Revue de presse du 29 août 2024

FOCAC 2024 : Élever les intérêts africains au-delà du sommet sino-africain
Le neuvième Forum sur la coopération sino-africaine (Forum on China-Africa Cooperation ou FOCAC), qui se tiendra à Pékin du 4 au 6 septembre, se déroule à un moment critique. Les économies africaines sont toujours affectées par l’instabilité causée par la pandémie de COVID-19, et la colère grandit face aux conséquences économiques d’une dette insoutenable, dont certaines se manifestent par des manifestations populaires. Les jeunes exigent l’équité, la justice et la transparence, y compris dans les relations des gouvernements africains avec les puissances extérieures. Les gouvernements sont également soumis à des pressions pour qu’ils respectent leur engagement de faire progresser leurs économies dans la chaîne de valeur et de passer de l’aide au commerce…Le FOCAC, et plus généralement la politique sino-africaine, est souvent critiqué pour sa lourdeur au sommet et son orientation excessive vers les relations d’État à État. Une grande partie du FOCAC se déroule à huis clos et sans la présence d’experts indépendants. Cela exclut de nombreux acteurs africains de premier plan. Cela empêche également un contrôle efficace. C’est l’une des raisons pour lesquelles les résultats du FOCAC sont difficiles à quantifier, à suivre, à évaluer et à améliorer. Les citoyens africains demandent de plus en plus aux gouvernements africains de remédier à ces lacunes et à d’autres afin de garantir que les Africains ordinaires tirent le maximum de profit d’une initiative qui aime se présenter comme un modèle de « coopération gagnant-gagnant ». Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

Onze cadres politiques détenus au Mali: la procédure judiciaire avance, des médiations en cours
Au Mali, cela fait plus de deux mois que onze cadres politiques d’opposition sont détenus. Ces anciens ministres et chefs de parti, membres de la « Déclaration du 31 mars » qui réclame le retour à l’ordre constitutionnel au Mali, avaient été arrêtés le 20 juin dernier. Ils sont inculpés notamment d’« opposition à l’exercice de l’autorité légitime ». Ces dernières semaines, la procédure judiciaire a connu des avancées. Des tentatives de médiation sont également en cours pour tenter d’obtenir leur libération…Les autorités de transition avaient suspendu les activités politiques des partis et associations en avril dernier, invoquant des raisons d’« ordre public », avant de lever cette interdiction au mois de juillet. Parallèlement à la procédure judiciaire, les partis signataires de la Déclaration du 31 mars ont mis en place trois commissions : l’une est consacrée à la procédure judiciaire, la seconde organise les visites aux « camarades détenus », dispersés dans trois prisons différentes – trois sont à Keniéroba, trois à Koulikoro, cinq à Dioïla. Cette commission dite de « solidarité » a également mis en place un soutien pour les familles des personnalités détenues…Les onze anciens ministres et dirigeants de partis politiques maliens (RPM, Adema, Asma, PDES, Nema, Union, Vinda, Alternative pour le Mali) ont été arrêtés par des gendarmes sans mandat lors d’une réunion dans un domicile privé, alors que les activités des partis politiques avaient été suspendues par décret. Ils travaillaient à un projet de règlement intérieur de leur regroupement et à des actions communes – conférences de presse, rassemblements dans le but d’obtenir l’organisation d’élections et le retour à l’ordre constitutionnel. RFI

Niger: l’ex-président Mohamed Bazoum entendu par les gendarmes
Au Niger, le président renversé Mohamed Bazoum a été entendu mercredi matin dans le cadre de l’enquête préliminaire dans sa résidence par un groupe de trois gendarmes, un commandant, un capitaine et un adjudant. Pour rappel, la Cour d’État avait levé son immunité pour pouvoir le juger pour haute trahison. C’est en présence de son avocat, le bâtonnier Moussa Coulibaly, que l’ex-président déchu Mohamed Bazoum a été entendu. Une première tentative des gendarmes venus seuls la veille pour l’interroger avait échoué. Mohamed Bazoum avait exigé la présence de sa défense. De sources proches de sa famille, l’audition a duré près de cinq heures. Le président Bazoum s’est bien défendu face aux nombreuses questions des enquêteurs, ajoute une autre source. Le 24 juin dernier, après une audience qui a tenu en haleine les Nigériens et après que la défense du président Bazoum a quitté la salle, la Cour d’État avait levé son immunité. Elle a décidé de le poursuivre pour haute trahison et apologie du terrorisme. Un dossier vide, selon plusieurs observateurs. Depuis treize mois, le président Mohamed Bazoum et son épouse Hadiza sont retenus dans leur résidence officielle à l’intérieur du camp de la garde présidentielle du général Tiani. La Cédéao et l’Union européenne avaient exigé leur libération sans condition. RFI

