Revue de presse du 30 décembre 2022

Soudan du Sud: environ 30.000 personnes ont fui des violences entre groupes armés
Environ 30.000 personnes ont fui en moins d’une semaine des violences entre groupes armés dans l’est du Soudan du Sud, a affirmé jeudi le bureau des affaires humanitaires de l’ONU. Plus jeune pays du monde, le Soudan du Sud est en proie à des violences à caractère politico-ethnique et à une instabilité chronique depuis son indépendance du Soudan en 2011. Les affrontements entre groupes armés, qui ont débuté le 24 décembre, ont forcé 30.000 personnes à fuir dans la région administrative du Grand Pibor, dont des femmes et des enfants, selon OCHA, évoquant également du « vol de bétail » et des « destructions de biens ». « Les gens ont assez souffert. Les civils – particulièrement les plus vulnérables – femmes, enfants, personnes âgées et handicapées – portent le fardeau de cette crise qui perdure », a déclaré dans un communiqué Sara Beysolow Nyanti, coordinatrice humanitaire pour les Nations Unies au Soudan du Sud. « Ces violences doivent cesser », a imploré Mme Nyanti. VOA

Sahel : Une zone à la merci des jihadistes après le départ de Barkhane
Depuis le départ de la force spéciale militaire française Barkhane de certains pays en Afrique, le Sahel est de plus en plus confronté aux groupes terroristes, dont les attaques toujours plus meurtrières ont de nouveau repris. Les spécialistes se rendent compte que Barkhane, malgré la présence de certaines unités, allemandes ou autres, était un rempart contre les menaces directes ou indirectes des organisations jihadistes armées, qui ont fait jusqu’à présent des milliers de morts et provoqué le déplacement de dizaines de milliers de civils. Le vide laissé par la force française est occupé par d’autres forces étrangères étatiques qui utilisent des mercenaires tous azimuts. Le Hezbollah libanais ainsi que les milices iraniennes, ont actuellement le champ libre pour mener des actions subversives dans toute la région et même dans le Lac Tchad situé à la frontière entre le Niger, le Nigéria, le Cameroun et le Tchad. La multiplication des coups d’État et les activités de déstabilisation dans plusieurs pays de cette zone ne sont pas étrangères à cette intrusion de mercenaires. Tout autant que la tête de pont établie par le Hezbollah, sous encadrement iranien, dans les camps du groupe polisario à Tindouf et dans les différentes organisations terroristes jihadistes au Sahel. Sahel-Intelligence

Burkina Faso : ambiguïté au sein des forces armées
La situation au Burkina Faso résulte d’après bon nombre d’observateurs d’une lutte d’influence et de pouvoir au sein des forces armées. Ce qui, selon Johan Oshibi de l’organisation Balai Citoyen, fait craindre une instabilité institutionnelle permanente sur fond d’insécurité : « Pour vaincre sur le plan sécuritaire, il faut la cohésion au sein des forces armées. Alors si vous avez comme priorité la sécurité nationale, et ceux mêmes qui devraient être devant pour bien guider les autres, sont dans les guéguerres… nous faisons face à cet obstacle, pour mettre l’intérêt général au centre des débats. Sinon, nous sommes inquiets par rapport à l’avenir sécuritaire même de notre pays », estime Johan Oshibi. Le manque de cohésion au sein des forces de sécurités affaiblit la lutte contre le terrorisme, pense aussi le politologue burkinabè, Abdoul Karim Saydou : « C’est une impasse dans la vie politique. Parce qu’il y a eu beaucoup d’insatisfactions pendant des régimes gérés par des civils, les reproches qu’on faisait au pouvoir de Blaise Compaoré se sont renforcés. Également avec les militaires, ce n’est pas la panacée non plus », estime le politologue. … Le Burkina Faso a connu huit (8) Coup d’Etat depuis son indépendance en 1960. Trois (3) ont eu lieu après le départ de Blaise Compaoré en octobre 2014. DW

