Revue de presse du 29 avril 2024

La stratégie de la Chine pour façonner l’espace médiatique africain
L’augmentation des investissements chinois dans l’espace médiatique africain fait partie d’une stratégie globale du Parti communiste chinois (PCC) visant à étendre son influence dans les pays en développement en façonnant leurs espaces médiatiques. Le PCC considère les médias comme un terrain de bataille pour « bien raconter l’histoire de la Chine », une expression inventée par le secrétaire général du PCC Xi Jinping en 2013 lors de la conférence nationale sur la propagande et l’idéologie du parti. Le parti au pouvoir en Chine, selon ses propres politiques, considère les médias comme une arène de combat pour promouvoir ses récits et ses politiques et pour discréditer ceux de ses adversaires sans recourir à la force militaire. Cela fait référence au concept de Sun Tzu de « gagner des batailles sans combattre », un concept que les propagandistes du PCC utilisent fréquemment pour décrire leurs offensives médiatiques. L’intégration des médias du PCC dans les écosystèmes médiatiques africains risque de fausser les espaces d’information de l’Afrique, et donc l’accès à des informations indépendantes qui influencent les débats des citoyens sur toute une série de questions allant de la gouvernance à la société en passant par l’économie. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

Les Togolais élisent leurs députés après une réforme constitutionnelle éclair
Les Togolais ont commencé à voter lundi matin pour élire députés et conseillers régionaux, un scrutin qui se tient juste après une réforme éclair de la Constitution destinée selon l’opposition à maintenir le président Faure Gnassingbé au pouvoir…Ce double scrutin législatif et régional intervient dans un climat politique très tendu après l’adoption le 19 avril d’une nouvelle Constitution selon laquelle le président sera élu pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois, par les députés, et non plus directement par les électeurs. Le prochain scrutin présidentiel au suffrage universel direct, qui était prévu en 2025, n’aura donc pas lieu. Le pouvoir résidera désormais entre les mains du président du conseil des ministres, une sorte de super-Premier ministre qui sera obligatoirement « le chef du parti majoritaire » à l’Assemblée nationale. Le chef du parti vainqueur des élections sera nommé à cette nouvelle fonction. Si le parti au pouvoir UNIR gagne lundi, M. Gnassingbé pourrait assumer ce nouveau poste immédiatement. L’opposition reproche à la nouvelle Constitution de permettre la prolongation de la dynastie Gnassingbé à la tête du pays et dénonce un « coup d’Etat institutionnel ». AFP

Après VOA et BBC, le Burkina Faso suspend TV5 Monde et des sites d’information
La télévision française TV5 Monde a été suspendue deux semaines au Burkina Faso, tandis que son site internet et six autres sites d’information l’ont été jusqu’à « nouvel ordre » pour avoir diffusé un rapport accusant l’armée « d’exactions » contre des civils, ont annoncé les autorités…L’autorité de communication a également décidé de la « suspension de l’accès aux sites Web de TV5 Monde Deutsche Welle, Ouest-France, Le Monde.fr, Apanews, The Guardian, et AgenceEcofin, à partir du territoire burkinabè et ce jusqu’à nouvel ordre ». Cette nouvelle série de suspensions intervient deux jours après celle de radios britannique et américaine, la BBC et Voice of America (VOA), pour une durée de deux semaines…Le Burkina Faso, dirigé par des militaires issus de coups d’Etat en 2022, a déjà suspendu temporairement ou sine die la diffusion de plusieurs chaînes de télévision ou de radio et expulsé des correspondants étrangers. AFP

Mali: la Cour constitutionnelle refuse de statuer sur la fin de la transition
Au Mali, c’est un arrêt contesté de la Cour constitutionnelle sur la fin de la transition. Pris le jeudi 25 avril, il a été publié au Journal officiel le 26 et rendu public ce samedi. Saisie le 28 mars dernier par des organisations de magistrats et de procureurs ainsi que par une association politique malienne sur la fin de la période de transition, qui s’est officiellement achevée le 26 mars dernier, la Cour constitutionnelle a mis un mois à répondre pour, finalement, déclarer les requêtes « irrecevables »…La Cour constitutionnelle s’est par ailleurs déclarée, dans un second arrêt rendu le même jour, « incompétente » au sujet de la suspension des activités politiques des partis et associations du Mali. Elle avait été saisie par le parti Convention pour la République (CRe) pour reconnaître l’inconstitutionnalité de cette suspension, décrétée le 10 avril dernier par les autorités de transition. Mais selon la Cour constitutionnelle, une telle demande relève de la compétence de la section administrative de la Cour suprême. RFI

