais présidentiel malgré l’interdiction de manifester dans le centre de la capitale. Ils ont été accueillis par d’intenses tirs de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. La mission intégrée de l’ONU pour la transition au Soudan (Unitams) ainsi que de nombreuses chancelleries étrangères avaient pourtant appelé les autorités à la retenue, indiquant que les violences contre les manifestants pacifiques doivent cesser. Ils sont toujours des dizaines de milliers à défiler à travers le pays contre la junte militaire. RFI

Nigeria: des dizaines de personnes tuées par des « bandits » au cours du weekend
Des hommes armés ont tué des dizaines de personnes, dont 11 membres des services de sécurité, dans deux attaques menées au cours du weekend dans le centre et le nord du Nigeria, ont déclaré les autorités locales. Le centre et le nord-ouest du Nigeria sont depuis des années le théâtre de gangs criminels, appelés localement « bandits », qui attaquent les villages, volent le bétail, pillent et tuent les habitants. Ces derniers mois, les violences se multiplient. Ces deux attaques surviennent peu de temps après l’appel du président Muhammadu Buhari à une répression plus dure de l’armée contre les gangs, récemment désignés comme « terroristes » par le gouvernement. Lors de la première attaque menée samedi, plus de 100 hommes armés circulant à moto ont attaqué la localité de Galadiman Kogo, dans le district de Shiroro, a affirmé le gouverneur de l’Etat du Niger (centre) Sani Bello dans un communiqué. VOA

Kenya : au moins 10 morts dans l’explosion d’un bus
Au Kenya, au moins 10 personnes sont mortes lundi au cours de l’explosion d’un minibus. Le véhicule a roulé sur un engin explosif dans le nord-est du pays près de la frontière somalienne, suite à quoi il a été pris dans une embuscade tendue par des hommes armés a indiqué la police. Les assaillants ont ouvert le feu sur le véhicule de 14 places après qu’il ait roulé sur un engin explosif à environ huit kilomètres de la ville de Mandera. Un rapport de police indique qu’une équipe de patrouille de l’Unité des services généraux, qui se trouvait à pied à proximité, a engagé les assaillants, qui ont pris la fuite en direction de la frontière somalienne. La police a ajouté que les assaillants ont utilisé des armes à feu et des grenades propulsées par fusée pendant l’assaut. AfricaNews

RDC: Bunia : 6 morts et un centre de santé pillé lors de l’incursion des miliciens de CODECO à Alagi
Six personnes ont trouvé la mort; trois autres grièvement blessées à la machette et le centre de santé de Dhengo, dans la Zone de santé de Bambou, pillé samedi 29 janvier par des hommes en armes identifiés aux assaillants de la CODECO qui ont attaqué la localité Alagi, dans la chefferie de Mambasa (Ituri). Des sources sur place rapportent que ces inciviques ont emporté une bonne partie des médicaments ainsi que des matelas de ce centre de santé dont des portes et des fenêtres ont été défoncées. Les panneaux solaires qui servaient à alimenter le générateur où étaient placés les vaccins n’ont pas été épargnés. Les fiches des malades ainsi que leurs lits ont été vandalisés. 21 motos appartenant à la population ont été également ravis par ces rebelles. Radio Okapi

Condamnations pour le meurtre de deux experts de l’ONU en RDC : « Le travail n’a pas été fait, il faut enquêter au plus haut niveau de l’Etat »
« Ce procès n’a pas rendu justice aux victimes », estime une source proche du dossier qui veut rester anonyme. Le verdict est tombé samedi, dans le procès du meurtre en 2017 des deux experts des Nations unies au Kasaï, en République démocratique du Congo. La cour militaire de Kananga a prononcé 49 condamnations à mort, commuées en condamnation à perpétuité, essentiellement contre d’anciens miliciens de la secte Kamuina Nsapu. 10 ans de prison pour le colonel Jean de Dieu Mambweni et deux acquittements. Le colonel Jean de Dieu Mambweni était accusé de « terrorisme, association de malfaiteurs et crime de guerre ». La cour n’a pas retenu ces accusations. Il a été condamné pour « violation des consignes et non-assistance à personne en danger ». « Le colonel Jean de Dieu Mambweni a combattu les miliciens Kamuina Nsapu. Il y a un sérieux doute que quelqu’un qui a combattu les miliciens ait en même temps collaboré avec eux. Sa faute, c’est d’avoir reçu les experts des Nations Unies dans son bureau à l’insu de sa hiérarchie », a déclaré la cour militaire de Kananga. RTBF

