Revue de presse du 30 juin 2023

Burkina Faso: HRW dénonce des exécutions sommaires et des disparitions forcées commises par l’armée
Dans un rapport publié jeudi, Human Rights Watch recense trois incidents depuis février dernier dans la province de Séno (région du Sahel, dans le Nord-Est du pays), au cours desquels au moins 9 hommes ont été sommairement exécutés par les forces armées, et 18 autres victimes de disparition forcée. Selon Illaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel pour HRW, ce n’est pas la première fois que de telles exactions à l’encontre de civils sont documentées, mais les cas se multiplient alors que le conflit s’intensifie au Burkina Faso. RFI

Burkina Faso : Suspension de la diffusion de la chaîne française LCI
Le Burkina Faso a décidé de suspendre jeudi la chaîne française d’information LCI, dans un nouveau développement qui illustre le défi grandissant auquel fait face la présence de la France en Afrique. La décision émane de l’autorité de régulation des médias du Burkina Faso, qui suspend LCI pendant trois mois, après les propos d’une journaliste sur la situation liée aux violences jihadistes qualifiés de « fausses informations ». Les programmes de LCI « sont suspendus pour une durée de trois mois au Burkina Faso sur les bouquets de tout distributeur de services audiovisuels à péage à compter de la notification de la présente décision », indique le Conseil supérieur de la communication (CSC), dans un communiqué publié jeudi. … Début avril, les autorités du Burkina Faso avaient expulsé les correspondantes des quotidiens français Libération et Le Monde. Fin mars, elles avaient ordonné la suspension sine die de la chaîne de télévision France 24, après avoir suspendu en décembre 2022 Radio France Internationale (RFI), médias publics français, accusés d’avoir relayé des messages de chefs jihadistes. Sahel-Intelligence

Le Burkina, pays de transit du trafic de drogue
Selon l’Office des Nations unies contre la drogue, le Burkina Faso fait partie des pays de transit de la cocaïne qui traverse l’Afrique pour rejoindre l’Europe. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue, la cocaïne qui traverse l’Afrique pour rejoindre l’Europe, passe aussi par le Burkina Faso. L’office a rappelé que le trafic continue de prospérer au Sahel grâce aux groupes armés. En 2022, les prises les plus importantes ont été réalisées au Burkina Faso, bien loin devant le Niger et le Mali. Selon les autorités burkinabè, les trafiquants profitent de la porosité des frontières pour traverser des zones qui échappent au contrôle des Etats. Le trafic de drogue qui transite par le Burkina Faso concerne d’abord la cocaïne. Sur ce point, les autorités burkinabè annoncent des saisies en 2022 deux fois supérieures à celles de l’Office des Nations unies contre la drogue : une tonne selon Ouagadougou, 488 kilos selon l’Onu. DW

Soudan : énorme explosion près du QG de l’armée à Khartoum
Une explosion ressentie à plusieurs kilomètres à la ronde a frappé jeudi les environs du quartier général de l’armée soudanaise à Khartoum, où les combats entre militaires et paramilitaires se poursuivent au deuxième jour de la fête musulmane de l’Aïd al-Adha, selon des habitants. D’immenses colonnes de fumée s’élevaient au-dessus de ce complexe situé dans le centre de la capitale, où plusieurs millions d’habitants vivent privés d’eau et d’électricité, par une chaleur harassante. Des habitants vivant à sept kilomètres du centre « ont senti les murs trembler », a raconté l’un d’eux à l’AFP. L’origine de l’explosion n’était pas connue dans l’immédiat et aucune victime n’a été signalée. Selon d’autres témoins, l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane menait « des raids aériens contre les Forces de soutien rapide » (FSR), les paramilitaires commandés par le général Mohamed Hamdane Daglo, dans la banlieue nord-ouest de Khartoum. AfricaNews/AFP

