Soudan: vers une prolongation du cessez-le-feu sous l’égide de l’organisation régionale Igad?
Au Soudan, alors que les initiatives locales, régionales et africaines se multiplient pour mettre fin aux affrontements violents qui ont lieu depuis le 15 avril 2023 et qui opposent l’armée et les paramilitaires, Washington et l’Autorité intergouvernementale pour le développement – l’Igad, qui regroupe Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et l’Ouganda – semblent avoir réussi à arracher aux belligérants soudanais une prolongation de 72 heures de la trêve qui doit expirer à minuit, ce 27 avril. C’est une première avancée, mais rien n’est encore certain. L’Igad semble en effet être sur le point d’obtenir une prolongation de la trêve qui, jusqu’à maintenant, avait permis une baisse d’intensité des combats. Si le général Hemedti, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), n’a toujours pas réagi, le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhan a donc accepté, lui, le principe de cette nouvelle trêve. Selon un communiqué de l’armée, il a également donné son accord de principe pour envoyer un représentant au Soudan du Sud afin d’entamer un dialogue. RFI
Au Soudan du Sud, l’afflux de populations chassées par les combats à Khartoum fait craindre une nouvelle déstabilisation
D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le Soudan accueille 804 000 réfugiés sud-soudanais. Plus d’un quart d’entre eux vivent dans des camps, notamment dans l’Etat du Nil-Blanc. Les autres sont concentrés à Khartoum et dans les grandes villes, où ils sont souvent considérés comme une main-d’œuvre à bas coût. Une population que la guerre pousse à nouveau sur les routes. Entre le 15 et le 27 avril, environ 15 000 personnes ont passé la frontière qui sépare le Soudan de l’Etat du Haut-Nil. « Au début, les arrivants avaient des moyens, mais plus le temps passe, plus ce sont des personnes vulnérables, qui ont fait une partie du trajet à pied et, pour certains, qui ont perdu des membres de leur famille », explique Marie-Hélène Verney, représentante de l’agence onusienne au Soudan du Sud. Selon elle, le nombre d’arrivées journalières à Renk a quasiment doublé en un jour, passant de 1 900 personnes le 26 avril à 3 700 le 27 avril. … La situation est d’autant plus critique que l’accord de paix signé en 2018 entre les factions sud-soudanaises reste fragile. Alors que le pays est censé organiser les premières élections de son histoire fin 2024, « cette crise au Soudan offre une chance en or aux parties d’ignorer les délais et de traîner encore plus les pieds, met en garde Edmond Yakani, directeur de l’organisation de la société civile CEPO. Le Monde
Burkina Faso : au moins 33 militaires tués dans une attaque attribuée à des djihadistes, une ONG dénombre 136 civils tués à Karma
Une nouvelle attaque attribuée à des djihadistes a tué, jeudi 27 avril, trente-trois soldats dans l’est du Burkina Faso. « Le détachement militaire d’Ougarou [dans l’Est] a fait face à une attaque complexe d’envergure dans la matinée de jeudi », fait savoir un communiqué de l’armée. « Trente-trois de nos soldats sont malheureusement tombés les armes à la main tandis que douze autres ont été blessés », ajoute-t-il. … Cette attaque survient une semaine après le massacre le 20 avril d’au moins une soixantaine de civils d’un village du nord, Karma, par des hommes portant des tenues de l’armée. Révélée officiellement dimanche, elle a fait une « soixantaine » de morts, selon un procureur de la région, « plus d’une centaine », selon des représentants des rescapés et des habitants de Karma. Une organisation de défense des droits de l’homme burkinabée a fait état de 136 morts (tous des civils). Le Monde avec AFP
Burkina Faso: les autorités, la Cédéao et un collectif condamnent chacun la tuerie de Karma
Ce jeudi, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dont le Burkina Faso est membre, a également réagi, rapporte notre correspondant régional, Serge Daniel. Le communiqué de la commission de la Cédéao condamne des attaques « lâches et barbares perpétrées contre des populations civiles et rappelle que le ciblage des communautés peut être traité comme un génocide selon les dispositions de la Cour pénale internationale (CPI) ». … Dans son entourage, RFI a pu recueillir des précisions. Les hommes auteur des assassinats, portant l’uniforme de l’armée régulière du Burkina Faso, seraient quasiment identifiés. Les témoignages remontent et sont partagés, rapporte l’un de nos interlocuteurs. L’institution sous-régionale sera très intransigeante, évoque un autre diplomate, qui rappelle que la position du président Embaló de voir rapidement identifiés et jugés par la CPI les auteurs de ces attaques contre les civils est soutenue également par plusieurs associations de défense de droits de l’homme. Au Burkina, des organisations locales réagissent, elles aussi, encore, à cette tuerie, à l’image du « Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion menacés au Burkina Faso », créé début avril. Celui-ci a diffusé un second communiqué dans lequel il dénonce le bâillonnement de la société civile. RFI
