Revue de presse du 29 mai 2025

RDC: Kigali et Kinshasa poursuivent les discussions autour d’accords miniers malgré la tension dans l’est
Malgré le contexte tendu à l’est du pays, Kigali et Kinshasa poursuivent leurs discussions autour de leurs accords miniers avec des entreprises américaines, sous l’égide du département d’etat. Du côté rwandais, au moins un protocole d’accord a déjà été signé, tandis qu’à Kinshasa, les négociations se poursuivent. En plus des discussions menées par le ministère des Affaires étrangères, Kinshasa mise sur ses relais à Washington…Les équipes congolaises et les lobbyistes travaillent à finaliser un accord commercial qui pourrait durer plusieurs décennies. Cet accord couvrirait l’exploration d’une grande partie du sous-sol congolais, pas seulement dans le Katanga ou le Kivu. Kinshasa insiste aussi sur la transformation des ressources qui doit se faire sur place. Mais pour l’instant, cette exigence n’est pas garantie, du moins pas à court terme. Des présentations sont prévues aux États-Unis. La Première ministre est notamment attendue sur place pour inciter les investisseurs américains à venir. RFI

Soudan : l’épidémie de choléra s’intensifie à Khartoum, avec 70 morts en deux jours
L’épidémie de choléra a provoqué la mort de 70 personnes en deux jours à Khartoum, a annoncé le ministère de la santé, jeudi 29 mai, au moment où la capitale soudanaise connaît un effondrement de ses services médicaux. Dans un communiqué, le ministère comptabilise 942 infections et 25 morts pour la journée de mercredi, après 1 177 nouveaux cas et 45 morts la veille. L’épidémie survient après des semaines de frappes de drones – attribuées aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre avec l’armée soudanaise depuis plus de deux ans – qui ont mis hors service l’approvisionnement en eau et en électricité de la capitale. Le ministère de la santé avait signalé une forte recrudescence du choléra, mardi, avec 2 729 cas et 172 morts enregistrés en une semaine, l’Etat de Khartoum concentrant 90 % des nouvelles infections. Les autorités soudanaises estiment néanmoins que 89 % des patients, placés à l’isolement, sont en cours de rétablissement, tout en s’inquiétant du manque d’accès à de l’eau propre qui favorise l’épidémie. Le Monde avec AFP

Au Mozambique, recrudescence des attaques djihadistes alors que le projet de TotalEnergies pourrait reprendre
Les attaques djihadistes continuent d’agiter le nord du Mozambique au moment où pourrait reprendre le projet gazier géant de TotalEnergies à Afungi. Les insurgés, affiliés à l’organisation Etat islamique (EI), ont multiplié les attaques en mai, frappant les esprits dans ce pays d’Afrique australe. Ce mois-ci, deux offensives particulièrement meurtrières ont visé l’armée mozambicaine au Cabo Delgado. Dans une première, l’EI a revendiqué la mort de onze soldats de Maputo mais, d’après un expert en sécurité contacté par l’Agence France-Presse (AFP), le bilan définitif est de 17 morts. Dans un deuxième assaut, cette fois sur un avant-poste, confirmé par des sources dans l’armée, les insurgés ont affirmé avoir tué dix membres des forces de sécurité. Le groupe armé avait déjà mené deux opérations spectaculaires au début de mai : un raid dans une réserve animalière qui a coûté la vie à au moins deux rangers, puis une embuscade ayant causé la mort de trois soldats de l’armée rwandaise, qui a communiqué ses pertes, à la différence de son homologue mozambicaine. Sans oublier l’attaque déjouée d’un navire océanographique russe, pris pour cible par des « pirates » d’après son message de détresse rapporté par les médias locaux. Celle-ci pourrait aussi leur être imputée. « Il y a un lien de cause à effet » entre ces attaques et le projet offshore de TotalEnergies, observe auprès de l’AFP Fernando Lima, documentant l’insurrection avec la plateforme Cabo Ligado. « Car certaines actions correspondent à des annonces importantes », souligne-t-il, en référence au prêt de 4,7 milliards de dollars consenti à la mi-mars par l’agence américaine de crédit à l’exportation pour le projet d’Afungi. Le Monde avec AFP

Centrafrique: vives protestations contre la nouvelle loi sur la liberté de la presse
En Centrafrique, l’Assemblée nationale a voté par acclamation lundi dernier, le 26 mai, la loi remaniée sur la liberté de la presse et de la communication dans le pays. Le projet de cette loi a été porté par le ministère de la Communication, en partenariat avec quelques organisations des médias. Aussitôt après cette adoption par les élus de la nation, plusieurs professionnels de médias ont vivement protesté contre certaines dispositions. Avec cette loi, les autorités veulent réguler l’espace médiatique centrafricain, mais certains articles ne font pas l’unanimité au sein de la corporation. « Les articles 151, 130, 193 et 140 posent problème. Ces dispositions concernent la réintroduction du délit de presse. Le délit de presse avait été dépénalisé par le passé, mais aujourd’hui, la dépénalisation est levée. Avec ce système, les sources d’informations seront aussi inquiétées. C’est une stratégie, selon moi, pour pouvoir museler la presse », indique Belisaire Dorval Sahoul, le rédacteur en chef du journal Afrique en plus. RFI

