Au Burkina Faso, Ibrahim Traoré accentue la pression sur les médias
« Programme bloqué. » Depuis lundi, un écran noir remplace les journaux d’information de France 24 sur les postes de télévision au Burkina Faso. Ce 27 mars, la junte au pouvoir a ordonné la suspension « sine die » de la diffusion des programmes du média français sur son territoire, trois semaines après l’entretien du journaliste et spécialiste des questions djihadistes Wassim Nasr, avec le chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Le 6 mars, la chaîne avait choisi d’analyser les réponses à dix-sept questions, adressées par écrit à Abou Obeida Youssef Al-Annabi, le chef d’AQMI, sans diffuser les réponses audio pour éviter de relayer la propagande du groupe. … « La suspension de la diffusion de France 24 est une grave atteinte à la liberté de la presse qui bafoue le droit des Burkinabés à être pleinement informés dans un cadre pluraliste. La liberté de la presse ne doit être en aucun cas la victime de tensions diplomatiques », regrette Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF)… Au Burkina Faso, depuis la prise du pouvoir par les militaires à la suite d’un coup d’Etat en septembre 2022 – le second en huit mois –, l’étau se resserre sur la presse. Début décembre, le gouvernement de transition avait déjà suspendu la diffusion de Radio France Internationale (RFI), du même groupe, France Médias Monde… Soupçons de détournement de fonds, exactions imputées aux forces de sécurité… Les sujets « tabous » se multiplient. Dans une enquête publiée le 27 mars, le quotidien français Libération a pu reconstituer les circonstances dans lesquelles a été filmée une vidéo montrant des enfants exécutés dans une caserne militaire, dans le nord du pays. Le gouvernement a aussitôt condamné des « manipulations (…) à des fins politiques » et la volonté de « jeter le discrédit » sur l’armée. Le Monde
Burkina: la société civile dénonce des enrôlements forcés dans les volontaires pour la défense de la patrie
La société civile burkinabè s’inquiète de possibles cas d’enrôlements forcés de volontaires de défense pour la patrie (VDP). Depuis la disparition, le 22 mars, de Boukari Ouédraogo, président du mouvement l’appel de Kaya, les organisations de défense des droits humains dénoncent l’arrestation de deux autres membres de la société civile ce week-end du 25-26 mars. Sans nouvelles depuis, elles craignent qu’ils aient été recrutés de force au sein des VDP. RFI
Wagner, Touadéra et les Chinois assassinés : coulisses d’un malaise d’État
Faustin-Archange Touadéra doit gérer l’épineux dossier de la mort de neuf Chinois, le 19 mars aux alentours de la mine de Chingbolo, dans la région de Bambari. Les victimes, dont les assassins n’ont pas encore été identifiés, travaillaient pour la compagnie chinoise GoldCoast Group. Très rapidement, le porte-parole du gouvernement, Serge Ghislain Djorie, a pointé du doigt un « acte odieux » perpétré par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC, alliance de groupes armés centrafricains, dont le coordinateur est l’ancien président François Bozizé). Puis Faustin-Archange Touadéra a chargé l’un de ses fidèles, Évariste Ngamana, d’enfoncer le clou. Le premier vice-président de l’Assemblée nationale a dénoncé l’action de « mercenaires étrangers à la solde des puissances qui, des siècles durant, ont exercé la violence chez nous comme une arme favorite pour maintenir notre pays dans un chaos permanent ». Seulement, au sein même du gouvernement, cette version n’a pas rencontré une pleine adhésion. Selon les informations de Jeune Afrique, plusieurs ministres de premier plan la contestent en effet en coulisses. Selon ces derniers, l’implication de la CPC n’a rien d’évident et la responsabilité de la tuerie du 19 mars est plutôt à chercher du côté des mercenaires russes du groupe Wagner, présents – entre autres – dans la région de Bambari. Jeune Afrique
L’ONU est aux côtés de l’Afrique pour mettre fin au fléau du terrorisme
Des dirigeants africains se sont joints aux ambassadeurs pour examiner comment lutter contre le terrorisme et mieux prévenir l’extrémisme violent grâce à une coopération renforcée entre l’ONU et les organisations régionales. Le débat était présidé par le Président Filipe Nyusi du Mozambique. Ce pays, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité ce mois-ci, lutte depuis plus de cinq ans contre une insurrection meurtrière dans le nord. Le Secrétaire général s’est dit profondément préoccupé par la progression des groupes terroristes au Sahel et dans d’autres parties de l’Afrique. « Le désespoir, la pauvreté, la faim, le manque de services de base, le chômage et les changements anticonstitutionnels de gouvernement continuent de créer un terrain fertile à l’expansion rampante des groupes terroristes pour infecter de nouvelles parties du continent », a-t-il souligné. En outre, des combattants, des fonds et des armes circulent de plus en plus entre les régions et à travers le continent, a-t-il déclaré, tandis que des groupes terroristes forgent de nouvelles alliances avec des réseaux criminels organisés et des groupes de piraterie. Leurs « idéologies violentes » sont également diffusées en ligne. ONU Info
