Revue de presse du 29 décembre 2023

La violence armée en RDC ne cesse de s’intensifier et de s’étendre, selon l’ONU
Le groupe d’experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo vient de remettre un nouveau rapport sur l’état de la violence dans le pays. Dans ce document que RFI a obtenu en exclusivité, le constat est amer avec, depuis plusieurs mois, l’apparition d’épisodes de violences intenses dans plusieurs provinces : de quoi continuer à détériorer une situation humanitaire déjà inquiétante. Dans l’ouest, c’est la province du Maï-Ndombe qui inquiète. Le conflit intercommunautaire déclenché mi-2022 a fait des centaines de morts, détruit des centaines de villages et infrastructures, notamment des écoles et des établissements médicaux. Il s’est également étendu géographiquement : les experts craignent même des débordements jusque dans la capitale Kinshasa. Il s’est aussi étendu ethniquement avec l’apparition de nouveaux groupes agrégeant les membres d’autres communautés alliées. Les combattants Mobondo capturés ou rendus ont été enrôlés dans les Forces armées de la RDC (FARDC), entraînés et envoyés à l’est au Nord-Kivu pour combattre le M23…De plus, les experts attestent que toutes les parties ont violé le cessez-le-feu. Le rapport pointe à nouveau le soutien du Rwanda aux rebelles, avec des photos, vidéos et témoignages prouvant l’implication de Kigali, dont les militaires interviennent directement ou soutiennent le M23 en hommes et matériel…L’armée congolaise a renforcé son utilisation de groupes armés comme les FDLR, les milices Wazalendo (« vrais patriotes ») mais aussi des soldats burundais : plus d’un millier de membres des FDNB seraient déployés sur la route Sake-Kitchanga depuis début octobre. RFI

RDC: la SADC déploie des troupes dans l’est, mais des questions restent en suspens
La Communauté de développement de l’Afrique australe appelé SADC déploie des troupes dans l’est de la RDC. L’annonce n’est pas nouvelle, la promesse avait été faite le 8 mai lors d’un sommet de l’organisation en Namibie. Sept mois plus tard, ce mercredi, des soldats sud-africains sont bien arrivés à Goma. Malgré tout, beaucoup de questions demeurent concernant ce déploiement. La première question est celle du nombre. Des soldats sud-africains ont bien atterri le 27 décembre à l’aéroport de Goma, mais le porte-parole régional de l’armée congolaise n’a pas précisé combien étaient déjà sur place. Ils ne seraient pas plus de 200 dans la capitale du Nord-Kivu, selon plusieurs autres sources. Ces soldats devraient être rejoints par d’autres, notamment des contingents venant de la Tanzanie et du Malawi. Mais leur date d’arrivée n’a pas encore été précisée. Selon un document interne de la SADC datant 14 décembre et consulté par RFI, la mission a un mandat de 12 mois et doit envoyer l’équivalent d’une brigade, soit environ 7 000 hommes, ainsi que du soutien aérien, maritime et d’artillerie. Les troupes de la SADC devront « soutenir la RDC pour neutraliser les groupes armés dans l’Est du pays », toujours selon ce document qui ne précise pas contre quels groupes la SADC agira. Selon le ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, la mission visera principalement à lutter contre les rebelles du M23 qui contrôlent une partie de la province du Nord-Kivu. RFI

Mali : la Minusma rétrocède une de ses dernières bases à Tombouctou
La mission de l’ONU au Mali (Minusma) a remis officiellement aux autorités nationales un de ses derniers camps dans une grande ville du nord du pays, Tombouctou, avant la fin de son retrait définitif, a indiqué la télévision publique ORTM. Les sites de Gao et Tombouctou de la Minusma étaient les derniers camps à ne pas avoir été rétrocédés car il y était prévu, après le 1er janvier, ce que l’ONU appelle la « liquidation » de la mission, c’est-à-dire remettre par exemple aux autorités les derniers équipements devant l’être, ou mettre fin aux contrats existants…Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 à Bamako ont réclamé en juin, après des mois de dégradation des relations, le départ sans délai de la Minusma déployée depuis 2013 dans ce pays en proie à une profonde crise multidimensionnelle. Le Conseil de sécurité de l’ONU a mis fin au mandat de la mission au 30 juin et lui a donné jusqu’au 31 décembre pour quitter le pays. Depuis, la Minusma, dont les effectifs ont tourné autour des 15.000 soldats et policiers et dont plus de 180 membres ont été tués dans des actes hostiles, a échelonné les rétrocessions, dans des conditions parfois difficiles dans le nord, sous la pression d’une escalade militaire entre tous les acteurs armés présents sur le terrain. TV5 avec AFP

