Tchad: “Il s’agit surtout d’une répression de trop”, Isidore Ngueuleu (Conseiller à l’OMCT)
Au Tchad, les manifestations du 20 octobre ont été réprimées dans le sang. Officiellement, cette répression a fait une cinquantaine de morts et de plus de 300 blessés. Un bilan qui pourrait être plus lourd. Des ONG de défense des droits de l’homme avancent le chiffre de plus de 80 morts et l’opposition estime que le bilan pourrait même s’approcher de 200 morts. Isidore Ngueuleu, conseiller principal pour l’Afrique à l’Organisation mondiale contre la torture, a été joint par la DW. … « La situation va au-delà d’un seul jour et la situation reste très tendue. Les forces de sécurité dans la ville de N’Djamena, mais aussi dans la ville de Moundou, restent très actives et continuent d’arrêter des gens. Beaucoup de personnes, de familles, auxquelles nous avons parlées, auxquelles j’ai parlées, moi personnellement, sont à la recherche de leur enfant. Une famille qui est à la recherche de son enfant de quinze ans qui a été arrêté, détenu dans le commissariat du troisième arrondissement. La famille a pu rendre visite à son enfant les deux premiers jours de son arrestation et le troisième jour, il n’y était plus. Nous pensons qu’il ne s’agit pas d’une répression sanglante de plus, comme c’est la coutume au Tchad. Il s’agit surtout d’une répression de trop. Il s’agit surtout d’un signal fort que pour se maintenir au pouvoir et pour rester deux ans de plus et certainement se représenter aux élections, le gouvernement militaire de transition actuel, est prêt à faire un recours excessif à la force, à violer gravement les droits de l’homme au mépris de ses engagements internationaux. » DW
Le silence de la CEEAC dénoncé au Tchad
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le sommet de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale qui s’est tenu à Kinshasa. Les conclusions de cette rencontre ont déçu l’opposition et la société civile tchadienne, pour n’avoir pas condamné les violences du régime militaire de transition au Tchad. L’opposition et la société civile tchadienne avaient espéré un rappel à l’ordre ou encore des sanctions contre les militaires au pouvoir mais peine perdue : l’organisation régionale s’est contentée de nommer un médiateur, le président congolais Félix Tshisekedi. « Ce silence prouve à juste titre que la communauté internationale est du côté de ce régime qui opprime, qui tue et qui violente le peuple. On pensait qu’après la manifestation du 20 octobre, ce régime allait être sanctionné durement, mais ce n’est pas le cas et c’est un silence complice que nous dénonçons. On ne peut pas dire qu’il y ait une réaction à la hauteur du drame qui a eu lieu. C’est pathétique, nous dénonçons ce silence de la communauté internationale », a déploré Sosthène Mbernodji, coordonnateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés, une organisation de la société civile opposée à la transition. DW
« Nous ne voyons aucun changement » : en Tunisie, la fin de la période de grâce pour le président Kaïs Saïed ?
Si l’on en croit les sondages, l’épreuve du pouvoir n’a pour l’heure pas eu raison de la popularité du président Kaïs Saïed. Mais à l’heure où les foyers de contestation se multiplient en Tunisie, la fin de la période de grâce se profile. Alors que la crise économique ne cesse de s’aggraver, le chef de l’Etat risque de se heurter au « mécontentement ambiant », prédit le sociologue Maher Hanine. La rentrée a été ponctuée par une série de crises et de dysfonctionnements. En septembre et octobre, les Tunisiens ont été confrontés à des pénuries à répétition (carburant, lait, beurre, eau minérale, sucre) sur fond de forte inflation (9 % en août). Le pays a également été endeuillé par des drames migratoires, comme à Zarzis (sud), où un naufrage a fait 18 morts fin septembre. Une manifestation a été organisée dans la ville, mercredi 26 octobre, par des familles qui venaient tout juste d’enterrer leurs proches. La longueur des procédures de recherche, d’identification et d’inhumation, émaillées de défaillances, a nourri la colère des habitants de cette cité d’où partent de nombreuses embarcations clandestines. Le sentiment d’abandon par l’Etat s’étend à travers le pays. Le Monde
Des centaines de manifestants anti-putsch à Khartoum