Des manifestants toujours portés disparus au Tchad
Le président Mahamat Idriss Déby Itno a gracié, lundi 27 mars, 259 des 262 manifestants condamnés à de la prison ferme après une manifestation contre le pouvoir, réprimée dans le sang, le 20 octobre 2022. En plus des 139 autres libérés en décembre 2022, ils sont désormais près de 400 personnes libérées. Mais des questions demeurent sur le sort de centaines de manifestants dont est toujours sans nouvelles. Sont-ils morts ? Que dit ou fait le gouvernement à leur sujet ? Si le nombre des libérés est important, les chiffres restent toutefois éloignés du nombre exact de personnes arrêtées lors des manifestations d’octobre dernier : plus de 600, selon l’opposition et la société civile.De nombreuses familles sont en effet toujours sans nouvelles de leurs proches portés disparus. Sitack Yombatina Beni est l’un des vice-présidents du parti Les Transformateurs, l’un des organisateurs de la manifestation du 20 octobre. Il vit désormais en exil et selon lui : ‘’la junte avait reconnu le nombre de 648 personnes arrêtées. Donc si vous faites le compte, il reste quand même beaucoup de gens qui manquent à l’appel. Rien que sur les chiffres de la junte, on aurait des centaines de personnes qui ne sont ni parmi les disparus, ni parmi les libérés et qui sont probablement morts. Donc vous voyez que c’est une situation encore très confuse ». Un avis partagé par l’avocat Max Loalngar, par ailleurs porte-parole de la coalition Wakit Tama qui avait coorganisé la manifestation du 20 octobre. DW
Aminata Touré, ex-Première ministre du Sénégal : « Macky Sall ne peut pas briguer de 3e mandat »
L’ancienne Première ministre du Sénégal (2013-2014) Aminata Touré a accordé un entretien à France 24. Tandis que le président Macky Sall laisse planer le doute sur une candidature à un troisième mandat, Aminata Touré estime que la constitution sénégalaise est « très claire » et que le chef de l’État ne peut absolument pas se porter candidat à l’élection présidentielle prévue en 2024. France24
Golfe de Guinée : un pétrolier danois attaqué par des pirates au large de Pointe-Noire
Un pétrolier danois battant pavillon libérien a été attaqué par des pirates au large du Congo-Brazzaville dans le golfe de Guinée et le contact a été perdu depuis trois jours avec l’équipage de 16 marins, a annoncé, mardi 28 mars, son armateur. Lors de cette attaque intervenue samedi soir à 138 milles nautiques à l’ouest du port de Pointe-Noire, dans les eaux internationales, des pirates ont pu monter à bord du Monjasa-Reformer et « la totalité de l’équipage s’est mise en sécurité dans la “citadelle” » [refuge blindé] du navire, a indiqué l’armateur Monjasa. Aucune communication avec les marins de ce ravitailleur maritime, long de 134 mètres et d’une capacité de 13 700 tonnes, n’a eu lieu depuis, affirme la compagnie dans un communiqué. Selon les autorités congolaises, trois hommes ont attaqué le bateau, qui se trouvait dans le secteur pour approvisionner des navires en carburant. « Ce sont trois hommes qui l’ont pris en otage et depuis lors l’équipage n’est plus joignable », a dit un responsable du port de Pointe-Noire contacté par l’AFP. L’armateur a confirmé ne pas avoir de nouvelles depuis samedi soir, sans pouvoir dire si l’équipage était ou non pris en otage. « Les communications sont actuellement coupées et nous travaillons avec les autorités locales pour les rétablir et comprendre la situation à bord », précise son communiqué. Le Monde avec AFP
Des enquêteurs de l’ONU dénoncent l’esclavage sexuel des migrants en Libye
Les migrants piégés en Libye d’où ils tentent de rejoindre l’Europe sont réduits à l’esclavage sexuel, un crime contre l’humanité, a dénoncé la mission d’enquête de l’ONU sur la situation des droits humains dans ce pays. La mission se dit préoccupée par la détérioration de la situation des droits humains en Libye, concluant une fois de plus qu' »il y a des raisons de croire qu’un large éventail de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité a été commis par les forces de sécurité de l’État et les milices armées », dans un communiqué. La mission a constaté de nombreux cas de détention arbitraire, de meurtre, de torture, de viol, d’esclavage sexuel, d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées, confirmant que ces pratiques sont largement répandues en Libye. En particulier, la mission indique qu' »il existe des motifs raisonnables de croire que l’esclavage sexuel, un crime contre l’humanité, a été commis à l’encontre de migrants ». AFP et RTBF
