Revue de presse du 3 janvier 2024

Les séparatistes touareg rejettent l’idée d’un dialogue « inter-malien » pour la paix
Les séparatistes touareg ont rejeté mardi l’idée d’un « dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation » par le chef de la junte, qu’ils considèrent comme « une façon de prononcer la caducité définitive de l’Accord » de paix de 2015 entre eux et Bamako. Lors de ses vœux du Nouvel An dimanche, le chef de la junte Assimi Goïta a annoncé la mise en place d’un « dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation, afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires » et pour « privilégier l’appropriation nationale du processus de paix »… »Nous pensons que c’est (le dialogue inter-malien) une façon de prononcer la caducité définitive de l’accord et de mettre la médiation internationale à la porte », a déclaré à l’AFP Mohamed Elmaouloud Ramadane, un porte-parole de la rébellion touareg signataire de l’accord de paix sous l’égide d’Alger en 2015…Les hostilités ont repris en août après huit ans d’accalmie entre Bamako et la rébellion touareg, qui se sont disputés le contrôle du territoire et des camps militaires laissés par les casques bleus de la Mission de l’ONU poussée vers la sortie par Bamako. AFP

Guerre au Soudan : le général Daglo poursuit au Kenya sa tournée en Afrique de l’Est
Le général Mohamed Hamdane Daglo, commandant des forces paramilitaires en guerre contre l’armée au Soudan, est arrivé mercredi 3 janvier 2024 au Kenya. C’est la nouvelle étape d’une tournée en Afrique de l’Est durant laquelle se multiplient les efforts diplomatiques pour des négociations de paix. Le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo, a été reçu mercredi 3 janvier 2024 par le président kényan William Ruto…Depuis une semaine, le général Daglo s’est rendu en Ouganda, en Ethiopie et à Djibouti, ses premiers déplacements officiels à l’étranger depuis le début du conflit au Soudan mi-avril. Ils interviennent alors que l’Igad, dont Djibouti occupe la présidence, redouble d’efforts pour amener à la table des négociations le général Daglo, également connu sous le nom de « Hemedti », et le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés depuis le début de la guerre qui a plongé le Soudan dans le chaos et l’urgence humanitaire…Une rencontre entre les deux parties sous l’égide de l’Igad avait été envisagée le 28 décembre à Djibouti, avant d’être « reportée à début janvier pour des raisons techniques ». De précédentes tentatives de médiation n’ont jusqu’à présent abouti qu’à de brèves trêves, systématiquement non respectées…L’Igad est composée de huit États membres : Kenya, Djibouti, Éthiopie, Soudan du Sud, Soudan, Somalie, Ouganda, Érythrée. TV5

Début des concertations régionales avant le « dialogue national » des militaires nigériens
Le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine a donné lundi à Agadez (nord) le coup d’envoi de concertations régionales, prélude au dialogue « national inclusif » devant notamment fixer la durée de la transition pour les militaires arrivés au pouvoir fin juillet par un coup d’Etat. Des officiers du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, organe du régime militaire), des membres du gouvernement, des chefs traditionnels et religieux ont assisté à la cérémonie. Quelque 300 représentants d’élus, de chefs traditionnels, d’ex-combattants des rebellions touareg (1991-1995 et 2007-2009), d’organisations de jeunesse, de syndicats, d’ONG, ont tenu les premières concertations pour la région d’Agadez. Les propositions étudiées concernent les quatre axes qui seront débattus au prochain dialogue national, dont « la durée » de la transition, « les principes fondamentaux » et les « axes prioritaires » devant régir cette période. AFP

La France ferme son ambassade au Niger
L’ambassade de France au Niger, dont Paris avait annoncé la fermeture peu avant Noël, est officiellement close « jusqu’à nouvel ordre », et poursuivra ses activités depuis Paris, a annoncé mardi le ministère des Affaires étrangères français…La fermeture d’une ambassade, mesure extrêmement rare, avait été décidée en parallèle au retrait des derniers soldats français déployés au Niger dans le cadre de la lutte antiterroriste, qui ont quitté le pays le 22 décembre. Paris et Niamey entretiennent des relations exécrables depuis le coup d’Etat militaire en juillet dernier et le renversement du président Mohamed Bazoum. Après le coup d’Etat du 26 juillet, les militaires au pouvoir avaient rapidement exigé le départ des soldats français – environ 1.500 déployés pour lutter contre les jihadistes – et dénoncé plusieurs accords militaires conclus avec Paris. Le régime militaire avait aussi prononcé fin août l’expulsion de l’ambassadeur de France Sylvain Itté. Celui-ci était resté près d’un mois coincé à l’intérieur de la représentation diplomatique avant de la quitter. AFP

