Le Sahel est « la plus grande zone de non-information de l’Afrique » selon RSF
Couvrir librement les multiples crises du Sahel est de plus en plus difficile pour les journalistes, plus encore depuis que des militaires ont pris le pouvoir dans certains pays, indique Reporters sans frontières dans un rapport publié lundi. La bande sahélienne qui traverse le continent d’ouest en est menace de devenir « la plus grande zone de non-information de l’Afrique », dit RSF dans ce rapport sombre. L’expulsion des correspondantes des quotidiens français Le Monde et Libération par la junte au pouvoir au Burkina Faso samedi est venue obscurcir encore le tableau. Le rapport de RSF a été rédigé avant leur expulsion. … « Cinq journalistes ont été assassinés, et six autres ont été portés disparus entre 2013 et 2023 », dit le rapport. Il fait état de près de 120 journalistes arrêtés ou détenus pendant cette période, dont 72 rien qu’au Tchad. Il rend compte des attaques par les jihadistes et de la disparition des radios communautaires, très écoutées, parce qu’elles n’adhéraient pas à leur cause. De vastes étendues sont devenues inaccessibles aux journalistes parce que trop dangereuses. Les sources sont « terrifiées » par la possibilité de représailles des groupes armés, mais aussi des autorités. Au Mali, au Burkina et au Tchad, à peine arrivés à la tête de leur pays, les militaires ont cherché « à contrôler les médias au travers de mesures d’interdiction ou de restriction, voire d’attaques ou d’arrestations arbitraires ». AFP
Burkina: des journalistes menacés de morts
Les menaces de mort sont une première. Mais dans la société burkinabè, les reproches et critiques contre la presse se multiplient depuis plusieurs semaines. Les craintes sont nombreuses et des journalistes ont déjà alerté sur les dérives constatées dans le pays, alors que les autorités entendent des médias qu’ils fassent de la communication pour soutenir l’effort de guerre. Discours incompréhensible pour le directeur de la radio Omega. « La communication n’est pas le travail d’un journaliste. Un journaliste informe. » L’information sert même la lutte contre le terrorisme assure Rainatou Tamboura journaliste à la radio Ouaga FM, en colère. Il assure que « c’est déplorable qu’aujourd’hui des journalistes soient menacés de mort. La presse Burkinabé participe beaucoup à la lutte contre le terrorisme avec ses productions. Les journalistes choisissent toujours des thèmes d’intérêt nationaux et y’a des apports. Cette approche des autorités de la transition en voulant sanctionner tout média qui ne va pas dans le sens voulu par les autorités favorise desmessages de haine ». DW
Mali: les groupes armés du nord s’opposent au projet de Constitution
Les groupes armés du nord du Mali ont exprimé leur opposition au projet de nouvelle Constitution de la junte et mis en garde contre la fragilité de l’accord de paix signé en 2015 avec Bamako sous l’égide d’Alger. Dans un communiqué diffusé cette semaine sur les réseaux sociaux, les groupes signataires de cet accord d’Alger ont affirmé « ne pas se reconnaitre » dans le projet validé par le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et ont déploré l’absence de dispositions permettant le respect des engagements qui avaient alors été pris par le pouvoir malien. Le projet de nouvelle Constitution constitue un élément clé du vaste chantier invoqué par la junte pour se maintenir jusqu’en 2024 à la tête de ce pays plongé dans une crise profonde. Un référendum devait se tenir le 19 mars mais a été reporté à une date non précisée. AFP
Au Sahel, la criminalité organisée porte atteinte aux populations