En Afrique du Sud, trente ans après les premières élections démocratiques, l’ANC n’est pas à la fête
Il flottait dans l’air comme une ambiance de fin de règne, samedi 27 avril, à Pretoria, pour la commémoration des trente ans des premières élections multiraciales de 1994, aussi appelée Journée de la liberté. Le grand barnum qui avait été installé sur la plaine en contrebas du complexe présidentiel de l’Union Buildings était à moitié vide. Ce qui aurait pu être une grande fête populaire ne fut qu’une modeste cérémonie institutionnelle avec le corps diplomatique au premier rang et des sympathisants du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, au second plan. Car c’était aussi un anniversaire pour l’ANC. L’ancien mouvement de lutte contre le régime d’apartheid est né en 1912, mais n’a pris le pouvoir qu’en 1994 à la faveur de l’élection de Nelson Mandela, premier président noir d’Afrique du Sud. Cet événement intervenait en pleine campagne électorale, à un mois des élections générales du 29 mai lors desquelles l’ANC risque de perdre sa majorité…Longtemps associé au combat contre le régime d’apartheid, l’ANC profite de moins en moins de cette rente mémorielle. Désormais, plus de la moitié de la population n’a pas connu l’apartheid et n’a pas voté en 1994. L’autre moitié, les anciens qui ont fait la queue pour aller déposer leur bulletin de vote en 1994, se souvient du 27 avril comme d’un espoir déçu. Le Monde

Soupçons de détournements: des ministres interdits de quitter la RDC
Dans une lettre datée de samedi, diffusée dimanche sur les réseaux sociaux et relayée par les médias officiels, le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, demande aux agents de la Direction générale des migrations (DGM) d’interdire aux trois hommes de « sortir de Kinshasa » et « du territoire » congolais. Il s’agit des ministres des Finances et du Développement rural, respectivement Nicolas Kazadi et François Rubota, ainsi que d’un ancien ministre du Développement rural, Guy Mikulu. Selon une source proche de Nicolas Kazadi, celui-ci s’est effectivement vu interdire samedi de quitter Kinshasa pour la France, où le président de la RDC, Félix Tshisekedi, est en visite officielle lundi et mardi. AFP

Réduction de la présence militaire américaine au Tchad : un redéploiement temporaire en perspective
Les États-Unis envisagent de retirer temporairement une partie de leurs troupes du Tchad, ont annoncé jeudi des responsables américains. Cette décision intervient quelques jours seulement après que Washington a été contraint d’accepter de retirer ses troupes du Niger voisin. Ce retrait temporaire concerne un nombre restreint de soldats des forces spéciales américaines, principalement des planificateurs et des conseillers, actuellement présents au Tchad. Ces troupes seront redéployées en Allemagne dans un premier temps…Le retrait américain, bien que temporaire, pourrait avoir un impact sur les efforts de lutte contre le terrorisme dans la région, d’autant plus que le Tchad a été un allié crucial dans ce combat. La situation sécuritaire fragile au Sahel pourrait également être davantage fragilisée, avec des répercussions potentielles sur les pays voisins. VOA avec Reuters

Présidentielle au Tchad: les principales propositions des candidats
Au Tchad, la campagne électorale bat son plein en vue de l’élection présidentielle du 6 mai 2024. Dix candidats sont en lice : neuf hommes et une femme. Alladoum Djarma Baltazar, de l’Action socialiste tchadienne pour le renouveau, veut permettre au Tchad d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Lydie Beassemda, présidente du Parti pour la démocratie et l’indépendance intégrales, se veut « candidate pour un Tchad fédéral ». Théophile Bongoro Bebzouné, candidat du Parti pour le rassemblement et l’équité au Tchad, veut réformer le secteur de l’énergie et rendre la santé gratuite en « surtaxant » les « produits de luxe ». Mahamat Idriss Déby, président de transition du Tchad et candidat de la coalition Tchad uni, défend son « programme qui est ambitieux ». Nasra Djimasngar, président du parti Le Nouveau Jour, veut s’attaquer à la corruption dans l’attribution des marchés publics et leur gestion. Succès Masra, Premier ministre et candidat des Transformateurs, défend son « engagement sincère pour que dans chaque foyer tchadien, il y ait un paquet minimum de dignité ». Albert Pahimi Padacké, président du Rassemblement national pour la démocratie au Tchad, veut « restaurer la démocratie dans son pays » RFI