Nord du Nigeria : 15 personnes tuées dans des attaques djihadistes lors du Nouvel An
Au moins 15 personnes ont été tuées dans des attaques djihadistes lors du Nouvel An contre deux villages de l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, ont indiqué, mercredi 3 janvier, à l’AFP trois habitants. Les assaillants sont arrivés lundi à bord de plusieurs camions équipés de mitrailleuses et des motos dans les villages de Gatamarwa et Tsiha, près de la ville de Chibok, ont indiqué les habitants. « Le bilan des attaques dans les deux villages s’élève à 15 morts », a déclaré à l’AFP Manasseh Allen, responsable de l’Association pour le développement de la région de Chibok (CADA). Les djihadistes ont également kidnappé une jeune femme à Tsiha, a affirmé Samson Bulus, un autre habitant. Nahum Daso, porte-parole de la police de l’Etat de Borno, a confirmé l’attaque, mais n’a pas fourni de détails ni donné le bilan des victimes. Les djihadistes, habillés en soldats, sont entrés à Gatamarwa vers 16 heures (heure locale), ouvrant le feu sur les habitants, dont un groupe de personnes revenant d’un enterrement, a déclaré M. Allen…Dans la région, le groupe islamiste Boko Haram et sa faction rivale, l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), mènent tous deux des raids contre la population. Le Monde avec AFP

Plus de 1.000 migrants interceptés au Maroc le soir du Nouvel an
Des unités de l’armée marocaine ont intercepté dans la nuit du Nouvel an plus d’un millier de migrants dans le nord du royaume qui s’apprêtaient à rejoindre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, lors de différentes opérations, selon un communiqué officiel. Un total de 1.110 migrants ont été interceptés dans la nuit de dimanche à lundi dans les villes de Nador, M’diq et Fnideq durant plusieurs opérations de l’armée et des forces de l’ordre marocaines, selon un communiqué de l’Etat-major général des Forces armées royales (FAR) relayé par l’agence MAP. L’armée a précisé que les 175 migrants appréhendés à Nador, ville frontalière de Melilla, sont originaires du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et du Yémen, sans donner les nationalités des 935 autres. Situées sur la côte nord du Maroc, l’enclave espagnole de Melilla, tout comme celle de Ceuta, sont les seules frontières terrestres de l’Union européenne sur le continent africain et font régulièrement l’objet de tentatives d’entrée clandestines. AFP

Tchad : Composition du nouveau gouvernement de transition
La composition du nouveau gouvernement de transition au Tchad, dirigé par M. Succès Masra, a été révélée mardi. L’équipe exécutive accompagnant le Premier ministre dans cette phase finale de la transition politique comprend 41 membres, parmi lesquels figurent 5 ministres d’État et 11 secrétaires d’État. Certains ministres ont conservé leurs postes, tels que Mahamat Saleh Annadif aux Affaires étrangères, Amina Priscille Longoh (Femme), ATom Erdimi à l’Enseignement supérieur, Abdoulmadjid Abderahim à la Santé publique, Dago Yacouba aux Armées, Tahir Hamid Nguilin aux Finances et au Budget, Mahamat Charfadine Margui à la Sécurité publique, et Alixe Naïmbaye aux Hydrocarbures. Parmi les nouvelles nominations, on compte Ahmat Abdelkérim Ahmat, directeur général des Douanes, au ministère de l’Industrie et du Commerce, Abderahim Birémé Hamid à la Justice, Louise Ndougonna Mbakasse Riradjim à l’Énergie, Boukar Michel aux Télécommunications et à l’Économie numérique, Ndolembai Sadé Njesada à l’Éducation nationale et à la Promotion civique, Mahamat Assouyouti Abakar à l’Économie, et Sitack Yombatinan Béni au secrétariat d’État à la Justice et aux Droits de l’Homme. Le président de transition du Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno, avait nommé M. Succès Masra, un ancien opposant, en tant que chef du gouvernement de transition lundi. Sahel Intelligence

Une année 2024 décisive pour la démocratie africaine
Au mois de février, ce sera au tour des Sénégalais de se rendre aux urnes pour une élection présidentielle qui a déjà provoqué des soulèvements réprimés dans la violence à la suite de l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko…En 2024, les Sud-Africains seront appelés aux urnes pour des élections générales. Il n’est pas certain du tout que l’ANC, au pouvoir depuis la fin de l’Apartheid, remporte la présidence. La corruption, les difficultés d’approvisionnement en énergie, la crise économique risquent de lui coûter la victoire…Et puis impossible de parler du Sahel sans évoquer les coups d’Etat militaires et la lutte contre le terrorisme. Au Mali, la date du retour à un gouvernement civil n’a toujours pas été fixée. L’élection présidentielle annoncée pour février 2024 avait incité la communauté des Etats de la CEDEAO à lever les sanctions mais le vote a été reporté. Tout comme au Burkina Faso. Le chef de la junte burkinabè, Ibrahim Traoré, avait d’abord promis d’organiser les élections en juillet 2024. Mais en octobre dernier, il a repoussé l’échéance en raison de l’insécurité qui règne dans le pays, sans fixer de nouvelle date. DW

