En Tunisie, la classe politique s’inquiète des décisions prises par le président Kais Saied depuis le 25 juillet. Ce mardi, quatre partis de gauche ont signifié leur opposition au limogeage du gouvernement, et à la suspension du Parlement et de chapitres clés de la Constitution. Selon ces partis politiques, les mesures prises par le président Saied pourraient déboucher sur un pouvoir absolu concentré dans les mains d’un seul homme. « Le président a choisi la fuite en avant (…). D’un trait de plume, il a établi un pouvoir absolu », a déploré Ghazi Chaouachi, président du Courant démocrate, qui a 21 sièges au Parlement suspendu. « Aujourd’hui, nous vivons une époque d’illégitimité et nous avons publié une déclaration commune après les décisions du 22 septembre. Nous considérons que le président a fait un coup d’état constitutionnel. » Si le président, qui cherche à « satisfaire ses désirs », ne revient pas sur ses mesures, le pays « risque de glisser vers la violence » voire « une guerre civile », a-t-il averti. « Nous allons recourir à tous les moyens de pression et de lutte légale et pacifique pour défendre la démocratie et les acquis de la révolution. » AfricaNews avec AFP
Pour la première fois, une femme va diriger le gouvernement tunisien. Le président, Kaïs Saïed, a chargé Najla Bouden de former un gouvernement en Tunisie, a annoncé mercredi 29 septembre la présidence. A la fin de juillet, après des mois de blocage politique, M. Saïed avait limogé le précédent cabinet, gelé le Parlement et s’était octroyé aussi le pouvoir judiciaire. Mme Bouden a été « chargée de former un gouvernement dans les plus brefs délais », a déclaré la présidence dans un communiqué, insistant à plusieurs reprises sur le caractère « historique » de la nomination, pour la première fois, d’une femme à la tête du gouvernement en Tunisie. « C’est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne. » Les pouvoirs octroyés au chef du gouvernement ont cependant été considérablement amoindris par les « mesures exceptionnelles » adoptées par M. Saïed le 22 septembre, qui suspendent l’application de chapitres-clés de la Constitution. Désormais, sur la base des « mesures exceptionnelles » prises le temps de mener une série de « réformes politiques », le chef de l’Etat, détenteur du pouvoir exécutif, préside lui-même le conseil des ministres. Le Monde avec AFP
La Représentante spéciale des Nations Unies sur la violence sexuelle dans les conflits, Pramila Patten, a demandé mardi que la justice et la lutte contre l’impunité pour les événements du 28 septembre 2009 en Guinée soient au coeur de la transition politique dans ce pays. Aujourd’hui marque le 12ème anniversaire du massacre brutal commis à Conakry, la capitale de la Guinée, au cours duquel au moins 156 personnes ont été tuées ou sont portées disparues et au moins 109 femmes et jeunes filles ont été victimes de violences sexuelles, comme l’a documenté une Commission d’enquête internationale mandatée par le Secrétaire général de Nations Unies. A cette occasion, Mme Patten voudrait rappeler l’engagement formulé par le Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD) dans sa première déclaration, suite au coup d’état militaire du 5 septembre 2021, de faire de la justice la boussole qui guidera chaque citoyen guinéen. « Avec la conclusion des consultations nationales visant à déterminer les priorités de la transition et l’annonce, hier, de l’adoption d’une Charte de la transition, j’exhorte le CNRD à respecter ses engagements en faveur d’une justice impartiale et indépendante, y compris en ce qui concerne les événements du 28 septembre 2009 », a déclaré Pramila Patten dans un communiqué de presse. ONU Info
