Comprendre les pressions exercées par la RDC en faveur du départ de la MONUSCO
Le gouvernement du président Félix Tshisekedi a demandé le retrait complet de la mission de l’ONU, la MONUSCO, d’ici la fin de l’année 2024. Le retrait de l’ONU semble incompatible avec les réalités en matière de sécurité sur le terrain, où les attaques des rebelles se multiplient et où l’on estime à 7 millions le nombre de citoyens congolais déplacés. Plus de 80 % d’entre eux vivent dans des zones protégées par la MONUSCO, ce qui fait planer le spectre d’une catastrophe humanitaire. La mission de la MONUSCO fournit d’autres services essentiels dans la région, tels que le déminage, les systèmes d’alerte précoce au niveau local, le renforcement des capacités judiciaires, la résolution des conflits au niveau local et les mécanismes de collaboration pour la protection des civils. Les gouvernements successifs n’ont pas fourni ces services pendant des décennies. Les communautés locales perçoivent l’armée, la police et les services de renseignement comme faisant partie du problème, ce qui engendre une peur et une méfiance omniprésentes…Peu de Congolais sont convaincus qu’une milice parrainée par le gouvernement, censée remplacer la MONUSCO, ou l’armée congolaise, qui est fragmentée, mal entraînée et n’a pas de comptes à rendre, sont à la hauteur de la tâche. De nombreux citoyens de l’est et de tout le pays craignent le coût humain pour les populations vulnérables actuellement protégées par la présence de la MONUSCO. Ces voix ont été largement étouffées par les débats passionnés sur les avancées du M23 ainsi que par les critiques du gouvernement à l’égard de la MONUSCO. Il est très peu probable que l’armée congolaise puisse à elle seule assurer la sécurité nécessaire pour protéger ses citoyens des rebelles en maraude et des milices qui s’en prennent aux communautés en toute impunité. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique
Afrique du Sud : l’ANC sous les 50%, selon les premiers résultats
Selon les premiers décomptes des élections nationales en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis longtemps, a obtenu un peu plus de 42% des voix, ce qui laisse entrevoir la possibilité qu’il perde sa majorité pour la première fois depuis qu’il a été porté au pouvoir par Nelson Mandela à la fin de l’apartheid, en 1994. Avec seulement un peu plus de 16% des votes dépouillés et déclarés, l’élection de mercredi n’a donné qu’une image partielle de la situation. Les résultats définitifs d’un scrutin susceptible d’entraîner le plus grand changement politique dans la jeune démocratie sud-africaine devraient prendre plusieurs jours, la commission électorale indépendante ayant déclaré qu’ils seraient connus d’ici à dimanche…Cette élection était considérée comme un référendum direct sur le règne ininterrompu de trois décennies de l’ANC, qui a libéré l’Afrique du Sud du régime oppressif et raciste de l’apartheid lors du célèbre vote multiracial de 1994, mais dont la popularité n’a cessé de diminuer au cours des 20 dernières années. Cette année pourrait être le point de bascule où la plupart des Sud-Africains se détourneront de l’ANC et lui refuseront la majorité pour la première fois. Les résultats déclarés provenaient de moins de 4 000 des plus de 23 000 bureaux de vote répartis dans les neuf provinces qui composent l’Afrique du Sud, et le processus de dépouillement était encore loin d’être achevé. Près de 28 millions de personnes sur les 62 millions d’habitants que compte l’Afrique du Sud étaient inscrites sur les listes électorales. Africanews avec AP
À peine libéré, un célèbre avocat burkinabè enlevé
Un célèbre avocat et leader de la société civile du Burkina Faso, Guy Hervé Kam, arrêté fin janvier, a été enlevé mercredi soir à Ouagadougou juste après avoir été libéré, a annoncé jeudi son organisation. « Le mouvement Sens (Servir et non se servir) a appris » mercredi soir « que des agents de la sûreté nationale ont déposé Me Guy Hervé Kam sur un terrain vide, non loin de son domicile et qu’immédiatement, un autre groupe d’hommes armés l’a récupéré pour une destination inconnue », affirme dans un communiqué Sens, dont M. Kam est le coordonnateur national. « Nous ignorons les raisons pour lesquelles notre coordonnateur n’a pas été remis directement à sa famille à son domicile même, et encore moins celles pour lesquelles il a été repris manu militari par un deuxième groupe embusqué », ajoute le mouvement…Guy Hervé Kam est notamment connu au Burkina pour avoir été l’avocat de la famille de Thomas Sankara, ex-chef d’Etat (1983-1987) tué lors d’un coup d’Etat perpétré par son successeur Blaise Compaoré. Ancien magistrat, il est également un leader de la société civile burkinabè, co-fondateur du Balai citoyen qui avait joué un rôle capital dans la chute du régime Compaoré en 2014. AFP
