Revue de presse du 27 mars 2024

La Cedeao et l’Europe saluent le bon déroulement de la présidentielle au Sénégal
Les missions d’observation déployées au Sénégal par la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne ont loué le bon déroulement du scrutin présidentiel, remporté dimanche 24 mars par l’opposant Bassirou Diomaye Faye. « Le scrutin s’est généralement déroulé sans heurts et dans une atmosphère largement pacifique », a déclaré mardi 26 mars Ibrahim Gambari, chef de la mission de la Cedeao lors d’une conférence de presse à Dakar. La Cedeao avait déployé 130 observateurs. La cheffe de la mission de l’Union européenne (UE), Malin Björk, a de son côté évoqué « une élection bien organisée et ouverte qui a montré la solidité des institutions démocratiques sénégalaises », lors d’une rencontre distincte avec la presse. « Dans l’ensemble, le scrutin a été bien organisé, a-t-elle ajouté. Les électeurs ont pu faire leur choix librement dans une ambiance paisible et ordonnée. » Jeune Afrique avec AFP

La junte malienne interdit à Bamako une coalition d’opposants
Les autorités maliennes dominées par les militaires ont interdit les activités à Bamako d’une rare coalition d’opposants récemment créée, invoquant des « menaces de troubles à l’ordre public », a appris l’AFP mardi de source officielle. Mise en place mi-février, la coalition « Synergie d’action pour le Mali » proposait « une autre voie » dans ce pays dirigé par des militaires putschistes depuis 2020. Elle était formée de membres de 30 partis et formations d’opposition, dont des partisans de l’influent imam Mahmoud Dicko, et s’est montrée très critique à l’égard de la junte. Elle estimait que « les attentes du peuple sont loin d’être satisfaites »…Les expressions d’opposition sont devenues exceptionnelles sous la junte, étouffées par les injonctions à l’unité nationale et les mesures répressives. La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta avait décrété en juin 2022 que les militaires céderaient le pouvoir aux civils à l’issue d’une période dite de transition s’achevant ce 26 mars 2024, après une présidentielle prévue en février de la même année. AFP

Mali: une dizaine d’étudiants de l’AEEM interpellés mardi par les services de renseignement
Au Mali, une dizaine d’étudiants de l’AEEM, l’Association des élèves et étudiants du Mali, ont été interpellés mardi 26 mars par la Sécurité d’Etat, les services de renseignement maliens. Une partie de l’association appelait au rassemblement pour célébrer la journée des martyrs, fête nationale au Mali, mais aussi pour dénoncer la dissolution de l’AEEM par les autorités maliennes de transition, il y a deux semaines. Selon une source proche du comité de crise de l’AEEM, 17 étudiants auraient été interpellés par des hommes en civil, alors qu’ils tentaient de se rassembler. Leurs proches sont sans nouvelles depuis. Une source sécuritaire malienne confirme à RFI l’arrestation de 15 étudiants – 14 à Bamako, un à Sikasso. RFI

Mali: deux ans après le massacre de Moura, l’impunité est totale et l’armée continue de tuer des civils
Cela fait deux ans, ce mercredi 27 mars, qu’a eu lieu le massacre de Moura. Pendant quatre jours, les habitants de ce village de la région de Mopti, dans le centre du Mali, ont vécu l’enfer. Une opération antiterroriste menée conjointement par l’armée malienne et le groupe Wagner a fait plus de 500 morts, majoritairement des civils. En dépit des engagements des autorités, deux ans après, l’impunité est totale…Lorsqu’ils ont ouvert le feu sur la foule, avant même d’atterrir, les soldats maliens et les mercenaires du groupe Wagner ont d’abord tué « vingt civils et une douzaine de membres présumés de la Katiba Macina », du Jnim, lié à al-Qaïda, selon un rapport onusien publié l’année dernière. Puis, les quatre jours suivants, Moura a été le théâtre de l’horreur. Les Nations unies ont publié une enquête particulièrement fouillée l’année dernière. De nombreux médias et organisations de défense des droits humains avaient également, dès les premiers jours, rapporté des témoignages effroyables. Au total, plus de 500 exécutions sommaires ont été dénoncées par l’ONU, des villageois ont été obligés de creuser des fosses communes et d’y enfouir les morts, au moins 58 femmes et jeunes filles ont été violées ou victimes de violences sexuelles, parfois collectives. Plusieurs dizaines de personnes interpelées à Moura ont été torturées par la suite. RFI

