Le conflit en RDC entre dans une nouvelle phase encore plus dangereuse
Le conflit en République démocratique du Congo (RDC) est entré dans une nouvelle phase encore plus déstabilisatrice. Les dirigeants des 8 pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et des 16 membres de la Communauté de développement économique d’Afrique australe (SADC) ont appelé à une pause dans les combats, un appel rejette par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, qui continuent leur offensive afin de s’emparer de plus territoire dans l’est de la RDC. Après avoir pris Goma et Bukavu, les capitales du Nord et du Sud Kivu, le M23 continue d’avancer vers le sud, où il a pris Kamanyola, sur la route vers la troisième plus grande ville des Kivus, Uvira. Une autre colonne avance cependant vers le nord vers Butembo depuis Goma…Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ne font pas preuve d’une grande résistance aux avancées du M23… Les coûts humains et l’instabilité risquent aussi d’augmenter au fur et à mesure que les combats s’étendent dans toute la région. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Rwanda : le président, Paul Kagame, reçoit le chef de l’armée ougandaise
Le président du Rwanda, Paul Kagame, a rencontré dimanche le chef des forces armées ougandaises, Muhoozi Kainerugaba, à Kigali, au moment où l’avancée rapide du groupe armé M23 et de troupes rwandaises dans l’est de la RDC fait craindre un embrasement régional. Muhoozi Kainerugaba, qui est aussi le fils du président ougandais, Yoweri Museveni, avait déclaré samedi qu’il allait signer à Kigali « un pacte de défense entre l’Ouganda et le Rwanda. »…Depuis la fin de janvier, le groupe armé antigouvernemental M23 s’est notamment rendu maître – avec ses alliés rwandais – des grandes villes de Goma et Bukavu, après avoir déjà conquis depuis 2021 de vastes pans de cette région riche en ressources naturelles. En 2021, l’armée ougandaise s’est déployée dans le nord-est de la RDC pour assister les forces congolaises contre les rebelles des Forces démocratiques alliés (ADF) affiliés au groupe Etat islamique. L’Ouganda a été accusé par des experts de travailler aussi contre les intérêts de la RDC en soutenant le M23, lui permettant d’utiliser son territoire comme voie d’approvisionnement…Paul Kagame et Yoweri Museveni ont été de proches alliés durant les années 1980-1990, dans la conquête du pouvoir dans leurs pays respectifs, avant de devenir de farouches rivaux, s’accusant mutuellement d’espionnage, d’enlèvements et de soutien à des groupes rebelles. Le Monde avec AFP
Au Burundi, l’ONU évacue les familles de son personnel en raison du conflit dans l’est de la RDC
L’ONU est, à son tour, en train d’évacuer des familles de son personnel international du Burundi en raison du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), selon une lettre obtenue par l’Agence France-Presse (AFP), tandis que le président burundais, Evariste Ndayishimiye, tente de rassurer les diplomates. Le groupe armé M23, aidé par des soldats rwandais, a pris le contrôle depuis janvier d’une portion de l’est de la RDC, et notamment des villes de Goma et de Bukavu, et a continué sa progression dans plusieurs directions. Plusieurs témoins ont signalé à l’AFP, le 25 février, la présence de combattants du M23 à quelque 75 kilomètres au nord d’Uvira, ville à la pointe nord-ouest du lac Tanganyika située en face de la capitale économique burundaise, Bujumbura. D’autres habitants ont également rapporté le déploiement de troupes burundaises dans la zone. Le Burundi, qui a déployé depuis 2023 plus de 10 000 soldats en soutien à l’armée congolaise dans le cadre d’un accord de coopération militaire avec Kinshasa, avait commencé à retirer des troupes face à l’avancée du M23 et de ses alliés, selon des sources militaires à l’AFP…Plus de 43 000 personnes y ont trouvé refuge ces deux dernières semaines, selon l’ONU. Le Monde avec AFP
Soudan : au Darfour, au moins six civils tués dans le bombardement d’un marché
Après l’attaque du camp de Zamzam il y a quelques semaines, des civils sont à nouveau frappés dans l’ouest du Soudan. Au moins six personnes ont été tuées dimanche dans un bombardement à l’artillerie contre un marché bondé près d’El-Fasher, la capitale du Darfour du Nord, dans l’ouest du Soudan, ont rapporté des secouristes bénévoles. L’attaque, survenue près du camp de déplacés Abou Chouk, a été imputée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) par le réseau local des « cellules d’intervention d’urgence », formé de bénévoles coordonnant l’aide dans le pays en guerre. « Elle a frappé un marché bondé, où les civils faisaient leurs courses pour le ramadan », le mois de jeûne musulman, a-t-il ajouté, faisant état de « six civils tués » et d’un nombre indéterminé de blessés. Le ramadan a commencé samedi au Soudan, pays pauvre d’Afrique de l’Est, ravagé depuis 2023 par une guerre entre les FSR aux ordres du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », et l’armée menée par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, dirigeant de facto du pays…Dans la région autour d’El-Fasher, la famine s’est installée dans trois camps de déplacés – Zamzam, Abou Chouk et Al-Salam – et devrait s’étendre à cinq autres zones, y compris la ville elle-même, selon une évaluation soutenue par l’ONU. Le Monde avec AFP