Burkina Faso: à peine libéré provisoirement, Emmanuel Zoungrana est arrêté par les renseignements
Au Burkina Faso, la liberté provisoire n’aura pas duré très longtemps pour le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, une semaine après l’annonce de cette mesure. Alors qu’il avait à peine quitté sa résidence surveillée à Ouagadougou mercredi 29 mai au matin, dans le but de rejoindre le domicile familiale, Emmanuel Zoungrana a été à nouveau arrêté pour une raison encore inconnue. Depuis janvier 2022, il est accusé de « complot contre la sûreté de l’État ». C’est son épouse qui a donné en premier l’alerte sur les réseaux sociaux. « Après avoir été libéré par la justice, mon époux vient d’être enlevé », s’alarmait-elle après avoir assisté à la scène, vers 9h du matin. Mercredi 29 mai au matin, une semaine après l’annonce de la Chambre de contrôle visant à lui accorder la liberté provisoire, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana a à peine franchi la barrière de sa résidence surveillée, située dans le quartier Ouaga 2000. Vers 9 heures, tandis qu’il se trouvait dans l’un de deux véhicules venus le chercher, la voiture dans laquelle il se trouvait avec son frère a été arrêtée par des hommes se présentant comme appartenant à l’Agence nationale de renseignement (ANR). L’ex-commandant du 12e régiment de commandos d’infanterie de Ouahigouya a été prié de suivre ces hommes pour un motif inconnu et n’a opposé aucune résistance, si l’on en croit les parents réunis. Ceux-ci étaient présents pour le raccompagner à sa maison de Pabré…En janvier 2022, lors de sa première arrestation, le lieutenant-colonel Zoungrana était accusé de « complot contre la sûreté de l’État ». Cela peu avant putsch qui a renversé l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré. Encore en 2022, il avait également pu bénéficier d’une liberté provisoire, là aussi de très courte durée : il a été interpellé une nouvelle fois une dizaine de jours plus tard. RFI
Sénégal : le président Diomaye Faye en tournée chez les putschistes malien et burkinabé
Bassirou Diomaye Faye est attendu au Mali et au Burkina Faso, ce 30 mai, pour une « visite d’amitié et de travail », selon un communiqué de la présidence sénégalaise, en vue de renforcer « les liens historiques de bon voisinage ». Le nouveau chef de l’Etat sénégalais doit pour la première fois rencontrer le dirigeant burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré, à Ouagadougou et le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, à Bamako, deux hommes auteurs de coup d’Etat, en rupture avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont le Sénégal est un poids lourd. Si ces putschistes entretiennent des relations tendues avec une partie de leurs homologues ouest-africains, ils partagent avec le président sénégalais une même rhétorique panafricaniste et souverainiste. Bassirou Diomaye Faye a été élu sur un programme vantant la rupture avec l’ordre néocolonial et sur une promesse de changement…Outre la Côte d’Ivoire donc, Bassirou Diomaye Faye s’est rendu chez ses voisins directs, la Mauritanie, la Gambie et la Guinée-Bissau, mais aussi au Nigeria, au Ghana, puis au Cap-Vert et en Guinée. Huit pays en seulement deux mois, durant lesquels cet homme discret a décidé de revêtir un costume de médiateur. Bola Tinubu, le président du Nigeria et président en exercice de la Cedeao lui a ainsi demandé de tout tenter pour faire « revenir au bercail » les pays sahéliens au bord du départ. En marge de son voyage à Abuja, M.Diomaye Faye a aussi reçu le président de la Commission de la Cedeao, Omar Alieu Touray. Le Monde
Au Sahel, l’Unicef alerte sur une hausse de 70 % des violences contre les enfants