Un groupe jihadiste peu connu a revendiqué mercredi l’assassinat de « six » membres des forces armées lors d’une perquisition à Khartoum, acte initialement attribué par le renseignement à une cellule de l’organisation Etat islamique (EI). « Des combattants du Mouvement ont réussi à tuer avec succès six infidèles des forces armées parmi lesquels trois officiers et deux soldats », a déclaré le Mouvement pour le prêche et le combat, dans un communiqué publié sur Facebook, sans préciser le rang de la sixième personne tuée. Mardi, le renseignement soudanais a annoncé la mort de deux officiers et trois sous-officiers –soit seulement cinq victimes– lors d’échanges de tirs avec des « terroristes » pendant une perquisition des services de contre-terrorisme dans une maison du quartier de Jabra, à Khartoum, d’après un communiqué du renseignement soudanais. Onze « terroristes de différents pays étrangers ont été arrêtés » et quatre autres, également étrangers, se sont enfuis, d’après ce communiqué. Le meurtre des cinq « héros » a été dans un premier temps attribué à une « cellule liée à l’EI » par le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok. Le Mouvement pour le prêche et le combat, jusque là peu connu, a également revendiqué mercredi la tentative d’assassinat de M. Hamdok en mars 2020, pour laquelle les autorités n’ont pas encore identifié de coupable. AFP/VOA
Des combats meurtriers ont opposé des djihadistes de Boko Haram et de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) sur une île stratégique du nord-est du Nigeria, prémices d’une « bataille intestine » entre ces groupes rivaux pour le contrôle du lac Tchad. Lundi 27 septembre, de nombreux combattants de Boko Haram lourdement armés ont attaqué l’île de Kirta Wulgo, située sur les pourtours nigérians du lac et tenue par les djihadistes de l’Iswap. Après des heures de combats, ils ont réussi à prendre le contrôle de cette île, qui servait de port à l’Iswap pour importer des armes et des vivres dans les territoires sous son contrôle, selon des sources sécuritaires et des pêcheurs locaux. « C’était un combat mutuellement destructeur qui a duré plus de neuf heures, de 16 heures hier aux premières heures de ce matin », a déclaré, mardi, un pêcheur de la région. Une source sécuritaire locale et deux autres pêcheurs ont confirmé les affrontements à l’AFP. … L’Iswap a consolidé son contrôle dans cette région depuis la mort, en mai, du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, lors d’affrontements entre les deux groupes rivaux. Après la mort de Shekau, les insurgés de Boko Haram dirigés par Bakoura Buduma, un de ses anciens lieutenants, ont fui leur ancien bastion enclavé de Sambisa pour rejoindre les territoires sous son contrôle sur les rives nigériennes du lac Tchad, selon des sources de sécurité. Le mois dernier, Boko Haram a subi de lourdes pertes lors d’une tentative ratée d’invasion de Kirta Wulgo, où ses combattants ont été repoussés par l’Iswap. Le Monde avec AFP
Une attaque attribuée aux jihadistes a endeuillé ce mardi l’armée malienne sur le tronçon vital Bamako-Kayes à l’ouest du Mali. C’est un convoi d’une entreprise minière sécurisée par les Forces armées maliennes qui a été attaqué par les jihadistes. Cinq gendarmes maliens ont été tués et d’autres blessés. L’armée malienne affirme avoir de son côté « neutralisé » quatre jihadistes. L’endroit où l’attaque s’est déroulée est éloigné du centre et du nord du Mali, où opèrent traditionnellement les jihadistes. L’axe Bamako-Kayes est vital pour l’économie malienne et les marchandises du Mali. Des analystes estiment que les jihadistes semblent désormais décider à occuper l’ouest du Mali, pour tenter d’étouffer économiquement le pays. Outre la route qui mène vers le Sénégal, d’importantes sociétés minières sont installées dans cette même région. Quant à l’identité exacte des jihadistes qui ont mené l’attaque contre les Forces armées maliennes qui assuraient la sécurité du matériel d’une entreprise, plusieurs sources sécuritaires pointent du doigt les partisans du prédicateur radical Amadou Kouffa du centre du Mali, allié à Iyad Ag Ghali qui dans le nord est à la tête des jihadistes qui ont noué une alliance avec Aqmi. RFI
