Les Nations unies ont fait part, mercredi 27 octobre, de leur inquiétude vis-à-vis du sulfureux groupe de sécurité privée russe Wagner qu’elles accusent de harceler et d’intimider « violemment » des civils en Centrafrique. … « Nous sommes extrêmement préoccupés par les actes d’intimidation et les récentes informations faisant état de harcèlement violent commis par le personnel militaire et de sécurité privé à l’encontre d’individus et de communautés », ont déclaré les experts de l’ONU dans un communiqué. Les experts ont également reçu des informations selon lesquelles des membres du Groupe Wagner auraient commis des viols et des violences sexuelles à l’encontre de femmes, d’hommes et de jeunes filles dans de nombreuses régions du pays. Dénombrer ces violences est quasi impossible « car les survivants sont terrifiés à l’idée de saisir la justice par crainte de représailles », ont-ils ajouté. En mars, les experts de l’ONU s’étaient déjà prononcés sur des violations systématiques et graves des droits de l’homme, y compris du groupe Wagner, notamment « des détentions arbitraires, des actes de torture, des disparitions forcées et des exécutions sommaires ». Ils ont rappelé mercredi que ce phénomène se poursuivait « sans relâche et en toute impunité ». France24 avec AFP
Si l’Union africaine, l’Union européenne et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres ont tous condamné la prise de pouvoir par les militaires au Soudan, il reste un grand silencieux : le Conseil de sécurité. Les 15 membres peinent à s’entendre sur le contenu d’une déclaration depuis plus de deux jours. Les diplomates ne comptent même plus le nombre d’allers-retours, ou de versions du texte de cette déclaration qui est négociée depuis lundi 25 octobre, jour du coup d’État. À plusieurs reprises, la Russie a empêché que le Conseil s’exprime pour l’instant, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten. Chine et Russie ont fait savoir leur opposition de principe à une telle expression – car elle touche à la « souveraineté » des États. Mais surtout, la mission russe s’est farouchement opposée à ce que le Conseil condamne le coup d’État. Plusieurs sujets expliquent que Moscou fait trainer les discussions. Nezavissimaïa Gazeta souligne que « la question de l’installation d’une base navale russe au Soudan reste ouverte ». « La Russie a passé plus d’une décennie à établir des relations de qualité avec ce pays, mais maintenant un certain nombre de projets russes sont menacés d’échec », analyse le journal independant Novaïa Gazeta. La base militaire est un sujet de préoccupation à Moscou, mais c est loin d’être le seul : extraction d’or ou développement de gisements d’uranium. Selon les dernières estimations, le groupe Wagner compterait 300 mercenaires au Soudan. RFI
Dans tous les quartiers de Khartoum, les soldats poursuivent leurs raids sur les barricades et la population civile. À Oumdurman, ou dans le quartier de Burri, des patrouilles armées n’ont pas hésité à ouvrir le feu mercredi pour disperser par la force les attroupements. De nombreux militants sont traqués, passés à tabac, humiliés par les forces armées. Dans les rues, on retrouve à la fois des soldats de l’armée régulière, mais aussi des miliciens des Forces de soutien rapide, les unités paramilitaires sous les ordres de Mohammed Hamdan Dogolo, plus connu sous le nom de Hemeti. Plusieurs sources confirment que des soldats de Gibril Ibrahim et Mini Arko Minnawi sont également de sortie. Ces deux anciens chefs rebelles avaient accédé à des positions politiques – respectivement ministre des Finances et gouverneur du Darfour – après avoir signé les accords de paix de Juba. Aujourd’hui, ils ont pris la tête d’une faction politique nouvelle qui reconnaît le coup d’État militaire d’Abdel Fattah al-Burhan. Les arrestations d’opposants ne cessent pas. Des figures de la société civile, des militants ou des journalistes sont détenus dans des lieux inconnus. Beaucoup y voient la main de Hemedti. Ses deux frères ont récemment effectué des visites en Russie, aux Émirats arabes unis et en Israël et bénéficieraient de technologies de pointe permettant de traquer les opposants. Hemedti est resté particulièrement silencieux depuis lundi, mais il joue un rôle central dans ce coup de force. RFI
