RDC : Affrontements M23-Wazalendo à Masisi : les habitants terrés dans leurs maisons
La situation reste tendue et volatile ce jeudi 3 avril au chef-lieu du territoire de Masisi (Nord-Kivu), après de violents affrontements tôt ce matin entre les rebelles du M23 et les combattants Wazalendo dans les villages environnants. Les détonations d’armes lourdes et légères ont semé la panique parmi la population civile, selon des sources concordantes. Les combats ont éclaté tôt le matin, vers 5 heures locales, autour du village de Kanii, près du centre de Masisi. Certaines sources indiquent que les combattants Wazalendo ont lancé une offensive contre les rebelles du M23 pour tenter de les déloger du chef-lieu du territoire de Masisi, qu’ils occupent depuis plusieurs mois. D’autres sources parlent d’une contre-offensive des rebelles du M23 contre les Wazalendo venus de l’axe Nyabiondo, menaçant leurs positions à Masisi-centre depuis lundi. Surpris par ces attaques matinales, les habitants de Masisi, notamment ceux des quartiers Imara et Bireré autour de l’hôpital de référence, sont restés terrés dans leurs maisons. Aucun bilan des combats n’est disponible pour l’instant. Selon des sources locales, l’intensité des combats a diminué depuis 9 heures. Cependant, la situation demeure toujours volatile. Radio Okapi
Soudan : les paramilitaires mènent des attaques contre des civils, au moins 85 morts
Au moins 85 personnes ont été tuées en une semaine dans des attaques au sud de Khartoum, imputées aux paramilitaires, ont rapporté mercredi 2 avril un comité de résistance soudanais prodémocratie et le collectif d’avocats Emergency Lawyers. Jeudi 27 mars, l’armée soudanaise, en guerre depuis deux ans contre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), avait affirmé avoir repris le contrôle de la capitale, Khartoum, qui était aux mains des FSR. « Pour le septième jour de suite, la milice janjawids [dont les FSR sont issues] mène des attaques violentes sur les villages d’Al-Jumuiya à l’ouest de djebel Awliya, ce qui a entraîné la mort de plus de 85 martyrs et des dizaines de blessés », déclarent les militants dans un communiqué. Situé au sud de la capitale, le secteur d’Al-Jumuiya abrite plusieurs villages sur la rive ouest du Nil Blanc…Emergency Lawyers, un groupe d’avocats soudanais, qui documente les violations des droits humains depuis le début du conflit, a affirmé mercredi que « les FSR [avaient] attaqué plus de 15 villages dans la communauté au sud d’Omdourman », faisant état de « 89 morts et des centaines de blessés ». Le Monde avec AFP
Le président ougandais visite le Soudan du Sud sous haute tension
Le président ougandais Yoweri Museveni est arrivé jeudi à Juba, capitale du Soudan du Sud, sous haute tension depuis l’arrestation la semaine dernière du vice-président par des forces loyales au président qui fait craindre une nouvelle guerre civile. M. Museveni, dont l’armée a déployé le mois dernier des troupes en soutien au président Salva Kiir, s’est rendu dans le plus jeune pays du monde à l’invitation de ce dernier, a-t-il indiqué sur X, pour des « discussions visant à renforcer les relations bilatérales et à approfondir la coopération entre nos deux nations » voisines. Le président ougandais, un ex-guérillero qui a accédé au pouvoir en 1986, est le premier chef d’Etat à se rendre au Soudan du Sud depuis l’arrestation du vice-président Riek Machar par des forces loyales au président, un évènement qu’il n’a pas mentionné sur X. Cette arrestation menace selon des analystes le pays d’un nouveau conflit, près de sept ans après la fin d’une guerre civile dévastatrice entre les partisans de MM. Machar et Kiir qui avait fait quelque 400.000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018. Avant l’arrestation de M. Machar, le pays riche en pétrole mais extrêmement pauvre par ailleurs avait connu des affrontements, notamment dans le Haut-Nil (Nord-Est), entre notamment les forces fédérales loyales au président Kiir et une « Armée blanche », milice accusée par le pouvoir de collaborer avec Riek Machar…L’Ouganda a régulièrement été accusé d’ingérences dans le plus jeune pays du monde. Avant d’envoyer des troupes au Soudan su Sud le mois dernier, l’Ouganda y avait déployé des troupes en 2013 pour soutenir le gouvernement du président Kiir, avant de s’en retirer officiellement à la fin 2015. AFP
Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’AES entament une visite en Russie
Les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger et du Burkina Faso entament ce mercredi une visite à Moscou sur invitation de leur homologue russe Sergueï Lavrov. Cette rencontre dénommée « première session des consultations alliance des États du Sahel (AES) – Russie » ambitionne de renforcer les relations entre Moscou et ces trois pays dirigés par des putschistes. Partenaires privilégiés de la Russie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso vont rappeler à Moscou que la sécurité au Sahel demeure leur principale priorité. D’après nos informations, dans les trois délégations sur place figurent des responsables des questions de défense et de sécurité. L’hôte de la rencontre devrait à son tour rassurer les trois juntes membres de l’alliance des États du Sahel (AES). Que ce soit sous étiquette du groupe paramilitaire Wagner, sous une nouvelle dénomination, ou encore par le canal de la coopération officielle, la Russie entend renforcer ses liens avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso…Pendant la visite de 48 heures en Russie, les problèmes économiques seront également sur la table des discussions. L’un des projets phares de l’alliance des États du Sahel (AES) est la création récente d’une banque régionale d’investissements. Les débuts de l’institution financières sont plutôt poussifs. Le partenariat avec Moscou sera demandé. Dans un autre domaine, la diplomatie, les deux parties pourraient définir un cadre afin de parler sur le plan international d’une même voix sur plusieurs sujets. RFI
Burkina: trois journalistes arrêtés réapparaissent réquisitionnés au front
Les enrôlements forcés dans les forces de sécurité déployées au front, grâce à un décret de mobilisation publié en 2023, ciblent régulièrement des détracteurs du pouvoir, qui assume cette politique au nom du combat contre les « ennemis de la nation ». Le 24 mars, le président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) Guézouma Sanogo et son vice-président Boukari Ouoba avaient été arrêtés à Ouagadougou et emmenés vers une destination inconnue. Quelques jours plus tôt, ils avaient dénoncé publiquement la multiplication des « atteintes à la liberté d’expression et de presse », qui ont selon eux « atteint un niveau jamais égalé » dans ce pays gouverné depuis septembre 2022 par une junte autoritaire. Un troisième journaliste, Luc Pagbelguem, avait été emmené le 26 mars pour avoir fait un reportage sur ces propos. Il avait par ailleurs été suspendu deux semaines par le Conseil supérieur de la communication, le gendarme des médias burkinabè. Les trois hommes ont réapparu dans une vidéo, largement partagée depuis mercredi soir notamment par des comptes soutenant la junte sur les réseaux sociaux. Les trois hommes ont réapparu dans une vidéo, largement partagée depuis mercredi soir notamment par des comptes soutenant la junte sur les réseaux sociaux…La junte burkinabè, appuyée par un réseau de cyberactivistes très présents sur les réseaux, réprime régulièrement les voix dissidentes au nom de la guerre qu’elle mène contre les jihadistes, dont les attaques ensanglantent régulièrement le pays depuis 2015. France 24
Mali: les dessous de la levée du blocus jihadiste de Boni
