Revue de presse du 27 octobre 2022

Tigré: des crimes contre l’humanité « commis par toutes les parties », selon Amnesty
Des crimes contre l’humanité ont été commis « par toutes les parties » en toute « impunité » dans le conflit qui ravage le nord de l’Ethiopie depuis bientôt deux ans, a déploré mercredi Amnesty International, qui n’exclut pas un « génocide ». Depuis le début en novembre 2020 de la guerre dans la région septentrionale du Tigré, l’ONG a recensé de « nombreuses violations des droits humains, y compris des viols, des violences sexuelles (…) des pillages, des cas de torture et d’exécutions extrajudiciaires », a souligné Fisseha Tekle, chercheur spécialiste de l’Ethiopie et de l’Erythrée à Amnesty International lors d’une conférence de presse à Nairobi. « Toutes les parties, Tigréens, Amharas (les milices et forces de sécurité de la région éponyme, voisine du Tigré, ndlr) Erythréens ont commis de graves violations des droits humains et des crimes contre l’humanité », et ce, en toute « impunité », a avancé M. Tekle, affirmant que ces exactions ont commencé « dès le début du conflit ». VOA/AFP

Au Mali, la sécurité s’est fortement dégradée depuis l’arrivée de Wagner, selon les Etats-Unis
Les Etats-Unis considèrent que la sécurité s’est considérablement détériorée au Mali depuis que la junte a fait appel, selon eux, aux mercenaires de la société russe Wagner, a dit la sous-secrétaire d’Etat américaine, Victoria Nuland, mercredi 26 octobre. « La junte malienne a fait venir Wagner et le terrorisme a empiré de façon considérable », a déclaré lors d’une visioconférence Mme Nuland, de retour d’un déplacement au Sahel, y compris au Mali, entre le 16 et le 20 octobre. Elle a fait état d’une augmentation d’environ 30 % des actes terroristes au cours des six derniers mois. Ces propos contredisent ceux des militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 dans ce pays secoué depuis 2012 par la violence et la propagation djihadiste. Les autorités maliennes se sont détournées depuis un an de l’allié français et de ses partenaires, et tournées vers la Russie. Elles répètent avoir inversé la tendance sécuritaire et avoir mis en débandade les groupes djihadistes. Les Etats-Unis, la France et les Occidentaux accusent la junte de s’être adjoint les services de la société de sécurité Wagner, aux agissements décriés. Les autorités maliennes démentent et parlent de coopération avec l’armée russe au nom d’une relation ancienne d’Etat à Etat. Le Monde

L’État malien ne protège pas assez ses tribus touareg, selon Human Rights Watch
Des groupes armés affiliés à l’organisation Etat islamique ont massacré des centaines de villageois depuis le début de l’année dans le nord-est du Mali de manière apparemment systématique, et les autorités n’en font pas assez pour protéger les civils, alerte Human Rights Watch (HRW) jeudi. Des dizaines de milliers de villageois ont été poussés à fuir ailleurs au Mali ou vers le Niger voisin après avoir perdu leur bétail et tous leurs biens dans ces attaques commises depuis mars dans les régions de Ménaka et Gao, dit l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un rapport. Elle souligne que les exactions ont en grande partie visé les Daoussahak, une tribu touarègue. Elle souligne aussi que de vastes pans de territoire sont passés sous la coupe des groupes affiliés à l’organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS). Les jihadistes « ont mené des attaques terrifiantes et apparemment coordonnées contre des villages, massacrant des civils, pillant des maisons et détruisant des biens », dit HRW. VOA/AFP

Tchad: l’ONG Survie demande la fin de la coopération militaire franco-tchadienne
L’association Survie dénonce l’hypocrisie française dans le dossier tchadien. Suite aux violences qui ont ensanglanté les manifestations du 20 octobre, qui ont fait officiellement 50 morts et 300 blessés, Paris avait condamné l’utilisation d’armes létales contre les protestataires, et assuré que la France n’avait joué aucun rôle dans ces événements. L’organisation Survie, elle, rappelle les liens stratégiques avec le Tchad, notamment dans la lutte contre le terrorisme. Pour Emma Cailleau, membre de Survie et chargée du dossier tchadien, les Français doivent aller beaucoup plus loin dans leur condamnation de la répression. « On souhaiterait un positionnement beaucoup plus clair et moins d’hypocrisie, c’est-à-dire que dans la mesure où la France maintient une coopération militaire et policière depuis des années avec ce pays, et surtout un soutien diplomatique et financier, il faudrait que la France se positionne clairement et cesse de cautionner ou de laisser faire. On attend des sanctions fermes, c’est-à-dire la fin de la coopération militaire et policière, et la fin du soutien diplomatique. » RFI