Accusé d’avoir eu un « comportement délictuel via les réseaux sociaux », le quatrième vice-président du CNT dort en prison. Il y a quelques jours, il s’en était pris vertement au Premier ministre, Choguel Maïga. Il a le verbe haut, mais ses positions souvent tranchées ont fini par le rattraper. Sur ordre du procureur près du tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako, Issa Kaou Djim, quatrième vice-président du Conseil national de transition (CNT), a été interpellé ce mardi 26 octobre dans le quartier de Lafiabougou Taliko, à Bamako, pour « comportement délictuel via les réseaux sociaux ». Dans un message transmis au tribunal, le commandant de la brigade de recherches de la rive gauche de Bamako a fait savoir qu’au « terme de son audition et en raison des indices graves et concordants », Issa Kaou Djim avait été placé en garde à vue. Selon nos sources, il a été immédiatement conduit à l’École de la gendarmerie, dit camp 1, située dans le centre-ville de la capitale malienne, et il y a passé la nuit. … Alors que Bamako vit sous la menace de sanctions diplomatiques et économiques, Issa Kaou Djim prévient aussi qu’engager un bras de fer avec la Cedeao pourrait être un pari risqué pour les autorités de la transition. Il ajoute que la crise actuelle est « une fuite en avant venant d’un Premier ministre qui vient de la rue ». « Il faut arrêter, poursuit-il. Nous n’allons pas nous associer à cela. Nous allons appeler toutes les forces politiques dignes à dire non à ce bras de fer contre la Cedeao. » Jeune Afrique
Les pays du G20 ont reçu 15 fois plus de doses de vaccin anti-Covid-19 par habitant que les pays d’Afrique subsaharienne, d’après une nouvelle analyse publiée en amont du Sommet du G20 ce week-end. Cette nouvelle étude réalisée par la société d’analyse scientifique Airfinity, met en lumière la gravité de l’inégalité vaccinale entre les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu, et notamment les pays d’Afrique, note le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) dans un communiqué de presse. Selon l’analyse, le nombre de doses par habitant livrées aux pays membres du G20 est également 15 fois plus élevé que le nombre de doses par habitant livrées aux pays à faible revenu. De plus le nombre de doses par habitant livrées aux pays membres du G20 est 3 fois plus élevé que le nombre de doses par habitant livrées aux autres pays, toutes catégories confondues. … « L’inégalité vaccinale ne fait pas seulement prendre du retard aux pays les plus pauvres dans leur lutte contre la pandémie – elle empêche le monde entier d’avancer », explique la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore. « À l’heure où les dirigeants se réunissent pour définir les priorités de la prochaine phase de mobilisation contre la Covid-19, il est vital qu’ils se souviennent que, dans la course à la vaccination contre la Covid, c’est ensemble que nous gagnerons ou ensemble que nous perdrons ». ONU Info
En Somalie, après quatre jours de violents combats, les affrontements ont cessé mercredi 27 octobre dans le nord du pays entre l’armée nationale et les milices soufies baptisées Ahlu Sunna Wal Jamaa, l’ASWJ, pourtant alliées jusqu’à récemment dans la lutte contre les shebabs. La ville où les affrontements ont eu lieu a été évacuée. Mais pour l’heure, les belligérants n’évoquent pas de cessez-le-feu permanent. Les relations entre le gouvernement de Mogadiscio et les milices soufies d’Ahlu Sunna Wal Jamaa sont changeantes et parfois meurtrières. Rien que pour les quatre jours de combats qui avaient éclaté, samedi 23 octobre à Guriel, les miliciens soufis parlent de 120 morts, quand les autorités locales n’en évoquent que 16 et 40 blessés. Quoi qu’il en soit, les forces soufies ont quitté Guriel mercredi, laissant derrière elles deux véhicules capturés à l’armée régulière. Selon les médias somaliens, c’est une médiation d’hommes d’affaires de la ville qui a permis ce retrait, que le gouvernement exigeait en vain depuis bientôt un mois. RFI