Onze soldats nigériens tués dans une attaque djihadiste près de l’Algérie
Onze soldats nigériens ont été tués vendredi dans une attaque revendiquée par un groupe djihadiste lié à Al-Qaïda, dans le nord du pays, près de l’Algérie, et ont été inhumés samedi, ont rapporté des sources locales et la radio d’Etat…Selon Aïr Info, le raid a visé vendredi une patrouille des éléments du Bataillon Spécial d’Intervention (BSI) d’Agadez qui sont « tombés dans une embuscade » vers la zone de Ekadé Malane, proche de la frontière algérienne. L’attaque a été revendiquée vendredi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM)…Les Forces de défense et de sécurité nigériennes stationnées dans cette zone sont parfois ciblées par des attaques d’assaillants armés, mais elles ne sont habituellement pas attribuées aux jihadistes qui sont plus actifs dans la partie ouest et sud-ouest, près du Mali et du Burkina Faso. L’immense nord désertique du Niger également proche de la Libye est un corridor réputé pour divers trafics et un point de passage des milliers de migrants africains qui tentent d’atteindre l’Europe. Le Niger est gouverné par un régime militaire qui a pris le pouvoir par un putsch en juillet 2023 promettant notamment de s’attaquer à l’insécurité. Mais les attaques continuent : depuis juillet 2023, au moins 2.400 personnes ont été tuées dans le pays, selon l’ONG Acled qui recense les victimes de conflit dans le monde. AFP
Bénin : des affrontements entre soldats et groupes armés font dix morts
Nouvel affrontement entre des groupes armés et des soldats béninois cette année. Dans la nuit du 27 au 28 février, l’armée du Bénin a lancé « une opération offensive » qui « s’est soldée par la neutralisation de neuf terroristes », d’après des informations d’une source proche du haut commandement militaire à l’AFP. Une source locale jointe par téléphone confirme, elle, que la riposte a eu lieu dans « la commune de Karimama ». Située juste au-dessus du parc national du W, régulièrement la cible d’attaques attribuées à des groupes jihadistes, la localité est à proximité de la frontière avec le Niger. Karimara est à plus de 750 km de Cotonou, plus grande ville du pays…Depuis le début de la décennie, les violences entre groupes jihadistes et l’État central se multiplient dans le nord du Bénin. Ces combattants, membres notamment du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) sont bien implantés dans les pays voisins. La région frontalière avec le Burkina Faso reste l’épicentre de ces agressions, mais les attaques la frontière avec le Niger se sont intensifiées dernièrement. Mi-février, six soldats ont été tués par des hommes non identifiés lors d’une attaque contre l’armée dans le parc national du W, et 17 assaillants ont été tués en représailles. Jeune Afrique avec AFP
Guinée-Bissau : une délégation de la Cedeao quitte le pays après des menaces du président Embalo
La crise politique en Guinée-Bissau reste dans l’impasse. Une délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), envoyée dans le pays pour trouver un compromis sur la date des élections, a quitté le pays après les menaces proférées par le président, Umaro Sissoco Embalo, selon un communiqué de la Cedeao. Le président a quant à lui annoncé à Jeune Afrique, lundi 3 mars, qu’il serait candidat à sa succession lors du scrutin présidentiel, dont il prévoit la tenue en novembre 2025. Le différend sur la date de la fin du mandat d’Embalo a exacerbé les tensions et fait craindre des troubles dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, où se sont déroulés de nombreux coups d’Etat depuis l’indépendance du Portugal, il y a plus de cinquante ans. L’opposition fait valoir que le mandat du président Embalo, qui a débuté en 2020, aurait dû se terminer la semaine dernière, le 27 février. Mais la Cour suprême du pays a décidé que ce mandat se terminerait le 4 septembre. Le 23 février, M. Embalo a de son côté annoncé que les prochaines élections présidentielles et législatives auraient lieu le 30 novembre. La Cedeao a expliqué que sa délégation avait quitté la Guinée-Buissau samedi matin. Elle était arrivée sur place le 21 février et, en collaboration avec le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, avait pour objectif de consulter les différentes forces politiques du pays pour trouver un consensus sur la date de l’élection présidentielle. Le Monde avec AFP
Au Zimbabwe, maintien en prison du journaliste auteur d’une interview d’une personnalité critique du pouvoir
