Revue de presse du 3 février 2023

Au Soudan du Sud, une « industrie de la paix » aux résultats encore fragiles
Les appels à l’unité se sont multipliés au Soudan du Sud à l’approche de la visite du pape François à Juba, du 3 au 5 février, en compagnie de l’archevêque de Canterbury pour l’Eglise anglicane et du modérateur de l’Eglise d’Ecosse. Augurent-ils d’un nouveau souffle pour le processus de paix et la réconciliation dans le plus jeune pays du monde ? « Le Saint-Père souhaite d’abord venir donner du courage au peuple en souffrance, explique le nonce apostolique (le représentant du Saint-Siège) du Soudan du Sud, Hubertus van Megen. Mais aussi pour encourager les dirigeants à se réconcilier et à se mettre au service de leur peuple. » Devenu indépendant en 2011 après des décennies de guerre, le Soudan du Sud avait replongé dans la guerre civile en 2013, un conflit découlant des rivalités entre le président Salva Kiir, un Dinka, et son vice-président Riek Machar, un Nuer. Dinka et Nuer sont les deux plus grandes ethnies du pays, qui n’en compte pas moins de soixante-quatre. Aujourd’hui réunis au sein d’un gouvernement d’unité nationale et de transition en vertu de l’accord de paix de 2018, les deux rivaux n’ont pas, depuis, réussi à endiguer les violences : des affrontements communautaires sur fond de luttes de pouvoir qui ont fait des milliers de victimes et déplacé des centaines de milliers de personnes. Le Monde

Soudan du Sud: 21 morts lors d’une attaque, à la veille de la visite du pape
Au moins 21 personnes ont été tuées lors d’une attaque armée jeudi au Soudan du Sud, à la veille de la visite du pape François dans ce pays déchiré par des années de conflit, ont annoncé les autorités locales. Le souverain pontife, accompagné de Justin Welby, l’archevêque de Canterbury, chef spirituel de l’Eglise anglicane, et de Iain Greenshields, personnalité la plus importante de l’Eglise d’Ecosse, est attendu vendredi dans le plus jeune Etat du monde pour un « pèlerinage de paix ». Les chefs religieux vont tenter de promouvoir la réconciliation et le pardon dans un pays majoritairement chrétien encore confronté à une violence armée chronique à la suite d’une sanglante guerre civile, qui a fait 380.000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018. Des éleveurs armés ont tué jeudi 21 civils lors d’une attaque dans le comté de Kajo-Keji, dans le sud du pays, ont indiqué jeudi dans un communiqué les responsables du comté, condamnant « de la manière la plus forte possible l’attaque (…) et le massacre de civils innocents dans un acte de vengeance barbare ». AFP

En RDC, imbroglio autour de l’expulsion des officiers rwandais de la force régionale
La Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) exige de la RDC « des clarifications urgentes » après que Kinshasa a annoncé le départ « pour raisons sécuritaires » des officiers rwandais présents dans le commandement de la force régionale. … Ces bisbilles autour de la présence de certains officiers des RDF au sein du commandement de l’EACRF s’inscrivent plus largement dans un contexte de méfiance croissante entre l’armée congolaise et la force régionale. Le processus de retrait du M23 des zones conquises depuis mars 2022 a, une nouvelle fois, dépassé la date butoir qui avait été fixée au 15 janvier par les chefs d’état-major de la région. Les rebelles ont officiellement quitté certaines territoires de Kibumba et de Rumangabo, mais l’armée congolaise dénonce un leurre. Tenu à l’écart des zones libérées par les rebelles et passées sous le contrôle de l’EACRF, le commandement des FARDC, qui espérait un mandat plus offensif pour cette force, peine à masquer sa frustration. Les rebelles ont par ailleurs pris, le 26 janvier, le contrôle de Kitshanga, dans le territoire de Masisi. Le 2 février, les combats se poursuivaient dans les environs de cette localité stratégique sur la route de Goma. Jeune Afrique

Assassinat du journaliste Martinez Zogo : « Plusieurs arrestations » au Cameroun
Plusieurs personnes ont été arrêtées au Cameroun, « fortement suspectées » d’être impliquées dans le meurtre d’un journaliste enlevé puis « assassiné » après avoir été manifestement torturé mi-janvier, a annoncé jeudi 2 février la présidence. Martinez Zogo était le directeur général de la radio privée Amplitude FM et animateur vedette d’une émission quotidienne, « Embouteillage », dans laquelle il dénonçait régulièrement l’affairisme et la corruption dans ce pays d’Afrique centrale dirigé d’une main de fer depuis plus de quarante ans par un même homme, le président Paul Biya, et son tout-puissant parti. … Dans une tribune publiée jeudi par le journal français Le Monde, une vingtaine de personnalités camerounaises, notamment l’écrivaine Calixthe Beyala, ou l’intellectuel Achille Mbembe, font part de leur « vive préoccupation face à la tournure violente du débat public ». Elles déplorent notamment que, depuis la découverte du corps du journaliste, « aucune information officielle n’a été donnée par les autorités sur le déroulement de l’enquête », dénonçant une « longue tradition de banalisation de l’impunité et d’acceptation de l’atrocité visant à faire peur et à détourner les citoyens de leur devoir de veille sur la qualité de la gestion des affaires publiques ». Le Monde avec AFP