Tiani s’est entretenu avec Poutine pour « renforcer » la coopération entre la Russie et le Niger
Le chef du régime militaire au Niger, le général Abdourahamane Tiani, s’est entretenu mardi au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine pour discuter notamment du « renforcement » de leur coopération sécuritaire, indique un communiqué officiel nigérien. « Les deux chefs d’Etat » ont « échangé sur la nécessité de renforcer la coopération sécuritaire » entre la Russie et le Niger « pour faire face aux menaces actuelles », précise un communiqué lu à la radio publique nigérienne, quand les attaques jihadistes minent le Sahel. Le général Tiani, qui dirige le Niger depuis le renversement du président civil Mohamed Bazoum en juillet dernier, y a exprimé ses « remerciements pour le soutien » de la Russie apporté au Niger et à la « lutte » de ce pays sahélien pour la « souveraineté nationale », d’après la même source. Un communiqué du Kremlin rapporte que les deux parties ont exprimé leur « disposition à activer un dialogue politique et à développer une coopération mutuellement avantageuse dans divers domaines »…Mi-janvier, la Russie avait déjà annoncé avoir convenu d' »intensifier » sa coopération militaire avec le Niger. Une délégation russe s’était rendue à Niamey en décembre pour discuter avec les militaires. Des accords sur le renforcement de la coopération militaire avaient alors été signés. AFP

Attaque attribuée aux shebab au Kenya, quatre morts
Quatre personnes, dont trois policiers, ont été tuées lundi dans une attaque attribuée aux islamistes radicaux shebab dans une ville de l’est du Kenya frontalière de la Somalie, a-t-on appris mardi auprès de la police. L’explosion d’un engin explosif improvisé s’est produite dans un hôtel à environ 200 mètres d’un poste de police de Mandera vers 10H20 (07H20 GMT), ont rapporté des médias locaux. Selon la police, quatre personnes, dont trois policiers, ont été tuées, et une dizaine d’autres blessées…Groupe affilié à Al-Qaïda, les shebab mènent depuis plus de 16 ans une insurrection meurtrière visant à renverser le gouvernement somalien soutenu par la communauté internationale et instaurer la loi islamique. Depuis son intervention militaire dans le sud de la Somalie en 2011 puis sa participation à la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom, devenue Atmis) créée en 2012 pour combattre cette insurrection, le Kenya voisin est également ciblé par ce groupe, qui recrute également parmi la jeunesse locale. AFP

Congo-B: un député de la majorité détenu par les renseignements après une vidéo critique du pouvoir
Au Congo-Brazzaville, le député de la majorité Aimé Hydevert Mouagni a passé sa troisième nuit dans les services de renseignements, où il répond à des questions au sujet d’une vidéo. Sur cette vidéo publiée sur les réseaux, il aurait dénigré les services de sécurité du pays. Le parlementaire n’est pas encore formellement inculpé, selon une source proche du dossier. Celle-ci affirme qu’il est détenu dans les locaux de la Centrale d’intelligence et de la documentation (Cid), l’ex- Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Selon la même source, Aimé Hydevert Mouagni, qui est député du Club perspectives et réalités (CPR) et très proche du pouvoir, a déjà été interrogé à deux reprises pour « flagrance », sans autres précisions. Son domicile a été perquisitionné par les services de police et dans la semaine, il sera présenté au procureur de la République. Dans un échange téléphonique authentifié par les services de police sur les réseaux sociaux, on entend Aimé Hydevert Mouagni critiquer vertement la gestion du pays, notamment les détournements des fonds publics, le non-paiement des émoluments dus aux parlementaires. Il y pointe du doigt également l’insécurité dans les grandes villes du pays, indexant clairement le ministre de l’Intérieur et les services de sécurité : d’après lui, ces derniers ne sont pas en mesure d’éradiquer cette insécurité. RFI

