Point commun de ces putschs, les dirigeants des transitions politiques sont des hauts gradés de l’armée qui refusent de se soumettre. Mahamat Idriss Deby Itno au Tchad était responsable de la sécurité du palais présidentiel. Assimi Goïta au Mali et Mamadi Doumbouya en Guinée étaient tous deux leaders des forces spéciales. Trois dirigeants autoproclamés présidents qui ont fait le choix stratégique de dissoudre les institutions, bloquant, de fait, tout retour en arrière. Faiblesse des institutions locales, perte d’influence de la France, faiblesse également de la Cédéao et de l’Union africaine, tous ces éléments ont permis à ces militaires de s’imposer jour après jour, estime Ibrahima Kane, observateur et militant sénégalais des droits de l’homme. « On est dans des sociétés qui sont en totale décomposition. Il n’y a plus de structures capables de jouer le rôle que la société civile jouait par le passé. Et cela permet à ces militaires de surfer, de développer des stratégies, d’aller dans des directions qui sont les leurs et qui ne sont pas celles de la population. Aujourd’hui, en dehors de ces militaires, il n’y a absolument rien », analyse-t-il. Alioune Tine va dans le même sens. Il estime que ces coups d’État à répétition en 2021, avec des dirigeants de transition qui refusent de respecter les codes constitutionnels, notamment les calendriers pour organiser des élections, sont un des signes, une conséquence directe aussi, de systèmes démocratiques à bout de souffle en Afrique de l’Ouest. « On vit quand même une des périodes historiques postcoloniales les plus sombres dans l’espace Cédéao. Et il me semble que nous devons repenser les démocraties en Afrique de l’Ouest, repenser la gouvernance et repenser la géopolitique », selon lui. Début janvier, Macky Sall prendra la tête de l’Union africaine. Très critique sur ces putschs, il sera intéressant de voir si le président sénégalais, qui refuse de son coté de dire s’il sera ou non candidat à un troisième mandat, poussera ou contraindra les dirigeants des transitions au Mali et en Guinée, mais aussi du Tchad, à organiser au plus vite les élections présidentielles. RFI
Chaque jour, les promesses du général Abdel Fattah al-Burhane s’étiolent un peu plus. Le 25 octobre, en s’emparant du pouvoir, le chef de l’armée soudanaise promettait de rectifier la trajectoire de la transition démocratique. Deux mois plus tard, donner des gages à la rue est devenu le cadet de ses soucis. Non seulement les cortèges prodémocratie font face à une répression d’une violence inédite depuis le début de la révolution, en décembre 2018. Au moins 47 civils ont perdu la vie, tandis que ce bilan continue de s’alourdir à chaque « marche du million », malgré l’accord conclu le 21 novembre avec le Premier ministre Abdallah Hamdok. En l’absence de soutien populaire, la démission de ce dernier semble imminente. Dans ce contexte, le général putschiste se cramponne, lui, à son poste et tente, par tous les moyens, de gagner du temps. Il vient ainsi de restaurer, le 26 décembre, les pleins pouvoirs des services de renseignements ou GIS (ancien NISS). Depuis son compte Twitter, cette puissante branche de l’État, célèbre pour les crimes commis sous la dictature d’Omar el-Béchir, énumère les prérogatives qui lui sont rendues : « arrestation de personnes, perquisitions, contrôle des biens et des effets personnels, saisie de fonds et autres, interdiction ou réglementation de la circulation des personnes ». Le GIS renoue en outre avec son immunité. « Cela donne carte blanche aux forces de l’ordre pour faire ce qu’elles veulent. Il s’agit d’un retour en tout point à la situation sous el-Béchir », constate le docteur en droit Ahmed el-Gaili. Le Point
Des militaires lourdement armés se sont déployés mardi 28 décembre dans des secteurs stratégiques de Mogadiscio, alors que la Somalie s’enfonce dans une nouvelle crise politique qui suscite l’inquiétude de ses alliés occidentaux. Des soldats loyaux au premier ministre Mohamed Hussein Roble ont pris position aux alentours du palais présidentiel, au lendemain de l’annonce de sa destitution par le président Mohamed Abdullahi Mohamed, alias Farmajo. Les tensions entre les deux hommes sont récurrentes, mais cette nouvelle escalade fait craindre pour la stabilité de ce pays fragile de la Corne de l’Afrique. « Les soldats ne sont pas loin des principaux check-points entourant le palais présidentiel. Ils sont équipés de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes », a affirmé mardi à l’AFP Saido Mumin, un résident du quartier présidentiel, à propos de ces hommes armés. Un autre habitant du quartier, Abdukadir Ahmed, a confié que, même si la situation était calme, il était « très inquiet » quant à une possible explosion de violences. Des hommes politiques et leaders traditionnels ont tenté de calmer la situation. « Certains milieux politiques et chefs traditionnels ont commencé à discuter avec les deux camps pour désamorcer la crise, mais les efforts sont toujours en cours », a indiqué à l’AFP sous couvert d’anonymat un responsable au sein du bureau présidentiel. Le Monde avec AFP