L’Unicef s’est émue mercredi 29 mai d’une augmentation « alarmante » de 70 % des violences graves contre les enfants au Burkina Faso, au Mali et au Niger, pays sahéliens en proie au djihadisme et aux abus d’une multitude d’acteurs armés. « Au cours des trois derniers mois de 2023, le nombre des violations graves commises à l’encontre des enfants au Sahel central a augmenté de plus de 70 % par rapport aux trois mois précédents », déclare dans un communiqué Gilles Fagninou, directeur de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et du centre. La plupart de ces violations consistent dans le recrutement forcé des enfants dans les groupes armés, l’exploitation à laquelle ils sont soumis, le meurtre et les mutilations, fait-il savoir. Cette « hausse alarmante » doit « cesser pour que les enfants exercent leurs droits fondamentaux à la vie », estime-t-il. Les trois pays sont pris dans la spirale des affrontements entre les groupes djihadistes et les armées régulières et leurs supplétifs. Les populations civiles subissent les exactions des djihadistes, des milices communautaires, des groupes crapuleux mais aussi des soldats. Le Mali est aussi le théâtre d’une insurrection séparatiste…Un rapport en juin 2023 des Nations unies sur l’impact des conflits armés sur les enfants dans le monde faisait état de la mort en 2022 de 423 enfants imputables à des groupes affiliés à l’organisation Etat islamique, à Al-Qaida, mais aussi aux forces de sécurité principalement au Sahel. Le rapport pour 2023 est attendu pour la fin de juin. Le Monde avec AFP
Niger: l’armée allemande autorisée à conserver une base aérienne
L’armée allemande va pouvoir continuer à exploiter sa base de transport aérien au Niger, dans le cadre d’un « accord intérimaire » conclu avec ce pays du Sahel qui a imposé le retrait des troupes françaises et américaines, a indiqué le ministère allemand de la Défense. « L’Allemagne et le Niger ont conclu un accord intérimaire sur le séjour des forces allemandes au Niger », a indiqué le ministère dans un communiqué mardi soir. Cet accord va permettre à la base aérienne de la Bundeswehr à Niamey de « continuer à être exploitée au-delà du 31 mai », date d’expiration de l’accord existant, précise Berlin. Les deux pays vont ainsi avoir le temps de « négocier un nouvel accord sur le séjour des forces » allemandes, ajoute le communiqué selon lequel la base opèrera comme structure « froide », « avec un personnel nettement réduit ». La base était jusqu’à récemment exploitée par une centaine d’hommes et de femmes de la Bundeswehr et utilisée comme plateforme logistique de mission de l’ONU (Minusma) au Mali voisin, qui s’est achevée en décembre, rappelle l’hebdomadaire Spiegel. L’hebdomadaire allemand avait fait état mardi de « négociations secrètes » avec le régime au pouvoir au Niger, que Berlin ne reconnaît pas officiellement, pour permettre le maintien d’une présence militaire allemande. Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius avait été en décembre le premier ministre européen à se rendre au Niger après le coup d’Etat. AFP
Tensions entre le Bénin et le Niger : le général Tiani n’a pas reçu l’émissaire du président Talon
Le ministre béninois des Mines s’est rendu à Niamey pour une visite de travail de deux jours afin de trouver « une porte de sortie » sur l’exportation du pétrole nigérien via le littoral béninois, compromise par la brouille diplomatique entre les deux Etats. A Niamey lundi et mardi, le ministre béninois des Mines, Samou Seïdou Adambi, était également « porteur d’un message » du président Patrice Talon au général Abdourahamane Tiani, à la tête du Niger depuis son coup d’Etat en juillet dernier. Ce dernier « n’a pas voulu (le) recevoir », a déclaré le ministre mercredi soir lors d’un point presse à Cotonou. Le Niger a inauguré en novembre un oléoduc géant qui doit permettre l’acheminement jusqu’au Bénin du pétrole brut extrait du gisement d’Agadem (sud-est) par la China National Petroleum Corporation (CNPC), une société pétrolière appartenant à l’Etat chinois. Mais le premier chargement de pétrole nigérien au port de Sèmè Kpodji n’a eu lieu que le 19 mai. Il avait été suspendu d’abord à cause de la fermeture des frontières entre le Niger et ses voisins après les sanctions imposées à Niamey par l’organisation ouest-africaine Cedeao, à la suite du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum en juillet 2023…Mais le président béninois Patrice Talon avait laissé entendre mi-mai que les chargements suivants ne se feraient que si le Niger réouvrait complètement sa frontière avec le Bénin, ce qui n’est toujours pas le cas. La rencontre du ministre des Mines du Bénin avec son homologue nigérien s’est faite encore une fois à la demande du partenaire Wapco, que le ministre a jugé « déboussolé, découragé au terme de notre réunion car ne sachant pas quelle est la porte de sortie ». A l’issue des deux jours de réunion, aucune solution ne semble avoir émergé. AFP
