Revue de Presse du 30 septembre 2020

Au Mali, la gouvernance militaire en heritage
Le 18 août, le Colonel Assimi Goïta lance un coup d’État, replongeant le Mali sous la gouvernance militaire. Un long héritage en est le reflet : le Mali a subi quatre coups d’État depuis son indépendance en 1960 et s’est vu dirigé soit par un gouvernement militaire, soit par un ancien militaire pour 35 de ses 60 années en tant que pays indépendant. La Charte de transition annoncée par la junte prévoit à nouveau un rôle central pour l’armée dans les affaires politiques du pays. Notamment, la Charte confère à la junte non seulement l’immunité judiciaire mais aussi la suprématie de la Charte sur la constitution et même la future place de la junte dans un gouvernement de transition. Depuis le coup, le Colonel Goïta a participé plusieurs fois à des cérémonies pour redorer la perception de la gouvernance militaire. … Mais les célébrations en l’honneur des leaders de coups au Mali ne font que cacher les résultats calamiteux des précédents gouvernements militaires. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Lutte contre le terrorisme au Sahel: le G5, la Minusma et l’UE s’engage à plus de coordination
Les membres du G5 Sahel et de la Minusma, la mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali, vont accentuer leur coordination en matière de lutte contre le terrorisme au Sahel avec l’aide de l’Union européenne. L’engagement a été pris mardi 29 septembre lors d’une réunion tripartite à Nouakchott, en Mauritanie. Lors de cette réunion dans la capitale de la Mauritanie, les échanges ont notamment concerné l’équipement militaire de la force conjointe du G5 Sahel qui attend toujours l’arrivée de 24 véhicules de transports de troupes promis l’année dernière par l’Union européenne. En attendant, la force bénéficie d’un appui conséquent de la Minusma, notamment en terme d’aides alimentaires, logistiques et médicales. RFI

Deux soldats maliens tués dans une embuscade
Deux soldats maliens ont été tués et six blessés mardi dans une embuscade dans le centre du pays, un des foyers des violences qui ensanglantent le Mali depuis des années, a indiqué mercredi un responsable des services de sécurité. Les soldats sont tombés dans un guet-apens entre Douentza et Boni, a-t-il expliqué sans évoquer les auteurs de l’attaque. … Les attaques contre l’armée se sont poursuivies depuis le coup d’Etat militaire qui a renversé l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août. L’exaspération devant l’insécurité est un des facteurs qui ont précipité sa chute. La junte militaire a installé un président de transition, Bah Ndaw. Il a promis vendredi de continuer à livrer une « guerre sans merci (…) aux forces terroristes et au crime organisé ». AFP

Manifestation anti-Condé en Guinée, malgré l’interdiction
Très tôt ce matin, les forces de l’ordre étaient visibles dans plusieurs quartiers de la capitale. Sur l’axe Hamdalaye bambeto Cosa par exemple, la circulation était complètement paralysée. Les habitants, par peur d’être pris à parti par les manifestants, ont préféré  rester à la maison. De jeunes manifestants ont tenté d’interrompre la circulation dans plusieurs endroits de la capitale. Le FNDC a publié un communiqué à la mi-journée pour faire le point sur la situation. Ibrahim Diallo, chargé des opérations du FNDC, déplore le comportement des forces de sécurité. « A Conakry, la circulation et les activités économiques restent paralysées partiellement ou complétement par endroit. Nous avons constaté avec désolation et amertume que les forces de défense et de sécurité ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants à plusieurs endroits, faisant ainsi une dizaine de blessés. Nous n’avons pas encore enregistré de morts mais il y a plusieurs blessés. » DW

Premiers dépôts de candidatures à la présidentielle burkinabè
Trois candidats à la présidentielle du 22 novembre au Burkina Faso ont déposé lundi leurs dossiers à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Parmi eux, figure Abdoulaye Soma, acteur de la société civile qui avait notamment été très actif lors de l’insurrection populaire qui a mis un terme au régime de l’ancien président Blaise Compaoré en 2014. Constitutionnaliste réputé, M. Soma s’est positionné comme un opposant au président sortant Roch Marc Christian Kaboré, critiquant régulièrement le bilan du chef de l’Etat lors de meetings de l’opposition. Avant lui, Issa Sawadogo, qui se présente comme « le candidat du peuple », avait été le premier à déposer sa candidature, reconnaissant cependant ne pas avoir rassemblé la caution de 25 millions de francs CFA (40.0000 euros) ou le parrainage de 50 élus locaux. « Il s’agit de dispositions discriminatoires et contraires à la loi fondamentale », s’est-il défendu. AFP/VOA

