Revue de presse du 30 décembre 2024

Elections législatives, provinciales et locales au Tchad : faible participation, l’opposition dénonce des fraudes
Quelque 8 millions de Tchadiens ont voté dimanche 29 décembre aux élections législatives, provinciales et locales marquées par une faible participation – 52,37 % à la clôture des bureaux de vote – et des soupçons de fraudes de l’opposition qui avait appelé à boycotter le scrutin. A N’Djamena, où le taux de participation a plafonné à 36,22 %, selon les estimations de l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), alors que le dépouillement est toujours en cours, des partis de l’opposition ont annoncé « leur retrait du processus » électoral dans le 3e arrondissement en raison de « fraudes »…L’opposition a boycotté le scrutin présenté par le régime du maréchal Mahamat Idriss Déby Itno comme la dernière étape de la transition ouverte par le putsch qui l’a porté au pouvoir en avril 2021 après la mort de son père avant une légitimation par les urnes en mai…Le vote s’est déroulé dans 26 617 bureaux de vote à travers le pays, en présence d’une centaine d’observateurs étrangers et de représentants des partis politiques. Le scrutin intervient dans un contexte géopolitique mouvant, avec le retrait en cours de l’armée française après la rupture d’un accord de coopération militaire remontant à la fin de la colonisation, des attaques du groupe djihadiste Boko Haram dans la région du lac Tchad et des accusations récurrentes d’ingérence dans le conflit qui ravage le Soudan voisin. Les dernières élections législatives remontent à 2011. Le Monde avec AFP

Violences au Mozambique : des milliers de personnes se réfugient dans les pays voisins
Des milliers de Mozambicains, fuyant les violentes manifestations post-électorales dans leur pays, particulièrement vives cette semaine et accompagnées de vandalisme et de pillages, ont trouvé refuge dans les pays voisins, selon des sources gouvernementales. Quelque 13.000 personnes ont ainsi fui vers le Malawi, principalement via sa frontière méridionale, selon les mêmes sources. Cet afflux a commencé dès lundi, coïncidant avec la confirmation par la plus haute cour du Mozambique de la victoire, contestée par l’opposition, du parti au pouvoir le Frelimo aux élections du 9 octobre. Un responsable régional à Nsanje, Dominic Mwandira, a confirmé que plus de 2.500 familles s’étaient présentées à la frontière, redoutant que ce nombre n’augmente dans les prochains jours. Plusieurs ministères ont été alertés et les demandeurs d’asile ont été hébergés sur plusieurs sites d’accueil temporaire, a-t-il précisé…A l’appel de l’opposition mozambicaine, qui dénonce des fraudes et une élection « volée », le pays lusophone a connu déjà deux mois de manifestations, grèves et blocages qui ont au moins coûté la vie à 261 personnes, dont 134 depuis le début de la semaine, selon l’ONG locale Plataforma Decide. AFP

Mali: l’opposant Ibrahim Nabi Togola enlevé à Bamako
Ibrahim Nabi Togola, président du parti Nouvelle vision pour le Mali (NVPM), a été enlevé le 28 décembre 2024 à Bamako. Dans un communiqué publié le 29 décembre, le NVPM, une formation opposée aux autorités maliennes de transition, affirme qu’Ibrahim Nabi Togola a été enlevé dans le quartier d’ACI 2000, en plein Bamako, « par des individus armés non identifiés ». Ce dirigeant politique devait lancer une nouvelle coalition d’opposition…Le président du parti Nouvelle vision pour le Mali est très engagé dans la lutte pour le rétablissement de la démocratie au Mali : membre de la coalition politique Jigiya Koura, de l’Appel du 20 février, de la Synergie d’action pour le Mali et signataire de la Déclaration du 31-Mars pour le retour à l’ordre constitutionnel, Ibrahim Nabi Togola était sur le point de lancer une nouvelle plateforme d’opposition. La conférence de presse prévue samedi matin, au cours de laquelle il devait annoncer la création de ce nouveau mouvement et en prendre la présidence, venait d’être reportée lorsqu’il a été enlevé. « On est en dictature, commente l’un de ses camarades politique, lui-même en exil : au Mali, soit tu soutiens les militaires, sois tu te tais. Nous sommes très inquiets de ce qui pourrait lui arriver ». RFI

