Revue de presse du 30 septembre 2024

Un nombre record de déplacements forcés en Afrique du fait des conflits
Le nombre d’Africains déplacés de force par les conflits et les régimes répressifs a augmenté pour la treizième année consécutive, dépassant les 45 millions de personnes. Ce chiffre, qui comprend les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, les réfugiés et les demandeurs d’asile, représente une augmentation de 14 % par rapport à l’année précédente. Avec 3 % de sa population totale déplacée de force, l’Afrique compte à la fois une part et un nombre absolu de personnes déplacées de force plus importants que n’importe quelle autre grande région du monde. Compte tenu de la croissance persistante des déplacements, la population déplacée de force en Afrique a doublé depuis 2018. Les trois quarts de ces personnes – 34,5 millions – sont déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Cela représente un quasi-triplement du nombre de personnes déplacées à l’intérieur de l’Afrique depuis 2017. Avec 1,9 million de nouveaux déplacés internes signalés depuis le début de l’année 2024, l’Afrique accueille désormais plus de 48 % des personnes déplacées en interne (PDI) dans le monde. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

En Tunisie, le Parlement révise la loi électorale juste avant la présidentielle du 6 octobre
Le Parlement tunisien examine, vendredi 27 septembre, un projet de révision de la loi électorale, contesté par la société civile comme un « changement des règles du jeu » à quelques jours de la présidentielle du 6 octobre où le président Kaïs Saïed brigue un nouveau mandat. Citant un « conflit » entre la justice administrative et l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), plus d’un tiers des députés ont présenté un texte à voter « en urgence » pour retirer au tribunal administratif la prérogative d’arbitrer les contentieux électoraux et la confier à la cour d’appel. Fin août, le tribunal administratif réuni en appel avait réintégré dans la course présidentielle, à la surprise générale, trois candidats exclus d’une liste préliminaire par l’ISIE le 10 août et considérés comme les rivaux les plus sérieux du président, Kaïs Saïed. Il s’agissait de Mondher Zenaïdi, ancien ministre sous Zine El-Abidine Ben Ali, d’Abdellatif Mekki, un ancien dirigeant du mouvement islamo-conservateur Ennahda, et d’Imed Daïmi, un conseiller de l’ex-président Moncef Marzouki, proche d’Ennahda…Le président sortant, élu démocratiquement en 2019, est accusé par ses détracteurs d’avoir fait régresser les droits et libertés en Tunisie depuis un coup de force à l’été 2021 par lequel il s’est emparé des pleins pouvoirs. Le Monde avec AFP

Douze migrants tunisiens morts noyés dans un naufrage au large de Djerba
Douze candidats à l’émigration tunisiens, dont des bébés et des femmes, sont morts noyés dans le naufrage de leur embarcation devant les côtes de l’île touristique de Djerba, dans le sud-est de la Tunisie, a fait savoir, lundi 30 septembre à l’Agence France-Presse (AFP) une source judiciaire. Vingt-neuf autres ont été sauvés dans cet accident aux causes inconnues qui s’est produit à l’aube. Les douze victimes, « originaires de plusieurs régions de la Tunisie », sont « cinq hommes, quatre femmes et trois bébés », a précisé le porte-parole du tribunal de Médenine, Fethi Baccouche, qui n’a pas donné le nombre initial de passagers ni d’informations sur d’éventuels disparus…Avec la Libye, la Tunisie, dont le littoral est situé à certains endroits à moins de 150 kilomètres de la Sicile, est le principal point de départ en Afrique du Nord des migrants cherchant à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Le Monde avec AFP