Tchad : des experts demandent la libération immédiate des manifestants détenus
Près d’une semaine après des manifestations violemment réprimées au Tchad, des experts indépendants de l’ONU et de l’Union africaine ont réclamé, mercredi, la libération immédiate des manifestants détenus. « Nous exhortons les autorités à libérer rapidement ces personnes dont le seul crime est celui d’avoir exercé leur droit à la liberté de réunion pacifique, et demandons à toutes les parties de désormais faire preuve de retenue » ont affirmé dans un communiqué, Clément Nyaletossi Voule, Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association; et Rémy Ngoy Lumbu, Rapporteur spécial de la Commission africaine sur les droits de l’homme et des peuples sur les droits des défenseurs des droits humains. Selon les experts indépendants de l’ONU et de l’Union africaine, des centaines de personnes auraient été arrêtées arbitrairement lors de ces manifestations. Le 20 octobre, des centaines de personnes se sont rassemblées dans la capitale N’Djaména et dans plusieurs autres villes à travers le pays afin d’exprimer leur soutien pour une transition à une démocratie dans le pays. Les forces de l’ordre auraient violemment dispersé les manifestants, y compris par l’usage de gaz lacrymogènes et en tirant des balles réelles. ONU Info

Les autorités nigériennes nient toute bavure lors d’une riposte à une attaque terroriste
Des aéronefs de l’armée nigérienne ont détruit des refuges de jihadistes sur un site clandestin d’orpaillage proche de Tamou, à la frontière avec le Burkina Faso. L’armée affirme y avoir tué sept jihadistes. Les jihadistes ont été délogés d’une forêt par deux hélicoptères de l’armée nationale au cours d’un ratissage terrestre et aérien dans le parc animalier W. Ces opérations faisaient suite à l’attaque du poste de police de Tamou où deux policiers ont trouvé la mort. Pourchassés par air et par terre, selon une source sécuritaire, les terroristes se sont dirigés vers un site d’orpaillage clandestin très actif. Selon le communiqué du ministère de la Défense nationale, l’ennemi clairement caractérisé par les reconnaissances aériennes avait été repéré en train de transporter dans des hangars des matériels pris lors de l’attaque du poste de police de Tamou. L’ordre a alors été donné immédiatement aux aéronefs de détruire les ennemies et leur hangar refuge. Le bilan officiel est de sept tués et 24 blessés, admis dans les hôpitaux de la préfecture de Say et Niamey. RFI

Pape Francois: « Je déplore vivement l’agression inacceptable à Maboya où des personnes sans défense ont été tuées »
Le Pape François a dénoncé, mercredi 26 octobre, l’incursion armée des ADF à Maboya, dans le territoire de Beni(Nord-Kivu), dans la nuit de mercredi à jeudi 20 octobre. Au cours de l’audience générale du mercredi à la place Saint-Pierre à Vatican(Rome), le souverain pontife a condamné cette attaque qui a couté la vie à 7 civils dont une religieuse, médecin au centre de santé de Maboya, rapporte Vatican News. Le Saint-Père a prié pour les sept personnes tuées, dont la religieuse médecin, la sœur Marie Sylvie Kavuke Vakatsuraki, membre de la congrégation des Petites sœurs de la présentation de Notre Dame au Temple, de Beni-Butembo, dont le corps a été retrouvé calciné au centre de santé de Maboya. « Je déplore vivement l’agression inacceptable qui s’est déroulée ces derniers jours à Maboya, dans la province du Nord-Kivu, où des personnes sans défense ont été tuées, dont une religieuse travaillant dans le domaine de la santé », a déclaré le Pape François. Il a notamment prié pour cette région de l’est de la RDC, ensanglantée par l’insécurité. Radio Okapi