Présidentielle au Sénégal : le candidat Karim Wade sort enfin de son silence
Karim Wade a parlé. Le fils et ancien ministre de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, qui ne s’exprimait plus, depuis huit ans, que par des déclarations transmises aux médias ou publiées sur les réseaux sociaux, est sorti de sa réserve pour le Nouvel An. « Mon exil touche à sa fin », a déclaré, dans une allocution filmée, le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) à la présidentielle de février. Condamné en 2015 à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d’amende (209 millions d’euros) pour enrichissement illicite avant d’être gracié, Karim Wade n’a plus foulé le sol sénégalais depuis son départ, « forcé » selon ses termes, pour le Qatar en juin 2016. Dans son discours de treize minutes aux airs d’adresse présidentielle, il n’a pas précisé la date de son retour. Mais à deux mois du scrutin, le PDS reprend espoir…Le parti a renouvelé ses instances, et les réunions s’enchaînent pour préparer la présidentielle et l’investiture de son candidat. Karim Wade s’était déjà présenté à la présidentielle de 2019 avant d’être débouté par le Conseil constitutionnel pour inéligibilité à cause de sa condamnation par la Cour de répression de l’enrichissement illicite. Mais il peut envisager plus sereinement le scrutin de 2024. Une réforme électorale, adoptée à la suite du dialogue national convoqué en juin par le président Macky Sall, lui permet de concourir. Le Monde

Comores: à moins de deux semaines du scrutin, la campagne en vitesse de croisière
Le 14 janvier, les Comoriens exerceront leur droit de vote pour choisir leur prochain président qui dirigera le pays au cours des cinq prochaines années. Six candidats, dont l’actuel président Azali Assoumani, sont en lice pour cette élection cruciale. Mais la campagne électorale, débutée le 17 décembre 2023, a du mal à décoller. Du côté de l’opposition, l’accent est mis sur le retour à l’ordre constitutionnel de 2001, qui prévoyait la présidence tournante tous les quatre ans entre les différentes îles. La restauration de l’état de droit est également un point essentiel soulevé. L’autre objectif commun à tous les candidats de l’opposition, la lutte contre le coût de la vie et le chômage, en particulier parmi les jeunes. Des propositions concrètes sont avancées, telles que la gratuité des soins d’urgence dans les hôpitaux publics, la réduction des taxes douanières et des mesures visant à résoudre la crise éducative, actuellement exacerbée par une grève illimitée depuis le 17 novembre 2023. Quant au président-candidat, outre la défense de son bilan, il annonce son intention de poursuivre les projets en cours, notamment dans les domaines des infrastructures routières, maritimes et hospitalières. D’autres priorités abordées incluent les énergies renouvelables et l’élargissement de l’assiette fiscale dans le secteur économique. Mais pour Azali Assoumani, la stabilité politique, l’unité nationale et la paix sont les maîtres mots. RFI

Le spectre de la famine de retour en Ethiopie : « La vie des habitants est indescriptible au Tigré »
Le bruit des armes a cessé au Tigré et c’est désormais la faim qui tue. Elle a emporté 816 personnes au mois de novembre et décembre 2023, selon les autorités de cette région du nord de l’Ethiopie. Ces dernières s’inquiètent que la catastrophe en cours prenne, à terme, les proportions de la grande famine de 1984, pendant laquelle environ un million d’Ethiopiens avaient été tués, sur les mêmes hauts plateaux du nord du pays…L’Afrique de l’Est dans son ensemble connaît sa pire sécheresse depuis quatre décennies, malgré le récent épisode d’inondations lié au phénomène climatique El Niño en novembre. Le Tigré, région rocailleuse habituée aux épisodes d’extrême aridité, a manqué la dernière saison des pluies…Mais le drame humanitaire qui se joue au Tigré n’est pas uniquement lié à la sécheresse et aux destructions laissées par la guerre. La région se trouve également privée d’aide alimentaire. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies et l’agence de développement américaine USAID ont suspendu leurs distributions de nourriture dans le pays entre juin et la mi-décembre après la découverte d’un vaste scandale de détournement orchestré par les autorités éthiopiennes. Avec 29 millions d’Ethiopiens – un quart de la population du pays – en besoin d’assistance humanitaire d’après les données de l’ONU, l’Ethiopie est le plus grand récipiendaire d’aide alimentaire américaine au monde. Le Monde