Après la Russie, l’Allemagne et tout récemment l’Algérie, c’est au tour du Congo-Brazzaville d’organiser une réunion consacrée à la crise libyenne. Le chef de l’État congolais Denis Sassou-Nguesso accueille ce jeudi 30 janvier la 8e réunion du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye qu’il dirige. Partant du constat que l’ONU peine à apporter « des solutions probantes » et que « la situation empire », l’Union africaine veut désormais jouer un rôle dans la résolution du conflit libyen. La réunion qui se tient ce jeudi à Brazzaville a pour objectif de « convaincre les protagonistes du conflit d’accepter l’idée d’un forum de réconciliation ». Le communiqué final adopté à l’issue du récent sommet de Berlin fait mention de cette future rencontre, qui devrait se tenir à Addis Abeba au cours des six prochains mois. Mais la tâche est « titanesque », de l’aveu même de Jean-Claude Gakosso, le ministre des Affaires étrangères congolais. Elle n’en est pas moins essentielle, selon un autre diplomate africain, qui rappelle que « les pays voisins – le Niger, le Tchad ou le Soudan – qui ont le plus souffert de la crise », ont jusque-là été largement tenus à l’écart de toute médiation. RFI
Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, a appelé mercredi tous les acteurs en Guinée à redoubler d’efforts pour garantir des élections sans violence et respectueuses des droits de l’homme. Après avoir été reporté à de nombreuses reprises, un scrutin législatif est prévu le 16 février en Guinée pour renouveler les 114 membres de l’Assemblée nationale. M. Chambas, qui est aussi le chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a effectué une mission dans ce pays du 26 au 29 janvier 2020. Pendant son séjour, il a travaillé en étroite concertation avec Tieman Coulibaly, l’Envoyé spécial de la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour la Guinée. La visite de l’envoyé de l’ONU s’est inscrite dans le cadre de la poursuite des efforts des Nations Unies pour mettre un terme à la crise qui prévaut dans le pays, et à faciliter l’organisation d’élections inclusives, crédibles, transparentes et apaisées, a précisé l’UNOWAS dans un communiqué de presse publié mercredi. ONU Info
L’armée malienne avait quitté Kidal au printemps 2014 suite aux combats qui l’ont opposé à la rébellion touareg. Près de 6 ans après, les populations de Kidal sont partagées entre le souhait d’une normalisation mais aussi une certaine hostilité vis-à-vis de l’armée malienne. Rassemblé au siège d’une ONG à Kidal, un groupe d’homme discute de ce retour imminent. Depuis l’annonce, la ville vit au rythme des rumeurs, à l’image de ce témoignage d’Attayoube Ag Albachar, un responsable du mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). « Encore aujourd’hui, il y a eu un audio WhatsApp très ancien qui a été publié mais qui date de l’arrivée des Fama (Forces armées maliennes) en 2013-2014. Certains l’ont pris comme une nouvelle information et les gens se sont précipités pour se rassembler et exprimer leur désarroi vis-à-vis de ce bataillon inconnu. » Car la population n’apprécie pas forcément ce retour de l’armée malienne. En effet, la ville est administrée depuis plusieurs mois par la Coordination des mouvements de l’Azawad et les services sociaux de base comme l’eau, la santé et l’école sont assurés. DW
Quatre ans après la disparition mystérieuse à Bamako de Birama Touré, journaliste pour l’hebdomadaire d’investigation « Le Sphynx », ses proches sont toujours sans nouvelles de lui. Mercredi 29 janvier, des confrères et proches ont manifesté leur solidarité et réclamé plus d’action de la part des pouvoirs publics. À Bamako, au siège de l’hebdomadaire Le Sphynx pour lequel travaillait Birama Touré, disparu depuis quatre ans, des confrères, des parents et des représentants d’ONG se sont réunis en signe de solidarité. Lors d’une prise de parole, un confrère a rappelé que le directeur du journal était lui-même exilé depuis plusieurs mois en France pour « raison de sécurité ». Un autre confrère a insisté : « Nous voulons savoir ce qui est arrivé à Birama Touré ». Pour le président du Mouvement de protection de la presse contre les violences, l’enquête n’avance pas du tout. « Nous estimons en réalité que le dossier ne bouge pas, parce que depuis sa disparition jusqu’à ce jour, nous n’avons jamais eu la moindre information des autorités, particulièrement de la justice », dénonce Boubacar Yalcouyé. RFI