William Ruto en visite à Berlin
Le Kenya toujours sous tension. Ce matin, l’Union africaine a appelé au calme et au dialogue par la voix du président de la Commission. Moussa Faki Mahamat exhorte « toutes les parties en présence » à « entamer un dialogue pour surmonter toute divergence dans l’intérêt suprême de l’unité et de la réconciliation nationale », fin de citation. Hier, des manifestations ont eu lieu à l’appel de l’opposition, malgré l’interdiction des rassemblements par les autorités. Le rival malheureux de William Ruto à la présidentielle de l’année dernière, Raila Odinga, conteste toujours les résultats des élections. Il appelle ses partisans à manifester tous les lundis et tous les jeudis pour protester également contre la hausse des prix. … Le chancelier Olaf Scholz a relevé pour sa part l’importance du Kenya dans la sous-région : « Le Kenya est une démocratie solide qui fonctionne, a-t-il déclaré devant la presse. Il est un facteur de stabilité dans une région agitée. Pour aider à surmonter les crises qui sévissent en Afrique de l’Est – en Somalie, en Ethiopie, en République démocratique du Congo – le Kenya joue un rôle prépondérant. L’Allemagne entend soutenir à l’avenir encore davantage le Kenya dans ce rôle. » La lutte contre le réchauffement climatique, la coopération en matière de transition énergétique, ont été au cœur des entretiens entre les deux dirigeants, tout comme la coopération économique. Les deux dirigeants entendent par exemple renforcer leurs échanges dans les énergies renouvelables comme l’éolien, l’hydroélectricité, le solaire ou encore la géothermie. DW
Bola Tinubu, le faiseur de rois couronné
Bola Tinubu avait prévenu, martelant son slogan pendant toute la campagne présidentielle : « C’est mon tour ! » À 70 ans passés, celui qui était connu depuis des décennies pour tirer les ficelles de la politique nigériane est parvenu à se hisser au sommet de la plus grande démocratie d’Afrique. Candidat du All Progressives Congress (APC), il succède à Muhammadu Buhari au terme d’une course particulièrement serrée – sans doute la plus serrée qu’ait connue le Nigeria depuis que les militaires ont quitté le pouvoir, en 1999. C’est le 1er mars au petit matin, après quatre longs jours d’attente, que la commission électorale a annoncé la victoire du “parrain de Lagos” au premier tour de l’élection présidentielle. Mais avec seulement 36,6 % des suffrages exprimés, contre 29,1 % pour Atiku Abubakar et 25,4 % pour Peter Obi, ses deux principaux adversaires, le président élu totalise un nombre de voix historiquement bas. Ces scores illustrent autant l’âpreté de la bataille que les trois hommes se sont livrée que la difficulté de la tâche qui attend Bola Tinubu : Jagaban – « le chef », comme le surnomment ses partisans – prend la tête d’une nation divisée. Jeune Afrique
Kamala Harris au Ghana : « Nous sommes “à fond” sur l’Afrique »
Au Ghana pour la première étape de sa tournée africaine, la vice-présidente américaine Kamala Harris a appelé à davantage d’investissements dans l’innovation en Afrique, « l’avenir du monde ». « Les idées et innovations africaines façonneront l’avenir du monde, et donc nous devons investir dans l’ingéniosité et la créativité africaines, qui déboucheront sur une croissance économique et des opportunités incroyables », a-t-elle déclaré devant des entrepreneurs réunis à Accra. Le 27 mars, elle avait déjà annoncé 139 millions de dollars d’aide au Ghana, en proie à une grave crise économique, ainsi que 100 millions de dollars pour aider le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo à lutter contre la menace jihadiste venue du Sahel. Kamala Harris a mis l’accent sur plusieurs domaines qui, selon les États-Unis, pourraient profiter de plus d’investissements : l’émancipation des femmes, l’économie numérique, la bonne gouvernance et la démocratie. Évoquant les nombreux défis de la région, notamment l’insécurité, le changement climatique et les obstacles à la croissance économique, la vice-présidente américaine a assuré que Washington resterait « un partenaire inébranlable pour le progrès ». « Nous sommes “à fond” sur l’Afrique », a-t-elle ajouté, reprenant les mots de Joe Biden lors du sommet États-Unis-Afrique l’an dernier. Jeune Afrique