Revue de presse du 3 octobre 2024

Le Royaume-Uni trouve un accord avec Maurice sur la souveraineté des îles Chagos et conserve sa base militaire
Le Royaume-Uni reconnaît la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos via un « accord politique historique », a déclaré le gouvernement britannique dans un communiqué « conjoint » ce 3 octobre 2024. « Le Royaume-Uni acceptera que Maurice soit souverain sur l’archipel des Chagos, y compris Diego Garcia », affirme le texte, évoquant « un accord politique historique sur l’exercice de la souveraineté sur l’archipel des Chagos», «après deux années de négociations ». « 3 octobre 2024. Un jour inoubliable. Un jour pour commémorer la pleine souveraineté de la République de Maurice sur l’intégralité de son territoire », a réagi le ministre mauricien des Affaires étrangères, Maneesh Gobin, sur le réseau social X. Ce même texte affirme par ailleurs que les deux parties se sont accordées pour que le Royaume-Uni conserve sa base militaire partagée avec les États-Unis au terme d’un accord avec l’État mauricien, afin « d’assurer le fonctionnement à long terme, sûr et efficace de la base existante de Diego Garcia, qui joue un rôle vital dans la sécurité régionale et mondiale »…Cette base, elle, restera sous l’autorité de Londres et de Washington pendant 99 ans…Londres a expulsé environ 2 000 habitants des Chagos vers Maurice et les Seychelles pour faire place à la base militaire. Des Mauriciens originaires des Chagos accusent le Royaume-Uni d’« occupation illégale ». En février 2023, Human Rights Watch (HRW) avait publié un rapport accusant le Royaume-Uni et les États-Unis de s’être rendus coupables de crimes contre l’humanité en déplaçant des populations indigènes. RFI

Plusieurs journaux tanzaniens suspendus après un clip jugé critique du pouvoir
Le gouvernement tanzanien a suspendu à partir de jeudi les publications en ligne d’un des principaux groupes de presse du pays, après la diffusion d’une vidéo d’animation évoquant les meurtres et disparitions d’opposants, avec pour personnage principal la présidente Samia Suluhu Hassan. Mardi, le quotidien en anglais The Citizen, appartenant au groupe Mwananchi, avait diffusé sur ses réseaux sociaux un clip montrant la cheffe de l’Etat zappant sur son poste de télévision et se trouvant confrontée à des nouvelles anxiogènes de meurtres, enlèvements, de parents cherchant leurs enfants et de citoyens craignant pour l’avenir…Cette saynète faisait écho à de nombreuses critiques de groupes de défense des droits humains et de gouvernements occidentaux dénonçant une répression croissante des autorités à l’approche des élections locales de novembre et générales de fin 2025…La présidente Samia Suluhu Hassan fait face ces derniers mois à de vives critiques l’accusant de revenir aux pratiques autoritaires de son prédécesseur John Magufuli, après avoir montré des signes d’ouverture démocratique à son arrivée au pouvoir en mars 2021, en rouvrant rapidement, par exemple, des médias interdits. AFP

Au Tchad, Reed Brody interpellé puis expulsé vers Paris
L’avocat américain Reed Brody, venu présenter au Tchad son ouvrage sur la « traque » judiciaire de l’ancien président Hissène Habré, a été interpellé avant sa conférence puis mis dans un avion à destination de Paris le 2 octobre au soir, selon des sources concordantes à N’Djamena. Le juriste de 71 ans devait présenter son livre intitulé « La traque d’Hissène Habré : juger un dictateur dans un monde d’impunité » et animer un panel avec une consœur tchadienne, Me Jacqueline Moudeina…Reed Brody a été la cheville ouvrière du processus ayant abouti au procès d’Hissène Habré devant un tribunal spécial africain. Sa consœur Jacqueline Moudeina a comme lui défendu les victimes de l’ex-président tchadien. Au pouvoir de 1982 à 1990, puis renversé en 1990 par le père de l’actuel chef de l’État, Hissène Habré a été condamné le 30 mai 2016 à la prison à vie après avoir été déclaré coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement, au terme d’un procès organisé à Dakar. Une commission d’enquête tchadienne a chiffré à 40 000 morts le nombre des victimes des répressions de son régime. Il est décédé en août 2021. JeuneAfrique avec AFP