Les députés, chargés d’évaluer l’état de siège toujours en vigueur en Ituri et au Nord-Kivu, ont questionné plusieurs piliers du gouvernement. Manque de préparation, dépassements budgétaires… Voici le contenu exclusif de ces auditions. En août, l’Assemblée nationale, présidée par Christophe Mboso, a procédé à une évaluation de l’état de siège en vigueur depuis mai dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Cette mesure exceptionnelle est censée permettre d’endiguer l’interminable cycle de violences dans cette partie de la RDC. Mais, prorogée à plusieurs reprises, elle est de plus en plus critiquée par la société civile, certains diplomates et une partie de la classe politique. Pour apporter certaines réponses aux interrogations qui pèsent sur son efficacité, la commission défense et sécurité, dirigée par le député Bertin Mubonzi, a procédé à l’audition des cinq ministres directement concernés par la gestion de l’état de siège : Gilbert Kabanda Rukemba (Défense nationale et Anciens combattants), Rose Mutombo Kiese (Justice), Jean-Claude Molipe Mandongo (vice-ministre de l’Intérieur), Nicolas Kazadi (Finances) et Aimé Boji Sangara Bamanyirwe (Budget). Le compte-rendu de ces auditions a été compilé dans un rapport confidentiel rendu le 29 septembre, auquel Jeune Afrique a eu accès. Jeune Afrique
En République démocratique du Congo certains anciens enfants soldats sont commerçants, coiffeurs ou tailleurs. D’autres tout juste sortis de groupes armés rêvent de devenir agriculteurs ou professeurs, mais beaucoup ont du mal à trouver leur place dans une vie civile faite de chômage et de pauvreté. « On leur enseigne la bonne conduite, à lire, à écrire. Ils font du dessin, de la vannerie, le jardin, la vaisselle… », explique à l’AFP Clément Kahindo, superviseur à Goma (Nord-Kivu) du centre de transit et d’orientation de l’ONG Cajed (Concert d’actions pour jeunes et enfants défavorisés), qui héberge une quarantaine d’enfants de 10 à 17 ans récemment extraits de groupes armés. Leur apprendre un métier ? « On fait ça quelquefois, mais pas tellement… On manque de fonds pour la réinsertion socio-économique », regrette-t-il. Clément Kahindo est pourtant fier et heureux à l’évocation de ce jeune à qui « on a acheté une machine à coudre et qui donne des nouvelles », ou d’un autre qui tient « un salon de coiffure ». AFP/VOA
En Tunisie, Nessma TV ne diffuse plus. La haute autorité de l’audiovisuel tunisien (Haica) a annoncé, mercredi 27 octobre, la fermeture de la chaîne de télévision privée fondée par l’homme d’affaires Nabil Karoui, ancien rival du président Kaïs Saïed lors de l’élection présidentielle de fin 2019. La Haica a précisé, dans un communiqué, avoir fait saisir « les équipements de diffusion » de Nessma TV qui émet ses programmes sans licence. « Malgré [de] multiples correspondances et réunions, cette chaîne a continué à exercer ses activités d’une façon illégale », a ajouté la Haica. L’instance a également expliqué cette fermeture par « des suspicions de corruption financière et administrative » et par la supervision de cette chaîne par le chef d’un parti politique, « ce qui a influencé le contenu de ses émissions », selon la Haica. Les équipements de la chaîne avaient déjà été saisis en avril 2019 après une décision de la Haica pour les mêmes raisons. Derrière cette chaîne privée, se trouve Nabil Karoui, candidat à la présidentielle en 2019, le chef du parti Qalb Tounes, allié au mouvement d’inspiration islamiste Ennahda, bête noire du président Kaïs Saïed. France24 avec AFP
Les manifestations sont interdites au royaume d’Eswatini, mais ils étaient quand même une poignée de protestataires pro-démocratie à donner de la voix ce jeudi à Manzini, la plus grande ville du pays, sous les yeux de la police. Dernière monarchie absolue d’Afrique, l’Eswatini est secouée depuis juin par une virulente contestation violemment réprimée. Des manifestations pro-démocratie, menée par des étudiants, fonctionnaires, travailleurs des transports ou soignants ont conduit à un déploiement de l’armée. Des dizaines de personnes ont perdu la vie. Samedi, au lendemain d’une visite de médiateurs d’Afrique australe, le Roi a appelé au calme et fait savoir qu’un dialogue national allait être lancé. Mais l’opposition et la société civile ont rejeté en bloc cet appel. Elles ont dénoncé un stratagème destiné à tromper les observateurs et ont appelé à manifester contre le monarque dans tout le royaume. AfricaNews