Au Burundi, la décision du président sortant, Pierre Nkurunziza, de ne pas se présenter à un quatrième mandat ouvre la voie à une alternance au sommet de l’Etat lors des élections générales de mai. Homme du sérail, le général Evariste Ndayishimiye a été désigné candidat du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, dimanche 26 janvier. Cela annonce-t-il pour autant une sortie de la crise dans laquelle le pays est plongé depuis 2015, née de la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat controversé ? L’espoir est ténu, de l’avis des spécialistes. Certains diplomates, membres de la société civile et opposants veulent voir dans cette alternance qui se profile un signe d’espoir. Ils mettent en avant la personnalité du général Ndayishimiye, décrit par un de ses amis comme « un homme plutôt ouvert, d’abord facile, qui aime blaguer et rire avec ses amis ». Tout le contraire de Nkurunziza. « Il n’est pas cité dans les nombreux crimes du régime, relève Pacifique Nininahazwe, l’une des principales figures de la société civile. Mais l’inconnue reste l’étendue de l’emprise de Nkurunziza, la qualité du processus électoral et les intentions d’Evariste Ndayishimiye. » Le Monde avec AFP
Des factions armées se sont encore affrontées à Bria, dans le nord-est de la Centrafrique, dimanche 26 janvier, faisant plusieurs dizaines de morts. Un épisode violent de plus, qui pourrait laisser penser que le pays reste embourbé dans la crise politico-militaire née en 2013. La prise de la capitale par la Séléka, une coalition de groupes armés venus du nord et de l’est, avait alors plongé le pays dans la guerre civile et placé des pans entiers du territoire sous contrôle de milices. Pourtant, depuis le début de la période de transition de 2014, l’Etat, soutenu par la communauté internationale, a repris une partie du contrôle de son territoire. Et, en parallèle, les négociations entre le gouvernement et quatorze groupes armés ont abouti à la signature d’un accord de paix à Bangui le 6 février 2019, qui a d’ores et déjà eu des répercussions positives sur le terrain. « D’une manière globale, la signature de l’accord s’est traduite par une baisse de la violence, explique ainsi Vladimir Monteiro, porte-parole de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca). Même si nous avons encore assisté à des pics de violations extrêmement graves. » Bien que réels, ces progrès sont marqués par un bilan humanitaire lourd, avec 690 000 déplacés internes recensés en 2019, en progression de 40 000 par rapport à l’année précédente. Le Monde
L’organisation Human Rights Watch affirme que des dizaines de manifestants ont été interpellées depuis l’élection présidentielle, il y a un mois et demi, et malgré la proposition de dialogue faite aux contestataires par le nouveau chef de l’État Abdelmadjid Tebboune après son élection. Plus de cent vingt personnes, arrêtées en lien avec le mouvement de contestation, sont actuellement en détention en Algérie, selon le décompte du Comité national pour la libération des détenus. Au début du mois, trois semaines après la présidentielle, soixante-seize personnes ont bien été remises en liberté provisoire, en une seule journée. Mais plusieurs figures du mouvement, dont l’opposant Karim Tabbou, ou le président du Rassemblement Action jeunesse, Abdelwahab Fersaoui, sont toujours incarcérées. Et depuis l’élection, des dizaines de manifestants pacifiques ont été interpellés, même si la plupart sont relâchés le jour même, affirme Human Rights Watch. Pour Ahmed Benchemsi, porte-parole de l’Organisation, c’est un bras de fer qui continue entre le pouvoir et les manifestants. RFI
Kais Saied, un néophyte qui atteint les 100 jours à la tête de la jeune démocratie tunisienne, s’est retrouvé au centre du jeu politique, mais doit encore imprimer sa marque, en l’absence d’un gouvernement en fonctions. M. Saied, 61 ans, qui avait jusque-là quasiment fermé les portes du palais de Carthage à la presse, doit répondre jeudi soir en direct aux questions de journalistes, une première depuis sa prestation de serment le 23 octobre. Après avoir fait campagne sans réel programme, sur le grand principe d’une décentralisation du pouvoir, d’un soutien à la jeunesse, capitalisant sur le rejet de la classe politique post-révolution, le nouveau chef d’État s’est peu exprimé sur ses intentions. Il a axé sa communication sur les thèmes socio-économiques, qui lui sont chers, plus que sur la défense et la politique étrangères, domaines relevant pourtant des prérogatives présidentielles. Il a certes reçu des responsables étrangers de tous bords au sujet du conflit en Libye voisine – dont le président turc Recep Tayyip Erdogan. Mais il a aussi invité à Carthage des diplômés chômeurs, des martyrs de la révolution de 2011 et autre laissés-pour-compte de l’intérieur du pays. AFP
