La menace en constante évolution de l’islamisme militant en Afrique
En Afrique, la menace des groupes islamistes militants n’a cessé de croitre depuis 10 ans. En effet, le nombre annuel d’événements violents a presque triplé depuis 2014 (pour atteindre environ 6 700). Les 21 780 morts signalées représentent quant à elles une augmentation de 56 % par rapport à 2021…Il y a dix ans, le bassin du lac Tchad était le foyer le plus important de la menace de la violence islamiste. En effet 13 670 morts y avaient été signalées, soit 67 % des morts signalées en Afrique. L’Afrique du Nord était deuxième, avec 3 650 morts. Comparé à ce point culminant, le nombre annuel de morts dans le bassin du lac Tchad a aujourd’hui été diminué par presque quatre, même s’il demeure supérieur à 3 600 morts. Parallèlement, l’Afrique du Nord a subi cette année le plus petit nombre de morts des cinq théâtres actifs en Afrique. Il y a dix ans, le Sahel était la région où le nombre de morts liées à l’extrémisme violent était le moindre. Aujourd’hui, c’est la région qui en subi le plus, et ce depuis trois ans. Les 11 200 morts enregistrées au Sahel en 2024, le triple de 2021, constituent aujourd’hui plus de la moitié des morts enregistrées en Afrique…Ces fluctuations importantes aux cours des dix dernières années soulignent comment les dynamiques peuvent changer dans chacun de ces théâtres. Alors même que les groupes islamistes militants démontrent une adaptabilité et une résilience remarquables, des progrès peuvent toutefois être accomplis. Cela réaffirme l’importance de bien comprendre les moteurs uniques et les réponses spécifiques à chaque contexte qui doivent y être soutenues. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique
Nord du Mali : sept séparatistes tués par une frappe de drone
Dans un communiqué diffusé mardi 27 août, les groupes armés séparatistes au Mali ont reconnu la mort de sept de leurs membres à la suite d’une frappe de drone de l’armée malienne, lundi, sur deux de leurs véhicules dans le nord du pays. L’armée a de son côté affirmé avoir détruit le même jour « deux véhicules chargés de matériel de guerre appartenant aux groupes armés terroristes à environ 80 kilomètres au nord de la localité d’Anéfis ». Dimanche, selon les séparatistes, un élu local et un responsable d’une ONG locale, des frappes de drone ont fait une vingtaine de morts, dont plusieurs enfants, à Tin Zaouatine, près de la frontière avec l’Algérie, où l’armée malienne et ses alliés russes avaient subi fin juillet une lourde défaite face aux séparatistes et aux djihadistes. Selon l’armée, qui revendique avoir « neutralisé » dimanche une « vingtaine d’individus armés », il s’agissait de « cibles terroristes ». Les groupes armés séparatistes ont perdu depuis 2023 le contrôle de plusieurs localités du Nord, après une offensive de l’armée malienne qui a culminé par la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu de souveraineté majeur pour l’Etat central. Le Monde avec AFP
Burkina Faso: après l’attaque de Barsalogho, un collectif fustige les erreurs de l’armée
Au Burkina Faso, quatre jours après l’attaque jihadiste à Barsalogho, assaut qui a fait près de 200 morts, un collectif d’habitants de la ville fustige les autorités et l’armée, notamment dans le fait d’avoir obligé les civils à creuser des tranchées. Le Collectif Justice pour Barsalogho (CJB), a été créé dès le dimanche 25 août, au lendemain de l’attaque, le jour même du passage d’une délégation de ministres à Kaya. Pour éviter toute pression, les membres de ce groupe souhaitent rester anonymes…Le Collectif ajoute « nous sommes révoltés par la négligence qui a occasionné la tuerie en masse de nos parents », puis questionne, « pourquoi Barsalogho n’a pas pu bénéficier d’une intervention militaire pendant que le massacre se déroulait et que les blessés se vidaient de leur sang ? », avant d’ajouter : « où sont passés les drones et les hélicoptères dont le pays s’est doté ? » En conclusion, le Collectif interpelle directement Ibrahim Traoré « qui est l’instigateur des tranchées », indique le communiqué, et l’appelle « à ouvrir des enquêtes pour que les responsabilités soient situées. » RFI