Des centaines de manifestants ont défilé jeudi dans plusieurs quartiers de Khartoum pour dénoncer le pouvoir militaire installé par un putsch il y a un an et réclamer justice pour les victimes de la répression, a constaté un journaliste de l’AFP. A Khartoum-Nord, la banlieue nord-est de la capitale soudanaise, environ 500 manifestants s’activaient à monter des barricades, le mode opératoire des anti-putsch depuis que le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, a interrompu la transition démocratique dans le pays le 25 octobre 2021. Sous des drapeaux soudanais, ils criaient « Les militaires à la caserne », réclamant un pouvoir civil dans un pays quasiment toujours sous la coupe de généraux depuis son indépendance en 1966. A al-Deim, un quartier du sud de Khartoum, ils étaient 400 à défiler sous des portraits des 119 manifestants tués par les forces de sécurité en un an. Mardi, pour le premier anniversaire du putsch, les pro-démocratie étaient parvenus à mobiliser des milliers de Soudanais dans toutes les villes du pays pour dire « non au pouvoir militaire ». VOA/AFP
Lapidation : comment une femme de 20 ans a été condamnée à mort au Soudan
Les efforts déployés au Soudan pour empêcher qu’une jeune femme soit lapidée à mort, après avoir été reconnue coupable d’adultère, sont entravés par l’absence de ministres dans le pays. Le Soudan est dirigé par une junte militaire depuis un coup d’État il y a un an. Les activistes affirment que la jeune femme de 20 ans n’a pas bénéficié d’un procès équitable et devrait être libérée. Un représentant du gouvernement a reconnu que le procès était « une blague », mais a ajouté : « nous n’avons pas de ministre qui puisse intervenir pour demander sa libération. » … Sulaima Ishaq, qui dirige l’Unité de lutte contre la violence à l’égard des femmes au ministère du Développement social, a expliqué à la BBC qu’elle avait dit à des responsables de la capitale, Khartoum, que le procès était entaché d’irrégularités, mais que l’absence de ministres du gouvernement rendait difficile l’expression de son point de vue. Les groupes de défense des droits de l’homme affirment que la femme, que la BBC ne nomme pas à la demande de sa famille, n’a pas eu accès à un avocat pendant sa détention et n’était pas au courant des charges qui pesaient contre elle. BBC
Mali : l’EI a massacré des centaines de villageois depuis le début de l’année, selon HRW
Des groupes armés affiliés à l’organisation État islamique ont massacré des centaines de villageois depuis le début de l’année dans le nord-est du Mali de manière apparemment systématique, et les autorités n’en font pas assez pour protéger les civils, alerte dans un rapport l’ONG Human Rights Watch jeudi. La situation sécuritaire au Mali semble se dégrader depuis le début de l’année, alerte Human Rights Watch jeudi 27 octobre. Selon l’ONG, des groupes armés affiliés au groupe État islamique ont massacré des centaines de villageois dans le nord-est du Mali de manière apparemment systématique, et les autorités n’en font pas assez pour protéger les civils. Des dizaines de milliers de villageois ont été poussés à fuir ailleurs au Mali ou vers le Niger voisin après avoir perdu leur bétail et tous leurs biens dans ces attaques commises depuis mars dans les régions de Ménaka et Gao, dit l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un rapport. France24
Sénégal: la société civile lance une initiative «contre un 3ème mandat» de Macky Sall
Au Sénégal, une initiative lancée ce jeudi par une dizaine d’organisations de la société civile « contre un 3ᵉ mandat ». Le président Macky Sall, au pouvoir depuis dix ans, reste flou sur des intentions pour la prochaine présidentielle fixée en 2024, mais le débat agite la classe politique. Dans une lettre ouverte, les organisations signataires appellent le chef de l’État à s’exprimer clairement, et à respecter la Constitution, qui stipule dans son article 27 : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs » « Jàmm a Gën 3ᵉ mandat » en wolof, « la paix vaut mieux qu’un 3ᵉ mandat », c’est le nom de cette initiative. Si le président Macky Sall ne s’est pas exprimé clairement sur une éventuelle 3ᵉ candidature, « il y a des prémices », s’inquiète Senghane Senghor, chargé des affaires juridiques de la RADDHO, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme. RFI
Sénégal: soupçons de corruption sur un achat d’armes négocié par le ministère de l’Environnement