Les appels à armer les Soudanais se multiplient face à la guerre
Après s’être emparés de la majeure partie de l’Etat d’al-Jazira et de sa capitale Wad Madani, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont continué leur percée vers le sud et se sont emparés de territoires dans l’Etat voisin de Sennar. Effrayés par les violences contre les civils dont sont accusées les FSR, des citoyens ont lancé une campagne « de résistance populaire armée » dans d’autres Etats, ceux du Nil Blanc, du Nil, de Gedaref, du Nord, de Kassala et de la mer Rouge. Dans les zones qu’elles ont conquises, les FSR ont de leur côté exigé des habitants qu’ils fournissent des volontaires, afin de les armer pour « protéger leur territoire ». Cette course à l’armement auprès des populations fait craindre une militarisation à grande échelle…Dans la ville de Chendi (Etat du Nil), dans le Nord jusqu’ici épargné par les combats, le gouverneur Mohammed Badaoui s’est exprimé la semaine dernière devant des milliers de personnes: « Nous allons former les jeunes au port d’armes pour qu’ils puissent défendre leurs terres, leur honneur et protéger leurs familles de la rébellion », a-t-il dit, en référence aux FSR…Dans un village situé dans la partie orientale d’al-Jazira, un habitant qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité a affirmé à l’AFP: « Les FSR arment un certain nombre de jeunes hommes de chaque village, ils leurs remettent des Kalachnikovs et un ou plusieurs véhicules, selon la taille du village ». A ce jour, selon le projet de recherche Small Arms Survey (SAS), 6,6% des 48 millions de Soudanais possèdent une arme à feu. La situation est particulièrement critique au Darfour (ouest). Cette région, la plus touchée par les combats avec la capitale Khartoum et le Kordofan (sud), a connu un conflit sanglant dans les années 2000 ayant fait 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU. AFP

La nouvelle Constitution tchadienne définitivement adoptée
La Cour suprême du Tchad a définitivement validé jeudi, les résultats du référendum pour une nouvelle constitution organisé par la junte militaire au pouvoir depuis deux ans et demi, une étape-clé censée ouvrir la voie a des élections fin 2024 dans le pays. D’après les résultats définitifs, le « oui » l’a emporté avec 85.90% des voix tandis que le « non » a obtenu 14.10% des suffrages avec un taux de participation qui s’élève à 62,8%, a indiqué le président de la Cour suprême lors d’une conférence de presse. Pour une partie de l’opposition et de la société civile, le résultat de ce scrutin s’apparente à un plébiscite destiné à préparer l’élection du président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno. La Cour suprême a rejeté le recours du Bloc Fédéral, une coalition de l’opposition qui avait demandé l’annulation des résultats en raison de plusieurs irrégularités dans le déroulement du vote. L’opposition qui avait largement appelé au boycott a dénoncé, selon les mots de Max Kemkoye, président du Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP), « un second coup d’Etat de Mahamat Idriss Déby Itno », face à des résultats qui, selon lui, ne sont pas crédibles. Le nouveau texte constitutionnel ne diffère pas tellement de celui déjà en vigueur et consacre toujours un grand pouvoir au chef de l’Etat. AFP

Niger: la chambre de commerce répond au Bénin sur la levée de l’interdiction des importations
Le port autonome de Cotonou a annoncé, mercredi 27 décembre, la levée de l’interdiction des importations de marchandises du Niger. Toutefois, les conteneurs débarqués ne pourront pas entrer au Niger par les frontières du Bénin, toujours fermées en application des sanctions économiques de la Cédéao. Certains biens peuvent toutefois les contourner en passant par le Burkina Faso. Pour autant, la nouvelle venue de Cotonou n’est pas forcément bien accueillie par la chambre de commerce nigérienne. En attendant la réaction de la junte au pouvoir à Niamey, la chambre de commerce du Niger a pris les devants. Dans un communiqué adressé aux opérateurs économiques, son président, Moussa Sidi, a rappelé que les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qu’il considère illégales, sont toujours en place. Selon lui, la fermeture des frontières a pour objectif de bloquer toute transaction commerciale avec le Niger. Par conséquent, précise le communiqué, la chambre invite les commerçants à continuer à utiliser les ports de Lomé, au Togo, et les corridors commerciaux burkinabè pour faire transiter les marchandises. Deux voies qui permettent de desservir le pays depuis le coup d’État de juillet…Cette levée de suspension par le port de Cotonou intervient après le discours à la nation du président béninois Patrice Talon qui avait fait part de sa disponibilité à négocier avec la junte et rétablir les relations diplomatiques avec Niamey. RFI

En tournée en Afrique de l’Est, le général soudanais «Hemedti» se rendra au Kenya
Le périple de « Hemedti » l’a d’abord conduit, mercredi 27 décembre, en Ouganda, où il a rencontré le président Yoweri Museveni, puis, jeudi 28 décembre, en Éthiopie, où il a rencontré le Premier ministre Abiy Ahmed. Dans les deux pays, il a été question du conflit au Soudan. Ces déplacements interviennent alors que l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) redouble d’efforts pour amener le général Daglo et le général Abdel Fattah al-Burhan, le chef de l’armée, à la table des négociations. La rencontre envisagée à Djibouti ce vendredi 29 décembre, sous l’égide de l’Igad, n’aura finalement lieu qu’au début du mois de janvier 2024, selon l’organisation. Elle a informé Khartoum que « Hemedti » ne s’y rendra pas « pour des raisons techniques », sans plus de précisions. Les deux frères ennemis ne se sont jamais rencontrés depuis le début du conflit, il y a plus de huit mois. Toutes les précédentes tentatives d’organiser une rencontre ont échoué, en l’absence d’une réelle volonté des deux parties de mettre fin à la guerre, chacun espérant en sortir vainqueur…Après l’Ouganda et l’Éthiopie, il se rendra dans un troisième pays membre de l’Igad, le Kenya. Son but est d’exposer « sa vision pour s’engager dans des négociations de cesser les hostilités », comme il l’exprime sur le réseau social X (ex-Twitter). Selon plusieurs observateurs, comme Abdel Fattah al-Burhan, qui a précédemment effectué sa tournée africaine, le général Daglo veut montrer qu’il est l’homme fort du Soudan et qu’il a, lui aussi, son point de vue à partager avec les dirigeants de plusieurs pays membres de l’Igad avant de se rendre à Djibouti. En espérant de les rallier à sa cause. RFI