La Mauritanie et l’Espagne s’engagent à gérer ensemble les flux migratoires
La Mauritanie et l’Espagne se sont mises d’accord pour gérer ensemble les flux migratoires, selon une déclaration conjointe publiée mercredi 28 août, lors de la visite du premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, à Nouakchott. Les deux pays s’engagent dans ce texte « à œuvrer ensemble à la promotion de migrations sûres, ordonnées et régulières » et garantir « un traitement juste et humain des migrants ». Pedro Sanchez est arrivé mardi à Nouakchott, première étape d’une tournée en Mauritanie, au Sénégal et en Gambie destinée à contrer la hausse spectaculaire des arrivées de migrants clandestins dans son pays…L’Espagne et la Mauritanie ont, parallèlement à leur déclaration conjointe, signé un mémorandum d’entente pour mettre en œuvre « un projet pilote de sélection de travailleurs mauritaniens dans leur pays d’origine » pour qu’ils aillent travailler en Espagne, selon un document distinct transmis mardi à l’Agence France-Presse qui ne précise pas de chiffre…Entre le 1er janvier et le 15 août de cette année, 22 304 migrants sont arrivés aux Canaries, contre 9 864 pour la même période de 2023, soit une augmentation de 126 %. Pour l’ensemble de l’Espagne, la hausse est de 66 % (de 18 745 à 31 155). Le Monde avec AFP
Mpox : l’Espagne va envoyer 500 000 vaccins en Afrique centrale
Le gouvernement espagnol a annoncé, mardi 27 août, qu’il allait envoyer l’équivalent de 500 000 doses de vaccins dans plusieurs pays d’Afrique centrale afin de faire face à l’épidémie de mpox. « L’Espagne a indiqué à la Commission européenne qu’elle allait faire un don représentant 20 % de son stock de vaccins, soit 100 000 ampoules correspondant à 500 000 doses de vaccins », explique dans un communiqué le ministère de la santé espagnol…Madrid encourage ses homologues européens à faire don à leur tour de 20 % de leur stock et à ne pas « garder des vaccins là où il n’y a pas de problème »…La République démocratique du Congo, le Burundi et la Centrafrique sont les pays les plus touchés par la recrudescence de mpox en Afrique, où des cas ont également été signalés dans une dizaine d’autres pays. Le Monde avec AFP
RDC: libération d’une quarantaine d’ex-otages des ADF dans la ville de Beni
Dans l’est de la République démocratique du Congo, l’armée congolaise et ougandaise ont remis mardi 27 août dans la ville de Beni au moins une quarantaine d’ex-otages des Forces démocratiques alliées (ADF) dans les mains la société civile et à la Monusco. Ces otages ont été libérés lors d’offensives des FARDC, UPDF dans le territoire de Beni et Mambasa contre les terroristes des FDA alliés à l’EI. Six miliciens maï-maï, seize femmes, 24 enfants et trois jeunes hommes, originaires du grand Nord de la province du Nord-Kivu, Ituri et Équateur ont été libérés. La majorité des femmes, otages depuis plusieurs années, sont devenus mères en captivité, et d’autres sont enceintes. La société civile de Beni appelle la communauté à bien accueillir les otages. Son président, Pépin Kavota, exhorte les habitants à mettre fin à la collaboration avec les ADF. Les armées congolaise et ougandaise sont en opération conjointe contre les ADF depuis fin novembre 2021. Ces rebelles, qui ont prêté allégeance au groupe État islamique, sont accusés d’avoir tué une centaine des civils en juillet 2024 dans la région de Beni. RFI
Au Gabon, le sort incertain du président déchu Ali Bongo et de sa famille