L’Egypte quadruple le prix du pain subventionné pour la première fois en 30 ans
L’Egypte a annoncé mercredi quadrupler le prix de vente du pain subventionné dont bénéficient 71 millions de personnes, première augmentation du genre en trois décennies dans un pays frappé par une des pires crises économiques de son histoire. Annonçant la mesure à l’issue d’un conseil des ministres, le Premier ministre Moustafa Madbouli a expliqué que la galette de pain vendue à cinq piastres l’unité serait désormais proposée à 20 piastres à partir du premier juin. « Depuis plus de 30 ans, le prix du pain subventionné n’a pas bougé », a-t-il justifié, même si de fait tout au long de cette période son coût véritable « s’est multiplié » à plusieurs reprises, « faisant peser sur l’Etat un fardeau financier qui a fortement augmenté ». Si le prix du pain a été maintenu au fil des ans, la taille des galettes subventionnées a elle rétrécie. Dans le plus peuplé des pays arabes avec plus de 106 millions d’habitants, environ 71 millions d’Egyptiens profitent des subventions sur le pain, a indiqué mercredi M. Madbouli. Depuis deux ans, l’Egypte traverse l’une des pires crises économiques de son histoire. Exacerbée par une dévaluation de la livre égyptienne qui a perdu près des deux-tiers de sa valeur face au dollar, l’inflation a atteint 39,7% en août 2023, son plus haut niveau historique. L’inflation sur les denrées alimentaires a elle dépassé les 70% en août 2023. Plus tôt cette année, l’Egypte a bénéficié d’un afflux de plus de 50 milliards de dollars en prêts et en investissements, dont 35 milliards des Emirats arabes unis, et des financements du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Déjà contraintes ces dernières années à mener des réformes économiques pour satisfaire les bailleurs internationaux, les autorités comptent également supprimer une partie des subventions sur le carburant et l’électricité. AFP
Des jihadistes tuent des pêcheurs après des bombardements de l’armée nigériane
Des jihadistes ont tué quelque 30 pêcheurs dans le nord-est du Nigeria en représailles à des bombardements de l’armée qui avaient tué nombre de leurs combattants, ont rapporté à l’AFP des miliciens antijihadistes et des pêcheurs. Des combattants liés à l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) ont pris d’assaut des îles du côté nigérian du lac Tchad, dans l’Etat de Borno, dimanche et lundi, et rassemblé des pêcheurs qu’ils ont ensuite abattus à bout portant, ont indiqué ces sources mardi. Les assaillants ont rejoint trois îles en hors-bord et « demandé aux pêcheurs de se regrouper avant d’ouvrir le feu » dans leur direction, a relaté Ibrahim Liman, dirigeant d’une milice. « Ils ont tué de nombreuses personnes et ont poursuivi ceux tentaient de s’enfuir » pour les abattre, a-t-il ajouté. M. Liman, membre d’une unité paramilitaire locale collaborant avec les forces armées nigérianes dans la lutte antijihadiste, a indiqué que les opérations de recherche de corps étaient toujours en cours et que le nombre de morts « dépasse 30 personnes, sans aucun doute ». Isa Danmakama, un pêcheur parvenu à échapper à l’assaut a raconté à l’AFP avoir compter 28 dépouilles, une fois revenu sur les lieux pour retrouver le corps de son frère. L’armée nigériane n’a pas communiqué dans l’immédiat au sujet de cette attaque. Selon les sources interrogées, cette tuerie aurait été menée en représailles à des frappes aériennes sur des camps de l’Iswap par l’armée du Nigeria quelques jours plus tôt, dans lesquelles de nombreux jihadistes et leurs familles avaient été tués. Les assaillants ont accusé les pêcheurs d’avoir fourni à l’armée la localisation des camp visés de Kirta Wulgo, Jibillaram et Sabon Tumbu, a raconté le milicien Umar Ari. AFP