Les pressions sur la presse s’accentuent dans la région Somalie d’Éthiopie
Le jeune journaliste de Kalsan TV Muhiyadin Mohammed Ali est ressorti libre d’une prison de Jijiga, jeudi après-midi, après trois jours de détention. Sa caution a été déposée par Abdulrazak Hassan, le président de l’Association régionale des journalistes en personne, qui l’a ensuite raccompagné chez lui en saluant auprès de RFI « une très bonne nouvelle ». Officiellement, le jeune homme était accusé d’avoir « propagé des fausses nouvelles » sur les réseaux sociaux. En réalité, selon Abdulrazak Hassan, il était seulement coupable d’« avoir dénoncé la corruption et les problèmes liés à la sécheresse, et critiqué le parti au pouvoir » dans cet État immense à l’est de l’Éthiopie. Sa détention a détérioré un peu plus un climat déjà pesant. Samedi 28 janvier, les autorités régionales, répondant selon elles à un ordre de l’Autorité éthiopienne des médias, ont en effet suspendu la diffusion de 15 médias internationaux, dont la BBC en Somali, Universal TV, Horyaal TV, Kalsan TV et d’autres médias privés en langue somalie, sous prétexte qu’ils opéraient « sans licence », selon un courrier officiel. RFI

Togo: accusés de diffamation, deux journaux suspendus de parution pour trois mois
La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication a suspendu deux journaux pour trois mois de parution. La décision a pris effet dès le jeudi 2 février. Tous les directeurs de publications, le patronat de la presse togolaise, désapprouvent la décision. Liberté a été poursuivi en justice suite à une plainte de la Première ministre pour diffamation. La justice a condamné le journal à trois mois de suspension et à 15 millions de francs CFA d’amende. Or, cette suspension serait illégale, selon le code de la presse. Mais la cour d’appel a entériné la décision et le patron de presse s’est pourvu en cassation pour dénoncer la suspension. Tampa Express, un bimensuel, a été suspendu lui aussi suite à une plainte en diffamation du PDG du groupe Bolloré à Lomé. … Les patrons de presse togolais sont sidérés. Ils estiment que ces sanctions excessives de la Haac visent à museler l’ensemble de la profession. RFI

En Mauritanie, l’ancien président Aziz va devoir expliquer l’origine de son « immense » fortune
Un procès d’une ampleur sans précédent se déroule à Nouakchott depuis mercredi 25 janvier. Après deux années de procédures menées par le pôle anticorruption, douze personnalités liées aux sphères économiques et politiques comparaissent au palais de justice de la capitale mauritanienne. Parmi elles figure Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de l’Etat de 2008 à 2019. A ses côtés, Yahya Ould Hademine et Mohamed Salem Ould El-Béchir, anciens premiers ministres. Les autres accusés ont occupé des fonctions politiques mais également économiques de premier rang dans les années 2010. Derrière une grille fermée de la salle d’audience se trouvent des ministres et de hauts responsables d’entreprises publiques, comme l’ancien directeur de la Société nationale industrielle et minière (SNIM) ou celui de la Somelec, la compagnie nationale d’électricité. Ils doivent répondre de délits financiers : « enrichissement illicite », « abus de fonctions », « recel de produit du crime », « trafic d’influence », « blanchiment »… Le Monde

Israël et le Soudan sur la voie de la normalisation de leurs relations
L’accord devrait être signé quand l’armée soudanaise aura restitué le pouvoir à un gouvernement civil, a précisé le chef de la diplomatie israélienne, Eli Cohen. Après la chute, en 2019, du dictateur Omar Al-Bachir, civils et militaires se sont partagé le pouvoir au Soudan jusqu’au 25 octobre 2021, date à laquelle le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat. La transition démocratique est, depuis ce jour, interrompue, le dialogue politique est dans l’impasse, et la répression exercée par les forces de l’ordre a tué plus de 120 militants opposés au putsch. M. Cohen a rencontré dans la capitale soudanaise le général, chef de facto du pays depuis le putsch, et le ministre nommé par ce dernier à la tête de la diplomatie, Ali Al-Sidiq. En janvier 2021, le Soudan avait exprimé son adhésion aux accords d’Abraham, conclus en 2020 sous l’égide du président américain Donald Trump, par lesquels trois autres Etats arabes ont reconnu Israël, alors que civils et militaires se partageaient encore le pouvoir au Soudan. Le pays avait ainsi rompu avec la position inflexible d’Omar Al-Bachir, grand ennemi de l’Etat hébreu et longtemps proche du mouvement palestinien Hamas. Le Monde avec AFP