Au Mali, les jihadistes ont levé le blocus imposé depuis près de deux ans à la ville de Boni, région de Douentza, dans le centre du Mali. Le Jnim (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, a mis fin à l’embargo qui frappait la ville mais aussi l’axe routier qui la reliait à Douentza et à Gao. Un accord local a été conclu en ce sens samedi 29 mars dernier au terme de négociations menées par des notabilités locales avec la médiation de l’Api-Idec (Association pour la paix inter et intracommunautaire, le développement et la cohésion sociale) et l’implication de l’État malien…Depuis samedi, la levée du blocus est effective et c’est un immense soulagement. La ville de Boni peut à nouveau être approvisionnée et les véhicules peuvent emprunter sans risque la RN16 qui relie Douentza, Boni, puis Gao. Plus d’un an de discussions auront été nécessaires. Aly Kanouté, secrétaire général de l’association locale Api-Idec, qui a conduit la médiation, se dit fier de la levée du blocus, qui permet désormais aux populations de circuler librement. Cet accord doit en effet les préserver des violences de la Katiba Serma du Jnim, lié à al Qaïda – assassinats, enlèvements -, mais aussi des exactions de l’armée et de ses supplétifs de Wagner – vols, arrestations arbitraires et exécutions sommaires… Selon plusieurs sources proches des négociations, y compris sécuritaires maliennes, la Sécurité d’État et l’armée ont été associées au processus avec l’aval des plus hautes autorités de l’État. Les autorités maliennes de transition ont notamment accepté de réduire la présence militaire dans la zone…Plusieurs centaines de villages au Mali ont actuellement des accords locaux en vigueur avec les groupes jihadistes, dans le centre et dans le nord du pays. Mais une telle implication de l’État, quoique tenue discrète – aucun communiqué officiel sur le sujet -, n’est pas habituelle. RFI
Mozambique: le Parlement adopte la loi «pour pacifier le pays»
Proposé par le gouvernement, ce texte est le fruit d’un accord trouvé le 5 mars lors d’une rencontre entre le président Daniel Chapo et les dirigeants des trois partis d’opposition du pays. Cette loi propose des réformes structurelles pour éviter l’instabilité politique alors que le pays se remet tout juste de 4 mois de crise post-électorale qui a fait 360 victimes. C’est à l’unanimité et avec acclamation que la loi pour la pacification du pays a été adoptée mercredi 2 avril. Pour Feliz Silvia, président du groupe parlementaire du Frelimo, le parti présidentiel, ce texte représente une « occasion sublime […] de participer au renouvellement du Mozambique. » Pour le parti Podemos, ancien soutien du candidat malheureux à la présidence Venancio Mondlane, ce texte représente un geste de réconciliation et un nouveau pacte démocratique. Bien que la Renamo, opposante historique du Frelimo, ait voté le texte, elle reste sur ses gardes. « Une fois transformé en loi, ce texte ne doit pas donner au gouvernement une nouvelle occasion de décevoir le peuple » prévient le député Jeronimo Malagueta. La loi pour la pacification propose une transformation profonde de l’État mozambicain, comprenant notamment une réforme de la Constitution, du système politique, des pouvoirs du président mais aussi la dépolitisation des institutions et plus de décentralisation. Venancio Mondlane, qui revendique toujours sa victoire à la présidentielle, ne s’est pas encore exprimé sur le sujet. Il avait été exclu des discussions du 5 mars mais a depuis rencontré le président Daniel Chapo. RFI
Sénégal : les députés révisent la loi d’amnistie adoptée sous Macky Sall
L’Assemblée nationale du Sénégal a adopté, mercredi 2 avril, une loi qui révise la loi d’amnistie adoptée en mars 2024, dans les dernières semaines de la présidence de Macky Sall (2012-2024), afin d’apaiser les années de tensions qui ont culminé à l’approche de l’élection présidentielle de mars 2024. Des dizaines de personnes avaient été tuées et des centaines d’opposants arrêtés, dont les actuels président et Premier ministre, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Bassirou Diomaye Faye, vainqueur de ce scrutin, avait promis d’abroger cette loi « pour que toute la lumière soit faite et les responsabilités établies ». Mais c’est finalement « une proposition de loi interprétative », révisant ce texte et précisant son champ d’application, qui a été soumise par un député de Pastef, le parti au pouvoir, à l’Assemblée nationale où cette formation dispose d’une majorité abolue…Si on ne vote pas cette loi, on aurait la censure des tribunaux internationaux », a expliqué l’auteur de la proposition de loi, Amadou Ba, devant ses collègues. Le texte a été approuvée par 126 députés parmi 146 votants, sur les 165 que compte l’Assemblée nationale. 