Ces trafics ont fait l’objet d’une nouvelle analyse à Dakar, au Sénégal, par l’Office régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et ses partenaires étatiques. Les rapports des analyses des menaces en matière de criminalité au Sahel (Transnational Organized Crime Threat Assessment, TOCTA) font état de trafics de médicaments, d’armes à feu, de migrants et de carburant. Leurs points communs sont la contrebande et la corruption qui dynamisent la chaine contrôlée par des réseaux de criminalité transnationale organisée ainsi que des groupes armés non étatiques, d’auto-défense et d’extrémistes violents. Selon le Représentant pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’ONUDC, les Etats luttent effectivement contre les trafics. « Les saisies se chiffrent à au moins 605 tonnes de produits médicaux lors d’opérations internationales en Afrique de l’Ouest entre 2017 et 2021. Elles sont en augmentation de 105% en ce qui concerne les fusils d’assaut entre 2017 et 2021 au Burkina Faso », selon Amado Philip De Andrès. Pour lui, « s’il y a saisies c’est que les Etats luttent ». Cependant, pour mener à bien leurs activités, les groupes criminels continuent d’exploiter les vulnérabilités des pays ainsi que les besoins des populations auxquels les Etats ont du mal à répondre. ONU Info
Le groupe terroriste Boko Haram change de méthode dans la région du lac Tchad
Au Tchad, l’administration, les ONG et les journalistes opérant dans la région du Lac, dans le sud-ouest du pays, sont formels : le groupe jihadiste Boko Haram a changé de modus operandi depuis environ six mois. Plus aucune attaque de grande envergure depuis des mois dans la région, les jihadistes de Boko Haram opèrent désormais de nuit et par petits groupes de six à huit combattants, en évitant l’armée tchadienne. « Boko Haram a changé ses méthodes d’action. Il a commencé à enlever les personnels de l’État ou des ONG pour les échanger contre des rançons », explique le préfet du département de Fouli, Adoum Mahamat Mbomi. Mais ce ne sont pas les seules cibles des jihadistes de Boko Haram, poursuit le préfet de Fouli. « Des jeunes garçons et des jeunes filles aussi. Parfois, ils s’échappent de Boko Haram. D’autres sont échangés contre rançons, et il y en a qui sont gardés comme combattants. » Et certaines parmi ces filles sont forcées d’épouser les jihadistes. Conséquence : cette insécurité, conjuguée aux inondations qui ont frappé récemment toute cette région, a causé un déplacement massif de la population des îles du lac Tchad pour la terre ferme. « Des ONG sont en train d’intervenir, mais il y a trop de monde », environ 45 000 personnes, regrette encore Adoum Mahamat Mbomi. RFI
En RDC, 1.300 tués en cinq mois dans l’est du pays
Selon des chiffres avancés par l’Onu, les violences dans l’est de la RDC ont fait 1.300 morts en cinq mois, la plupart victimes des attaques de groupes armés comme le M23, les ADF ou la Codéco. Pour Omar Kavota, responsable du Cepadho, une organisation de défense des droits de l’Homme, la situation serait même plus grave que ce que décrit l’Onu. Il estime que « les chiffres avancés par le Haut-Commissaire de l’Onu aux droits de l’homme sont relatifs parce qu’en vérité c’est beaucoup plus que ce qui a été avancé. » Plusieurs initiatives ont été mises en place, notamment l’envoi des troupes de la Communauté des pays d’Afrique de l’Est, dont la RDC fait partie depuis mai dernier, pour résoudre le problème sur place. Les troupes ougandaises sont venues se joindre ce vendredi (31.03) aux autres pays qui ont déjà des soldats dans la région, comme le Kenya et le Burundi. DW
L’ONU accuse des responsables sud-soudanais de violations des droits humains
Plusieurs hauts responsables sud-soudanais, dont un gouverneur, sont impliqués dans de graves atrocités commises contre des civils et devraient être poursuivis, a assuré lundi un groupe d’experts indépendants de l’ONU. Après avoir obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud, plus jeune État de la planète, a sombré dans une guerre civile entre les ennemis jurés Riek Machar et Salva Kiir, qui a fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018. Un accord de paix signé en 2018 prévoit le principe d’un partage du pouvoir au sein d’un gouvernement d’union nationale, avec M. Kiir au poste de président et M. Machar à celui de vice-président. Le gouverneur de l’État septentrional de l’Unité, Joseph Monytuil, ainsi que le lieutenant général des Forces de défense du peuple sud-soudanais, Thoi Chany Reat, ont été identifiés dans un nouveau rapport d’un groupe d’experts indépendants des Nations unies au Soudan du Sud qui détaille la responsabilité de l’Etat dans les meurtres, les viols et l’esclavage sexuel à grande échelle. AFP