Nigeria : Un attentat-suicide déjoué devant une caserne militaire à Abuja
Une tentative d’attentat-suicide a été déjouée lundi 26 mai devant une caserne militaire située dans la capitale nigériane, Abuja. Selon l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA), l’explosion de l’engin porté par le kamikaze s’est produite avant qu’il ne puisse pénétrer dans le site militaire, le tuant sur le coup. Un civil a toutefois été blessé par la déflagration et a été pris en charge à l’hôpital. « L’individu tentait de forcer l’accès à la caserne lorsqu’il a été stoppé net par l’explosion prématurée de son dispositif », a expliqué un porte-parole de la NEMA. Les autorités estiment qu’il s’agit bien d’une tentative d’attentat-suicide. La police, par la voix de sa porte-parole Josephine Adeh, a indiqué que des agents spécialisés dans la neutralisation des explosifs ont été immédiatement envoyés sur les lieux. Une enquête médico-légale a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de l’explosion et identifier d’éventuels complices. Cet incident intervient dans un contexte de tension sécuritaire persistante dans le pays. Des groupes jihadistes comme Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) continuent de mener des attaques, notamment contre des infrastructures militaires. Cette nouvelle tentative d’attentat relance les inquiétudes sur la vulnérabilité des sites stratégiques dans la capitale, longtemps considérée comme relativement épargnée par l’insurrection islamiste qui sévit dans le nord-est du pays. Sahel Intelligence

Mali: après les exécutions de l’armée à Diafarabé, le village est soumis à un blocus jihadiste
Au Mali, le calvaire des habitants de Diafarabé, dans la région de Mopti, se poursuit. Après les exécutions sommaires d’une vingtaine de civils par l’armée malienne il y a deux semaines (le 12 mai), révélées par RFI et qui avaient même suscité l’annonce par l’armée de l’ouverture d’une enquête, les jihadistes du Jnim ont instauré un blocus sur le village. Des frappes de drone de l’armée ont également été rapportées, qui ont fait au moins deux morts. Les habitants sont pris en tenailles entre l’armée et le Jnim. Les frappes de drone ont eu lieu lundi soir 26 mai vers 22 heures en périphérie de Diafarabé, à Danguere Tomana précisément. Elles auraient fait au moins deux morts dont un enfant de douze ans – certaines sources avancent un bilan plus élevé. Selon les informations recoupées auprès de nombreux habitants et ressortissants de Diafarabé, élus de la zone, représentants communautaires et sources humanitaires, il s’agissait de bergers rassemblés sous un arbre près de leurs animaux. Certains avaient des liens familiaux avec les hommes égorgés par les militaires maliens il y a deux semaines, alors qu’ils avaient été arrêtés sans armes un jour de marché. Sollicitée par RFI, l’armée malienne n’a pas donné suite et n’a pas communiqué officiellement sur ces tirs…En tout état de cause, depuis lundi, c’est le Jnim qui impose un blocus sur la ville : aucun communiqué ni aucun audio officiel du groupe lié à al-Qaïda n’ont été diffusés, comme c’est souvent le cas, mais de nombreuses sources rapportent que les jihadistes empêchent les véhicules d’entrer ou de sortir de Diafarabé. Toutes les voix d’accès sont bloquées. Lundi, aucun commerçant extérieur n’a pu accéder au village pour la foire hebdomadaire. Le Jnim avait bien promis des représailles contre l’armée, mais ce blocus pénalise évidemment les populations civiles. Une forme de double peine pour les habitants de Diafarabé, pris en tenailles entre l’armée et les jihadistes. RFI

Sénégal: «conforter la démocratie», objectif du dialogue national ouvert à Dakar jusqu’au 4 juin
Au Sénégal, partis politiques, et représentants de la société civile débattent pendant une semaine sur des mesures à prendre pour consolider la démocratie. Jusqu’au 4 juin, 800 participants sont réunis pour un grand dialogue national sur le système politique sénégalais. Parmi les thèmes abordés : la rationalisation des partis politiques ou encore la transformation du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle pour plus d’indépendance. Le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a rappelé l’importance de ces rencontres pour « renforcer les acquis démocratiques » et s’est engagé à respecter les droits de l’opposition. « Mon rôle en tant que garant de l’unité nationale est de tendre la main à toutes et à tous pour rassurer, rassembler, apaiser et réconcilier afin de conforter la paix » a-t-il déclaré à l’ouverture des travaux. Après trois ans de tensions politiques inédites au Sénégal et jusqu’à la tenue de la présidentielle, pour Fadel Barro, fondateur du mouvement Y’en à marre, ce dialogue doit servir à « d’abord donner une chance au pays de retrouver sa sérénité politique, donner une chance au dialogue en temps de paix, ce que l’on n’a pas souvent fait dans ce pays ». Rationaliser le nombre de partis politiques, structurer leur financement, se pencher aussi sur le système de parrainage des candidats, autant de questions abordées durant ce dialogue national. Pour Anta Babacar Ngom, à la tête de l’Alternative pour la relève citoyenne et candidate à la dernière présidentielle, ces questions sont aujourd’hui centrales. RFI