Maxime Blasco, tué ce vendredi à l’âge de 34 ans lors de combats avec un groupe terroriste dans la région de Gossi, près de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, ne se voyait pas « comme un héros ». C’est pourtant ce tireur d’élite qui a permis le sauvetage de deux de ses frères d’armes lors d’une opération au Mali, déjà, le 14 juin 2019. Ce jour-là, raconte « Le Parisien », le militaire, alors âgé de 32 ans, prend place à bord d’un hélicoptère Gazelle, avec deux pilotes, pour survoler du désert au petit matin, près de Gao, dans le cadre de l’opération Barkhane. Mais rapidement, l’appareil, cible de tirs ennemis, fonce droit vers le sol. « Quand on commence à s’approcher du sol, je rentre les jambes dedans et je commence à m’accrocher au siège du chef de bord. En me serrant le plus fort possible. En me disant que de toute manière ça va être l’impact assuré », a-t-il raconté à une journaliste de France 2, un an plus tard. Après le crash de l’appareil, les deux pilotes, Adrien et Kevin, sont gravement blessés. Maxime Blasco, qui a été éjecté, se presse pour désincarcérer ses collègues. « La douleur a envahi mon corps. Je ne me sentais pas prêt à bouger, mais rapidement en voyant les flammes, j’ai compris que si je restais là, c’était fini », a poursuivi le jeune homme, qui évoquait « un miracle ». Plutôt que de se mettre à l’abri d’une possible explosion de l’hélicoptère endommagé, le trentenaire revient et agrippe Adrien qu’il traîne sur plusieurs dizaines de mètres. Dans le même temps, Kevin se roule dans la poussière pour se mettre à couvert, tandis qu’un autre équipage, celui de l’hélicoptère Tigre, est déployé afin d’aller chercher les blessés, qui risquent par ailleurs d’être abattus par les terroristes. « Son action permettra le sauvetage et la survie de l’équipage de l’hélicoptère », a confirmé ce samedi le ministère de la Défense dans la fiche nécrologique du jeune combattant. Blessé au dos, souffrant de multiples fractures vertébrales, il est finalement rapatrié en France le 18 juin 2019. Le Point
Le dialogue politique entre la majorité présidentielle et l’opposition a pris fin. Le président Roch Marc Christian Kaboré, qui l’a initié, s’est engagé à veiller à la mise en œuvre des propositions consensuelles par le gouvernement. Sur le plan sécuritaire, toute la classe politique encourage les ministres de la Défense et de la Sécurité à poursuivre le travail de réforme et de réorganisation des forces sur le terrain. Les responsables politiques s’interdisent également de s’accuser mutuellement de soutenir le terrorisme. Sur la réconciliation nationale, les deux parties ont souhaité qu’un dialogue « constructif » soit mené afin de faciliter le retour de l’ex-président Blaise Compaoré, de Yacouba Isaac Zida et de tous les autres exilés politiques. L’opposition souhaite que le traitement judiciaire de certains dossiers soit suspendu et traité durant le processus de réconciliation pour un apaisement du climat social. Une proposition rejetée par la majorité présidentielle qui insiste sur le maintien du processus Vérité, justice et réconciliation. RFI
En 2018, le think-tank International Crisis Group (ICG) estimait à 80% le taux de chômage des jeunes du Nord nigérien dans le secteur formel, mais l’importance du secteur informel et la forte ruralité font qu’il est difficile d’établir des statistiques fiables. … Ces deux-là devisent sur les violences jihadistes qui se multiplient depuis une dizaine d’années dans la région. « Alhamdoulilah (« Dieu merci », ndlr), chez nous tout va bien », dit Veli. Mais l’important taux de chômage des jeunes inquiète les autorités locales, confient plusieurs d’entre elles à l’AFP. Veli le reconnait: « La vérité, c’est que si on est assis à ne rien faire et qu’il faut nourrir la famille, beaucoup pourraient dire oui à un ami qui vient proposer de faire des mauvaises choses, si ça permet de s’en sortir. » Pendant le festival du pastoralisme de la « Cure salée », en septembre, les autorités ont multiplié les rencontres. Aux chefs coutumiers locaux, le président