Blessed Mhlanga, journaliste zimbabwéen de la chaîne de télévision en ligne HStv poursuivi après l’interview d’une personnalité critique du président Emmerson Mnangagwa, s’est vu refuser vendredi 28 février sa remise en liberté sous caution par un tribunal d’Harare. En détention depuis son arrestation, lundi, il est accusé d’incitation à la violence. Son arrestation est intervenue après des entretiens parus les 27 janvier et 11 février avec Blessed Geza, un vétéran de l’indépendance, membre du parti au pouvoir ZANU-PF et qui a suggéré que le président devrait démissionner, sinon la population « va utiliser la loi comme elle peut » pour qu’il parte…Dans un commentaire sur HStv, M. Geza a estimé, s’adressant au président : « Nous vous demandons de nous laisser en paix car, sinon, la population va utiliser la loi comme elle peut selon la Constitution pour vous faire partir ». La police cherche aussi à arrêter M. Geza, dont elle a déjà arrêté l’épouse, alors que celui-ci se cache. Le Monde avec AFP
En Tunisie, le procès de plusieurs opposants s’ouvre ce mardi dans un contexte tendu
En Tunisie, le procès de l’affaire de complot présumé contre la sûreté de l’État doit s’ouvrir ce mardi 4 mars. Il concerne une quarantaine de personnes, dont sept figures politiques, emprisonnées depuis deux ans. C’est un procès tendu qui va s’ouvre ce mardi 4 mars en Tunisie. Une quarantaine de personnes, dont sept figures politiques, doivent être jugées après deux années d’emprisonnement…Depuis une semaine, le procès du complot contre la sûreté de l’État fait l’objet d’une guerre médiatique, qui reflète bien la tension autour de cette affaire. Après les interventions dans les médias et une campagne sur les réseaux sociaux des avocats des accusés qui dénoncent un dossier « vide », les défenseurs autoproclamés de l’exécutif ont dégainé…Pour les familles des accusés et les avocats, qui attendent avec impatience cette première audience, cette situation renforce la nécessité de rendre public ce procès et de laisser l’opinion publique en observer le déroulé. Pour le moment, la justice a annoncé que le procès se déroulerait à distance, c’est-à-dire que les détenus ne seront pas physiquement présents au tribunal et comparaîtront par visioconférence pour des raisons de sécurité. RFI
Dernier hommage au premier président namibien
Des milliers de Namibiens et de dignitaires ont assisté samedi aux obsèques nationales du père de l’indépendance et premier président du pays, Sam Nujoma, décédé le 9 février à 95 ans…Sam Nujoma avait obtenu en 1990 l’indépendance de son pays vis-à-vis de l’Afrique du Sud, encore sous le régime de l’apartheid et qui avait repris la tutelle du territoire à l’Allemagne à la faveur de la Première Guerre mondiale…Né le 12 mai 1929 dans une famille de dix enfants, devenu syndicaliste puis militant indépendantiste, Nujoma a été contraint à l’exil en 1960. A la tête de la Swapo, il a lancé la lutte armée en 1966, début d’une guerre d’indépendance ayant fait plus de 20.000 morts. Le « Vieux », dont la barbe fournie évoquait Fidel Castro, avait quitté le pouvoir à 75 ans en 2005, après avoir fait modifier la Constitution pour s’offrir un troisième mandat. Il avait désigné un fidèle comme successeur, restant présent en coulisses. Sam Nujoma s’est employé à unifier une population de deux millions d’habitants issus d’une dizaine de groupes ethniques que l’apartheid s’était appliqué à diviser. Le 1er mars a été décrété jour férié en l’honneur de « Sam », comme il est affectueusement appelé, et marque la fin de la période de deuil national proscrivant toute compétition sportive et tout rassemblement. AFP
Le film burkinabè « Katanga, la danse des scorpions », Etalon d’or du Fespaco
Le réalisateur burkinabè Dani Kouyaté a remporté samedi l’Etalon d’Or de Yennenga du 29e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) pour son long-métrage « Katanga, la danse des scorpions ». Le réalisateur et producteur de 63 ans a reçu son trophée des mains du chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, comme toujours vêtu de ses habits militaires, sous une acclamation des nombreux festivaliers, au palais des sports de Ouagadougou. Martin Zongo, porte-parole du jury qui lui a décerné le prix, a indiqué que le film a été choisi « pour le caractère intemporel et universel de sa cruciale thématique (…) pour son fort ancrage culturel à travers ses décors et costumes et la valorisation de son identité linguistique ». Le film, une adaptation de la tragédie de Macbeth de William Shakespeare, retrace l’histoire d’un village pris dans les méandres et les vicissitudes du pouvoir d’un tyran…Le Burkina Faso est gouverné depuis septembre 2022 par une junte militaire autoritaire qui revendique une politique souverainiste et qui a tourné le dos à certains partenaires occidentaux, la France en tête. Le Fespaco, festival incontournable du cinéma africain, a notamment reçu des financements de plusieurs centaines de milliers d’euros de l’Union européenne ou de l’ONU. Le groupe Canal + a également présenté son programme de soutien à l’industrie cinématographique africain, à l’occasion de ce festival où une trentaine de films et documentaires issus de sa production étaient présentés. AFP