Haïti: la Guinée prête à contribuer avec 650 policiers à une force de stabilisation
La Guinée s’est dite prête samedi à contribuer à hauteur de 650 policiers et gendarmes en Haïti. Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné en octobre 2023 son feu vert à l’envoi d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) menée par le Kenya pour aider la police haïtienne dépassée. L’ONU doit se prononcer lundi sur un renouvellement du mandat. Le Kenya a commencé à déployer ses premiers contingents en juin. Les effectifs de la mission devraient atteindre 2.500 d’ici à janvier. L’opérationnalisation se heurte cependant à un manque de contributions financières étrangères et d’équipement. Dans ce contexte, les autorités de transition haïtiennes et les Etats-Unis envisagent une transformation de la MMAS en véritable mission de maintien de la paix…La Guinée a contribué avec un bataillon d’environ 650 hommes et femmes à la mission de Casques bleus Minusma qui s’est retirée du Mali fin 2023 à la demande de la junte au pouvoir. La Guinée participait au 31 juillet avec dix policiers et cinq experts aux missions des Nations unies en Centrafrique et au Sahara occidental, indique le site des opérations de maintien de la paix de l’ONU. La Guinée est dirigée les militaires depuis un putsch en septembre 2021. Les militaires qui s’étaient engagés à céder la place à des civils élus d’ici à fin 2024 ont fait savoir depuis qu’ils manqueraient à cet engagement. Le Premier ministre nommé par la junte a réaffirmé le projet de « refondation » de cet Etat pauvre à l’histoire politique agitée, sans évoquer d’échéance électorale. AFP

RDC: L’ONG MSF alerte sur l’augmentation alarmante des violences sexuelles dans l’est du pays
Dans un rapport publié ce lundi 30 septembre 2024, Médecins sans frontières (MSF) tire la sonnette d’alarme face à l’augmentation alarmante des violences sexuelles en RDC. L’ONG annonce avoir soigné plus de 25 000 victimes en 2023, soit plus de deux victimes par heure. Les violences, particulièrement concentrées dans la province du Nord-Kivu, continuent de croître en 2024. Ce chiffre, le plus élevé jamais enregistré par l’ONG dans le pays, représente une augmentation significative par rapport aux années précédentes, où la moyenne annuelle atteignait environ 10 000 victimes. 91% des victimes soignées par MSF en 2023 viennent du Nord-Kivu, une région dévastée par les combats entre le groupe armé M23 soutenu par Kigali et l’armée congolaise appuyée par les milices locales, Wazalendo…Pour MSF, dans les camps de déplacés autour de Goma, que les violences sexuelles sont particulièrement « alarmantes ». C’est dans ces sites surpeuplés que la grande majorité des victimes sont prises en charge par les équipes de MSF : soit près de 18 000 femmes violées. Le rapport révèle que les femmes et les filles, qui constituent 98% des victimes, sont agressées lors de simples tâches quotidiennes, comme aller chercher du bois ou de l’eau. Selon MSF, 8 115 femmes ont sollicité un avortement, dont 94% dans les sites autour de Goma. Certaines victimes ont été testées positives au VIH ou à d’autres infections sexuellement transmissibles. RFI

Sénégal : les contrats avec des partenaires étrangers en cours de relecture, selon le président Diomaye Faye
Le Sénégal a entamé il y a quelques semaines une vaste revue des contrats et accords signés avec des partenaires étrangers, a indiqué dimanche 29 septembre le président Bassirou Diomaye Faye, conformément à l’une de ses promesses électorales. « Nous avons mis en place depuis bientôt un mois, ou un peu plus, un comité de lecture de l’ensemble des contrats. Ce comité est en train de travailler à faire l’inventaire des conventions et contrats qui ont été signés par le Sénégal », a souligné M. Faye dans un entretien accordé à la chaîne qatarie Al-Jazira…En plus des accords politiques, le Sénégal, pays qui cherche à se développer, a signé des contrats et des accords avec des entreprises ou des partenaires étrangers dans des secteurs capitaux comme le pétrole et le gaz, les mines, les transports, les infrastructures ou la pêche…Le camp du chef de l’Etat a par le passé dénoncé certains de ces accords comme léonins, et la renégociation ou le réexamen a été l’une des promesses de campagne de M. Faye en mars. Il promeut un agenda de rupture et de transformation, souverainiste et social…Interrogé sur l’attitude vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale française, avec laquelle le Sénégal a conservé des relations fortes, il a refusé de singulariser la France dans l’affirmation de souveraineté. Cette affirmation « ne saurait être identifiée à l’égard d’un seul pays et ce serait très réducteur de penser que ce discours-là était orienté vers une seule puissance et pas envers les autres », a-t-il ajouté…Interrogé sur le choix fait par certains pays de la région autrefois proches de la France de se tourner vers la Russie, M. Faye a dit respecter leur souveraineté. « Le Sénégal aussi choisit les pays avec lesquels il coopère et personne ne lui imposera les pays avec lesquels il va coopérer », a-t-il précisé. Le Monde avec AFP