Après avoir accusé Recep Tayyip Erdogan de continuer à intervenir dans les affaires libyennes, le président Emmanuel Macron s’est vu reprocher la responsabilité française dans les « problèmes » du pays. « Le principal responsable des problèmes en Libye depuis le début de la crise en 2011 c’est la France », a déclaré le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, mercredi 29 janvier. « Ce n’est un secret pour personne que ce pays continue d’offrir un soutien inconditionnel (au maréchal Khalifa Haftar) en échange d’un droit de regard sur les ressources naturelles en Libye », a-t-il ajouté. Ces accusations font suite aux propos d’Emmanuel Macron, qui reprochait plus tôt au président turc Recep Tayyip Erdogan de « non-respect de la parole donnée ». « Nous voyons ces derniers jours des navires turcs accompagner des mercenaires syriens arrivant sur le sol libyen. C’est en contravention explicite avec ce que le président Erdogan s’était engagé à faire lors de la conférence de Berlin. C’est attentatoire à la sécurité de tous les Européens et des Sahéliens », a déclaré le président français aux côtés du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, qu’il a reçu à déjeuner. France24
RFI : Mathieu Pellerin, quand on évoque les groupes armés contre lesquels luttent les forces nationales et internationales au Sahara et au Sahel, de qui parle-t-on ? Mathieu Pellerin : On parle de deux entités jihadistes principales. D’un côté, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM), qui regroupe différents groupes au Sahel se revendiquant d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) : il s’agit principalement d’Ansar Dine et de sa katiba Macina, de la katiba al-Furqan et d’al-Mourabitoune. De l’autre, l’État islamique dans la Province d’Afrique de l’Ouest (Iswap) qui opère à travers deux branches, l’une dans le lac Tchad et au nord-est du Nigeria, la seconde dont le foyer se situe dans la région de Ménaka, au Mali, et qui s’étend dans une zone du Liptako-Gourma, et même désormais au-delà (EIGS). Deux autres groupes opèrent au Nigeria, l’aile de Boko Haram dirigée par Abubakar Shekau et appelée Groupe sunnite pour la prédication et le jihad et Ansaru, lui-même dissident historique de Boko Haram. RFI
RFI : Depuis plusieurs années, le Burkina Faso est devenu, à la suite des pays sahariens, le théâtre d’attaques régulières de groupes armés terroristes. Comment expliquez-vous le déplacement de cet embrasement plus au sud ? Mathieu Pellerin : Ces attaques sont avant tout l’expression de la maturation d’insurrections rurales qui avaient progressivement muri depuis de longues années, mais que le système mis en place par Blaise Compaoré avait réussi à étouffer par une politique qui alternait entre répression et cooptation. Mais les tensions locales à base communautaire grandissaient. Un document officiel du ministère de la Justice burnikabè, datant de 2015, le soutient à partir de données chiffrées sur le nombre croissant de conflits à base communautaire. À la faveur de l’insurrection de 2014, l’autorité étatique a été désacralisée, les institutions qui assuraient ce contrôle ont été fragilisées et les tensions politiques ont profondément divisé les campagnes. Cela fut tout à fait observable lors des élections municipales de 2016. Le développement de nouveaux groupes d’autodéfense, les Koglweogo, est également l’expression de cette défiance à l’égard des institutions étatiques. Dès 2014, dans la région du Sahel burkinabè, ils ont contribué à exacerber les conflits autour des questions foncières ou minières. RFI
Trois pays africains ont pris des mesures pour empêcher la propagation du nouveau coronavirus, même si aucune infection confirmée n’a été signalée à ce jour sur le continent. Mercredi 29 janvier, le Nigeria a recommandé à ses ressortissants de suspendre tout voyage en Chine qui ne serait pas indispensable, tandis que des mesures de confinement ont été mises en place en Mauritanie et en Guinée équatoriale. « Les Nigérians qui souhaitent se rendre en Chine sont invités à reporter leur voyage s’il n’est pas absolument indispensable », a annoncé mercredi le ministre de la santé, Osagie Ehanire. « Toute personne venant de Chine et ne présentant pas les symptômes du virus est invitée à se confiner en restant chez elle pendant deux semaines », a-t-il ajouté. La Guinée équatoriale, qui entretient des liens économiques forts avec Pékin depuis qu’elle s’est lancée dans une politique de grands travaux avec les revenus de l’or noir, a décidé pour sa part d’appliquer une mesure d’isolement systématique pour empêcher toute propagation du coronavirus. Le Monde avec AFP