Kenya: Raila Odinga accepte la proposition de dialogue avec le gouvernement
Le chef de l’opposition renonce aux manifestations anti-gouvernementales prévues lundi et accepte le dialogue avec le président William Ruto. Depuis deux semaines, il appelait à des marches deux fois par semaine. Manifestations qui avaient été émaillées de violences, notamment dans la capitale Nairobi. « Nous sommes prêts à parler, nous pouvons commencer dès demain », affirme ce dimanche soir Raila Odinga. En début de journée, l’opposant avait encore galvanisé ses troupes, en vue de la manifestation qui était prévue ce lundi. Finalement, ce soir, changement de cap, le temps de laisser une chance au « dialogue ». Un peu plus tôt, William Ruto l’avait exhorté à annuler ses manifestations et lui faisant en échange une proposition : mettre sur pied une commission parlementaire bipartite, autrement dit composée de représentants du pouvoir et de l’opposition et chargée de se pencher sur certains points litigieux comme la composition de la commission électorale. C’est en effet l’une des pommes de discorde entre les deux camps, mais ce n’est pas la seule. RFI
Madagascar: à sept mois de la présidentielle, le gouvernement restreint le droit de manifester
La tension monte autour des nouvelles « règles du jeu » en matière de manifestation à Madagascar. Ce vendredi 31 mars au soir, à la télévision nationale malgache, le ministre de l’intérieur a annoncé que toutes les manifestations à caractère politique dans un lieu public sont désormais interdites et devront se tenir uniquement dans un endroit clos afin « de préserver l’ordre public ». « Cette mesure s’applique à tous les partis politiques et à tous les parlementaires », a précisé le ministre, sauf aux membres de l’exécutif, « qui ont besoin de rencontrer et d’écouter la population ». Une décision qui n’a pas tardé à faire réagir politiciens et société civile, qui voient en cette nouvelle interdiction, une violation des libertés publiques et un durcissement de l’offensive répressive du gouvernement, à sept mois de l’élection présidentielle. RFI
En Algérie, le patron de presse Ihsane el-Kadi condamné à trois ans de prison ferme
Le patron de presse Ihsane el-Kadi, poursuivi en Algérie pour « financement étranger de son entreprise », a été condamné dimanche 2 avril à cinq années de prison dont trois ferme, a annoncé le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger, qui a rendu son verdict en présence de l’accusé. Le parquet avait requis cinq ans de prison ferme, assortis d’une interdiction d’exercer pour la même durée à l’encontre d’Ihsane el-Kadi, dirigeant d’un des derniers groupes de presse indépendants d’Algérie, qui comprend Radio M et le site d’information Maghreb Emergent. Le tribunal a également prononcé la dissolution de la société Interface Médias, éditrice des deux médias dirigés par Ihsane el-Kadi, la confiscation de tous ses biens saisis, et 10 millions de dinars d’amende (plus de 68 000 euros) contre son entreprise. La société a été condamnée également à dédommager l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) à hauteur de un million de dinars). À titre personnel, il a écopé d’une amende de 700 000 dinars. France24 avec AFP
Vent de révolte au Mozambique