Ce que Mahamat Idriss Deby Itno va dire à Emmanuel Macron
Invité au 19e sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui se tiendra les 4 et 5 octobre à Villers-Cotterêts et à Paris, le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno sera reçu en tête-à-tête à l’Élysée par son homologue français Emmanuel Macron le 3 octobre en fin de journée. Au cours de cet entretien, le chef de l’État tchadien devrait aborder avec son hôte le dossier des accords de défense entre les deux pays que la partie tchadienne souhaite voir requalifiés en accords de coopération, et surtout, révisés et actualisés dans leur contenu. Ces protocoles ne comportent pas en effet de volet concernant le renseignement, en particulier via les satellites de reconnaissance, une capacité à laquelle les autorités tchadiennes, dont le territoire est sous la menace de groupes armés divers, souhaite avoir accès de façon fluide et permanente. Soucieux de préserver ce qui représente le dernier point d’ancrage de la présence militaire française au Sahel, Emmanuel Macron devrait, en toute logique, accéder à cette requête. Autre dossier sur la table du rendez-vous élyséen de Mahamat Idriss Deby Itno : la réactivation de la commission mixte franco-tchadienne, laquelle ne s’est pas réunie sous une forme plénière depuis…. 21 ans. Mahamat Idriss Deby Itno compte bien interpeller son hôte à ce sujet. JeuneAfrique

Menaces, délations… Au Burkina Faso, les pro-Ibrahim Traoré sèment la terreur en ligne
Ils se font appeler les « BIR C », pour bataillon d’intervention rapide de la communication. Mais quand leurs homologues de l’armée ont pour mission de lutter contre le terrorisme ou d’assurer la sécurité de grands convois logistiques, eux n’ont qu’un seul but : défendre le capitaine Ibrahim Traoré (IB), arrivé à la tête du Burkina Faso par la force, il y a tout juste deux ans. Très actifs sur les réseaux sociaux, ils menacent, invectivent et mettent à prix la tête de ceux qui osent afficher des positions discordantes. Si les militaires au pouvoir utilisent la force publique pour semer la terreur à Ouagadougou et dans les grandes villes du pays, les BIR C, eux, sévissent en ligne, assumant sans difficulté être un outil de propagande au service du régime. Et ils ont été particulièrement présents ces derniers semaines…Dans leur viseur : des journalistes, des opposants, des responsables d’organisations de la société civile et, d’une manière plus générale, toute personne se montrant publiquement un peu trop critique sur la gestion du pays. Tous sont, aux yeux des BIR C, des « apatrides ». Autrement dit, des traîtres. Cette intransigeance, désormais étendue aux proches des « ennemis de la nation », a été formalisée le 7 septembre, via la page Facebook Anonymous Élite Alpha, qui reprend indument les codes des Anonymous…Créée le 30 août 2023, la page Anonymous Élite Alpha compte 178 000 abonnés. Ses publications ont été likées et partagées par des milliers de personnes. Il y a quelques mois déjà, une liste d’individus accusés d’être des ennemis de la nation y a été publiée. JeuneAfrique

Présidentielle en Tunisie: des professeurs de droit s’insurgent contre un amendement à la loi électorale
À trois jours de la présidentielle en Tunisie du 6 octobre 2024, le président Kaïs Saïed n’en finit pas de provoquer la colère des défenseurs des droits de l’homme mais aussi des juristes du pays. Accusé de dérive autoritaire, le chef de l’État tunisien, ancien assistant de droit, est aussi critiqué pour les libertés qu’il prend avec le droit, selon les professeurs de droit des universités tunisiennes. En Tunisie, ils sont plus d’une centaine d’universitaires, profession d’origine de Kaïs Saïed, à signer une lettre ouverte dans laquelle ils dénoncent la promulgation au Journal Officiel d’un amendement retirant au tribunal administratif son rôle d’arbitre en cas de litige post-électoral. C’est ce même tribunal administratif qui avait validé la candidature de trois autres prétendants à la présidence en plus des trois en lice actuellement : Kaïs Saïed donc, l’homme d’affaires emprisonné Ayachi Zammel, et l’ex-député Zouhaïr Maghzaoui. Des décisions que l’Isie, l’Instance supérieure indépendante pour les élections, n’a pas suivies…Ce n’est pas la première fois que les professeurs tunisiens de droit font état de leur mécontentement. En avril dernier, ils avaient demandé également la libération des prisonniers dits politiques dont la période de détention provisoire de quatorze mois a désormais été très largement dépassée. RFI