En Tunisie, l’ancien président d’une association d’étudiants africains en détention
L’ex-président d’une association d’étudiants africains subsahariens en Tunisie, très actif il y a un an face à une campagne antimigrants, a été arrêté par les autorités, a annoncé le groupe mardi 26 mars. L’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (Aesat) a alerté dans un communiqué quant à « la disparition » de l’étudiant camerounais Christian Kwongang depuis le 19 mars, après qu’il s’est rendu dans un poste de police pour « récupérer sa carte de séjour ». « Aux dernières nouvelles, Christian Kwongang est détenu dans le centre d’El Ouardia [quartier du sud de Tunis] sans aucune raison officielle », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Yaya Traoré, un étudiant malien élu fin février comme nouveau président de l’Aesat…Le 21 février 2023, le président tunisien Kaïs Saïed avait dénoncé l’arrivée dans son pays de « hordes de migrants » clandestins d’Afrique subsaharienne dans le cadre d’un complot « pour changer la composition démographique » du pays. Le discours du président avait déclenché une violente campagne contre les migrants originaires d’Afrique subsaharienne présents en Tunisie. Le Monde avec AFP

Tunisie: la justice condamne à mort quatre accusés dans le meurtre de l’opposant Chokri Belaïd
Il s’agit d’un assassinat qui avait horrifié et bouleversé la Tunisie : le meurtre de Chokri Belaïd, avocat, figure de l’opposition et militant de gauche, le 6 février 2013. Après onze ans d’enquête et de procédure judiciaire, la justice tunisienne a condamné à mort quatre prévenus dans cette affaire ce mercredi 27 mars…La mort de Belaïd, militant de gauche au verbe haut, fondateur du mouvement dit des Patriotes démocrates, et opposant virulent aux islamistes d’Ennahdha, avait plongé la Tunisie post-révolutionnaire dans la stupeur et dans une crise politique dont les remous se font encore sentir aujourd’hui. Onze ans après sa mort, suivie de celle d’un autre de ses compagnons de lutte, Mohamed Brahmi, dans des conditions similaires, le verdict est donc tombé. Après 15 heures de délibération et 11 ans d’enquêtes et procédures judiciaires, le tribunal de première instance de Tunis a également condamné deux accusés à la prison à perpétuité, a annoncé en direct Aymen Chtiba, procureur général adjoint du pôle judiciaire antiterroriste. Des peines de 2 à 120 ans d’emprisonnement ont aussi été prononcées pour d’autres inculpés, tandis que cinq individus ont été acquittés même s’ils restent poursuivis dans d’autres affaires. RFI

Centrafrique: l’opposant Crépin Mboli-Goumba condamné à un an de prison avec sursis
En Centrafrique, l’opposant Crépin Mboli-Goumba a été condamné ce mercredi matin, 27 mars, à un an de prison avec sursis, et à verser 80 millions de francs CFA de dommages et intérêts aux quatre magistrats qui avaient porté plainte contre lui pour diffamation et outrages. Il a annoncé faire appel. Le coordonnateur du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution avait été arrêté à l’aéroport de Bangui le 3 mars dernier, alors qu’il partait pour le Cameroun pour des raisons médicales. Dix jours plus tôt, il avait dénoncé une justice « corrompue jusqu’au plus haut sommet de la hiérarchie » et transformée en « mafia » aux services d’intérêts individuels. RFI