Tunisie: colère après un discours de Kaïs Saïed qui promet de lutter contre ses détracteurs
Après le discours tenu par le président tunisien 28 décembre au soir, l’étonnement et la lassitude semblent dominer en Tunisie. Dans une sortie véhémente, Kaïs Saïed s’en est pris durement aux personnalités qui ont pris position contre lui : accusés d’œuvrer contre les intérêts du pays, ils sont menacés à demi-mot de représailles. Jeudi, toute la journée, les médias tunisiens ont tenté de décrypter le discours tenu par Kaïs Saïed mercredi soir. Au micro de Shems FM, le secrétaire-général adjoint de l’UGTT, principal syndicat du pays a exprimé sa lassitude : « On aimerait que la parole officielle en Tunisie se fasse avec plus de calme et de sagesse, surtout que notre pays vit des conditions très difficiles à plusieurs niveaux : la santé, les transports, l’éducation, les pénuries de médicaments, de lait, a dit Samir Cheffi. Pas la peine d’en rajouter une couche en plus. » Une allusion claire au discours de la veille de Kaïs Saïed. En présence de plusieurs ministres silencieux, le président tunisien a pendant plus de 20 minutes livré un réquisitoire contre ses opposants. Dans son collimateur notamment : les médias qui, selon lui, enveniment la situation dans le pays. Qualifiés de « traîtres », éléments travaillant à la solde de l’étranger et cherchant à nuire à la nation, sans les citer nommément, le Maître de Carthage a laissé entendre que des mesures seraient prises contre ceux qui, à ses yeux, complotent contre les intérêts du pays. RFI

Mali : début du procès des 46 militaires ivoiriens soupçonnés d’être des « mercenaires »
Ce jeudi (29.12.2022) s’est ouvert au Mali le procès des 46 militaires ivoiriens soupçonnés d’être des « mercenaires » et détenus à Bamako depuis juillet dernier. Ce procès intervient deux jours avant l’ultimatum fixé par les chefs d’Etat ouest-africains à la junte malienne pour libérer les 46 militaires ivoiriens et une semaine après que le ministre ivoirien de la Défense a assuré que l’affaire était « en voie de résolution » après une visite officielle à Bamako. Pour rappel, le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens, qualifiés de « mercenaires », avaient été arrêtés au Mali, puis inculpés mi-août de « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et formellement écroués. Trois femmes ont été libérées par la suite. Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération. DW

Rébellion en RDC : violents combats entre milices et rebelles du M23
Des violents combats opposaient jeudi les rebelles du M23 aux membres d’une coalition de groupes d’autodéfense congolaises, selon de sources locales dans une zone où l’armée n’est pas présente, la coalition affirmant avoir tué 13 membres du M23. Les détonations d' »armes lourdes et légères continuent à se faire entendre depuis le matin, il n’y a pas de repos », a déclaré à l’AFP Safari Haguma, secrétaire de la société civile de Bushuli dans le groupement Tongo, joint depuis Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu. L’armée congolaise n’est pas présente dans ce groupement de Tongo, dans le territoire de Rutshuru, vers l’ouest. « Ceux qui voulaient partir aux champs pour chercher la nourriture n’ont pas pu le faire suite aux combats. Nous sommes dans la peur », a déclaré un autre habitant, Ntirenganya. RTBF

RDC : plusieurs centres d’inscription des électeurs ne sont pas fonctionnels (CDCE)
Plusieurs centres d’inscription identifiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne sont pas encore fonctionnels, cinq jours après le lancement des opérations d’enrôlement des électeurs. Le Cadre de concertation de la société civile pour l’observation des élections (CDCE) a fait ce constat, jeudi 29 décembre, à Kinshasa. Dans son rapport partiel, cette structure a recommandé à la Commission électorale nationale indépendante de mettre en place un pool des techniciens d’appoint et d’informaticiens compétents, pour la réparation et la mise à jour des kits électoraux qui retardent les opérations d’enrôlement. Le porte-parole du CDCE et président du ministère des Laïcs protestants, Jeef Pambi, relève les points faibles contenus dans ce rapport : « Lancement des opérations sans plan de déploiement logistique, confusion autour des listes des centres d’inscriptions et cartographies des centres d’inscriptions publiés par la CENI. Retard dans le déploiement des matériels et kits électoraux. Il y a des centres qui, jusqu’à ce jour, ne sont pas toujours ouverts. La qualité des cartes d’électeurs émises pose des problèmes ». Radio Okapi