Soudan: dans l’État du Nord Darfour, une initiative locale pour instaurer la paix
Depuis le début de la guerre, c’est au Darfour, région vaste comme la France où vivent un quart des Soudanais, que les violences sont les plus intenses. Plusieurs États de cette région ont connu des affrontements très violents et parfois sur fond ethnique. L’État du Nord Darfour en fait partie mais une initiative locale cherche désormais à pacifier cet état par le dialogue. Le gouverneur du Nord Darfour, Nimr Mohamad Abderrahman, a saisi l’occasion de la fête musulmane mercredi pour appeler tous les Soudanais à multiplier les initiatives pacifiques et à privilégier le dialogue pour instaurer la paix au niveau de chaque État ou région à l’instar de l’initiative prise dans son propre État. « Nous, au gouvernorat du Nord Darfour, nous avons pris une bonne initiative avec la participation de nombreuses parties. Nous nous sommes assis ensemble : les administrations civiles, les ONG la police des jeunes et les syndicats de femmes… Nous en avons conclu que nous n’avons rien à gagner de la guerre, au contraire nous serons perdants. L’accord a été conclu avec toutes les parties et d’autres acteurs qui ont joué un rôle pour instaurer la paix. » Parmi ces acteurs, les mouvements des ex-rebelles du Darfour. Nimr Mohamad Abderrahmane a dénoncé une guerre absurde appelant toutes les forces vives de la société à bouger pour mettre fin rapidement à l’effusion du sang. La violence se poursuit cependant dans d’autres États du Darfour. RFI

Une base libyenne utilisée par Wagner frappée par des drone
Des frappes de drones d’origine inconnue ont visé, dans la nuit de jeudi à vendredi, une base aérienne dans l’est de la Libye où se trouveraient des mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner, sans faire de victimes, selon une source militaire. La source, qui a requis l’anonymat, a indiqué à l’AFP que des drones « d’origine inconnue ont frappé la base aérienne d’al-Kharrouba, située à 150 km au sud-est de Benghazi (est), où se trouveraient des éléments du groupe Wagner ». « Les frappes n’ont pas fait de victimes », a-t-elle ajouté. La Libye est en proie à une crise politique majeure depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, minée par les divisions entre l’Est et l’Ouest et par les ingérences étrangères. D’avril 2019 à juin 2020, Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, a eu recours à des combattants tchadiens, soudanais, nigériens et syriens, mais surtout à des mercenaires de Wagner, dans sa tentative ratée de s’emparer de la capitale Tripoli. Depuis, des centaines de membres de Wagner sont restés actifs dans l’est, la zone des terminaux pétroliers, et dans le sud de la Libye après le départ d’une partie de leurs effectifs vers le Mali ou vers l’Ukraine pour combattre aux côtés de l’armée russe. VOA/AFP

Guinée: «Il est important de s’interroger sur ceux qui pilotent le projet de nouvelle Constitution»
En Guinée, un projet de nouvelle Constitution continue de créer des tensions avec les Forces Vives, regroupement des principales coalition politiques du pays qui refuse de participer à son élaboration. L’opposant Aliou Bah, du parti Model de l’alliance FNDC, critique au passage les autorités de guinéennes : « La conduite solitaire et arrogante de la transition expose la nouvelle future Constitution à tous les risques de se voir balayer d’un revers de la main par un président bien élu ou mal élu. » Concernant la prochaine Constitution en Guinée, le texte en gestation va-t-il rassembler les acteurs politiques du pays ou va-t-il semer les germes d’une nouvelle division ? Pour sa préparation, des débats d’orientations ont eu lieu dans la seconde quinzaine de mai sans les Forces Vives, regroupement des principales coalitions politiques du pays. Alors comment ces forces socio-politiques qui ont boycotté ces débats voient-elles ce texte en gestation ? Le 29 juin, Dansa Kourouma, le président du Conseil national de transition (CNT), organe législatif provisoire qui est au cœur de ce travail constitutionnel, était l’Invité Afrique de RFI. RFI