Au Tchad, une Constitution taillée sur mesure pour Mahamat Idriss Déby
D’un coup de maillet sur le pupitre, le président du Conseil constitutionnel a proclamé dimanche 24 mars la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle tchadienne fixée au 6 mai. Parmi les dix candidats retenus, le président de la transition Mahamat Idriss Déby, porté au pouvoir par un groupe de généraux à la mort de son père il y a trois ans, a toutes les cartes en main pour remporter l’élection et se maintenir à la tête de l’Etat aussi longtemps qu’il le souhaite. Une série de mesures discrètement introduites dans la nouvelle Constitution lui permettent en effet de marcher, s’il le souhaite, dans les pas de son père qui a dirigé sans partage le Tchad durant plus de trente ans. Des modifications passées inaperçues au moment de l’adoption de la nouvelle loi fondamentale par référendum le 17 décembre 2023 au terme d’un processus vivement contesté…En 2005, 2008 et 2020 le président Idriss Déby avait déjà fait modifier la Constitution dans le même sens et venait à la veille de sa mort de se faire réélire pour un sixième mandat. Le Monde

Tchad: le président de transition a reçu les leaders des organisations signataires du «pacte social triennal»
Au Tchad, le président de transition Mahamat Idriss Déby Itno a reçu mardi 26 mars les leaders des organisations signataires du « pacte social triennal » de 2021. Il s’est engagé auprès d’eux à appliquer intégralement cet accord, resté jusque-là en grande partie lettre morte, de même qu’à satisfaire certaines revendications d’ici à la fin du mois. Barka Michel, président de l’UST (Union des Syndicats du Tchad) estime que cet engagement est un progrès mais attend de voir son application. Il espère qu’il ne s’agit pas d’une simple promesse de campagne en vue de la présidentielle du 6 mai prochain. RFI

Le Camerounais Philémon Yang en route pour la présidence de l’Assemblée générale des Nations unies
En juin, le Camerounais Philémon Yang, 76 ans, devrait officiellement prendre pour un an la présidence de la 79e Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). Il succédera ainsi à Denis Francis de Trinité-et-Tobago. Le poste est quasiment acquis au Cameroun, selon un haut responsable de la présidence camerounaise contacté par Le Monde qui assure que Philémon Yang « est désormais, sauf surprise de dernière minute, l’unique candidat de l’Afrique »…Sur les treize présidences de l’Assemblée générale de l’ONU assumées par le continent africain, l’Afrique centrale n’a à ce jour présidé l’instance qu’une seule fois. Le Gabonais Jean Ping avait été élu en juin 2004 pour diriger cet organe de septembre de cette année à septembre 2005…Le discret Philémon Yang peut ainsi compter sur la bienveillance du président Paul Biya dont il fut dix ans le premier ministre. Depuis qu’il a été remplacé à ce poste en janvier 2019, cet anglophone de la région du Nord-Ouest, où sévit depuis 2017 un conflit entre mouvements séparatistes et forces armées camerounaises, est resté dans les arcanes du pouvoir. Le Monde

Aux Etats-Unis, un fils d’un ancien président de la Guinée-Bissau condamné pour trafic de drogue
Malam Bacai Sanha Junior, fils d’un ancien président de Guinée-Bissau, a été condamné à plus de six ans de prison aux Etats-Unis pour son implication dans un trafic international d’héroïne, a annoncé mardi 26 mars le ministère de la justice américain dans un communiqué…Selon la justice américaine, cet homme de 52 ans organisait un trafic d’héroïne et son importation d’Europe vers les Etats-Unis afin de financer un coup d’Etat en Guinée-Bissau visant à l’installer à la présidence de ce petit pays d’Afrique occidentale. Il a été arrêté avec un associé à son arrivée à Dar es-Salaam, la capitale économique de la Tanzanie, en juillet 2022, et tous deux ont été extradés aux Etats-Unis peu après. En septembre 2023, Malam Bacai Sanha Junior a plaidé coupable d’« association de malfaiteurs en vue de distribuer une substance réglementée à des fins d’importation illégale », selon le communiqué de mardi, qui précise la condamnation à quatre-vingts mois de prison. Le Monde avec AFP