Législatives au Sénégal: la clôture du dépôt des listes n’a pas été reportée
Au Sénégal, les coalitions de parti politiques et autres candidats avaient jusqu’à ce dimanche 29 septembre 2024 pour déposer leurs dossiers au ministère de l’Intérieur pour les élections législatives anticipés du 17 novembre 2024. Ce qui a pris de court plusieurs candidats qui espéraient un report de la date de clôture de ces dépôts. Cette décision arrive malgré un accord trouvé samedi entre acteurs politiques et société civile pour le report de cette date. « On est déçus, honnêtement, il faut le dire. On ne pensait pas ça du ministère de l’Intérieur. » La déception, le mot est lâché par Mamadou Diarra mandataire de « l’union Naatal Kawgui », une coalition de paysans agriculteurs et éleveurs. À l’instar de plusieurs autres représentants de candidats, il est pris de court. « Cela va avoir un impact électoral et sur pas mal de choses. On n’a pas vu un État voulant négocier. »…Dans un communiqué, plusieurs membres de la société civile se disent préoccupé par le rejet du consensus obtenu au terme d’efforts collectifs avec autorités publiques et appellent toutes les parties prenantes à poursuivre le processus électoral dans un esprit serein. Après la clôture des dépôts de dossier dimanche, la liste des candidats retenus pour les législatives sera publié dans huit jours au plus tard. Avant le démarrage de la campagne électorale prévu le 27 octobre. RFI

Burkina Faso: les autorités diffusent des «éléments de preuves» sur la dernière tentative de déstabilisation
Au Burkina Faso, les autorités ont diffusé ce dimanche soir ce qu’elles appellent des « éléments de preuves » d’une tentative de déstabilisation qu’elles avaient dénoncé lundi 23 septembre 2024, et impliquant selon elles de nombreuses personnalités qui ont pour point commun d’exprimer leur critique envers la junte. La télévision publique a diffusé une vidéo de repentir de trois hommes, dont celui qui a été présenté comme le chef des conjurés, le commandant Ahmed Kinda. Une vidéo posthume puisque l’ancien patron des forces spéciales a été tué alors qu’il tentait d’échapper aux enquêteurs, avait affirmé le ministère de la Sécurité. Face caméra, l’ancien patron des forces spéciales, entouré par deux complices, dit avoir été interpellé à une gare routière à Niamey le 30 aout 2024, alors qu’il attendait deux personnes censées lui présenter les caches d’armes. Ne les voyant pas arriver, il aurait informé le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, ex-putschiste en exil à Lomé, le lieutenant-colonel Romeo Ouoba, et le journaliste Abdoulaye Barry. C’est d’ailleurs via ce dernier que le journaliste Serge Mathurin Adou lui a trouvé une chambre d’hôtel pour la nuit à Niamey. Ahmed Kinda explique comment l’opération a été planifiée, et avec quelles ressources humaines et matériels : il affirme avoir demandé 150 hommes, de l’armement et du matériel de communication. RFI

