Revue de presse du 3 juin 2025

Les minerais stratégiques de l’Afrique à un tournant décisif
Trois cercles vicieux ont rendu les pays africains particulièrement vulnérables au cours des précédentes périodes d’exploitation minière. Tout d’abord, la mauvaise gouvernance s’est installée très tôt, illustrée par des coups d’État, des guerres civiles et certaines des pires formes de kleptocratie et d’autocratie. Deuxièmement, les élites ont commencé à considérer les ressources nationales comme un mécanisme permettant d’obtenir rapidement des sources de revenus privés réguliers afin d’asseoir leur pouvoir, d’acheter la loyauté et de créer un réseau de mécénat. Troisièmement, les entreprises étrangères ont pu contourner les réglementations nationales tant qu’elles travaillaient en étroite collaboration avec les élites du régime…Pour rompre ce cercle vicieux et mettre l’Afrique sur la voie de l’exploitation de ses ressources naturelles, trois priorités doivent être poursuivies. Premièrement, l’Afrique a besoin d’une meilleure gouvernance pour éviter de répéter les erreurs du passé. Lorsque le maintien au pouvoir est l’objectif principal, aucune politique de responsabilisation et de bonne gestion des ressources ne peut prendre effet. Deuxièmement, l’industrie extractive doit faire l’objet d’un engagement, d’une participation et d’une surveillance solides. Enfin, les entreprises étrangères doivent s’astreindre à des normes de conduite plus strictes et plus rigoureuses afin de s’assurer qu’elles respectent les lois et les réglementations locales, qu’elles font preuve de civisme et qu’elles mettent tout en œuvre pour atténuer les conséquences involontaires de l’industrie extractive. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Mali : le JNIM revendique l’attaque d’un camp militaire en plein centre de Tombouctou
Une attaque de nature « terroriste » a été déjouée par l’armée malienne ce lundi 2 juin, ont annoncé les autorités militaires dans un communiqué. L’opération visait un camp militaire dans le centre-ville de Tombouctou. « L’état-major général des armées informe l’opinion que ce lundi 2 juin 2025 aux environs de 10 heures, les Fama ont déjoué une tentative d’infiltration des combattants terroristes au camp de Tombouctou », précisent les forces armées maliennes dans le texte. L’action a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), dans plusieurs messages sur leur média AzZallaqua…« Nous avons affaire à des terroristes qui attaquent Tombouctou. Nous ripostons. […] Le camp situé au centre-ville a été attaqué », avait indiqué une source militaire à l’AFP. L’assaut a été confirmé auprès de l’agence de presse française par un élu local qui indiquait que « les terroristes sont arrivés aujourd’hui à Tombouctou avec un véhicule bourré d’explosifs. Le véhicule a explosé vers le camp »…Le personnel de l’ONU basé à Tombouctou a par ailleurs reçu un message avec pour consigne de « se mettre à l’abri » et de « rester loin des fenêtres » en raison de « tirs dans la ville ». Jeune Afrique

Au Mali, les confidences de petites mains d’une ferme à trolls du pouvoir
Au Mali, depuis le coup d’Etat d’août 2020, perpétré par le colonel Assimi Goïta, devenu général, puis l’arrivée des paramilitaires russes du groupe Wagner en décembre 2021, des groupes de trolls, opérant sous des profils anonymes ou de faux comptes, inondent les plateformes comme Facebook, X et TikTok. Les techniques sont agressives : commentaires hostiles, insultes et attaques personnelles contre tous ceux qui remettent en cause la gouvernance de la junte. Ce phénomène, autrefois marginal, a pris une ampleur inédite depuis l’entrée en scène de la Russie et la rupture avec l’Occident, France en tête. La motivation de Zoumana, actif depuis plus de six mois, ne semble pas politique, mais plutôt financière…Un autre troll, préférant aussi I’anonymat pour préserver son emploi et sa sécurité, revendique un mélange de patriotisme et d’intérêt pécuniaire. Bien que discret sur le montant exact de sa rémunération, il affirme gagner bien plus que de nombreux cadres de la fonction publique et espère que le général Assimi Goita s’éternisera au pouvoir…Outre ces trolls anonymes, de nouveaux types d’influenceurs sont apparus sur les réseaux sociaux, suivis par des centaines de milliers d’abonnés. Appelés « vidéomen », ils opèrent sur Facebook, YouTube et TikTok comme des porte-voix officieux du régime, magnifient ses réalisations, exacerbent le sentiment anti-occidental et promeuvent sans relâche la propagande russe au Mali. L’un d’eux confirme le lien de subordination direct avec le pouvoir en place : « Nous sommes en relations directes avec la Direction de l’information et des relations publiques des armées [Dirpa] qui nous fournit des informations exclusives sur les exploits de nos forces armées et de sécurité », relate-t-il sous le couvert de I’anonymat. Le Monde