Au Bénin, une nouvelle loi restreint grandement le droit de grève
Le président béninois Patrice Talon a promulgué la loi modificative qui retire le droit de grève au port et à l’aéroport de Cotonou et aux pétroliers. Elle a été élargie à d’autres secteurs. Ce projet a vu le jour au lendemain de la grève des contrôleurs aériens qui a paralysé l’aéroport international de Cotonou fin septembre. En 2018, les travailleurs des hôpitaux, de la justice et de la sécurité avaient déjà perdu leur droit de grève. La loi a été promulguée le 19 octobre, une semaine après le vote des députés. Sont concernés par cette interdiction de grève les fonctionnaires du port et de l’aéroport de la capitale, ainsi que les pétroliers. Et on découvre dans le document que les secteurs de l’eau et de l’énergie sont sur la liste. Cette loi modificative s’applique également aux salariés des entités ou organismes internationaux. Ces secteurs sont sensibles et doivent être mobilisés en permanence, justifie le gouvernement. Il est aussi mentionné que la grève de solidarité n’est pas autorisée. RFI

Au Sénégal, un contrat secret signé avec un sulfureux vendeur d’armes nigérien
Déjà mis en cause en 2020 dans le cadre d’une fraude de plusieurs dizaines de millions de dollars liée à un contrat d’armement dans son pays d’origine, le Niger, Aboubakar Hima, dit « Petit Boubé », refait parler de lui. Au Sénégal cette fois. Nos partenaires de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) ont eu accès à un contrat laissant craindre de nouvelles malversations de cet homme d’affaires également recherché par le Nigeria pour d’autres dossiers. L’article publié mardi 25 octobre sur le site de l’OCCRP affirme en effet que le ministère sénégalais de l’environnement a signé, début 2022, un contrat d’une valeur de 77 millions de dollars pour, notamment, l’achat de fusils d’assaut, de pistolets semi-automatiques et de munitions. Le fournisseur et signataire est Lavie Commercial Brokers, une société quasiment inconnue sur le marché, créée quelques semaines avant que l’accord soit conclu. Le Monde

Le président de la CEDEAO s’engage dans un « partenariat stratégique » à Kiev
L’Afrique « porte la paix et veut rapprocher ces deux pays frères », l’Ukraine et la Russie, a assuré mercredi le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo, lors d’une visite en Ukraine. Premier président africain a se rendre à Kiev depuis le début de l’invasion russe en Ukraine le 24 février, M. Embalo a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au lendemain d’une visite en Russie où il s’est également entretenu avec le président Vladimir Poutine. « Ce n’est pas juste des engrais, des fertilisants ou de céréales dont l’Afrique a besoin. L’Afrique aussi porte la paix et veut rapprocher ces deux pays frères, qu’on puisse vraiment trouver un chemin pour la paix entre la Russie et l’Ukraine », a dit le président de la Guinée-Bissau, lors d’un point-presse avec M. Zelensky. M. Zelensky s’est montré plus sceptique sur l’idée d’un dialogue avec M. Poutine. « En ce qui concerne les signaux de la Russie, que M. le Président de la Guinée-Bissau a transmis, la Russie veut établir le dialogue. Mais pour établir le dialogue entre les États, il est nécessaire que l’un d’entre-eux ne frappe pas l’infrastructure de l’autre », a estimé de son côté le président ukrainien. AfricaNews/AFP

Risque d’attentat à Johannesburg: le gouvernement « très préoccupé »
Le gouvernement sud-africain s’est dit « très préoccupé » jeudi par le risque de terrorisme, au lendemain d’une alerte de l’ambassade américaine évoquant un risque d’attentat samedi dans le nord de Johannesburg. « Le terrorisme reste une grande menace au sujet de laquelle la communauté mondiale doit collaborer », a plaidé la ministre des Affaires étrangères Naledi Pandor, dans un communiqué publié avant la visite du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez à Pretoria. « Nous sommes très préoccupés par le terrorisme après l’alerte dont l’ambassade des États-Unis nous a informés, il est clair que nos organes de sécurité sont attentifs à cette question », a-t-elle ajouté. L’ambassade américaine à Pretoria avait publié la veille sur son site un avis prévenant que son gouvernement avait « reçu des informations selon lesquelles des terroristes pourraient prévoir de mener un attentat ciblant de larges rassemblements dans le périmètre autour de Sandton », riche banlieue au nord du centre de Johannesburg. VOA/AFP

