L’imam Mahmoud Dicko, grande figure malienne, s’en est pris, jeudi 26 mai, à « l’arrogance » des militaires qui dirigent le pays et à « l’orgueil » de la communauté internationale au moment où l’une et l’autre sont en plein bras de fer. Une telle critique contre la junte au pouvoir est devenue exceptionnelle de la part d’une personnalité nationale aussi éminente. L’influent religieux, qui s’exprimait lors d’un forum de discussions en cours jusqu’à samedi à Bamako, a lui-même plaisanté sur l’éventualité que ses propos lui vaillent d’être interpellé à la sortie. Il prenait la parole alors que la junte fait front face aux pressions d’une partie de la communauté internationale pour rendre les commandes du pays en crise à des civils élus, après avoir révoqué son engagement initial à le faire en février 2022. Le Monde avec AFP
Au Mali, l’EIGS renforce ses positions dans le nord-est. Plusieurs attaques ont causé la mort de centaines de civils depuis le début du mois dernier. Et le nombre de déplacés atteint les plusieurs milliers. Ils fuient notamment vers Gao ou Kidal mais aussi de l’autre côté de la frontière nigérienne. Ils ont été accueillis dans de vastes camps de déplacés. Dans cette région, l’EIGS affronte les jihadistes rivaux du Jnim, liés à al-Qaïda, mais aussi des groupes armés maliens signataires de l’accord de paix de 2015, à savoir le MSA et le Gatia, qui tentent de protéger les populations. Cette percée de la branche sahélienne de l’État islamique est à mettre en contexte avec le retrait du Mali de l’armée française et la fin de l’opération Barkhane. « Il faut rappeler aussi que le Jnim [Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans] a également multiplié les attaques récemment. Donc, l’attaque de l’État islamique au Grand Sahara [EIGS] va se passer dans cette perspective, c’est-à-dire que chacun maintenant cherche à renforcer ses positions », explique Djallil Lounnas est professeur associé de relations internationales à l’université al-Akhawayn, au Maroc. Il est l’auteur de l’ouvrage Le jihad en Afrique du Nord et au Sahel : d’Aqmi à Daech. Ces derniers jours, l’EIGS a mené de nouvelles offensives dans les localités d’Emis-Emis et d’Inekar par exemple. Là encore des sources locales rapportent des dizaines de civils tués. RFI
Le sommet des chefs d’État de l’Union africaine s’ouvre pour deux jours ce vendredi 27 mai dans la capitale équato-guinéenne. Le sommet d’aujourd’hui s’ouvre alors que la crise humanitaire s’est aggravée ces dernières années. Sur 1,4 milliard d’habitants en Afrique, environ 282 millions souffrent de sous-alimentation. C’est 49 millions d’Africains de plus qu’en 2019, selon l’agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Une aggravation due, notamment dans les régions du Sahel et de la corne de l’Afrique, au changement climatique, au terrorisme jihadiste, mais également aux conflits communautaires. Dans le document qui sera soumis aux chefs d’État et que RFI a pu consulter, on peut lire : « l’augmentation prolongée des besoins humanitaire et des déplacements de populations sont dus entre autres aux conflits armés, aux effets croissants des changements climatiques, au terrorisme et à l’extrémisme violent. » Les conflits armés sont identifiés comme étant en partie responsables des crises humanitaires source d’insécurité et de déstabilisation. Ils constituent une menace pour les programmes de développement en perturbant les moyens de subsistance et les filets de protection sociale, indique le document. Le texte ajoute que les plus vulnérables tels les femmes, les personnes âgées et les enfants sont entraînés dans les mouvements de population qui engendrent de nouvelles formes de crises humanitaires. RFI
Sept mois après le coup d’État du général Abdel Fattah al-Burhan au Soudan, la rue continue de se mobiliser, malgré la répression. Des milliers de personnes ont défilé, jeudi 26 mai, dans les rues de plusieurs villes du pays. Certains estiment qu’il est nécessaire de faire des compromis avec la junte pour sortir de l’impasse. Mais dans la rue, cette position est fermement rejetée. Lacrymogènes, charges de police, tirs à balles réelles… Chaque semaine, c’est le même scénario qui se répète, sans qu’aucune solution ne se dessine, reconnaît Majda, une étudiante. « Nos demandes n’ont pas changé et malheureusement ça n’avance pas. Toutes les tentatives de dialogues ne pourront pas aboutir, car la rue refuse un pouvoir tenu par les militaires. Tant qu’ils ne se rendent pas pour être jugés comme n’importe quel criminel, il n’y aura pas de solution ». Tarek vient des quartiers populaires du sud de Khartoum. Il rappelle la position des comités de résistance. « Nous voulons un pouvoir 100% civil. Pas de partenariat, pas de concession. Nous ne nous asseyons pas à une table de l’armée. Nous n’avons plus confiance en elle. Ce sont eux qui ont mis fin à la transition démocratique, affirme Tarek. Et maintenant, ils veulent négocier ? Si un accord est signé avec eux, nous lancerons une escalade révolutionnaire. » RFI