Côte d’Ivoire : la présidentielle du 31 octobre reportée ?
Depuis l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara, chef de l’État sortant, pour un troisième mandat, les opposants de tous bords dénoncent un viol de la Constitution. Après les multiples appels de l’opposition à la désobéissance civile, la question de la tenue du scrutin le 31 octobre prochain reste encore incertaine. Dans ce contexte, organisations internationales, observateurs ou acteurs politiques sont unanimes : l’élection ne pourra se tenir sans que des négociations aient lieu avant afin d’offrir à la Côte d’Ivoire des élections libres, démocratiques et transparentes. L’organisation de prévention des conflits International Crisis Group ne dit pas autre chose. Dans son dernier rapport rendu public, mardi 29 septembre, ICG préconise un report de l’élection présidentielle. Le Point avec AFP

Libye: en Égypte, les factions rivales discutent sécurisation et force commune
Les discussions continuent pour trouver une sortie de crise en Libye. Dans le conflit qui oppose le camp de Tripoli à celui de l’Est, il y a trois volets : politique, économique et sécuritaire. Sur ce dernier point, l’Égypte doit accueillir, le mois prochain, un comité de cinq militaire de chaque camp. Pour préparer cette rencontre, deux délégations des factions rivales se sont retrouvées ce lundi à Hurghada. La sécurisation des sites pétroliers et des villes de Syrte et d’al-Jouffra et de leurs environs, c’est principalement ce qui a été discuté en Égypte. Ces discussions passent forcément par la nécessité d’un retrait de tous les mercenaires étrangers et de toutes les forces libyennes présentes dans cette zone. RFI

Soudan: l’armée va confisquer les armes détenues illégalement
Les autorités soudanaises ont annoncé mardi qu’elles allaient collecter et confisquer toutes les armes détenues illégalement, alors que celles-ci pullulent dans ce pays qui a connu trois décennies de guerre civile. « Nous allons prendre des mesures très strictes (…) car les armes doivent demeurer exclusivement aux mains des forces régulières », a affirmé le général Ibrahim Jaber Ibrahim, membre du Conseil souverain, plus haute autorité du pays chargée de superviser la transition vers un pouvoir civil à la suite de la destitution de l’autocrate Omar el-Béchir en avril 2019. Selon le site GunPolicy.org de l’Université de Sydney, il y avait en 2017 2,76 millions d’armes à feu aux mains des civils, soit 6,6 armes pour 100 habitants dont seulement 6.724 étaient enregistrées. AFP

Inquiétude des déplacés au Soudan du Sud devant le retrait des casques bleus
Les déplacés sud-soudanais installés dans les POC se disent abandonnés par l’ONU. Pour eux, le départ des casques bleus est prématuré. Principale source d’inquiétude : l’accord de paix signé en 2018 est loin d’être entièrement appliqué. Ils citent en exemple l’armée unifiée qui n’est pas en place et les arrangements sécuritaires appliqués très partiellement. Certains confient aussi craindre leur gouvernement et les forces de sécurité nationales. L’ONU a décidé de passer la main dans les cinq POC du pays. Ces sites créés dans l’urgence notamment en 2013, sont sous la protection des Nations unies et abritent des dizaines de milliers de personnes. En général, environ 150 casques bleus ainsi que 150 à 300 policiers onusiens les protègent en permanence. Mais pour la force onusienne au Soudan du Sud, ce dispositif est obsolète. RFI

RDC : la MONUSCO travaille avec le gouvernement sur une stratégie de transition conjointe vers un retrait de la Mission
La MONUSCO travaille avec le Gouvernement sur une stratégie de transition conjointe vers un retrait de la Mission, conformément à la demande du Conseil de sécurité, indique le compte rendu de l’actualité des Nations unies du mercredi 30 septembre. Ce document, poursuit le compte rendu, doit être soumis au Conseil avant le 20 octobre. Le même compte rendu renseigne que la semaine prochaine, la Représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo et cheffe de la MONUSCO, Mme Leila Zerrougui, présentera le dernier rapport sur la situation dans le pays au Conseil de sécurité. Radio Okapi