Rwanda : Conflit et violation de l’espace aérien par un avion de chasse congolais
Le gouvernement rwandais a protesté, mercredi, contre « la violation répétée de son espace aérien, » par des avions de chasse de l’armée de l’air de la République démocratique du Congo (RDC). Un avion de chasse de type Sukhoi-25 de la RDC a violé l’espace aérien rwandais le long du lac Kivu (ouest du Rwanda), mercredi, vers 12h00, avant de revenir immédiatement en RDC, a indiqué un communiqué du gouvernement rwandais. Début novembre, un avion de chasse congolais aurait violé l’espace aérien rwandais et atterri brièvement à l’aéroport de Rubavu dans la province de l’Ouest du Rwanda, selon Kigali. D’après la République démocratique du Congo (RDC), dans un communiqué parvenu jeudi à l’ACP (Agence congolaise de presse), aucun des deux avions Sukhoï de la RDC n’a survolé l’espace aérien rwandais. Le gouvernement de la République démocratique du Congo, dans le même communiqué, réaffirme qu’il reste engagé dans le processus de Luanda et respecte tous ses engagements pris dans ce cadre. Par ailleurs, les autorités congolaises ont affirmé avoir détecté et démantelé un réseau de quatre espions au service du Rwanda dans la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa. … Les relations entre les deux pays connaissent une forte tension depuis plusieurs mois, ce qui a poussé la RDC d’expulser l’ambassadeur du Rwanda à Kinshasa. Sahel-Intelligence

La RDC rappelle son ambassadrice à Paris après des soupçons de malversations
L’ambassadrice de la République démocratique du Congo en France Isabel Tshombe a été rappelée le 29 décembre à Kinshasa par son ministre de tutelle Christophe Lutundula, soupçonnée de malversations financières. Plusieurs millions de dollars auraient été siphonnés ou détournés avant et durant sa gestion, des faits décelés à l’issue d’une mission de contrôle effectuée en octobre à Paris. Les proches de l’accusée dénoncent un mépris du ministère, qui entretiendrait des relations tendues avec elle. Les malversations sont nombreuses, selon le ministre congolais des Affaires étrangères Christophe Lutundula. Il pointe une somme de près de 1,8 million d’euros de déficit dans la trésorerie de l’ambassade en seulement onze mois de gestion de Isabel Tshombe. RFI

Soudan: huit morts dans de nouveaux heurts tribaux au Darfour
Huit personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements tribaux au Darfour, région de l’ouest du Soudan régulièrement secouée par des violences, a indiqué une ONG jeudi. Les accrochages ont éclaté tard mercredi soir après la mort d’un homme de la tribu africaine Four, tué lors d’une dispute avec un membre de la tribu arabe des Rizeigat à Zalingei, capitale de l’Etat du Darfour-Centre, ont rapporté des témoins. Des Rizeigat à moto et armés ont par la suite attaqué des Fours installés dans un camp de déplacés de Zalingeia, a indiqué Adam Regal, porte-parole de la Coordination générale pour les réfugiés et les déplacés au Darfour. « Jusqu’ici, huit personnes ont été tuées et onze autres blessées » a-t-il indiqué. Le Darfour est souvent le théâtre de violences tribales, entre autres provoquées par des disputes territoriales et des difficultés d’accès à l’eau. Samedi, des affrontements avaient déjà fait au moins 11 morts au Darfour-Sud. VOA

Abdelmadjid Tebboune salue la « relation de confiance » entre Alger et Paris
Le président Abdelmadjid Tebboune a salué la nouvelle « relation de confiance » entre l’Algérie et la France et son « amitié réciproque » personnelle avec Emmanuel Macron, nouveau signe du réchauffement de relations bilatérales souvent tumultueuses. Dans un entretien au quotidien Le Figaro publié vendredi 30 décembre, le président algérien a appelé de ses vœux une « nouvelle ère » avec la France, six mois après la visite à Alger de son homologue français. Et annoncé à son tour une visite d’Etat en France en 2023. … Paris et Alger avaient retrouvé le chemin d’un réchauffement de leurs relations à l’occasion d’un déplacement du président Macron en Algérie, en août. Les deux chefs d’Etat avaient relancé leur coopération dans une déclaration commune signée en grande pompe, ouvrant la voie notamment à un assouplissement du régime de visas accordés à l’Algérie, en échange d’une coopération accrue d’Alger dans la lutte contre l’immigration illégale. Le Monde