Deux ans de prison pour un opposant malien qui a critiqué le pouvoir burkinabè
Un tribunal de Bamako a condamné lundi à deux ans de prison dont un ferme l’opposant malien Issa Kaou N’Djim pour avoir critiqué les militaires au pouvoir au Burkina Faso voisin, ont indiqué à l’AFP une source judiciaire et sa famille. L’opposant Issa Kaou N’Djim, figure politique malienne, avait mis en doute, lors d’une émission sur la télévision locale Joliba TV News, la crédibilité d’un supposé coup d’Etat déjoué au Burkina Faso. M. N’Djim a également été condamné à payer une amende d’un million de FCFA (plus de 1.538 euros) par le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, qui dépend du tribunal d’une commune de Bamako, a dit à l’AFP la source judiciaire. Le 23 décembre, le parquet avait requis une peine d’un an de prison ferme lors du procès de l’opposant, détenu depuis mi-novembre à la prison civile de Bamako. M. N’Djim était poursuivi « pour offense commise publiquement envers un chef d’Etat étranger et injures commises par le biais d’un système d’information ». Fermée depuis novembre par les autorités maliennes en raison des propos de M. N’Djim, Joliba TV News a finalement écopé mi-décembre d’une suspension de six mois. Issa Kaou N’Djim a été l’un des vice-présidents du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif des militaires au pouvoir au Mali, avant de se prononcer en faveur d’une fin rapide de la période dite de transition censée rétablir un régime dirigé par des civils. AFP

En Guinée, universitaires et journalistes s’insurgent après l’arrestation d’Aliou Bah
Des dizaines de personnalités de la société civile et des partis politiques guinéens exigent la libération immédiate de l’opposant arrêté pour « offense » au chef de la junte. Ils dénoncent les exactions croissantes du pouvoir envers les voix critiques. « L’arrestation arbitraire d’Aliou Bah s’inscrit dans la politique d’élimination systématique des personnes opposées à l’arbitraire et aux excès du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) », ont déclaré dans un communiqué 150 universitaires et journalistes. « Nous voulons dire haut et fort notre refus de la terreur. Nous voulons réitérer avec force et conviction notre indignation face à la continuité de la brutalité du pouvoir », poursuivent-ils. Un communiqué de la fondation de l’innovation pour la démocratie, signé par l’historien camerounais Achille Mbembe, a également exigé la libération immédiate de l’homme politique. Il s’insurge « du retour spectaculaire » dans la région « des violations graves des droits humains, de la restriction de l’espace civique, de la volonté de faire taire et de pousser à l’exil toutes les voix dissidentes », qui s’accompagnent de « la recrudescence d’enlèvements, de séquestration, de kidnapping et de disparitions forcées ». Jeune Afrique avec AFP

En Algérie, le président Tebboune qualifie l’écrivain Boualem Sansal d’« imposteur » envoyé par la France
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a évoqué, pour la première fois, l’arrestation à la mi-novembre à Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. « Vous envoyez un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l’Algérie appartient à un autre Etat », a déclaré le chef de l’Etat dans un discours officiel, rapporté par le site d’information algérien Tout sur l’Algérie. Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 80 ans, né d’un père marocain et d’une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’Etat et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre. Le pouvoir à Alger aurait mal pris des déclarations de l’écrivain au média français Frontières, réputé d’extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie. L’auteur de 2084 : la fin du monde (Gallimard, 2015), naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Le Monde avec AFP