Présidentielle au Tchad : Succès Masra en démonstration de force dans le sud du pays
Dimanche 28 avril, Succès Masra, Premier ministre de transition du Tchad et candidat à la présidentielle du 6 mai, a rassemblé des milliers de personnes lors d’un meeting à Moundou, dans le sud du pays, bastion de l’opposition…Son cortège, accompagné d’une véritable marée humaine, avait mis deux heures à atteindre le stade de la ville en construction, qui accueillait l’événement à un peu plus d’une semaine de la présidentielle au Tchad…Malgré cette démonstration de force de l’ancien opposant lors de ce meeting de Moundou – au cœur du sud du pays, dont il est originaire –, une partie de l’opposition tchadienne s’estime toujours trahie par lui. En exil ou empêché de participer à l’élection, cette frange accuse le Premier ministre de concourir à la présidentielle pour lui ravir des voix avec l’idée d’assurer une majorité au président Déby Itno et de conserver à moyen terme son poste de chef du gouvernement. Une accusation rejetée par Succès Masra, qui estime jouer le jeu de la démocratie. Jeune Afrique avec AFP

Élections au Tchad: l’agence électorale interdit la photographie des PV du scrutin
Au Tchad, le code électoral ne prévoit ni l’affichage des procès-verbaux de dépouillement dans les bureaux de vote, ni leur remise aux mandataires des candidats. Seule possibilité pour les candidats d’y avoir accès, ils peuvent obtenir ces PV plus tard au démembrement de l’Ange, dont dépend le bureau de vote. Un dispositif qui suscite la méfiance des candidats. C’est dans ce contexte que Succès Masra, Premier ministre, ancien leader de l’opposition et adversaire du président-candidat Mahamat Idriss Déby, a appelé ses militants « à être la sentinelle du vote » en prenant en photos les PV de dépouillement du scrutin. Les Transformateurs se sont donc dit « surpris » par cette sortie de l’Ange émettant l’interdiction de prise de photos. « Il s’agit de participer à rendre transparente la présidentielle » : voilà comment le vice-président des Transformateurs justifie la demande du candidat Succès Masra à ses militants de prendre en photo les résultats du scrutin dans leurs bureaux de vote respectifs. « La loi prévoit que le dépouillement soit fait publiquement et les résultats lus à haute voix », explique Sitack Yombatina, avant de se demander ce qui « fait peur à l’Ange au point d’imposer une interdiction de prises de photos dans les bureaux de vote qui n’a pas été prévue par le code électoral ». RFI

Gabon: la recommandation du dialogue national de suspendre les partis politique fait polémique
Samedi, à l’issue du dialogue national censé réformer le pays en profondeur, les panélistes ont demandé la suspension de tous les partis politiques, soit plus d’une centaine. En plus, les leaders du PDG, l’ancienne formation au pouvoir, seront inéligibles pendant trois ans. Cette mesure qui est pour l’instant une recommandation, suscite la polémique au sein des différentes formations politiques. Les partis politiques étaient déjà en colère de n’avoir qu’un représentant chacun au dialogue national qui s’est achevé samedi. Cette annonce est vécue comme une sanction supplémentaire…D’autres formations sont plus favorables à la suspension et rappellent que certains partis étaient des instruments de l’ancien régime. RFI

Tunisie: des migrants survivent dans les champs d’oliviers
À El Amra, dans la région de Sfax (est du pays), plusieurs campements de fortune des migrants subsahariens vivant dans les oliveraies de la région ont été démantelées la semaine passée par la Garde nationale…Les autorités ont justifié ces évacuations par le fait que certains migrants auraient dégradé des biens agricoles dans certains endroits, créant des tensions avec la population avoisinante. Les résidus du campement jonchent encore le sol, brûlés et détruits…La plupart attendent de pouvoir prendre la mer vers l’Europe comme en témoignent des restes de bateaux en fer aux abords du campement…Ils seraient environ 20 000 migrants à vivre dans ces camps depuis des mois. Certains y sont depuis la mi septembre, après avoir été forcés par les autorités de quitter le centre-ville de Sfax. RFI