Burkina Faso: une offensive terroriste a fait 26 morts civils dimanche à Kounla
Alors que le Burkina Faso se remet à peine de l’attaque de Barsalogho, au nord, qui a fait plus de 200 morts samedi dernier, nous avons appris que le lendemain, dimanche, une autre offensive terroriste visant des civils avait fait 26 morts dans la commune de Sanaba, à Kounla. C’est lors d’une prière dimanche dernier dans une église du petit village de Kounla que des terroristes ont surgi. Les hommes en armes ont encerclé le site, chassant les femmes et les enfants avant de ligoter les hommes. Les terroristes se sont ensuite livrés à des exécutions sommaires de ces catholiques : 26 morts au total. Par la suite, des maisons et des enclos ont été incendiés avant que les terroristes ne s’enfuient avec du bétail volé. Les survivants à cette razzia meurtrière se sont réfugiés à Sanaba, plus au sud du village. Si cette attaque dans la province des Banwa est d’une rare violence, ce n’est pas la première dirigée vers la communauté chrétienne lors d’une cérémonie. Le 25 février à Essakana, dans le nord du pays, une attaque similaire pendant la messe dominicale avait fait quinze morts et deux blessés. RFI

Comment Alassane Ouattara a contenu la menace jihadiste
En janvier 2022, le gouvernement ivoirien a lancé un programme de lutte contre la fragilité dans ces zones frontalières, dans le but de « renforcer la cohésion sociale et la résilience économique des populations du nord face aux risques d’attaques terroristes en raison de leur proximité avec le Mali et le Burkina Faso »…Six régions – la Bagoué, le Bounkani, le Folon, le Kabadougou, le Poro et le Tchologo – sont concernées par ce projet, qui comprend une branche « insertion professionnelle et emploi des jeunes ». Occuper les jeunes, les extraire de la précarité, comme rempart au terrorisme. Entre 2022 et 2024, l’objectif des autorités est de soutenir 64 812 jeunes pour un budget de 33 milliards de F CFA (50 millions d’euros)…« Derrière ce dispositif, l’objectif est d’accompagner des activités, mais aussi de créer de la cohésion sociale, que les populations se retrouvent autour d’un projet commun, qu’elles puissent vivre ensemble », explique Herman Nicoué, le coordonnateur de la composante insertion professionnelle et emploi des jeunes du programme. Les attaques terroristes, mais aussi la grande précarité des populations, ont fragilisé les liens communautaires dans ces régions où cohabitent plusieurs ethnies, certaines à cheval sur les deux pays. Jeune Afrique

Au Soudan, des images sur les réseaux sociaux révèlent des crimes de guerre, selon Human Rights Watch
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé jeudi 29 août les militaires et paramilitaires en conflit depuis plus de seize mois au Soudan de commettre des crimes de guerre, notamment des exécutions sommaires, des actes de torture et des mutilations de cadavres…Après avoir analysé des images publiées sur les réseaux sociaux, HRW affirme qu’au moins quarante personnes ont été exécutées sommairement et que dix-huit détenus ont subi des actes de tortures et des mauvais traitements. Neuf des vingt vidéos analysées montrent la mutilation d’au moins huit cadavres, la plupart d’entre eux par des personnes en uniforme militaire, bien que certaines soient en civil, ajoute l’ONG. « Dans tous les cas, les détenus ne semblent pas armés et ne représentent aucune menace pour leurs geôliers, et dans plusieurs cas ils sont attachés », souligne HRW…Le rapport de HRW coïncide avec l’arrivée de la vice-secrétaire générale des Nations unies, Amina Mohammed, dans la ville côtière de Port-Soudan, qui contribue aux efforts entrepris pour résoudre la crise dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Est. Le Monde avec AFP