Au Mali, face à Assimi Goïta, l’héritage fracturé du M5-RFP
Juin 2020. Des milliers de Maliens mécontents battent le pavé dans la capitale malienne. Le mouvement, inédit depuis l’avènement de la démocratie au Mali, sonnera le glas de l’ère Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), au pouvoir depuis 2013. … Mais l’union, scellée autour de l’ennemi commun, est trop hétéroclite pour durer. Dès les premières heures de la transition, la concorde affichée lors des manifestations fait long feu, érodée par des intérêts divergents. … Aux côtés du cinéaste, meneur de l’initiative Espoir Mali Kura (EMK), on retrouve les anciens ministres Konimba Sidibé, Sy Kadiatou Sow, Mohamed Ali Bathily ou encore l’ancien chef de gouvernement Modibo Sidibé. Tous réclament la fin « des pratiques dénoncées sous l’ancien régime et toujours en vigueur », « le dénouement, devant les tribunaux, des affaires de corruption et la restitution des biens détournés », mais aussi « la justice pour les victimes de la répression de juillet 2020 ». S’ils revendiquent toujours l’étiquette du M5, ces grands noms de la contestation de 2020 enchaînent les communiqués et les conférences de presse. Mais leurs demandes ne seront pas relayées par la rue dans l’immédiat. En partie à cause du contexte, à l’heure où les voix dissidentes ont souvent maille à partir avec la justice. Jeune Afrique
Afrique de l’Ouest: Les réseaux de presse en ligne francophone à font sur les Droits Humains, la Liberté d’expression et le genre
Une nouvelle page s’ouvre ainsi dans l’engagement des médias ouest-africain francophone pour le respect fondamental consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme. Un jalon posé en cette veille de 03 mai, jour dédié à la célébration de la journée internationale de la liberté d’expression, dont le thème cette année 2023 est « Façonner un avenir de droits : La liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’homme ». … M. Oumar Diop, représentant résident de l’UNESCO en Côte d’Ivoire a profité de l’opportunité pour rappeler les journalistes à leurs obligations. Face à un contexte marqué par plusieurs défis, M. Diop estime qu’un journalisme indépendant analyse le monde et le rend accessible à toutes et à tous, œuvrant pour la diversité des opinions. … « Il est important d’avoir des postes dédiés à la vérification des faits, au recoupement, avoir un processus interne de contrôle qualité », suggère-t-il. D’après lui, les journalistes doivent éviter de diffuser à tout prix, par inadvertance ou sans analyse des informations qui relèvent de la désinformation. Pour l’UNESCO, fait-il savoir, la réponse efficace à la désinformation est un journalisme de qualité, et un journalisme respectueux des règles et cela est valable aussi bien pour les agences de presse, la presse en ligne, la presse papier, et télévisuelle. M. Diop fait savoir que l’UNESCO reste convaincue qu’il est préférable d’encourager un comportement optimal et l’autorégulation de la part des journalistes plutôt que des mesures coercitives de la part des états. AllAfrica
RDC: des dizaines de civils tués dans le territoire de Rutshuru
Selon les informations rapportées par le représentant du gouverneur de la province dans cette région, il y aurait environ 60 morts. Ces personnes auraient été tuées dans plusieurs villages de la chefferie de Bwito entre le 20 et le 25 avril, à environ 100 km de Goma. Certains membres de la société civile évoquent une trentaine de corps sans vie découverts et d’autres parlent d’au moins 16 civils tués, tous des agriculteurs qui se rendaient au champ en cette période de récolte aux alentours des villages de Kapopi et Kasali, à la lisière du parc des Virunga. À ce stade, les agences onusiennes restent prudentes et ne se sont pas encore prononcées sur un bilan définitif. Elles reconnaissent des meurtres de civils accusés par le M23 d’être soit des dépendants ou des collaborateurs des FDLR ou des Maï-Maï Nyatura. Avant l’arrivée du M23, la zone était également caractérisée par l’activité d’autres groupes armés dont des FDLR et des Nyatura. RFI
Un dirigeant du parti du Premier ministre éthiopien a été assassiné
M. Abiy a attribué à des « extrémistes violents » l’assassinat de Girma Yeshitila, également l’un des 45 membres du Comité exécutif du tout-puissant Parti de la Prospérité (PP) qui gouverne l’Ethiopie. … Selon le gouvernement régional de l’Amhara, « des forces irrégulières » ont attaqué dans l’après-midi des véhicules transportant M. Girma, ses gardes du corps et des membres de sa famille, alors qu’il se dirigeait vers Debre Birhan, importante ville de la région, située à une centaine de km au nord-est d’Addis Abeba. « Selon nos informations, cinq personnes, dont Gima Yeshitila ont perdu la vie », poursuivent les autorités régionales dans un communiqué, sans autre précision sur lesdites « forces irrégulières ». La région est essentiellement peuplée par les Amhara, deuxième peuple en nombre d’Ethiopie, pays fédéral divisé par la Constitution en Etats régionaux délimités sur des bases ethno-linguistiques. En avril, l’Amhara a été le théâtre de plusieurs jours de troubles armés déclenchés par la volonté du gouvernement fédéral de démanteler les « forces spéciales » de la région, des unités paramilitaires illégales mises en place par les autorités d’Amhara, comme par celles de plusieurs autres régions d’Ethiopie depuis une quinzaine d’années. AFP