« Des allégations dénuées de tout fondement », c’est ainsi que le gouvernement sénégalais qualifie dans un communiqué le rapport de l’OCCRP (Organised Crime and Corruption Reporters Project) sur l’important contrat d’armement souscrit par le ministère sénégalais de l’Environnement, en début d’année. Le réseau international de journalistes qui s’est procuré ce contrat, conclut à de forts soupçons de corruption et de surfacturation. Il n’y a eu aucun appel d’offres pour ce contrat d’armement, il n’a pas été rendu public et il implique un fournisseur pour le moins douteux, souligne le rapport du réseau de journalistes OCCRP. Le fournisseur, Lavie Commercial Brokers, est une société créée pour l’occasion par un Nigérien, Aboubakar Hima, dit « Petit Boubé », déjà mis en cause dans des affaires de détournement et de corruption liées à des centaines de millions de dollars de contrats d’armement, auNigeria et au Niger où il était au coeur d’un audit sur un achat d’armes en 2020. RFI
Crise humanitaire au Niger et au Sahel: une ONG tire la sonnette d’alarme
L’ONG International rescue committee (IRC) s’est alarmée jeudi de la situation humanitaire « très grave » au Niger et plus largement au Sahel, notamment en raison de la dégradation sécuritaire engendrée par les groupes jihadistes. « Je suis venu pour tirer une sonnette d’alarme, pour alerter la communauté internationale sur la situation au Sahel, sur le nombre de personnes qui sont affectées par la combinaison des conflits et des effets du changement climatique », a affirmé jeudi à l’AFP Harlem Désir, vice-Président Europe de l’IRC. Arrivé en début de semaine au Niger, l’ancien ministre français a visité des sites de déplacés à Ouallam dans l’ouest du Niger près de la frontière du Mali où des habitants ont fui les violences des groupes jihadistes. « La situation est très grave au Niger et extrêmement grave au Burkina », autre pays victime des violences jihadistes. Le Niger compte plus de 660.000 personnes déplacées ou réfugiées, en raison des conflits de la région, des attaques des groupes armés et aussi des conséquences du changements climatiques, a expliqué Harlem Désir. VOA/AFP
RDC : des milliers de déplacés par les combats au Nord-Kivu
De violents combats ont opposé jeudi les forces armées de la République démocratique du Congo aux rebelles du M23 près de la route nationale 2, un axe stratégique reliant Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, aux autres villes de l’est du pays et à l’Ouganda. Le M23, un groupe majoritairement composé de Tutsis congolais, a repris le combat fin 2021 après avoir été en sommeil pendant des années. Il a depuis conquis des pans entiers de territoire dans la province du Nord-Kivu, notamment la ville stratégique de Bunagana, à la frontière ougandaise, en juin. Lors du dernier épisode de violence survenu le 20 octobre dernier, au moins 23 000 personnes ont été déplacées La résurgence du groupe a déstabilisé les relations régionales en Afrique centrale, la RDC accusant son petit voisin le Rwanda de soutenir la milice. La ligne de front entre les troupes congolaises et les rebelles du M23 était calme ces dernières semaines jusqu’à jeudi, lorsque des affrontements ont à nouveau éclaté. Dimanche, les combattants du M23 ont capturé le village de Ntamugenga dans la région de Rutshuru au Nord-Kivu, selon des responsables locaux. AfricaNews
RDC : les Etats-Unis appellent le Rwanda à cesser de soutenir le M23
Les Etats-Unis d’Amérique ont, pour la première fois, appelé clairement l’armée rwandaise à cesser tout soutien à la rébellion du M23. L’administration américaine, par la voix de Robert Wood, son Représentant alternatif pour les Affaires politiques spéciales, a lancé cet appel lors de la réunion du Conseil de sécurité, mercredi 26 octobre à New York, sur la situation sécuritaire dans la region des Grands Lacs. Tout en déplorant la situation sécuritaire et humanitaire dans la région des Grands Lacs, les Etats-Unis appellent les groupes armés à cesser leurs attaques contre les populations vulnérables de la République démocratique du Congo(RDC) et les acteurs étatiques comme l’armée rwandaise de cesser son appui aux rebelles du M23. Du haut de la tribune du Conseil de sécurité des Nations Unies, le diplomate américain, Robert Wood, Représentant alternatif pour les Affaires politiques spéciales a déclaré : « Ces violences sont inacceptables, et les États-Unis exigent des groupes armés qu’ils mettent fin à leurs attaques contre les populations les plus vulnérables de la RDC. Nous appelons également les acteurs étatiques à cesser de soutenir ces groupes, notamment l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ». La RDC et la Région des Grands Lac s méritent l’attention et l’appui complet des Etats-Unis, a dit le diplomate Robert Wood. Radio Okapi