En Tunisie, douze arrestations suite à la mort en mer d’au moins quinze migrants
Douze personnes, dont l’organisateur de la traversée et son épouse, de nationalité tunisienne, ont été arrêtées pour une tentative d’émigration au départ de Djerba, en Tunisie, qui s’est terminée par la mort par noyade d’au moins quinze migrants tunisiens, a annoncé mercredi la Garde nationale. Le président tunisien Kais Saied, qui brigue un nouveau mandat dimanche lors d’un scrutin présidentiel, a reçu le ministre de l’Intérieur dès lundi donnant l’ordre de poursuivre les recherches et de découvrir « les circonstances de cet incident douloureux et étrange ». Il a également noté que jusqu’à récemment, l’île touristique très contrôlée de Djerba n’était pas un point de départ de l’émigration clandestine. Lundi, les gardes-côtes avaient secouru 31 occupants d’une embarcation ayant coulé à environ 500 mètres du littoral, mais ont également repêché les corps de 15 autres, selon un nouveau bilan, dont au moins trois nourrissons. Les recherches se poursuivent car, selon des médias locaux, au moins 60 personnes étaient à bord. Outre les 12 organisateurs ou intermédiaires arrêtés, trois véhicules servant au transport des migrants ainsi que « d’importantes sommes d’argent » ont été saisis. Toujours lundi, les gardes-côtes ont sauvé un autre groupe de 22 migrants tunisiens dont sept femmes et sept enfants partis de l’archipel des Kerkennah (sud-est), pourtant particulièrement surveillé par les forces de sécurité. Mardi, 36 migrants dont 20 Tunisiens et 16 Egyptiens, partis de Bizerte (nord), ont été secourus par les gardes-côtes sur un bateau en panne qui avait dérivé vers Nabeul (centre-est). AFP

Les Etats-Unis demandent le retrait immédiat des troupes rwandaises de la RDC
Pour que la paix revienne en RDC, la représentante des Etats-Unis aux Nations Unies a demandé, ce lundi 30 septembre, au Rwanda, devant le conseil de sécurité de retirer immédiatement ses troupes du sol congolais. La diplomate américaine a sollicité également du Conseil de sécurité de ne pas autoriser le retrait complet de la MONUSCO. « Pour offrir la paix aux peuples de cette région, le Rwanda doit immédiatement retirer plus de ses 4000 hommes de troupe du territoire congolais et le M23 doit se retirer de ses positions. Et la RDC doit immédiatement agir contre les FDLR et cesser son soutien à ce groupe », a déclaré la représentante permanente des Etats-Unis à l’ONU. D’après elle, les Etats-Unis se félicitent de la collaboration entre la RDC et la MONUSCO aussi bien pour le retrait de la mission que pour les activités essentielles en cours, y compris pour faire respecter le cessez-le -feu en cours et protéger les personnes déplacées. Le pays de l’Oncle Sam se félicite également des efforts de la RDC au niveau local et régional pour le retrait de la MONUSCO du Sud-Kivu, a-t-elle souligné. Cependant, le retrait de la MONUSCO de cette province a laissé des lacunes majeures qu’il faut à tout prix combler, a recommandé la diplomate américaine. Radio Okapi