Depuis le putsch qui a mis fin à 55 ans de dynastie Bongo au Gabon, le président déchu Ali Bongo, son épouse Sylvia et son fils Noureddin ont disparu de la scène publique et leur sort reste incertain. Âgé de 65 ans, l’ancien dirigeant est resté depuis le coup d’État du 30 août 2023 dans sa résidence privée de Libreville, « libre de quitter le pays » selon le gouvernement, « privé de liberté et de contact avec l’extérieur », selon François Zimeray, son avocat en France. L’ancienne première dame, 61 ans, et son fils de 32 ans sont toujours détenus à « Sans Famille », la prison centrale de Libreville, dans des conditions dénoncées par leurs avocats. Le nouveau pouvoir, incarné par le général Brice Oligui Nguema, les accuse d’avoir massivement détourné des fonds publics, truqué les dernières élections et « manipulé » un chef d’État affaibli depuis 2018 par les séquelles d’un grave accident vasculaire cérébral (AVC), dirigeant de facto le pays. Les images de l’arrestation de Noureddin Bongo restent parmi les plus marquantes du coup d’État. La nuit du putsch, le fils du président et plusieurs de ses proches avaient été filmés entourés d’innombrables malles débordant de billets de banque saisies à leurs domiciles. D’abord placée en résidence surveillée, sa mère l’a rejoint en prison après son inculpation. AFP
Cameroun : HRW exhorte Yaoundé à fournir des soins médicaux à l’activiste en détention Ramon Cotta
Human Rights Watch exhorte les autorités camerounaises à assurer une prise en charge médicale adéquate à l’activiste en détention, Ramon Cotta, connu également sous son vrai nom Steve Akam. Il avait disparu en juillet et a récemment été retrouvé dans une prison de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Ilaria Allegrozzi, chercheuse principale pour le Sahel à Human Rights Watch, a déclaré que l’activiste Yves Kibouy Bershu, aussi connu sous le nom de Steve Akam et le pseudonyme de Ramon Cotta sur les réseaux, « pourrait déjà avoir perdu la vue et la capacité de marcher correctement en raison de la torture, de sorte qu’une action rapide est immédiatement nécessaire »…Ses avocats ont obtenu l’accès à lui en détention à Yaoundé et l’ont trouvé partiellement paralysé avec de graves déficiences visuelles, indique le groupe international de défense des droits de l’homme. Les avocats de Ramon Cotta pensent que l’activiste a été renvoyé de manière extrajudiciaire au Cameroun depuis le Gabon, où il vivait depuis une dizaine d’années. Akam, un critique virulent de l’administration du président Paul Biya, a été vu pour la dernière fois dans une vidéo diffusée en ligne qui le montrait menotté et entouré par la police camerounaise près de la frontière avec le Gabon. Il est plus connu sous son profil de médias sociaux Ramon Cotta sur TikTok, qui compte plus de 30 000 abonnés. Dans une récente vidéo, il accuse le président camerounais Paul Biya de mener une guerre dans les régions anglophones du Cameroun afin de rester au pouvoir. VOA avec Reuters
L’Ethiopie annonce doubler la production de son mégabarrage sur le Nil
L’Ethiopie a annoncé avoir mis en service deux nouvelles turbines du grand barrage de la Renaissance (GERD), permettant de doubler la production d’électricité de ce mégabarrage sur le Nil, source de tensions avec ses voisins, notamment l’Egypte…Lancé en 2011 pour un montant de 4 milliards de dollars (environ 3,6 milliards d’euros), le GERD est présenté comme le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique (1,8 kilomètre de large, 145 mètres de haut). Il doit permettre de produire à terme 5 000 MW, soit le double de la production actuelle de l’Ethiopie, avec une capacité totale de retenue de 74 milliards de mètres cubes…Situés en aval, le Soudan et l’Egypte ont à de nombreuses reprises dénoncé ce projet « unilatéral » d’Addis-Abeba, qui menace, selon eux, leur approvisionnement en eau. Les deux pays ont à plusieurs reprises demandé à l’Ethiopie de cesser ses opérations de remplissage en attendant que soit conclu un accord tripartite sur le sujet et sur les modalités de fonctionnement du barrage. Le Monde avec AFP
Le Sénégal suspend les activités minières le long de la rivière Falémé, près de la frontière malienne