La Tanzanie commence à rationner l’eau à cause de la sécheresse
Les autorités tanzaniennes ont commencé jeudi à rationner l’eau dans la capitale économique Dar es Salaam à la suite d’une baisse des niveaux de l’eau provoquée par l’assèchement de sa principale source, la rivière Ruvu. Les 5,5 millions d’habitants de cette ville de l’océan Indien seront privés d’eau courante pendant 24 heures en alternance, a annoncé l’Autorité sanitaire et de l’eau de Dar es Salaam (DAWASA). « Le calendrier sera mis à jour chaque semaine en fonction de la façon dont le changement du temps augmentera ou diminuera les niveaux de l’eau », a ajouté la DAWASA. La Tanzanie, tout comme ses voisins d’Afrique de l’Est, ne connaît que peu de précipitations, les météorologues avertissant que la période de sécheresse prolongée va encore durer. L’approvisionnement en eau depuis la rivière Ruvu est passé de 466 à environ 300 millions de litres par jour, selon des responsables chargés de ce secteur, alors que la ville consomme environ 500 millions de litres par jour. VOA/AFP
Sahara occidental: la Minurso, mission de l’Onu, reconduite pour un an
Le Conseil de sécurité a reconduit la mission de l’ONU au Sahara occidental pour un an – malgré l’abstention de la Russie et du Kenya. La nouvelle résolution adoptée ce jeudi 27 octobre prévoit de laisser plus de marge de manœuvre au représentant spécial du secrétaire général sur place pour faire avancer le processus politique. Le texte apporte quelques changements par rapport à la résolution reconduisant la Minurso l’an dernier. Première modification : pour les auteurs du texte – les Etats-Unis-, les différents points de vue des acteurs considérés comme les parties au conflit doivent être pris en compte. Le texte encourage donc le Maroc, le Front Polisario, mais aussi l’Algérie et la Mauritanie à s’engager avec l’envoyé spécial du patron de l’ONU, Staffan de Mistura. Deuxième mise à jour : la résolution réclame une reprise des réapprovisionnements sûrs et réguliers des équipes de la Minurso. Depuis la rupture du cessez-le-feu en novembre 2020, le Front Polisario a imposé des restrictions de mouvement à la Minurso… et cela a considérablement limité la capacité de la mission à réapprovisionner ses sites d’équipe à l’est du mur des sables, barrière de séparation érigée au Sahara occidental par le Maroc dans les années 80. RFI
Le bambara ou bamanankan, langue officielle au Mali ?
Depuis la publication début octobre, de l’avant-projet de la nouvelle Constitution, la loi qui évoque les langues nationales et officielles, suscite un débat dans tout le pays. Le climat sécuritaire et le choix fait par le Mali de se tourner vers un partenariat avec la Russie pour remplacer la France n’y est pas étranger. En plus de la langue bamanankan, une dizaine d’autres langues nationales comme le senoufo-minianka, le peul, le soninké, le bozo, le tamasheq, l’arabe ou encore le songhaï sont couramment parlées sur l’ensemble du territoire. A côté de ces langues, le français demeure la langue officielle du pays. C’est celle utilisée par l’Etat, mais aussi dans les services publics et dans l’enseignement. Mais, l’avant-projet de la nouvelle Constitution qui n’écarte pas l’hypothèse de la revalorisation des langues nationales est mal accueilli par Ibrahim Maiga, un jeune ressortissant du nord du Mali. Selon lui, cette décision pourrait avoir de lourdes conséquences : « Essayer d’adopter la langue bamanankan comme longue officielle, ce serait vraiment exclure les populations du nord du Mali. Pour l’instant, là où nous sommes, nous n’en avons pas besoin. Parce qu’il n’y a pas que langue bamanan, il y a plusieurs autres langues. Chez nous au nord, on parle le Songhaï par exemple. Si c’est adopté, ce serait une situation très grave qui pourrait mettre en danger l’unité et la cohésion sociale entre les populations. » DW