Mali: la médiation internationale à Kidal pour sauver l’accord de paix
Les groupes armés n’y sont pas allés par quatre chemins. « C’est l’accord qui fait de nous des Maliens », a déclaré Alhabass Ag Intallah, à la tête des ex-rebelles indépendantistes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et président en exercice du Cadre stratégique permanent (CSP), qui rassemble les groupes signataires toutes tendances confondues. « Sans cet accord, a-t-il poursuivi, nous sommes azawadiens ». Terme qui désigne les seules régions du nord du Mali. Des paroles en forme de mise en garde, prononcées devant une délégation de la médiation internationale, du comité de suivi de l’accord de paix, ainsi que du Conseil de sécurité des Nations unies. Des représentants de l’Union africaine, de la Cédéao ou encore de la Minusma étaient également du voyage. Les groupes armés estiment que les autorités maliennes de transition issues du coup d’État d’août 2020 – « ces soldats qui ont pris le pouvoir à Bamako et dont nous ne recevons pas d’ordres », a également déclaré Alghabass Ag Intallah – ne sont pas engagées dans la mise en œuvre de l’accord. Depuis le mois de décembre, les mouvements signataires ont suspendu leur participation aux mécanismes de l’accord et demandent une réunion d’urgence « en terrain neutre ». Réunion dont le principe a été accepté par la médiation, mais rejeté par le gouvernement malien de transition. Les groupes signataires ont donc réitéré cette demande et souhaité que la médiation fasse preuve de plus de fermeté. RFI

Pénurie de billets au Nigeria : la Banque centrale cherche à calmer la colère avant la présidentielle
La Banque centrale du Nigeria (CBN) a annoncé jeudi 2 février la distribution des nouveaux billets aux guichets des banques pour réduire des files d’attente massives devant les distributeurs automatiques, une décision visant à apaiser la grogne sociale grandissante. A trois semaines des élections présidentielle et législatives dans le pays le plus peuplé d’Afrique, la frustration est grande chez les Nigérians qui peinent à se procurer de l’argent liquide après l’introduction fin 2022 de nouveaux billets. Ils sont en effet déjà confrontés à des pénuries d’essence et des délestages fréquents. Le Monde avec AFP

Inondations au Nigeria : chansons et témoignages d’un monde qui se noie
Les communautés touchées par les pires inondations enregistrées au Nigeria sont au centre d’une exposition du photographe Gideon Mendel. Il a pris des portraits de personnes debout au milieu de leurs maisons noyées dans l’État méridional de Bayelsa. Fin novembre de l’année dernière, je me suis rendu au Nigeria, plus d’un mois après l’arrivée des eaux de crue, et j’ai constaté que de nombreuses maisons étaient encore inondées. L’eau se retirant lentement, mes sujets ont pu m’emmener chez eux, souvent en canoë. « C’est la troisième fois que je subis une inondation, mais celle-ci est de loin la pire », a déclaré Gift Ikuru (photo ci-dessus) de la municipalité d’Ogbia. « Tous mes biens sont détruits. Il n’y a pas d’abri pour nous, alors nous dormons sur le bord de la route ». BBC

L’heure du bilan pour Kilamba Kiaxi, la cité géante laboratoire du futur en Angola
Réalisation phare de l’ère dos Santos, la ville nouvelle, située en périphérie de Luanda, n’a pas tenu toutes ses promesses. Pourtant, les projets de ce type se multiplient, encouragés par le président João Lourenço. Toutes les villes africaines cherchent des solutions pour organiser leur essor. Luanda, capitale qui concentre près d’un tiers des 33 millions d’habitants de l’Angola, n’échappe pas à la règle. Ces dernières années, les créations de « nouvelles centralités » (novas centralidades, en portugais) se sont multipliées en périphérie de la métropole luandaise et dans les autres provinces du pays, géant pétrolier lusophone. Le mouvement, initié par l’ancien président José Eduardo dos Santos, au pouvoir entre 1979 et 2017, se poursuit avec son successeur, João Lourenço, reconduit pour cinq ans à l’issue des élections générales organisées en août 2022. Et pour cause, en Angola comme ailleurs sur le continent, l’essor démographique et l’urbanisation galopante engendrent un besoin croissant de logements, auquel les pouvoirs publics angolais entendent répondre en bâtissant des villes nouvelles. Jeune Afrique

Au Niger, le terrorisme menace l’avenir de l’éducation
Dans le sud du pays en proie à l’insécurité, de nombreuses écoles de villages ont dû fermer et transférer leurs élèves dans des villes plus grandes et plus sûres. Mais beaucoup de jeunes abandonnent l’école. DW