Le Sénégal suspend pour trois ans les activités minières sur la rive gauche de la rivière Falémé (Sud-Est), à la frontière avec le Mali, pour préserver l’environnement et protéger la santé des populations, explique un décret présidentiel publié mardi 27 août. Principal affluent du fleuve Sénégal, cette rivière est confrontée à une grave pollution en raison de l’utilisation intensive de produits chimiques destinés à l’exploitation des mines d’or, principalement artisanales, qui prolifèrent dans la région. Elle est une ressource vitale pour des milliers d’habitants qui utilisent le cours d’eau pour leurs activités agricoles et pour l’alimentation du bétail…La suspension, prévue jusqu’au 30 juin 2027, s’étend sur un rayon de 500 mètres autour de la rive gauche de ce cours d’eau dont une partie est située le long de la frontière malienne. La délivrance de titres miniers est également suspendue. La région de Kédougou, où coule la Falémé, connaît depuis une vingtaine d’années une ruée vers l’or. Des milliers de personnes, venues de toute l’Afrique de l’Ouest, tentent d’y faire fortune. Les activités minières illégales ont prospéré…En 2014, la République du Sénégal avait déjà instauré une zone où l’orpaillage artisanal est autorisé pour tenter de réguler l’activité. Le Monde avec AFP
L’ONU et Washington appellent à des pourparlers libyens pour résoudre la crise de la Banque centrale
L’ONU et les Etats-Unis ont appelé mardi les acteurs politiques en Libye à une réunion « urgente » pour désamorcer la crise autour de la Banque centrale (BCL) et le blocus de la production et des exportations de pétrole. Exprimant sa « profonde préoccupation face à la détérioration de la situation », la Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) a « convoqué une réunion d’urgence de toutes les parties impliquées dans la crise de la BCL pour atteindre un consensus fondé sur des accords politiques, des lois et le principe de l’indépendance de la BCL », selon un communiqué. L’ambassade des Etats-Unis en Libye a qualifié cette proposition de « voie à suivre pour résoudre la crise entourant la Banque centrale ». En proie au chaos depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux: celui d’Abdelhamid Dbeibah installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, et un autre dans l’Est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar. Ripostant lundi à l’éviction par les autorités de l’Ouest du gouverneur de la BCL, qui gère la manne pétrolière et le budget de l’Etat réparti entre les différentes régions, leurs rivaux de l’Est ont stoppé la production et les exportations pétrolières…Ripostant lundi à l’éviction par les autorités de l’Ouest du gouverneur de la BCL, qui gère la manne pétrolière et le budget de l’Etat réparti entre les différentes régions, leurs rivaux de l’Est ont stoppé la production et les exportations pétrolières. AFP
Jeux paralympiques: à Paris 2024, les délégations africaines feront-elles mieux qu’à Tokyo?
Les Jeux paralympiques de Paris 2024 se déroulent du 28 août au 8 septembre en France. Quarante-quatre délégations africaines y sont attendues, soit le même nombre qu’à Tokyo, lors de la précédente édition. Dans ces conditions, les représentants africains peuvent-ils faire mieux qu’il y a 3 ans (63 médailles dont 21 en or) et alors que le développement et la promotion du sport pour les athlètes avec un handicap physique (handisport) et mental (sport adapté) restent très inégales d’un pays du continent à l’autre ? Sur les 44 pays africains attendus pour cette 17e édition, ils ne sont que 8 à envoyer à Paris plus de 10 athlètes : Afrique du Sud, Algérie, Égypte, Kenya, Maroc, Nigeria, Rwanda et Tunisie. On retrouve donc les pays du Maghreb, qui ont pris l’habitude de bien figurer au tableau de médailles…L’Égypte, également, est toujours là dans les épreuves de force athlétique. D’autres pays du continent, comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, ont développé depuis des décennies une culture paralympique, avec des moyens, des infrastructures mises en place pour briller au plus haut-niveau, et donc des médailles à l’arrivée. Mais, derrière ces quelques locomotives, il y a un gouffre énorme : plus de la moitié des délégations africaines ne seront représentées à ces Jeux que par un ou deux athlètes. Sur l’ensemble du continent, 31 pays n’ont jamais décroché de médailles aux Jeux paralympiques, avec une forte proportion d’État d’Afrique de l’Ouest et centrale toujours en quête d’un premier podium. RFI