En RDC, au moins 21 personnes tuées par des rebelles ADF pendant la semaine de Noël
Au moins 21 personnes ont été tuées en une semaine, selon des sources locales, par des rebelles ADF dans l’est de la République démocratique du Congo, où ce groupe armé affilié à l’État islamique commet régulièrement des exactions. Le 21 décembre, des combattants ADF (Forces démocratiques alliées) ont fait une incursion dans le village de Robinet, situé dans le nord-ouest de la province du Nord-Kivu, dans le secteur de Bapere…Les ADF, à l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, sont implantés depuis le milieu des années 1990 dans le nord-est de la RDC où ils ont tué des milliers de civils et multiplient des pillages et meurtres malgré le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés des forces armées congolaises (FARDC). Fin 2021, Kampala et Kinshasa ont lancé une opération militaire conjointe contre les ADF, baptisée « Shujaa », sans parvenir jusqu’à présent à mettre fin à leurs exactions. AFP

Situation humanitaire au Soudan : un premier convoi d’aide arrive au sud de Khartoum assiégé
Des habitants au sud de la capitale soudanaise ont reçu cette semaine le premier convoi d’aide depuis le début de la guerre entre l’armée et les paramilitaires, qui dure depuis 20 mois et a dévasté le pays, ont indiqué des volontaires locaux. Au total, 28 camions sont arrivés à Jebel Aulia, une localité située à 40 kilomètres au sud de Khartoum, a indiqué vendredi le réseau local « Cellules d’intervention d’urgence », dirigé par des bénévoles qui gèrent des cuisines communautaires, distribuent des colis alimentaires, organisent des évacuations et fournissent une assistance médicale. Le convoi comprend 22 camions transportant de la nourriture du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM), un camion de Médecins sans frontières et de Care, ainsi que cinq camions chargés de médicaments de l’agence des Nations unies pour l’enfance (Unicef)…Comme Jebel Aulia, de nombreuses régions du Soudan sont confrontées à une famine massive après que les parties belligérantes y ont coupé l’accès…Les volontaires du réseau local ont dû négocier laborieusement pour obtenir un accès même minime, tout en étant constamment soupçonnés et menacés de violence des deux côtés. AFP

Au Sénégal, les députés adoptent sans débat le budget de l’État
Les députés sénégalais ont adopté samedi sans débat le budget de l’État et procédé à l’élection des membres de la haute Cour de justice, chargée de juger les plus hautes autorités de l’État. La loi de finance 2025 prévoit un taux de croissance du PIB de 8,8%, en intégrant les recettes liées au début de la production des hydrocarbures. Le taux d’inflation est prévu à 1,9% du PIB et le déficit réduit à 7,08% du PIB contre 11,6% en 2024. Le budget n’a pas été discuté. Le Premier ministre Ousmane Sonko ayant engagé la responsabilité du gouvernement pour qu’il soit adopté avant la fin de l’année 2024. Par ailleurs, les huit députés et leurs suppléants membres de la haute Cour de Justice ont officiellement été installés au lendemain de l’annonce par M. Sonko de son projet d’abroger la loi d’amnistie couvrant les violences politiques qui ont fait des dizaines de morts entre 2021 et 2024, que l’ex-président Macky Sall avait fait passer avant la présidentielle, permettant la libération de prison de centaines de personnes écrouées, dont MM. Faye et Sonko. Si elle est votée, cette abrogation pourrait ouvrir la porte à des poursuites contre les dirigeants de l’ancien régime, dont M. Sall. La haute Cour de justice, installée au début de chaque législature et également constituée des membres de la Cour suprême, est chargée de juger les ex-responsables (chef de l’État, Premier ministre et ministres) qui bénéficient d’un privilège de juridiction. AFP