L’opposition centrafricaine appelle à bloquer le référendum
Bangui veut tenir un référendum constitutionnel le 30 juillet Le CRT appelle à empêcher son organisation. Le président centrafricain a annoncé, fin mai, l’organisation le 30 juillet d’un référendum constitutionnel. Même si le contenu du projet de Constitution n’a pas été dévoilé, son adoption pourrait « remettre les compteurs à zéro » et ainsi permettre à Faustin-Archange Touadéra de briguer un troisième mandat en 2025, s’il le souhaite, selon Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président centrafricain. Une hypothèse que rejette l’opposition et les principaux groupes rebelles qui contrôlent encore une partie du pays. Ces derniers accusent le président Touadéra de vouloir demeurer « président à vie ». Au micro de Eric Topona, la réaction de l’opposant Jean-François Akandji-Kombé, président du Conseil de résistance et de transition (CRT) et professeur de droit public à Paris. DW

RDC : au moins 20 morts dans un conflit communautaire, selon HRW
Des hommes armés ont tué au moins 20 personnes cette semaine lors d’une embuscade dans l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC), dernier épisode en date d’un conflit communautaire qui a fait plusieurs centaines de morts en un an, a indiqué jeudi Human Rights Watch. Selon l’ONG de défense des droits de l’Homme, cette embuscade a été tendue lundi par des miliciens « Mobondo » contre un camion qui transportait principalement des commerçants de la communauté Teke, près du village de Mulunu, dans le territoire de Kwamouth (province de Maï-Ndombe), au nord-est de Kinshasa. « Les assaillants ont ensuite mis le feu au véhicule », écrit HRW dans un communiqué diffusé sur son site. Un conflit a éclaté en juin 2022 entre les Teke, qui se considèrent comme originaires et propriétaires des villages situés le long du fleuve Congo sur une distance d’environ 200 kilomètres, et les Yaka, venus s’installer après eux. AfricaNews/AFP

RDC: la haute autorité des médias dénonce «l’arrestation dans des conditions déplorables» de trois reporters
En République démocratique du Congo, la haute autorité des médias, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), a exprimé son indignation après l’interpellation brutale par les services des renseignements militaires, le 28 juin 2023 à Kinshasa, de trois journalistes, dont l’un de la radio onusienne dans le pays. Ils étaient partis recueillir les propos d’un avocat dans le cadre d’un conflit foncier impliquant un membre du gouvernement. Ils ont finalement été relâchés le 29 juin. Mais le CSAC exige des comptes à l’armée. Christian Bosembe, président de cette institution publique d’appui à la démocratie, estime au micro de notre correspondant Pascal Mulegwa : « Il s’agissait de l’arrestation dans les conditions les plus déplorables, d’une extrême violence, de journalistes dans l’exercice de leur profession par certains éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo, qui se sont illustrés par des actes de torture et des brimades sans aucune retenue. » RFI

Somalie: Le CS prolonge de six mois le mandat de l’ATMIS
Le Conseil de sécurité de l’ONU (CS) a prorogé de six mois le mandat de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS). Les quinze membres ont adopté la résolution 2687 (2023) présentée par le Royaume-Uni. Le texte s’adresse d’abord à la Somalie, l’invitant à ne pas fléchir dans sa lutte contre les Shabab et lui rappelant qu’il lui incombe au premier lieu d’assurer la protection des civils, mais aussi aux États membres qu’il encourage à soutenir l’ATMIS jusqu’à la fin de la transition en matière de sécurité, d’ici au 31 décembre 2024. Il appelle le gouvernement somalien et l’Union africaine (UA), de concert avec l’ONU et les partenaires internationaux, à évaluer les enseignements tirés de la première phase de la réduction des effectifs de la Mission de transition. L’ATMIS a été créée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour succéder à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), décision entérinée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 31 mars 2022, qui a autorisé cette reconfiguration pour une période initiale de douze mois, puis pour trois mois supplémentaires. Sahel-Intelligence

Mali: réunion sous haute-tension du Conseil de sécurité de l’ONU sur le départ de la Minusma
La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU doit commencer à 11h à New-York, 15h Bamako. Réunion sous haute tension au sujet du retrait de la Minusma, la mission onusienne au Mali, dont le mandat expire aujourd’hui (vendredi). Le Mali a demandé il y a deux semaines, avec fracas, son retrait «sans délai». Mais les modalités et le calendrier de ce retrait font l’objet d’âpres négociations, qui se seront poursuivies jusqu’à la dernière minute. Tout à l’heure, une résolution doit être soumise au vote, dans un contexte de grande incertitude. RFI