Crise au Soudan : Plus de 4 millions de personnes en fuite, alerte l’ONU
Plus de quatre millions de personnes ont fui le Soudan depuis le déclenchement de la guerre entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a annoncé mardi le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le conflit, qui a éclaté le 15 avril 2023, a engendré ce que l’ONU qualifie de « pire crise de déplacement au monde »…D’après les dernières données du HCR, 4.003.385 personnes ont été contraintes de quitter le pays en quête de sécurité, que ce soit en tant que réfugiés, demandeurs d’asile ou personnes rapatriées. Parmi elles, 1,5 million se sont réfugiées en Egypte, plus de 1,1 million au Soudan du Sud dont près de 800.000 Sud-Soudanais autrefois exilés au Soudan et plus de 850.000 au Tchad. Tchad fait face à une pression humanitaire sans précédent. Le nombre de réfugiés soudanais y a plus que triplé depuis le début du conflit, passant de 400.000 à plus de 1,2 million.  Sahel Intelligence

RDC : Félix Tshisekedi répond favorablement à l’appel au dialogue lancé par Martin Fayulu
Quelques heures après la déclaration de l’opposant Martin Fayulu appelant à un dialogue national face au risque « risque de balkanisation » du pays, le Président Félix Tshisekedi, accepte la main tendue de l’opposant. « Le Président de la République salue le patriotisme et le sens d’engagement pour la cohésion nationale affichés par M. Martin Fayulu et affirme sa disponibilité à le rencontrer pour sauver la République de la prédation qui menace nos institutions et notre intégrité territoriale », a écrit, sur son compte X, Tina Salama, porte-parole du Chef de l’Etat. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux ce lundi 2 juin, Martin Fayulu a décrit la situation actuelle comme l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de la RDC. Il a alerté sur le risque imminent de balkanisation du pays, à cause de l’insécurité et de l’activisme de groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces régions sont en grande partie sous le contrôle du groupe rebelle Alliance Fleuve Congo/M23, soutenu par le Rwanda. Dans son allocution, Martin Fayulu a interpelé trois personnalités politiques congolaises qu’il estime pouvoir jouer un rôle dans sa résolution : Corneille Nangaa, Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Radio Okapi

Un militant kényan raconte la « torture sexuelle » infligée par des agents tanzaniens
En larmes, « brisé », le militant kényan des droits humains Boniface Mwangi a raconté lundi 2 juin la « torture sexuelle » et les brutalités que lui ont infligé à la mi-mai les forces de sécurité tanzaniennes lors de son enlèvement à Dar es-Salaam. L’opposition tanzanienne et les ONG de défense des droits humains dénoncent la répression politique croissante de la part de l’exécutif de la présidente, Samia Suluhu Hassan, qu’ils accusent de retomber dans les pratiques autoritaires de son prédécesseur, John Magufuli (2015-2021). Il y a une dizaine de jours, l’activiste ougandaise Agather Atuhaire, avec qui Boniface Mwangi avait été enlevé, avait dénoncé des exactions similaires auprès de l’Agence France-Presse (AFP). Tous deux avaient été arrêtés le 19 mai dans la capitale économique tanzanienne, Dar es-Salaam, où ils étaient venus soutenir le chef de l’opposition tanzanienne, Tundu Lissu, qui comparaissait devant la justice pour trahison, un crime passible de la peine de mort. « Ce qu’ils nous ont fait, cela me brise », a témoigné M. Mwangi, qui est arrivé lors d’une conférence de presse à Nairobi avec Mme Atuhaire en s’appuyant sur des béquilles, les pieds dans des attelles. « Je hurlais tellement fort que je ne pouvais plus respirer. Je n’avais même pas de larmes tellement c’était douloureux », a poursuivi ce militant des droits humains kényan, narrant les coups à répétition sur la plante des pieds, mais aussi l’insertion de doigts et d’objets dans son anus. Pendant qu’il était torturé, « ils me disaient : “Dis asante [merci en swahili] Samia” », en référence à la présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, a-t-il encore relaté. Le Monde avec AFP