Le gouvernement gambien défend un nouveau projet de Constitution
Le ministre de la Justice en Gambie a défendu mercredi devant la presse un nouveau projet de Constitution, réforme jugée indispensable par les partenaires de la Gambie pour la stabilité du pays, qui devrait être votée en 2025. Ce projet vise à remplacer la Constitution de 1997 qui avait permis à Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1994, de consolider sa mainmise sur ce petit pays anglophone totalement enclavé dans le Sénégal, à l’exception d’une étroite façade côtière prisée des touristes. La Commission de révision de la Constitution, instituée en juin 2018, avait publié son premier projet en novembre 2019. Il avait été rejeté par les députés en 2020, en raison du caractère « rétroactif » de la limitation à deux du nombre de mandats de l’actuel président Adama Barrow. Quatre ans plus tard, le gouvernement souhaite lui donner une seconde chance, après avoir notamment retiré la clause de rétroactivité de la limitation de mandat, ce qui signifie que le président Adama Barrow, au pouvoir depuis 2017, pourrait effectuer deux nouveaux mandats à partir de l’adoption de la nouvelle Constitution. AFP

L’ONG CIDDHOPE exige des sanctions contre le M23 pour violation de l’accord de cessez-le-feu
Dans un communiqué publié mardi 27 août, l’ONG Cercle international pour la défense des droits de l’homme, la paix et l’environnement (CIDDHOPE), demande des sanctions contre les rebelles du M23 pour violation de l’accord de cessez-le-feu signé par la RDC et le Rwanda il y a quelques jours. Cette organisation de défense des droits de l’homme basée à Butembo au Nord-Kivu accuse le M23 d’avoir récemment mené des attaques contre les positions des FARDC dans plusieurs villages du territoire de Lubero, provoquant le déplacement d’au moins douze mille habitants. Le CIDDHOPE recommande au Gouvernement des États-Unis d’Amérique de sanctionner les rebelles du M23/RDF, qui continuent à endeuiller la population de la province du Nord-Kivu, en violation flagrante dudit accord…Le cessez-le-feu, en vigueur depuis le 4 août, résulte d’un accord entre le Rwanda et la RDC, signé le 30 juillet à Luanda, supervisé par le Mécanisme de vérification ad-hoc. Il fait cependant l’objet de violations répétées de la part des rebelles du M23 dans le NordKivu, accusent les autorités congolaises. Radio Okapi

RDC: une loi de programmation pour la police nationale en chantier
En RDC, après l’adoption l’année dernière de la loi de programmation militaire, qui a permis d’assurer un financement pluriannuel du secteur de la Défense, le gouvernement se concentre désormais sur l’élaboration de la toute première loi de programmation pour la Police nationale congolaise. L’atelier d’actualisation de ce projet de loi, qui vise à structurer et réformer la police, a débuté lundi et s’est achevé mardi. Il en ressort que les besoins sont considérables. Ce document de réforme et de programmation de la police en RDC couvre la période de 2025 à 2029. Il s’agit de l’un des grands chantiers du nouveau quinquennat de Félix Tshisekedi, et de l’une des priorités du gouvernement dirigé par Judith Suminwa. L’un des principaux problèmes abordés par cette réforme est le manque d’effectifs au sein de la police nationale. Selon la norme théorique d’un policier pour 360 habitants, la RDC devrait compter environ 215 000 policiers actifs pour une population de près de 80 millions d’habitants. Or, selon les derniers chiffres du Plan d’action quinquennal de la réforme 2020-2024, le pays ne dispose actuellement que d’environ 150 000 policiers. Pour répondre à ce déficit, le document prévoit le recrutement de 15 000 policiers par an. RFI