Présidentielle au Sénégal : plus de 90 candidatures réceptionnées
Le Conseil constitutionnel sénégalais a réceptionné 93 dossiers de candidature à la présidentielle de février 2024 avant la date limite de dépôt qui a expiré mardi 26 décembre à minuit, selon le quotidien public Le Soleil…Le Conseil constitutionnel doit annoncer la liste des candidats retenus à la présidentielle au plus tard le 20 janvier. Parmi les candidatures figurent celles des principaux favoris du scrutin du 25 février 2024 : Amadou Ba, membre de la coalition au pouvoir et actuel Premier ministre du Sénégal, l’opposant emprisonné Ousmane Sonko, l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, Karim Wade (fils de l’ex-président Abdoulaye Wade) et Idrissa Seck, arrivé deuxième à la présidentielle de 2019. Président depuis 2012, Macky Sall a annoncé en juillet qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat. Il a désigné Amadou Ba pour représenter la majorité. L’administration sénégalaise a refusé de délivrer les documents nécessaires pour une candidature au mandataire de Ousmane Sonko, personnage central d’un bras de fer de plus de deux ans avec l’État. Ousmane Sonko, 49 ans, a toutefois déposé sa candidature au Conseil constitutionnel, a affirmé son équipe de campagne. Sa coalition a annoncé mercredi 27 décembre qu’elle allait procéder à son investiture samedi à Dakar…La précampagne et la campagne débuteront respectivement les 5 janvier et 4 février 2024, a indiqué dans un communiqué le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA). TV5 avec AFP

Liberia : le bilan monte à plus de 40 morts dans l’explosion du camion citerne
Un camion-citerne qui fuyait a explosé en début de semaine alors que des personnes se rassemblaient pour récupérer l’essence, faisant plus de 40 morts, ont annoncé jeudi les autorités du Liberia. L’explosion de mardi a également blessé au moins 83 personnes dans la ville de Totota, dans le centre de ce pays d’Afrique de l’Ouest, selon les autorités sanitaires. De nombreux morts ont été enterrés dans une fosse commune mercredi parce que leurs restes étaient méconnaissables, a déclaré le Dr Cynthia Blapook, responsable de la santé dans le comté de Bong. Les autorités sanitaires ont indiqué qu’il était difficile de confirmer le nombre exact de morts en raison de l’état de brûlure des corps…Les responsables de la santé ont déclaré que le nombre de blessés pourrait augmenter, car ils ne sont pas certains que tout le monde a été transporté pour recevoir des soins. Un médecin d’un hôpital traitant les blessés a exhorté le gouvernement libérien à déployer une équipe de gestion des catastrophes et à en avoir une dans chaque comté pour répondre aux urgences. Le Dr Minnie Sankawolo-Rocks a également demandé à la population de ne pas s’approcher des camions-citernes dans l’espoir de récupérer l’essence dont elle a tant besoin. Des accidents mortels similaires se sont produits ailleurs en Afrique. Africanews avec AFP

Éthiopie : la justice transitionnelle doit privilégier les victimes, selon l’ONU
Pour aller de l’avant, le gouvernement éthiopien doit faire face à l’héritage de violations et d’abus des droits humains dans le pays en se fondant sur le droit international, selon un nouveau rapport conjoint du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et de la Commission éthiopienne des droits de l’homme publié ce jeudi…Long de 90 pages et rédigé en anglais, le rapport présente les résultats de 15 consultations communautaires tenues de juillet 2022 à mars 2023. Elles ont rassemblé plus de 800 participants, dont 319 femmes, dans les régions d’Afar, Amhara, Harari, Oromia, Somali et du Tigré, ainsi que dans la ville de Dire Dawa. Parmi les participants figuraient des victimes, des personnes déplacées, des personnes en situation de handicap, des chefs traditionnels et religieux ainsi que des organisations locales de la société civile…Les conclusions du rapport mettent en évidence un large consensus parmi les participants sur la nécessité de mettre en œuvre toutes les composantes de la justice transitionnelle. Celles-ci englobent la responsabilité pénale, la recherche de la vérité, les réparations et les garanties de non-répétition, y compris des recours efficaces pour les victimes, les réformes juridiques et la réconciliation. ONU Info