Ghana: le principal parti d’opposition dénonce à son tour la détention prolongée de manifestants
Le gouvernement ghanéen est accusé d’autoritarisme par plusieurs acteurs de la société civile et partis politiques. Des réactions qui font suite à l’annonce du maintien en détention d’une quarantaine de manifestants arrêtés le week-end dernier à l’occasion d’un rassemblement dans la capitale contre les mines d’or illégales. Dernière condamnation en date : celle du principal parti d’opposition, qui dénonce une justice aux ordres du pouvoir. « Police et justice brutales au service d’un pouvoir corrompu »… Ces graves accusations faites par le Congrès démocratique national dans son communiqué sont loin d’être surprenantes, selon Chris Atadika, chercheur en sciences politiques à l’Université du Ghana : « Il y a plusieurs raisons qui poussent les électeurs à voter pour un parti en particulier. Même s’il y a des enjeux comme l’économie, nous voulons aussi nous sentir en sécurité, surtout lorsque l’on manifeste contre les mines d’or illégales, et comment elles polluent nos réserves d’eau. » Une semaine auparavant, le NDC accusait la commission électorale de favoritisme envers le Nouveau parti patriotique. Objectif : mettre en cause la crédibilité du gouvernement, et par la même, la fiabilité le scrutin présidentiel du 7 décembre. « Cela a créé une prise de conscience des citoyens avant l’élection. C’est une des nombreuses raisons pour laquelle il pourrait être très compliqué pour le NPP de remporter le scrutin de cette année », analyse l’universitaire. RFI

Arrestation au Mali de quatre employés d’une compagnie minière canadienne
Au Mali, quatre employés de Barrick Gold, compagnie minière canadienne, ont été arrêtés. Il s’agirait de hauts cadres maliens de l’entreprise qui possède avec l’État l’immense complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, dans l’ouest du pays. Des arrestations ce vendredi 27 septembre que ne souhaite pas commenter l’entreprise…C’est une source judiciaire malienne qui, sous couvert de l’anonymat, a divulgué l’arrestation de ces quatre employés de la compagnie minière canadienne. Il s’agirait de hautes cadres de nationalité malienne, arrêtés pour des délits financiers supposés. Cela intervient dans un moment particulièrement tendu entre les compagnies minières étrangères et le pouvoir malien. Mark Bristow, PDG de Barrick Gold, a pris la parole cet été. Marchant sur des œufs, il avait reconnu des désaccords avec la junte. Admettant que le contexte politique avait poussé les sociétés d’exploration à réduire ou même à suspendre leurs opérations dans le pays, ce qui aurait selon lui des répercussions sur la production aurifère. Le Mali a adopté l’année dernière un nouveau code minier permettant à l’État de prendre jusqu’à 30 % de participation dans les nouveaux projets. Sur les gisements d’or de Loulo-Gounkoto, Barrick Gold détient 80 % des deux sociétés d’exploitation contre 20 % pour l’État. La production d’or industrielle a plus que doublé en 10 ans au Mali. Le pays prévoit d’ailleurs la construction d’une raffinerie d’or à Bamako en partenariat avec la Russie. RFI

Réserve de Yangambi en RDC: l’Unesco lance la phase 2 du projet sur le climat et la biodiversité
Au Nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), dans la province de la Tshopo, l’Unesco – Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture – a lancé la deuxième phase du projet Yangambi. Ce projet vise à faire, de la réserve de biosphère de Yangambi, un pôle d’excellence sur le climat et la biodiversité. Gérer l’impact des populations locales et garantir leur subsistance grâce à l’économie verte est l’objectif du projet qui préserve ces 230 000 hectares de forêt équatoriale vierge protégée. Cette deuxième phase s’inscrit dans la consolidation des acquis de la précédente, dans la toute première réserve à biosphère, créée en Afrique, en 1976, par l’Unesco. Trois piliers constituent la deuxième phase du projet Yangambi : le renforcement de la gouvernance au sein des institutions partenaires, la recherche scientifique et la protection de la biodiversité. Pour l’heure, le représentant de l’Unesco en RDC évoque le succès de la première phase. Son coût : 1,9 million d’euros en dix-huit mois…Plus de 220 000 personnes vivent dans la réserve de Yangambi et dépendent de l’exploitation de la forêt. Pour cette deuxième phase, l’Unesco mise encore sur des actions concrètes pour préserver les lieux…Financée à hauteur de 4 millions d’euros par la Belgique, elle peut désormais compter sur un nouveau partenaire, le musée Royal d’Afrique centrale. Cette deuxième phase du projet Yangambi devrait prendre trois ans. RFI