RDC: un bourgmestre à Minembwe pour mettre fin aux «conflits intercommunautaires»
En RDC, le bourgmestre de la commune rurale de Minembwe a été officiellement installé dimanche à l’occasion du passage de la caravane de la paix qui a séjourné dans le territoire de Fizi, fréquemment au cœur des conflits intercommunautaires au sud de la province du Sud-Kivu. Mais la commune rurale de Minembwe ne fait pas l’unanimité pour les babembe. Lors de son adresse aux habitants de Minembwe, le gouverneur du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje, qui a accompagné la caravane de la paix, est optimiste : « Depuis l’instauration de la commune de Minembwe, le bourgmestre n’était pas encore installé. Aujourd’hui je vous annonce son installation par mon ministre de l’Intérieur. Et nous espérons que c’est une nouvelle voie que nous entamons ensemble, celle de la recherche de la sécurité. Nous ne voulons plus entendre parler des conflits intercommunautaires. » RFI

Le président kényan en France pour finaliser d’importants accords économiques
Le président kényan arrive à Paris pour une visite de cinq jours en France. Un déplacement axé sur les affaires. Le chef de l’État, accompagné de cinq ministres, participera à une conférence de la Banque publique d’investissement, rencontrera le patronat français et signera des contrats. Uhuru Kenyatta est accompagné d’une forte délégation ministérielle et devrait assister à plusieurs évènements économiques. Une conférence au siège de BPI France, l’institution chargée de promouvoir les entreprises françaises à l’étranger, mais aussi une rencontre au Medef, le patronat français. Car cette visite devrait donner lieu à quelques signatures de contrats, espère-t-on à l’Élysée, pour près de deux milliards d’euros. RFI

Restitutions d’œuvres d’art : un nid à polémiques et un dossier qui s’enlise
Trois ans après le discours à Ouagadougou d’Emmanuel Macron, qui souhaitait à la jeunesse africaine d’avoir accès à son patrimoine, la restitution des objets d’art volés pendant la colonisation en Afrique et exposés dans les musées français se heurte à de nombreuses difficultés et reste minime. Le rapport des universitaires Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, remis en novembre 2018, appelait à de vastes restitutions des œuvres arrivées en France pendant l’époque coloniale. Mais aujourd’hui, seul un sabre – un objet européen – a été rétrocédé au Sénégal et vingt-six objets le seront d’ici à un an au Bénin. Le Monde avec AFP

RDC : « la Kinoise », un café 100 % congolais
Une à une, elle inspecte les grappes de « cerises » rouges, les sentant prêtes pour la récolte. Entre les palmiers, les plants de citronnelle et les herbes folles, les caféiers sont là et Tisya Mukuna les couve du regard. « Chef Cobra, cet arbre, c’est de l’arabica ou robusta ? », demande la jeune femme, 28 ans tout juste, au chef du village. Car Tisya découvre et n’est pas encore incollable sur cet univers du café dont elle ignorait tout il y a cinq ans. « On m’a toujours dit : le café ne pousse pas à Kinshasa », résume-t-elle, en supervisant du regard sa plantation à flanc de coteau. Il est vrai qu’en RDC, pour trouver des plantations de café, il faut aller à l’autre bout du pays, dans les provinces des Kivus et de l’Ituri, ou encore au Kasaï. Pourtant, c’est à une vingtaine de kilomètres du centre de la capitale, là où la terre commence juste à reprendre ses droits, que la jeune femme a décidé de planter quelques arbres fruitiers avec son père il y a quatre ans. Le Monde

60 ans après l’indépendance, des Nigérians déçus mais qui croient toujours en leur rêve
Il est minuit passé à Lagos lorsque le drapeau vert et blanc du Nigeria est hissé à la place de l’étendard britannique sur la piste d’un hippodrome et flotte pour la première fois dans le ciel de la toute jeune nation africaine. Quelques heures plus tard, en cette matinée du 1er octobre 1960, la représentante de la reine Elizabeth II remet au nouveau Premier ministre du Nigeria, Abubakar Tafawa Balewa, la Constitution du pays. Soixante ans ont passé, mais Tanko Yakasi, 93 ans, n’a rien oublié de cette journée historique qui marqua l’indépendance de son pays. « Il y avait des célébrations partout », se remémore le vieil homme qui, cet après-midi là, fut convié au cocktail organisé par James Wilson Robertson, le dernier gouverneur britannique du pays. AFP