L’Allemagne va accélérer son retrait du Mali à la fin de la MINUSMA
L’Allemagne envisage d’accélérer son retrait du Mali à la fin de la mission de l’ONU demandée par Bamako, mais dont le calendrier n’a pas encore été arrêté. Berlin a déployé un millier de soldats au Mali principalement stationnés près de la ville de Gao, dans le nord du pays, où leur tâche principale consiste à effectuer des reconnaissances pour la MINUSMA. Il y a un mois, l’Allemagne avait entériné un retrait d’ici mai 2024 estimant que les conditions n’étaient plus réunies pour continuer à participer à la mission onusienne, que le pays a rejoint en 2013. Cette décision de retrait du Mali avait été annoncée par Berlin fin 2022. Toutefois, le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, rassure, ce retrait se fera de manière ordonnée dans la ligne droite du retrait de la force onusienne. AfricaNews

En Afrique, des missions de l’Onu de plus en plus contestées
Au Mali, en République démocratique du Congo ou en République centrafricaine, les missions de paix des Nations unies suscitent rejet et déception. Opérant dans le cadre de directives strictes, avec des mandats souvent trop faibles, elles n’ont pas été en mesure de stabiliser les régions où elles ont été déployées. « Les missions n’ont pas réussi à gérer le cycle de la violence dans ces pays et la raison-même pour laquelle elles ont été amenées à intervenir », souligne Adib Saani, directeur du centre Jatikay pour la Sécurité humaine et la construction de la paix. L’analyste prend le cas du Mali en exemple, où la junte au pouvoir a ordonné le retrait sans délai des troupes de la Minusma. « La situation n’a pas été résolue car la violence semble s’aggraver de jour en jour et la mission semble presque impuissante » estime-t-il. Mais alors, comment expliquer ce qui apparait comme un échec ? Les experts citent d’abord la grande instabilité politique de la zone, au sein de laquelle l’Onu peine à évoluer sans le soutien des gouvernements. … Selon Fidel Amakye Owusu, analyste au sein du Consortium de recherche sur les conflits en Afrique, les missions de l’Onu restent importantes. Il cherche à expliquer leurs difficultés : « Dans le cas du Mali, on se rend compte que récemment, à cause de l’arrivée de Wagner invité par la junte, les soldats de l’Onu ont été limités dans ce qu’ils pouvaient faire. » La solution selon lui serait la restructuration des missions de l’Onu à l’avenir. Il faudrait « élargir leur mandat ou les rendre plus fluides. » DW

Tunisie : dans la ville portuaire de Sfax, l’espoir blessé des migrants subsahariens
Depuis le début de l’année, six fois plus de migrants qu’à la même période en 2022 sont partis de Tunisie vers l’Europe. Mais beaucoup d’Africains viennent dans le pays maghrébin pour s’y installer pour étudier et travailler. […] En désignant la migration subsaharienne comme « un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie », le chef de l’Etat tunisien a fait de tout migrant subsaharien un complice présumé de ce prétendu complot. Tout s’est enchaîné dans la foulée de la harangue. Expulsés par leurs bailleurs, licenciés par leurs employeurs, les étrangers ont en outre dû essuyer des attaques physiques. « Les agressions, les blessés graves, le tapage médiatique… », énumère avec regrets Franck Yotedje. Pourtant, avant ça, son association jouissait d’un « contexte favorable », assure-t-il. « Pendant le Covid, il y a eu un énorme élan de solidarité avec les migrants. Beaucoup de choses se sont mises en place pour venir en aide aux plus précaires. Après la pandémie, ça a permis l’organisation d’activités de cohésion sociale, de plaidoyer et on a obtenu certaines avancées. » Mais aujourd’hui, « tout est à refaire ». Dans les semaines qui ont suivi la saillie présidentielle, Afrique Intelligence a recensé 246 agressions contre des migrants. Plus récemment, dans la nuit du 22 au 23 mai, une attaque raciste au couteau et au sabre perpétrée par des Tunisiens contre des migrants subsahariens a fait un mort et deux blessés. A Sfax, le climat est devenu électrique. Le Monde