TotalEnergies peut reprendre ses activités dans le nord du Mozambique
Le message est du président mozambicain lui-même. Il s’est exprimé mercredi à l’occasion de l’ouverture d’un forum sur les énergies à Maputo. En avril 2021, TotalEnergies avait déclaré la force majeure, et l’entreprise avait suspendu ses activités dans le grand projet d’exploitation de gaz naturel liquéfié (GNL) situé dans le Cabo Delgado à la suite d’une attaque jihadiste d’ampleur à proximité de son site. Après plus de deux années d’arrêt, les autorités mozambicaines font du pied à la major française pour qu’elle relance le projet de 16,5 milliards d’euros. RFI
Dans l’ouest de la Libye, déforestation, sécheresse et urbanisation « ont tout détruit »
Assis à l’ombre de jeunes eucalyptus et lauriers, Khalifa Ramadan prépare avec des amis agronomes une mission bénévole pour préserver le couvert forestier de l’ouest de la Libye, menacé de disparition par des années de sécheresse, déforestation et d’urbanisation galopante. Chaque semaine, le quinquagénaire réunit une dizaine d’agronomes et d’horticulteurs pour lancer des campagnes de sensibilisation dans les médias ou des actions sur le terrain. Il veut faire face « aux dangers qui guettent Tripoli et les villes côtières en particulier, où la main de l’homme et des facteurs naturels ont eu raison des forêts » et d’une grande partie de la végétation, explique-t-il à l’AFP. Fort de 40 ans d’expérience dans l’agriculture et le maraîchage en Libye, il a fondé l’association Les amis de l’arbre pour chercher avec des dizaines d’autres bénévoles des solutions à ce fléau qui menace le peuplement forestier du littoral occidental libyen. Dans sa ferme à Tajoura, dans la banlieue est de Tripoli, son groupe prépare de jeunes plants qu’il a cultivés dans ses propres serres pour les planter dans « des zones où la coupe sauvage, l’avancée urbaine et la sécheresse des dernières années ont tout détruit », s’attriste l’ingénieur agronome, casquette jaune sur la tête. Le Monde
Pêche artisanale contre pêche industrielle, pourquoi les conflits persistent dans les côtes ouest africaines ?
Les eaux des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest sont depuis quelques années le territoire de conflit entre pêcheurs artisanaux et exploitants industriels. Est-il possible de créer un cadre sain où pêche industrielle et pêche artisanale cohabitent ? Si oui, comment ? Chaque jour, au petit matin, on peut observer à partir des plages de Yoff au Sénégal, Gbessia en Guinée ou Rosso en Mauritanie, des pêcheurs braver les vagues avec leurs pirogues à la quête de poissons de plus en plus difficile à trouver. Ils indexent principalement la mauvaise pratique de pêche des industriels. « Parce qu’à l’origine, ce sont des zones très productives, étant donné les conditions climatiques, ce qui attire en quelque sorte les navires de pêche industrielle », explique Dr Aliou Ba, responsable de la campagne Océans chez Greenpeace Afrique. « Les navires de pêche industrielle causent des dégâts énormes aux pêcheurs artisans. Il arrive que des bateaux pénètrent dans la zone des six miles qui, comme vous le savez, est une zone d’évolution des pirogues », renchérit Moussa Mbengue, secrétaire exécutif de l’association ouest africaine pour le développement de la pêche artisanale. BBC
À Abidjan, l’Afrique réaffirme ses ambitions spatiales pour des retombées très concrètes
Abidjan accueille, jusqu’à vendredi, la seconde édition du forum africain sur l’espace, organisé par l’Union africaine. Ce forum réuni près de 300 décideurs, ingénieurs ainsi que des entreprises du domaine spatial du continent. Leur but : développer la coopération sud-sud en matière de recherche, de formation et de partages d’informations. Le tout avec une arrière-pensée pratique : l’accès à cette industrie permet de développer l’économie locale, de lutter contre le changement climatique et d’améliorer les techniques agricoles. RFI
« Les Soudanaises continuent à se mobiliser contre la guerre
Au Soudan, les femmes, notamment les jeunes citadines issues des classes moyennes, ont joué un rôle de premier plan dans la révolution, en 2018-2019. Elles étaient également très visibles durant les sit-ins de ces derniers mois, contre la junte militaire et pour réclamer un retour du pouvoir aux civils. Depuis le début des combats actuels, à la mi-avril, les Soudanaises sont moins présentes dans les images qui circulent sur les réseaux sociaux, si ce n’est sous la forme de victimes, contraintes, comme les autres civils, de fuir les violences. Sandrine Blanchard a interrogé Clément Deshayes, chercheur Afrique de l’Est à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire en France (IRSEM), pour savoir comment expliquer la « disparition », au moins médiatique, des femmes militantes au Soudan. DW