20 ont voté contre le texte, après près de 11 heures de débats, dans une ambiance surchauffée…L’opposition accuse le parti au pouvoir de vouloir protéger ses militants qui avaient manifesté, parfois de manière violente, contre le pouvoir de Macky Sall avant l’alternance de 2024…Mardi, 20 organisations de la société civile sénégalaise, parmi les plus représentatives du pays, avaient demandé un report de l’examen de la révision de la loi d’amnistie, et une concertation sur le sujet pour faire toute la lumière sur les violences, faire rendre des comptes à leurs auteurs et indemniser les victimes. Jeune Afrique avec AFP
La Libye suspend dix ONG internationales accusées d’activités « hostiles »
La Libye a annoncé mercredi 2 avril la fermeture des sièges de dix organisations humanitaires internationales et la suspension de leurs activités, les accusant de menées « hostiles » et de vouloir « installer des migrants » d’Afrique subsaharienne sur son territoire. Peu avant avait filtré une lettre d’ambassadeurs principalement européens et d’un représentant de l’Organisation des Nations unies (ONU), obtenue par l’Agence France-Presse (AFP), dénonçant « une campagne de répression contre les ONG internationales et les travailleurs humanitaires ». Le document faisait état d’interrogatoires d’employés locaux d’au moins six organisations non gouvernementale (ONG), certains privés de passeports, d’autres forcés à démissionner…Parmi les ONG concernées, il a cité le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Médecins sans frontières, l’organisation française Terre des hommes et l’italienne Cesvi. Les autorités ont également sanctionné International Medical Corps (IMC), International Rescue Committee (IRC), ainsi que le Conseil pour les réfugiés danois (DRC), a détaillé à l’AFP une source proche du dossier…Selon la source proche du dossier, le personnel expatrié des ONG fermées a été prié de quitter le territoire ou de ne plus y revenir s’il se trouvait hors du pays pour les congés de fin de ramadan…Plusieurs rapports de l’ONU ou d’organisations internationales ont dénoncé ces derniers mois les arrestations arbitraires de journalistes, d’avocats, de magistrats et d’opposants et des exactions contre des migrants, avec la découverte de fosses communes. Le Monde avec AFP
Nigeria : le président Tinubu renvoie les dirigeants de la compagnie pétrolière nationale
Le président du Nigeria, Bola Tinubu, a limogé l’ensemble des dirigeants de la compagnie pétrolière nationale, la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), a annoncé l’un de ses porte-parole mercredi. Cette décision intervient alors que le pays, premier producteur de pétrole du continent africain, fait face à une baisse de sa production de brut depuis plusieurs années. Mele Kyari, directeur général de la NNPC, ainsi que le président de la société, Pius Akinyelure, un proche allié de Bola Tinubu, ont été remerciés. M. Kyari a été immédiatement remplacé par Bayo Ojulari, ancien directeur général de la filiale nigériane du géant pétrolier et gazier britannique Shell…La NNPC fait l’objet depuis longtemps d’allégations de corruption, d’ingérence politique et de mauvaise gestion. La production de pétrole nigériane a baissé ces dernières années, tombant en 2023 à moins d’un million de barils par jour, loin des 2 millions souhaités par le gouvernement d’ici à 2027…Une source au sein de la présidence a indiqué à l’AFP, sous requête d’anonymat, que M. Tinubu était préoccupé par la « crise de confiance » entre la compagnie nationale et les acteurs privés du secteur pétrolier…M. Ojulari, tout nouveau directeur général de la NNPC, a récemment dirigé le consortium Renaissance, composé de Petrolin, de l’homme d’affaires béninois-gabonais Samuel Dossou-Aworet, ainsi que de quatre compagnies pétrolières nigérianes, pour acquérir les actifs onshore de Shell au Nigeria. Même s’ils ne sont pas originaires de la même région du Nigeria, MM. Tinubu et Ojulari sont tous deux des musulmans de l’ethnie yoruba. Le Monde avec AFP