Niger: des ONG appellent à libérer la figure de la société civile Moussa Tchangari, détenu depuis 6 mois
Au Niger, cela fait 6 mois que Moussa Tchangari est privé de liberté. Figure de la société civile locale, Secrétaire général de l’ONG Alternative espaces citoyens, il a été arrêté chez lui à Niamey le 3 décembre dernier puis inculpé, un mois plus tard, d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, atteinte à la défense nationale et complot contre l’autorité de l’État. Transféré à la prison de Filingué, à 170 km de Niamey, Moussa Tchangari n’a pas été entendu depuis. Ce 3 juin 2025, quatre organisations internationales de défense des droits humains appellent à sa libération : la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Amnesty, Human Rights Watch (HRW) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Ousmane Diallo, chercheur principal sur le Sahel pour Amnesty International, souligne au micro de Magali Lagrange :… « Donc, ce qui est dommageable, ici, pour la procédure en cours et pour l’État de droit au Niger, c’est qu’on se rend compte que les acteurs qui expriment de manière publique leur liberté de ton et de dissidence sont arrêtés et détenus dans le cadre d’une stratégie judiciaire qui vise à les garder en détention le plus longtemps possible pour les punir, entre guillemets, et non pour les traduire devant la justice et leur permettre ainsi de se défendre. C’est ça le nœud du problème. » RFI

Des milliers de Camerounais rassemblés à Paris en soutien à la candidature de l’opposant Maurice Kamto
Plusieurs milliers de membres de la diaspora camerounaise ont assisté samedi à Paris à un meeting de l’opposant et candidat à la présidentielle Maurice Kamto, pour « tout changer » après 43 ans de présidence de Paul Biya, a constaté un journaliste de l’AFP. A moins de six mois de l’élection prévue en octobre, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), principal parti d’opposition, s’est présenté en « messager de l’unité du Cameroun », promettant de rétablir le droit pour les Camerounais d’avoir une deuxième nationalité. « Quand vous m’aurez fait l’insigne honneur de me confier les rênes, vous pouvez être sûr que rien n’arrivera à M. Biya et sa famille. Rien. Je m’en porte garant, je n’ai pas le temps pour la haine. J’ai le temps pour bâtir le Cameroun avec vous », a-t-il également assuré. Face à lui, sur la place de la République, ses partisans – 10.000 selon les organisateurs – saluent avec enthousiasme son « rêve d’une alternance pacifique par les urnes »…Candidat à la présidentielle de 2018 dont il avait contesté les résultats et dénoncé un « hold-up électoral », Maurice Kamto avait été détenu par la suite pendant neuf mois. Pas question donc pour ses sympathisants que la candidature de leur champion soit écartée par les autorités, sous le motif que le MRC ne dispose pas d’élus après avoir boycotté les élections législatives de 2020, condition exigée par la loi électorale camerounaise. Pour Maurice Kamto, il n’y a « aucun obstacle juridique » à sa candidature. AFP