Au Mozambique, la mort d’un rappeur populaire, début mars, a fait descendre de nombreux jeunes dans la rue. Ceux-ci protestent contre les abus des dirigeants et du parti hégémonique qui gouverne, le Frelimo. Le pouvoir réprime avec violence ce vent de révolte inédit dans le pays. Beaucoup de jeunes Mozambicains sont fans du rappeur Azagaia. Il est d’ailleurs aussi connu dans les autres pays lusophones d’Afrique. L’un de ses tubes s’intitule « Povo no poder », « le peuple au pouvoir ». Le 9 mars dernier, le rappeur Azagaia est décédé d’une crise d’épilepsie. L’artiste contestataire avait 38 ans. Sa mort a suscité une vague d’émotion : des veillées funèbres et des cortèges ont été organisés dans les grandes villes du Mozambique en son honneur. A Maputo, Beira, Quelimane et Nampula, les rassemblements organisés par des associations de jeunes ont été autorisés. Mais le 18 mars, des violences ont éclaté entre les personnes qui défilaient et les forces de l’ordre. D’un côté, des slogans hostiles au gouvernement et à la police, de l’autre des gaz lacrymogènes. Quelques jours auparavant, des heurts s’étaient déjà produits quand les marcheurs ont tenté de passer avec le cercueil de leur idole devant la résidence du président. DW
Le Mozambique connaît sa pire épidémie de choléra depuis plus d’une décennie, selon l’OMS
Le Mozambique connaît sa pire épidémie de choléra depuis plus d’une décennie à la suite du passage du cyclone Freddy, a alerté l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vendredi. « Des épidémies de choléra se produisent régulièrement au Mozambique entre octobre et avril mais, avec près de 21.000 cas et 95 décès, il s’agit de la plus grande épidémie depuis plus d’une décennie », a indiqué aux journalistes à Genève le représentant de l’OMS au Mozambique, le docteur Severin Ritter von Xylander, en visioconférence depuis Maputo. « Par exemple, la province de Manica (centre-est), aujourd’hui largement touchée, n’a pas connu de choléra au cours des 15 dernières années », a-t-il ajouté. Cinq nouveaux districts avaient été touchés rien que la semaine dernière. Belga
Afrique du Sud : l’ANC en Russie pour discuter d’un « réajustement de l’ordre mondial »
L’African National Congress (ANC) au pouvoir en Afrique du Sud a envoyé des hauts représentants en Russie pour une « visite de travail » avec le parti Russie unie du président Vladimir Poutine, incluant « des discussions sur un réajustement de l’ordre mondial », a indiqué samedi 1er avril l’ANC. Le pays d’Afrique australe doit accueillir en août un sommet des Brics réunissant le Brésil, la Chine, l’Inde ainsi que la Russie alors que la Cour pénale internationale, basée à La Haye, a émis en mars un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour crime de guerre. La visite des représentants de l’ANC entamée jeudi doit durer jusqu’à dimanche. La délégation est emmenée par un membre du tout-puissant comité exécutif du parti, Obed Bapela. L’Afrique du Sud a accueilli en février des exercices navals avec la Russie et la Chine au large de ses côtes, suscitant l’« inquiétude » sur la scène internationale. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est rendu en visite officielle à Pretoria en janvier. Les liens entre l’Afrique du Sud et la Russie remontent à l’époque de l’apartheid, le Kremlin ayant apporté son soutien à l’ANC dans la lutte contre le régime raciste. Le Monde avec AFP
Guerre Ukraine – Russie : Vladimir Poutine fera-t-il un jour l’objet d’un procès pour crimes de guerre ?
Le gouvernement sud-africain doit décider d’inviter ou non le président russe Vladimir Poutine à assister à une conférence en août, après que la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre lui. On se demande si le mandat de la CPI a une force réelle et si le gouvernement d’un pays arrêterait vraiment M. Poutine. La CPI a lancé le 17 mars des mandats d’arrêt contre le président Poutine et la commissaire russe aux droits de l’enfant, Maria Lvova-Belova. Selon ces mandats, ils sont tous deux personnellement responsables de l’expulsion illégale d’enfants d’Ukraine vers la Russie, à la suite de l’invasion russe en février 2022. Ils accusent également M. Poutine de ne pas avoir utilisé ses pouvoirs présidentiels pour empêcher l’expulsion d’enfants. Selon le Bureau national d’information ukrainien, 16 221 enfants ont été emmenés de force en Russie. La CPI s’est saisie de cette affaire parce que l’Ukraine lui a accordé la compétence pour enquêter sur les crimes de guerre commis sur son territoire. BBC