Macron espère convaincre la RDC et le Rwanda de faire la paix
Le président français Emmanuel Macron doit rencontrer cette semaine ses homologues congolais et rwandais en vue de les pousser à conclure « un accord au plus vite » pour mettre fin aux violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), selon une source à l’Elysée mercredi. Le chef de l’Etat recevra d’abord le Congolais Félix Tshisekedi vendredi à l’Elysée, avant de s’entretenir avec le Rwandais Paul Kagame, samedi en marge du 19e sommet de la Francophonie, qui se tiendra au Grand palais à Paris. Emmanuel Macron « encouragera les deux parties à aboutir un accord au plus vite dans le cadre du processus de Luanda pour que les combats dévastateurs dans le Nord-Kivu prennent fin », a précisé cette source. Le M23 (« Mouvement du 23 mars »), groupe armé majoritairement tutsi soutenu par le Rwanda, s’est emparé depuis novembre 2021 de vastes pans de territoire dans cette région de l’est de la RDC riche en minerais et théâtre de violences depuis 30 ans. La résurgence de cette rébellion a provoqué une crise humanitaire sans précédent avec près de 7 millions de déplacés internes. Fin juillet, la RDC et le Rwanda ont signé un accord de cessez-le-feu, obtenu sous l’égide de la médiation angolaise désignée par l’Union africaine. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés, mais jamais respectés plus de quelques semaines. AFP

Mpox en RDC: le lancement de la campagne de vaccination reporté
Le ministre congolais de la Santé a annoncé le report du lancement de la campagne de vaccination contre le Mpox. Initialement prévu ce mercredi matin, il doit avoir lieu samedi 5 octobre. Un report justifié par des raisons techniques dues notamment à la complexité de la tâche, mais aussi à l’immensité du pays. Les Congolais vont encore devoir attendre. Alors que la RDC est le pays le plus touché du monde par l’épidémie de Mpox, avec plus de 30 000 cas déjà notifiés dont 988 décès, la campagne de vaccination qui devait débuter ce mercredi est finalement reportée de trois jours. En cause, le retard pris dans la formation des équipes techniques qui seront chargées de la vaccination sur le terrain. Chaque équipe est constituée par des vaccinateurs, des pointeurs, des sensibilisateurs ou encore de chargés de la sécurité du groupe. « Il faut former tout le monde, c’est un travail complexe », explique un médecin du Sud-Kivu. Le déploiement des vaccins dans l’immense RDC a également pris du retard. Il a fallu d’abord s’assurer d’une chaîne du froid fonctionnelle et ce n’est que le week-end passé que l’Unicef a pu faire parvenir près de 40 000 vaccins dans l’Équateur, le Nord-Kivu et le Tshopo. RFI

En Côte d’Ivoire, Florence Loan-Messan, première femme à devenir bâtonnier
Pour la première fois depuis sa création, en 1959, l’Ordre national des avocats de Côte d’Ivoire s’est donné pour bâtonnier une femme, Me Florence Loan-Messan. Avocate spécialisée en droit bancaire, elle avait été élue en juillet 2023 à la tête du barreau national, au terme d’un scrutin très disputé entre les quatre candidats. Son année de « dauphinat », c’est-à-dire de formation auprès de son prédécesseur, Me Claude Mentenon, vient de toucher à sa fin. Au cours d’une cérémonie de passation de charges, mercredi 2 octobre, à la Maison de l’avocat d’Abidjan, Me Loan-Messan est donc officiellement devenue le nouveau bâtonnier. Au masculin, celle-ci ayant jugé prématuré d’adopter en Côte d’Ivoire le terme de « bâtonnière », comme vient de le faire le Conseil national des barreaux de France…Florence Loan-Messan effectue son cursus scolaire à Abidjan, jusqu’à une maîtrise en carrière judiciaire à l’université Félix-Houphouët-Boigny, qu’elle complète en France par un master de juriste d’entreprise à l’université de Toulouse Capitole. Elle prête serment en 1996 et exerce depuis vingt-huit ans comme avocate. Elle travaille également depuis 2005 pour l’ordre des avocats, où elle a endossé successivement les fonctions de trésorière, secrétaire adjointe, secrétaire principale et membre du Conseil. Le Monde