Côte d’Ivoire: 8,7 millions d’inscrits sur la liste électorale définitive
En Côte d’Ivoire, la liste électorale définitive est arrêtée. Le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert l’a annoncé ce lundi 2 juin 2025, lors d’une conférence de presse au siège de l’institution à Abidjan. Il y a désormais plus de 8,7 millions d’inscrits, 715 000 en plus par rapport à la dernière révision en 2023. Le fichier électoral sera consultable à partir de ce mercredi 4 juin 2025. Pour le patron de la commission électorale, il est impossible de revoir de nouveau de la liste avant la date de la présidentielle, le 25 octobre prochain. Une révision qui est une revendication de l’opposition. Cette revendication, le chef du PDCI Tidjane Thiam l’a réitérée samedi dernier 31 mai au cours de son intervention à distance au meeting de la coalition d’opposition CAP-CI à Yopougon. « Il faut que le maximum d’Ivoiriens puissent voter, la récente opération d’enrôlement a été un succès. Il nous faut l’amplifier avec une nouvelle opération en 2025, qui aurait lieu avant l’élection bien sûr ». Une révision réclamée en Côte d’Ivoire depuis des mois, répétée depuis que la justice ivoirienne a ordonné la radiation de l’opposant de la liste électorale fin avril. De son côté, le patron de la CEI insiste. A 5 mois de la présidentielle, le délai est trop court. « Une opération de révision-mise à jour comporte en moyenne 6 à 7 mois d’opérations. Vous comprenez donc l’impossibilité de conduire une autre opération de révision de la liste électorale au risque de compromettre la tenue de l’élection du président de la République à la date constitutionnelle »…Les concurrents à la présidentielle éligibles pourront eux commencer à collecter les parrainages des citoyens à partir de la fin du mois – en vue du dépôt de leurs dossiers de candidature. RFI

Guinée: coopération renforcée avec le Sénégal à l’occasion de la visite du Premier ministre Ousmane Sonko
Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko était, ce lundi 2 juin, à Conakry en Guinée dans le cadre de sa tournée en Afrique de l’Ouest. Une visite qui a permis d’avancer sur la question de la coopération économique entre les deux pays. À l’issue de ses tête-à-tête avec son homologue guinéen Bah Oury et le président de la transition Mamadi Doumbouya, il a été décidé de mettre en place un « comité technique » pour approfondir l’intégration entre les deux voisins dans plusieurs secteurs comme la pêche, l’Énergie ou les infrastructures. Ousmane Sonko n’a pas souhaité commenter la disparition de voix critiques du CNRD. Le chef du gouvernement du Sénégal Ousmane Sonko a annoncé la mise en place du nouvel instrument de coopération économique entre les deux voisins, Sénégal et Guinée…Des organisations de la société civile sénégalaises avaient demandé à Ousmane Sonko d’aborder la question des disparitions des activistes Foniké Menguè et Billo Bah, et du journaliste Habib Marouane Camara. Il a botté en touche. « Si mes relations amicales et fraternelles me le permettent, et si je devais en parler, ce serait en douce et amicalement, mais je ne viendrais pas ici dans une conférence de presse pour dire que j’ai dit ceci ou que j’ai fait cela ». Ousmane Sonko s’est ensuite envolé vers la Sierra Leone, dernière étape de sa tournée régionale. RFI

Selon une ONG, huit des dix pires crises de déplacements les plus négligées au monde sont en Afrique
Chaque année, le Norwegian Refugee Council publie sa liste des dix crises de déplacement les plus négligées au monde. Pour l’année 2024, sur les dix pays qui figurent en tête, huit sont africains. Des crises pour lesquelles les besoins humanitaires des populations sont sous-financés, l’attention médiatique insuffisante, tout comme l’action politique au niveau national comme international, selon l’ONG qui présente ses conclusions ce mardi 3 juin à Dakar. En tête de ces crises négligées, il y a le Cameroun, touché par « trois crises distinctes et prolongées » : les groupes armés dans le nord, la violence dans les deux régions anglophones et l’instabilité « qui se propage depuis la Centrafrique » à l’est. Ainsi, en 2024, pour 1,1 million de déplacés internes et près d’un demi-million de réfugiés, moins de la moitié des besoins ont été couverts et la situation humanitaire du Cameroun a très peu retenu l’attention des médias. Un « parfait exemple des effets de la négligence mondiale » selon le Norwegian Refugee Council. Viennent ensuite, Éthiopie, Mozambique, Burkina Faso, Mali, Ouganda, République démocratique du Congo et Somalie. Seules exceptions non-africaines dans ce classement : l’Iran et le Honduras. À noter que c’est la première fois que l’Ouganda apparaît ; ce pays qui « joue un rôle de soupape dans la région », « absorbant les retombées des crises voisines » et accueillant des réfugiés congolais, soudanais, sud-soudanais. RFI