Centrafrique : le groupe paramilitaire russe Wagner fait du cinéma
Depuis plus d’un an, les combats continuent de faire rage dans le pays. Les mercenaires russes de la société Wagner opèrent sur le terrain où ils sont accusés de graves violations des droits de l’Homme. Dans la capitale Bangui, le groupe joue toutefois la carte du cinéma. Après un premier film de propagande l’année dernière, il a présenté son dernier long-métrage, Granite, censé se dérouler au Mozambique en 2019 mais intégralement tourné en Centrafrique. TV5Monde

Tunisie: les ONG sur la réserve concernant la consultation lancée par le président Saïed
La grande consultation électronique voulue par le président Kaïs Saïed a commencé. Elle s’étendra jusqu’au 20 mars prochain. Une initiative censée recueillir l’avis des Tunisiens sur l’avenir du pays. Sur le terrain, l’opération fait pourtant polémique. La semaine dernière, 32 organisations de la société civile tunisienne ont fait part de leurs réserves quant à ce procédé. L’ONG I-Watch appelle même au boycott de la consultation. Mi amusé, mi agacé, Mouheb Garoui tapote fiévreusement sur son smartphone. Membre d’I-Watch – une ONG qui lutte pour la transparence – il a d’abord salué la volonté présidentielle de prendre le pouls du pays avant de déchanter en découvrant le site internet lancé par les autorités. RFI

Libération de 12 personnes arrêtées après une tuerie en Casamance
Douze personnes détenues depuis quatre ans dans le cadre d’une enquête sur le massacre de 14 hommes en Casamance, dans le sud du Sénégal, ont été « blanchies et libérées » et 13 autres renvoyées devant une chambre criminelle, a-t-on appris lundi auprès de leur avocat. Les 12 personnes qui étaient depuis janvier 2018 en détention à la prison de Ziguinchor, principale ville de Casamance, ont été libérées vendredi, a affirmé à l’AFP Me Ciré Clédor Ly. Treize autres détenus dont un journaliste, Réné Capain Bassène, et un membre de l’aile politique de la rébellion casamançaise, Omar Ampoi Bodian, « ont été renvoyés devant la chambre criminelle » du tribunal de grande instance de Ziguinchor pour un procès dont la date n’a pas encore été fixée, a indiqué Me Ly. VOA

Afrique du Sud : nouveau recours de l’ex-président Zuma dans son procès pour corruption
L’ex-président sud-africain Jacob Zuma s’est présenté lundi devant la justice après avoir déposé un nouveau recours dans son procès pour corruption, démarré en mai dernier avec déjà de nombreux reports et retards. L’ancien chef d’Etat de 79 ans est accusé d’avoir touché des pots-de-vin du groupe français de défense Thales dans une affaire vieille de plus de vingt ans. Il est poursuivi pour 16 chefs d’accusation d’escroquerie, corruption et racket. Thales est également inculpé pour corruption et blanchiment d’argent. Le procès doit reprendre le 11 avril. RTBF

Le trafic de bois de rose au cœur des tensions à la frontière entre la Gambie et la Casamance
En Gambie, après la mort de deux soldats sénégalais et la disparition de 9 autres dans des affrontements au sud du pays, de nombreuses questions restent en suspens. Selon l’état-major à Dakar, les assaillants étaient à bord d’un camion transportant du bois. Une ressource naturelle très convoitée dans la région. Les trafiquants l’appellent « l’ivoire de la forêt », le bois de rose est un arbre rare particulièrement demandé en Chine, découpé illégalement en Casamance et qui transite par le port de Banjul, là aussi de manière illicite. Et pourtant, en 2017, le Sénégal et la Gambie ont tous deux signés un traité international pour la protection de ce bois lorsqu’il fut reconnu comme étant « en voie de disparition ». Mais d’un côté les rebelles du MFDC, mouvement indépendantiste casamançais, en ont fait leur principale source de revenus. Et de l’autre : les autorités gambiennes continuent de délivrer des licences de transit aux transporteurs de bois, comme l’explique Omar Malmo Junior, de l’ONG gambienne Green up active sur la reforestation. RFI