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a autorisé le déploiement de 10.000 soldats pour sécuriser les élections municipales qui se dérouleront lundi dans le pays, a annoncé mercredi le Parlement, trois mois après des violences sociales inédites. L’armée va aider la police à assurer « un environnement sûr et sécurisé » pour les élections, a indiqué dans un communiqué l’Assemblée nationale. Ce déploiement est prévu pour une durée de cinq jours à compter de vendredi. Des violences meurtrières et des pillages à grande échelle ont secoué le pays en juillet dans la foulée de l’incarcération de l’ancien président Jacob Zuma. Ces violences avaient entraîné le déploiement de 25.000 soldats pour aider des forces de police débordées. Même si la police a fait état de la mort de huit personnes depuis le début de la campagne électorale, en majorité des candidats aux postes de conseillers municipaux, le jour du vote se déroule généralement dans le calme en Afrique du Sud. Mais les violences de juillet, initiées par des partisans de M. Zuma et qui avaient dégénéré en vols et pillages pour des raisons économiques, ont mis en lumière les difficiles conditions sociales et économiques de nombreux habitants. AFP
Les livraisons de gaz algérien à l’Espagne se feront désormais exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz, après la décision d’Alger d’abandonner le pipeline utilisé actuellement et qui transite par le Maroc, ont indiqué mercredi 27 octobre des ministres des deux pays. Depuis 1996, l’Algérie expédie vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME (Gaz Maghreb Europe), un gazoduc traversant le Maroc, mais Alger a décidé de ne pas reconduire ce contrat, sur fond de grave crise diplomatique entre les deux voisins du Maghreb. Un autre pipeline, le gazoduc sous-marin Medgaz, achemine aussi depuis 2011 du gaz algérien jusqu’à l’Espagne, mais il opère déjà au maximum de sa capacité de 8 milliards de mètres cubes par an, soit la moitié des exportations algériennes annuelles vers ce pays et le Portugal. La poursuite des livraisons à l’Espagne a été au centre de discussions, mercredi à Alger, entre la ministre espagnole de la transition écologique, Teresa Ribera, chargée de l’énergie, et le ministre algérien de l’énergie et des mines, Mohamed Arkab. L’Algérie est le premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne. Le Monde avec AFP
Mariam* n’osait plus croire à ces retrouvailles. Depuis cinq mois, elle comptait les jours passés loin de son fils de 22 ans, détenu à la prison de haute sécurité (PHS), en périphérie de Ouagadougou. Ce samedi d’octobre, quand elle l’a enfin retrouvé, assis sous un auvent en tôle au milieu des prisonniers, elle a ravalé ses larmes. Elle ne voulait pas lui faire de peine et gâcher leurs quinze minutes, le temps accordé aux visites des familles dans l’établissement. Elle a parlé vite, l’a rassuré sur l’état des récoltes et sur sa jeune épouse, lui affirmant que celle-ci n’avait pas annulé leur union. Elle aurait voulu savoir ce qu’il mangeait en prison, lui prendre la main, mais elle n’a pas osé, à cause des gardiens à côté et de l’enregistreur posé sur la table. « Suivant ! », a coupé un surveillant. Mariam a juste eu le temps de lui donner un sac d’habits neufs avant de repartir, le cœur serré. Dehors, accroupis devant les murs en briques rouges protégés par des fils barbelés et des miradors, des dizaines de familles attendent leur tour depuis l’aube : un jeune homme qui patiente depuis quatre heures et a fait 220 km pour rendre visite à son « papa de 54 ans » ; deux femmes, leur bébé dans le dos, parées de robes à fleurs pour leur mari ; une vieille dame, venue comme chaque samedi apporter « une popote de riz, des oignons et un peu d’espoir » à ses deux fils, détenus depuis trois ans. D’autres arrivent encore, entassés dans des taxis verts brinquebalants qui repartent en vitesse à cause des caméras. Chaque week-end, c’est le même ballet. Le Monde