Mauritanie, Gambie et Espagne s’engagent à agir ensemble face à la migration clandestine
L’Espagne a signé avec la Mauritanie et la Gambie des accords pour renforcer la coopération contre les passeurs de migrants illégaux vers l’Europe et en faveur d’une migration régulée, lors d’une tournée du Premier ministre espagnol destinée à contrer l’afflux de clandestins africains dans son pays. L’Espagne a paraphé mardi soir avec la Mauritanie et mercredi avec la Gambie des « mémorandums d’entente » bilatéraux de « migration circulaire ». Ils mettent en place un cadre concerté d’entrée régulière sur le sol espagnol en fonction notamment des besoins de main d’oeuvre. Cette migration contrôlée est censée faire une place particulière aux jeunes et aux femmes. L’Espagne a aussi signé avec la Mauritanie une « déclaration d’intention » ouvrant la voie à des accords pour renforcer leur collaboration contre la criminalité organisée sous toutes ses formes. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a précisé qu’il s’agissait principalement de combattre le trafic d’êtres humains, lors d’une rencontre avec le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, selon des propos rapportés par l’agence nationale mauritanienne. La Mauritanie et la Gambie sont le point de départ d’une grande partie des migrants. Le Sénégal, troisième et dernière étape de la tournée de M. Sanchez jusqu’à jeudi, en est un autre sur la côte ouest-africaine, entre la Mauritanie au nord et la Gambie au sud. AFP

Madagascar: une nouvelle présidente à la tête d’Antananarivo
Changement inattendu à la tête de la mairie d’Antananarivo, quelques jours à peine après le remaniement du gouvernement. Richard Ramanambitana, proche d’Andry Rajoelina, désigné en mars dernier par l’exécutif pour pallier l’absence de maire à la commune, vient donc d’être remplacé par Harilala Ramanantsoa, figure de l’entrepreneuriat malgache et ancienne conseillère municipale d’Antananarivo. Une passation qui a eu lieu ce mercredi 28 août à l’hôtel de ville de la capitale de Madagascar et qui intervient à trois mois et demi des élections municipales. Harilala Ramanantsoa, nommée par la tout aussi fraîchement nommée ministre de l’Intérieur, est donc la nouvelle présidente de la Délégation Spéciale, ou « PDS d’Antananarivo », comme il est d’usage de l’appeler désormais. Cette fonction temporaire a été conçue pour limiter les effets négatifs d’une vacance de poste prolongée à la tête des mairies. Son prédécesseur, le sénateur nommé par Andry Rajoelina, Richard Ramanambitana, aurait démissionné « pour raisons de santé », a fait savoir lundi, le ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire. Placée à la tête de la capitale pour « redresser la barre », dit-on, la nouvelle PDS aura fort à faire, à commencer par gérer les problèmes d’assainissement et de routes délabrées, les deux points noirs de la ville. Mais l’interrogation qui prédomine surtout est celle de son éventuelle candidature sous la bannière du parti présidentiel. Grâce à la modification de loi votée en février dernier, les PDS sont désormais autorisés à se présenter aux élections communales. RFI

En Afrique du Sud, le président demande un « rapport détaillé » et un « briefing » à sa ministre de la justice, accusée de corruption
Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a demandé mercredi 28 août à sa ministre de la justice de s’expliquer sur des accusations de corruption, alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour demander sa démission. Des médias locaux ont rapporté que Mme Simelane aurait reçu un prêt inapproprié de plus de 500 000 rands (environ 25 000 euros) pendant son mandat de maire de Polokwane, la capitale de la province de Limpopo (Nord-Ouest), entre 2014 et 2021. Certains articles ont lié ce paiement au scandale de fraude à la VBS Mutual Bank, qui s’est effondrée en 2018 après avoir été, selon les autorités, pillée par des cadres et des politiciens…Thembi Simelane, 51 ans, a été nommée ministre en juin après que le Congrès national africain (ANC), parti historique, eut été contraint de former une coalition difficile avec la DA et d’autres petits partis à l’issue des élections de mai. Selon un rapport de 2018 de la Banque de réserve sud-africaine, 130 millions de dollars (environ 117 millions d’euros) ont été volés à la VBS Mutual Bank en trois ans par 53 personnes, dont des cadres et des politiciens. Les clients qui y ont perdu leurs économies étaient principalement des déposants ruraux pauvres, y compris des retraités, selon le rapport. Le Monde avec AFP