Des assaillants armés ont tué une cinquantaine de personnes dans une région de l’est du Burkina Faso ravagée par les violences commises par les groupes islamistes, a annoncé jeudi 26 mai le gouverneur de la région. « Des habitants de Madjoari », localité placée sous blocus de jihadistes et qui tentaient de la quitter, « ont été pris pour cible (…) par des individus armés non identifiés », a indiqué le colonel Hubert Yameogo dans un communiqué transmis à l’AFP. « Le bilan provisoire » fait état « d’une cinquantaine de personnes tuées », a-t-il dit. Comme d’autres communes du nord et de l’est du Burkina, celle de Madjoari a été placée sous blocus par les jihadistes qui frappent ces régions. Privés de ravitaillement, ses habitants tentent de fuir depuis la semaine dernière, ont indiqué plusieurs d’entre eux joints par l’AFP depuis Ouagadougou. Ce sont « ces populations qui ont été interceptées et exécutées par les terroristes », a indiqué l’un de ces habitants précisant que « toutes les victimes sont des hommes ». Le gouverneur de la région de l’Est a assuré que « des actions de sécurisation sont en cours afin de ramener la quiétude ». France24 avec AFP
Les combats entre le mouvement rebelle du M23 et l’armée congolaise durent depuis maintenant une semaine. Les affrontements avaient repris jeudi 19 mai dans le territoire de Rutshuru, vers Runyoni. Ils se sont étendus depuis à plusieurs localités dans la zone. Rumangabo, c’est l’un des principaux camps militaires de la province du Nord-Kivu. Sa position est tactique, située dans l’est du Parc national des Virunga, à proximité de la route qui relie les villes de Rutshuru et de Goma. Son histoire aussi est symbolique : cette base militaire servait de quartier général au mouvement du M23 lors de l’insurrection de 2012 à 2013. Ce jeudi, les rebelles ont de nouveau atteint ce camp, rapporte notre correspondante à Bukavu,Coralie Pierret. « Nous avons récupéré des armes avant de quitter les lieux », affirme l’un des combattants du M23. « Ce groupe poursuit ses manœuvres de harcèlements et d’intimidations », analyse le général Benoit Chavanat, commandant adjoint des forces de la mission de maintien de la paix des Nations unies. Depuis dimanche 22 mai, la Monusco agit conjointement avec l’armée congolaise, en réaction, dit-elle, à l’attaque des casques bleus par les M23. RFI
Plus de 72.000 personnes ont fui leurs maisons en huit jours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) pour échapper aux combats entre l’armée et les rebelles du M23, a alerté vendredi le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Deux ONG, le Comité international de secours (IRC) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), ont de leur côté chiffré à 37.000 le nombre de déplacés en quatre jours dans la même région, soulignant le besoin urgent d’aide humanitaire pour ces dizaines de milliers de personnes. Les affrontements ont repris récemment dans le territoire de Rutshuru, théâtre habituel des combats avec le M23, et se sont étendus cette semaine au territoire voisin de Nyiragongo, plus proche de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. « Des milliers de familles ont été contraintes de fuir cette nouvelle vague de violence. Certaines ont dû marcher sur plus de 20 km pour arriver dans les faubourgs de Goma », a déclaré Caitlin Brady, directrice du NRC en RDC. « Le HCR est profondément préoccupé par les besoins urgents et importants de plus de 72.000 personnes déplacées » par les combats depuis le 19 mai, écrit l’agence onusienne dans un communiqué. AFP