L’instabilité politique et les coups d’État comme au Soudan, au Mali, en Guinée ou au Tchad, ont participé à la dégradation des conditions de travail des médias. Dans son bilan annuel sur des exactions commises à l’encontre des journalistes, publié en décembre, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme sur le nombre croissant de journalistes détenus dans le monde. Et avec plus de 100 journalistes arrêtés arbitrairement et 26 autres toujours détenus en 2021, l’Afrique ne fait pas exception, selon le rapport de RSF. L’Afrique de l’Est est la région la plus hostile à la liberté des médias sur le continent, note Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. « Au cours de l’année en Afrique subsaharienne, 26 journalistes étaient détenus au moment de la publication de notre bilan, principalement au Cameroun, au Bénin, en Éthiopie, au Nigeria, en Ouganda, au Soudan et en Érythrée. » DW
Le rapport d’enquête sur les crimes commis après la réélection d’Alassane Ouattara, en octobre 2020, a été rendu public ce lundi 27 décembre. Il met en avant la responsabilité de nombreux opposants, au premier rang desquels le patron du PDCI. Des maisons incendiées, des jeunes tués ou disparus, des corps calcinés, des barricades enflammées, des affrontements entre bandes armées. Un an après les violences post-électorales commises fin 2020 en Côte d’Ivoire, l’unité spéciale chargée de l’enquête sur ces événements vient de livrer ses conclusions. Et elles ont tout pour faire grand bruit. Dans un rapport d’une soixantaine de pages rendu public lundi 27 décembre, cette structure créée par Alassane Ouattara en novembre 2020 (composée de quarante officiers de police judiciaire et déployée sur le terrain en février 2021), pointe du doigt la responsabilité de personnalités majeures de l’opposition, alors hostiles à un troisième mandat du chef de l’État. Jeune Afrique
Après la négociation de transactions financières entre les fournisseurs et l’État du Niger, les autorités ont renoncé à se porter partie civile dans l’affaire des détournements d’argent public au ministère de la Défense. Un audit réalisé au ministère de la Défense nationale avait révélé que plusieurs dizaines de milliards de francs CFA avaient été soutirés au trésor public par des fournisseurs de matériel militaire via des surfacturations, fausses factures et des commandes non livrées. L’affaire qui avait défrayé la chronique au Niger fait à nouveau couler de l’encre. Dans une ordonnance rendue publique par le doyen des juges, on apprend qu’il y a eu des transactions intervenues entre les inculpés et l’État du Niger. Des compensations financières entre les créances de l’État du Niger et celles des fournisseurs. … Tout cette affaire avait débuté suite à un audit financier ordonné par l’ancien président de la République Issoufou Mahamadou dans les procédures de passation des marchés d’équipements militaires au ministère de la Défense nationale. Des surfacturations de plus de 70 milliards de francs CFA avaient été mises en évidences. Cinq des principaux fournisseurs ont été inculpés d’atteinte à l’accès d’égalité des candidats devant les marchés publics. L’affaire avait défrayé la chronique en son temps car à l’époque, les soldats nigériens subissaient des assauts des jihadistes. RFI
Aux abords de la morgue du Centre hospitalier universitaire régional de Ouahigouya, les parkings à moto étaient saturés ce dimanche matin pour la levée du corps de Ladji Yoro. À l’occasion du dernier hommage à ce Volontaire pour la défense de la patrie (VDP, auxiliaire civil de l’armée), mort au combat le 23 décembre à l’âge de 42 ans, la foule est compacte. Et elle s’épaissit encore pour escorter le cortège funéraire jusqu’au cimetière. Motos par centaines, tricycles, voitures rutilantes des officiels qui ont fait le déplacement de Ouagadougou, la capitale, à environ 200 kilomètres au sud. Leur ballet est impressionnant, presque infini, le long du trajet bordé de latérite rouge. Les images du guerrier autodidacte, chapeau de cow-boy et ceinture de munitions autour du cou, abondent, et les louanges pleuvent : « valeureux combattant », « samouraï de la brousse », « édifice de la nation », ou « intrépide VDP », selon la formule du président Kaboré. Parmi les officiels présents, le ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants Aimé Barthélémy Simporé, l’un de ses prédécesseurs, Chérif Sy, des membres de gouvernement, des députés, des officiers. Le Point