Emirats arabes unis – Visas suspendus pour les ressortissants d’une vingtaine de pays africains
Les autorités des Émirats arabes unis ont annoncé une interdiction de visa à une vingtaine de nationalités souhaitant se rendre à Dubaï avec effet immédiat. Aucune raison officielle n’a encore été fournie pour justifier cette décision. Les ressortissants d’une vingtaine de pays ne pourront plus recevoir de visa pour séjourner aux Emirats arabes unis, ont indiqué les autorités du pays. « Nous suspendons les demandes de visas de trente jours pour les ressortissants de ces pays à compter du 18 octobre 2022 « , a-t-il été indiqué dans un courrier officiel mentionnant la liste des pays concernés. Parmi eux, dix-neuf sont africains (Ghana, Sierra Leone, Soudan, Cameroun, Nigeria, Libéria, Burundi, Guinée, Gambie, Togo, République démocratique du Congo, Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire, Congo, Rwanda, Burkina Faso, Guinée Bissau, Comores ). La République dominicaine est la seule nation hors d’Afrique à faire l’objet de cette restriction. Les agences de voyage avaient déjà pu constater que les demandes de visas émanant de ces nations avaient été rejetées par les autorités, parfois sans qu’aucun motif ne soit communiqué. Si aucune raison n’a encore été fournie pour justifier cette décision visant la vingtaine de pays, les autorités des Emirats arabes unis avaient indiqué par le passé considérer certains d’entre eux comme une menace. Outre les menaces pour la sécurité des Emirats, les autorités avaient également mis en avant le fait que beaucoup de touristes séjournaient illégalement dans le pays au lieu de retourner chez eux. Dépêches de Brazzaville

Les géants africains du cacao boycottent un sommet à Bruxelles
Le Ghana et la Côte d’Ivoire, boycottent les réunions de la Fondation mondiale du cacao sur la durabilité de la fève, qui se tiennent cette semaine à Bruxelles. Les deux principaux producteurs mondiaux de cacao, accusent les multinationales du chocolat et les négociants de bloquer les mesures visant à améliorer les revenus des producteurs. Les deux pays représentent environ deux tiers de la production mondiale de cacao, mais les agriculteurs gagnent moins de 6 % des revenus d’une industrie évaluée à plus de 100 milliards de dollars par an. Quatre organisations de la société civile du Ghana et de la Côte d’Ivoire ont apporté leur soutien au boycott, affirmant que les agriculteurs ont toujours été lésés en matière de prix. Les pressions sur les récoltes pèsent sur les prix du cacao, en raison des craintes que l’inflation n’incite les consommateurs à réduire leurs dépenses, notamment leurs achats de chocolat. AfricaNews

« Forum sur le systèmes alimentaires » – Société civile et religieux dénoncent un changement « cosmétique »
Les agriculteurs, la société civile et les leaders religieux de l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique considèrent le double changement de nom de la révolution verte comme un aveu d’échec, une distraction cynique, et rejettent la nouvelle stratégie proposée par l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra). Ils l’ont fait savoir dans un communiqué de presse dans lequel ils précisent que le double changement de marque voit le nom du Forum africain sur la révolution verte devenir « Forum sur les systèmes alimentaires en Afrique ». Dans le même temps, dévoilent-ils, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique insiste désormais pour n’être connue que par son acronyme AGRA, sans les mots « révolution verte » dans son nom. Avant de préciser que les deux organes de la révolution verte tentent de se distancer du projet d’agriculture industrielle qui a échoué, tout en continuant à faire comme si de rien n’était. C’est ainsi que la société civile et les chefs religieux ont rapidement dénoncé ce changement cosmétique. Selon Anne Maina de l’Association kényane pour la biodiversité et la biosécurité, « l’AGRA ne fait que mettre de nouvelles étiquettes sur les politiques ratées du passé ». AllAfrica