Au Togo, les élections sénatoriales repoussées du 2 au 15 février
Les premières élections sénatoriales initialement prévues le 2 février au Togo, ont été repoussées au 15 février « en vue de permettre aux acteurs politiques de mieux s’organiser », indique un décret présidentiel publié vendredi soir. Ce scrutin est l’une des dernières étapes pour la mise en place de la nouvelle Constitution, vivement critiquée par l’opposition et la société civile. Le gouvernement a repoussé ces sénatoriales, suite à la demande de certains partis politiques de reporter la date de clôture de dépôt des dossiers de candidature. Des « poids lourds » de l’opposition togolaise dont l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), ont annoncé qu’ils vont boycotter ces élections, estimant qu’elles « s’inscrivent dans la continuité d’un processus de coup d’Etat constitutionnel en cours ». Institué par une révision constitutionnelle en 2002, le Sénat n’a jamais été mis en place. Il sera composé de 61 membres au total. 41 des sénateurs seront élus par les conseillers régionaux et les conseillers municipaux et 20 autres seront désignés par le président du Conseil des ministres, selon une ordonnance publiée dans le journal officiel le 3 décembre. La nouvelle constitution qui abolit l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel et institue un régime parlementaire, est dénoncé par l’opposition et la société civile qui y voit un moyen pour le président Faure Gnassingbé de se maintenir indéfiniment au pouvoir. AFP

Nigeria: le prix record du riz marque l’échec de la politique de Tinubu contre l’inflation
Au Nigeria, le produit alimentaire de base, le riz, atteint un prix record après une nouvelle hausse de 8% en décembre. Le gouvernement n’arrive pas à juguler la crise inflationniste qui appauvrit et affame une grande partie de la population nigériane. 75 000 nairas (48 dollars 50), et jusqu’à 99 000 nairas dans la capitale, Abuja. Le prix du sac de 50 kilos de riz dépasse désormais largement le salaire mensuel minimum au Nigeria (70 000 nairas). L’inflation alimentaire est au plus haut depuis 28 ans, près de 40 % sur l’année. Les deux tiers des foyers nigérians souffriraient de la faim, selon l’agence statistique nationale. Au moins 48 personnes sont mortes dans des bousculades lors de distributions de nourriture la semaine dernière. Le gouvernement de Bola Tinubu ne parvient pas à juguler l’inflation depuis qu’il a laissé flotter la monnaie nationale par rapport au dollar et supprimé les subventions sur le carburant. Rien n’y fait, ni le relèvement à 27,5% des taux d’intérêt, ni la proclamation d’un état d’urgence alimentaire, ni la suppression des taxes sur les importations. Le président nigérian a rappelé lundi dernier qu’il n’avait pas l’intention d’imposer un contrôle des prix, mais plutôt d’accorder des incitations à augmenter la production agricole nationale et que son gouvernement avait commandé 2 000 tracteurs. RFI

Gabon: une révision des listes électorales annoncée pour janvier
Au Gabon, le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault a annoncé samedi 28 décembre le lancement d’une opération de révision des électorales du 2 au 31 janvier prochain. L’opération vise à préparer les élections générales (présidentielle, législatives et locales) qui mettront fin à la transition entamée au lendemain du coup d’Etat du 31 août 2023. La révision des listes électorales du Gabon concerne en priorité les jeunes qui viennent d’avoir 18 ans et ceux qui souhaitent changer de centre de vote. Elle doit également permettre de radier les personnes décédées et celles qui ont perdu leurs droits civiques. Les prisonniers en détention préventive seront aussi recensés, pour leur permettre de voter. Cent cinquante huit commissions se chargeront des inscriptions dans le pays contre 23 pour les Gabonais de l’étranger. L’annonce de cette révision est intervenue au lendemain de la toute première rencontre entre le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema et Alain Claude Bilie By Nze, dernier Premier ministre d’Ali Bongo. Ce dernier, plaide pour refonte totale du fichier électoral…Le Parti démocratique gabonais, chassé du pouvoir par les militaires, dit soutenir cette nouvelle révision du fichier électoral puisqu’il s’agit d’une opération classique prévue par la loi. RFI