Naufrage mortel aux Canaries, sept femmes et filles périssent
Un nouveau drame migratoire s’est produit mercredi aux îles Canaries, archipel espagnol en première ligne des arrivées depuis la côte ouest de l’Afrique. Un bateau transportant plus d’une centaine de migrants a chaviré au moment de l’accostage au port d’El Hierro, entraînant la mort de sept personnes : quatre femmes et trois jeunes filles. Selon les autorités espagnoles, le chavirement s’est produit alors que les secours commençaient à transférer des passagers, majoritairement des jeunes, vers une embarcation de sauvetage placée entre le navire principal et le quai. Le mouvement des personnes à bord a déséquilibré le fragile bateau, provoquant sa bascule. Sur place, une scène chaotique s’est déroulée au port, avec des survivants agrippés aux cordes et aux bouées lancées par les équipes de secours. Deux autres enfants, une fille et un garçon, ont été évacués en urgence par hélicoptère vers un hôpital, dans un état grave suite à une quasi-noyade. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a exprimé son émotion sur les réseaux sociaux, appelant à la solidarité face à ce « drame humain » et rappelant que ces vies ont été perdues dans la quête d’un avenir meilleur. Africanews

Des corps de migrants retrouvés dans un bateau échoué sur une île des Caraïbes
Les corps de 11 personnes présumées être des migrants ont été retrouvés à l’intérieur d’un bateau échoué sur les côtes de l’île caribéenne de Canouan, qui fait partie de Saint-Vincent-et-les-Grenadines. L’identité des personnes à bord reste incertaine, a déclaré un responsable de la police, mais plusieurs passeports trouvés sur place suggèrent qu’elles provenaient du Mali, un pays enclavé d’Afrique occidentale situé à plus de 6 000 km (3 800 miles) de là. Le bateau, mesurant 14 mètres de long, 3,6 mètres de large et 1,8 mètre de profondeur, a été retrouvé échoué à Little Bay lundi. Cette découverte intervient quelques mois seulement après qu’un bateau transportant 13 cadavres, dont certains avaient également des documents maliens, a été retrouvé échoué à Saint-Kitts-et-Nevis. Eujin Byun, porte-parole mondial de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a déclaré à la BBC que les migrants, qui seraient originaires du Mali, avaient probablement prévu de se rendre aux îles Canaries. Compte tenu de la petite taille du bateau récupéré à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Mme Byun a déclaré qu’il était « très improbable » que les personnes à bord aient tenté de rejoindre les Caraïbes. Elle a ajouté : « Nous ne pouvons pas parler au nom de ceux qui sont décédés, mais nous pensons qu’ils voulaient emprunter la route de l’Atlantique pour se rendre aux îles Canaries. » BBC

Ngugi wa Thiong’o, grand romancier kényan et militant de la cause africaine, est mort
Le romancier et essayiste kényan Ngugi wa Thiong’o, auteur d’une œuvre exceptionnelle écrite d’abord en anglais puis en kikuyu, sa langue natale, est mort mercredi 28 mai à Buford, dans l’Etat de Géorgie, à l’âge de 87 ans. Contraint à l’exil en 1982, il a résidé au Royaume-Uni puis aux Etats-Unis, où il occupait, ces dernières années, les fonctions de professeur d’anglais et de littérature comparée à l’université de Californie, à Irvine. Intellectuel aux multiples facettes, à la fois militant de la cause africaine, dans son « combat contre l’impérialisme » culturel et linguistique, et écrivain virtuose considéré comme nobélisable, capable de passer du roman à l’essai, de la nouvelle au théâtre ou au livre pour enfants, James Thiong’o Ngugi est né à l’époque coloniale, le 5 janvier 1938, dans un village au nord-ouest de Nairobi, capitale du Kenya – alors sous domination britannique…Brillant élève, il poursuit ses études d’abord en Ouganda, à l’université Makerere (alors rattachée à l’université de Londres), où il publie, en 1962, sa première pièce de théâtre, The Black Hermit (« l’ermite noir », non traduit), puis au Royaume-Uni, à l’université de Leeds. C’est là, en 1964, qu’est édité son premier roman, Enfant, ne pleure pas (Hatier, 1983).  Le Monde