nigérien Mohamed Bazoum a expliqué que la stratégie des jihadistes de l’Etat islamique, installés sur la frontière malienne, « consiste à cibler (ces) jeunes, à les récupérer et à les utiliser comme chair à canon ». Dans ces zones rurales, les « fils de pasteurs » sont les « premières victimes » de cet embrigadement, a confirmé le général Mahamadou Abou Tarka, président de la Haute autorité à la consolidation de la paix (HACP). Alors, l’Etat essaie de sensibiliser les communautés nomades et leur jeunesse à « ne pas prêter le flanc » à ces propositions alternatives. L’armée a notamment recruté en leur sein. AFP
Aker Chuol chasse une chèvre qui lorgne son seau de semences en agitant la bêche qu’elle utilise pour retourner son potager. En août 2020, la veuve quinquagénaire, dont les deux fils sont morts, a dû fuir la crue du Nil qui a dévasté sa terre natale. Originaire de Jalle, à 60 km au nord de Bor, la capitale de l’Etat du Jonglei, elle vit aujourd’hui plus au sud, dans le camp de déplacés de Malual Agorbar, comme les 3 270 habitants de son village. « Ce lopin de terre, c’est tout ce que j’ai. S’il continue de pleuvoir, je récolterai quelque chose », dit-elle sans grand enthousiasme avant de reprendre son labeur. Dans cette région du Soudan du Sud bordant le Nil, le changement climatique a déjà des effets dévastateurs. Plus ravageur que les traditionnelles crues saisonnières, un cycle d’inondations sans précédent a démarré en 2019 et continue, année après année, de noyer le nord du Jonglei ainsi que les Etats voisins d’Unité et du Haut-Nil. Selon les Nations unies, près de 700 000 Sud-Soudanais ont été chassés par les eaux et ne peuvent toujours pas rentrer chez eux. Une situation qui s’ajoute à la crise humanitaire que traverse le plus jeune Etat au monde, où plus de 85 % de la population est en situation d’insécurité alimentaire. A Malual Agorbar, des pousses de sorgho et d’autres céréales entourent les habitations. Mais ces quelques parcelles cultivées pourraient ne pas suffire, s’inquiète Samuel Manyuon, un des responsables du camp. « Nous avons reçu les rations alimentaires de septembre, mais nous risquons de ne pas en obtenir pendant les prochains mois », explique-t-il. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a en effet annoncé mi-septembre un « gel temporaire de l’aide alimentaire » du fait de « limitations budgétaires » dans certaines zones du pays moins « prioritaires » que d’autres où la famine menace. Le Monde
En langue zouloue, Nompumelelo signifie « celle qui réussit ». Un prénom bien choisi pour le personnage principal de « African America », un film sud-africain sorti au mois de juillet sur Netflix. Cette jeune femme, pleine d’ambition et de rêves, abandonne son fiancé à Johannesburg et détourne de l’argent de la société qui l’emploie pour partir à New York, tenter sa chance sur les scènes de Broadway. A l’écran, elle est incarnée par Phumelele Mthembu, qui a coécrit et réalisé le film. Longues tresses, pull de laine blanc cassé, elle est assise, souriante, devant un cappuccino, dans un centre commercial des quartiers nord aisés de la capitale économique sud-africaine. « En 2014, je suis allée à New-York pour étudier le théâtre musical. Le film n’est pas mon histoire, mais il est inspiré de mon expérience, raconte-t-elle. Nous avons tourné avec un petit budget. Cela faisait plusieurs années que nous essayions de rassembler des financements, je venais d’avoir un enfant 6 semaines avant… Finalement, on s’est juste dit ‘Allons-y’! ». Un cinéma avec les moyens du bord et une équipe réduite, dans les rues de New York puis de Johannesburg. Une production qui serait sans doute restée un film de niche il y a dix ans, mais trouve désormais son public. Les plateformes de streaming ont ouvert de nouvelles portes. Dans la foulée des cartons 100% africains « Queen Sono », un thriller d’espionnage, et « Blood and Water », un drame pour adolescents, elles visent une implantation plus large sur le continent. RTBF