La détention d’Ihsane el-Kadi, un nouveau coup dur pour la liberté de la presse en Algérie
Arrêté dans la nuit du 24 décembre, le journaliste algérien Ihsane el-Kadi a été placé jeudi en détention provisoire après sa présentation devant le procureur de la République du tribunal de Sidi Mhamed, à Alger. Son interpellation et la mise sous scellés des locaux de son agence, qui abrite le siège de Radio M et celui du site d’information en ligne Maghreb Émergent, ont remis sur le devant de la scène la question du respect de la liberté de la presse en Algérie. Après la fermeture de plusieurs médias algériens ces dernières années et la condamnation d’un certain nombre de journalistes à des peines de prison, l’arrestation d’Ihsane el-Kadi, dans la nuit du 23 au 24 décembre, et la mise sous scellés de l’agence Interface Médias, société éditrice des médias indépendants Radio M et Maghreb Émergent dont il est le directeur, sont les derniers coups durs infligés à la liberté de la presse en Algérie. France24

Bénin: l’Église appelle à des législatives «transparentes et pacifiques»
L’Église catholique du Bénin, très impliquée pour la démocratie, a organisé jeudi 29 décembre un rassemblement de prières et d’engagements avec les religieux, les politiques et la société civile pour que les législatives du 8 janvier soient « transparentes et pacifiques ». Dans les bancs étaient aussi présents des opposants récemment libérés, à la cathédrale Notre-Dame de Cotonou. Cela pour éviter les violences enregistrées lors de scrutins précédents. Les orateurs se sont exprimés à la cathédrale Notre-Dame de Cotonou au pied de la tombe de feu Monseigneur Isidore de Souza, président de la conférence nationale réussie de février 1990 qui a engagé le Bénin, pays alors sous régime marxiste, sur la voie de la démocratie. Au-dessus, son portrait avec sa célèbre formule, prononcée il y a 33 ans aux délégués : « Nous sommes responsables de ce qui se passera demain. Plaise au ciel qu’aucun bain de sang ne nous éclabousse. ». La citation est revenue plusieurs fois dans les appels pour un scrutin apaisé, après les violences meurtrières de 2019. RFI

Gambie : les autorités livrent des détails du coup d’Etat déjoué
Les autorités gambiennes ont livré jeudi pour la première fois des détails sur la tentative de coup d’Etat déjouée le 20 décembre à Banjul, affirmant que ses auteurs avaient prévu d’arrêter des hauts responsables du gouvernement et de les utiliser comme otages pour empêcher toute intervention étrangère. « Ils avaient également l’intention de retirer (de leurs fonctions) tous les officiers supérieurs de l’armée à partir du grade de major et au-dessus, ainsi que de restructurer les forces armées gambiennes », a assuré Abubakarr Suleiman Jeng, le conseiller à la sécurité nationale, qui a lu la déclaration devant les médias au quartier général de la Défense à Banjul. Une commission d’enquête, qui doit rendre son rapport dans un mois, a été créée mardi en Gambie pour faire la lumière sur cette tentative de putsch présumée, la dernière en date en Afrique de l’Ouest depuis 2020, après deux putschs réussis au Mali et au Burkina Faso, un autre en Guinée, et une tentative en Guinée-Bissau. AfricaNews

Ces Africains qui nous ont quittés au cours de l’année 2022
En 2022, d’éminentes personnalités du continent, de la culture, de la politique, du sport et bien d’autres domaines sont décédés. Comme à l’accoutumée, la BBC revient sur les différents décès répertoriés au cours de l’année 2022 au sein de la classe politique, des milieux sportif et artistique. Au moins, trois anciens présidents de la République figurent parmi les illustres fils du continent africain qui ont tiré leur révérence cette année. Ce sont Ibrahim Boubakar Keïta du Mali, Mwai Kibaki du Kenya et José Edouardo Dos Santos de l’Angola. BBC

Pelé et le football africain, un mélange de respect et d’admiration
Pelé est décédé ce 29 décembre 2022 à l’âge de 82 ans, quelques jours après la fin du Mondial 2022 et la quatrième place du Maroc durant ce tournoi. Le Brésilien, qui avait annoncé et espéré le sacre d’une équipe africaine en Coupe du monde, entretenait un mélange de respect et d’admiration pour le football africain. « Et je ne pouvais manquer de féliciter le Maroc pour son incroyable Coupe du monde. C’est formidable de voir l’Afrique briller. » Le 18 décembre 2022, un ultime message était adressé sur le compte Instagram de Pelé, de son vivant. Au soir de la finale du Mondial 2022, l’icône y saluait notamment le parcours des Lions de l’Atlas, quatrièmes au Qatar. En juillet dernier, c’est au Sénégalais Sadio Mané que le Brésilien rendait hommage, après son titre de Joueur africain de l’année : « [Il] a déjà conquis des fans du monde entier par son beau football. Et je suis l’un d’entre eux. » RFI