La reprise économique reste inégale et fragile, même si l’assouplissement des restrictions imposées par le Covid-19 a remis de nombreuses régions du continent sur une trajectoire de croissance, relève la Banque africaine de développement (BAD). « Les vulnérabilités persistantes et les nouvelles mesures sanitaires ont fait basculer 30 millions d’Africains supplémentaires dans l’extrême pauvreté en 2021 », selon la Revue annuelle de l’efficacité du développement, publiée par la BAD, en marge des assemblées annuelles du groupe panafricain, qui se tiennent du 23 au 27 mai à Accra (Ghana). À la fin de l’année écoulée, la BAD avait dépensé 4 milliards de dollars pour soutenir les efforts déployés par les pays afin d’intensifier rapidement les tests Covid, de former le personnel de santé, de fournir un soutien social aux ménages et de financer les entreprises, fait savoir cette revue intitulée « Remettre l’Afrique sur la voie du développement ». AFRIMAG
Les pays africains sont à l’avant-garde d’une transformation vitale des systèmes alimentaires pour répondre simultanément aux défis en matière de sécurité alimentaire, de nutrition, de protection sociale et environnementale – tout en renforçant la résilience – a déclaré jeudi le chef de l’ONU. António Guterres s’exprimait au début d’un dialogue politique de haut niveau au siège des Nations Unies à New York, dans le cadre de la série de dialogues sur l’Afrique 2022, convoquée pour renforcer la résilience de l’approvisionnement alimentaire à travers le continent, à un moment où « des décennies de progrès sur la faim sont en train de s’inverser ». Il a déclaré que pendant trop longtemps, la nutrition, la sécurité alimentaire, les conflits, le changement climatique, les écosystèmes et la santé ont été traités comme des préoccupations distinctes, « mais ces défis mondiaux sont profondément interconnectés. Le conflit crée la faim. La crise climatique amplifie les conflits », et les problèmes systémiques ne font qu’empirer. ONU Info
À 7 mois des élections législatives au Bénin, la commission politique de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) a dépêché une mission d’information et de contact de trois jours à Cotonou. Cette mission a pour but d’évaluer si les conditions de pluralisme sont réunies pour le vote du 8 janvier 2023. La délégation, composée de trois parlementaires, dont deux anciens ministres des Affaires étrangères du Gabon et du Niger, a terminé sa mission, mercredi 25 mai. Mais rien n’a filtré. Elle a notamment échangé avec le groupe des ambassadeurs des pays de la francophonie accrédité au Bénin et vu le président de l’Assemblée nationale. Elle a aussi rencontré les deux grands partis, soutiens du président Patrice Talon. Côté opposition, il y a eu un rendez-vous avec les FCBE de Paul Hounkpè. L’ancien chef d’État était sur la liste des personnalités à voir mais il était à l’étranger. C’est donc Éric Houndete qui a assuré l’entretien. Selon nos informations, son parti n’est pas dans une logique de boycott, il tient à participer aux élections. M. Houndete a toutefois formulé quelques exigences comme la libération des prisonniers politiques et l’audit indépendant de la liste électorale. RFI
Le Malawi parviendra-t-il à faire ce que l’Afrique du Sud peine à réaliser depuis des années avec Jacob Zuma ? La Cour suprême vient de donner le feu vert au procès de l’ancien président Bakili Muluzi après avoir rejeté un appel visant à faire annuler les poursuites pour des motifs techniques, rapporte l’hebdomadaire panafricain The Continent. En 1994, Bakili Muluzi est devenu le premier président du Malawi élu au terme d’élections multipartites, trente ans après l’indépendance du pays. En poste jusqu’en 2004, il est accusé, depuis 2009, d’avoir détourné 11 millions de dollars d’aides reçues du gouvernement libyen afin de financer la construction d’un hôpital. Comme l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, également accusé de corruption depuis des années, Bakili Muluzi, 79 ans, multiplie depuis les recours pour échapper à la justice. D’après un responsable du ministère de la Justice cité par la presse locale, les poursuites auraient déjà coûté plus de 10 millions de dollars au Malawi. Courrier International
Un travail de détective amateur et une rencontre fortuite ont permis de découvrir comment l’ancien président de la Gambie avait blanchi son argent en achetant une luxueuse propriété aux États-Unis. Aujourd’hui, un tribunal a décidé que le domaine de 3 millions de dollars (environ 1 milliard 800 millions de FCFA) situé dans l’État du Maryland, près de Washington DC, devait être saisi auprès d’un trust créé par l’ancien dirigeant gambien Yahya Jammeh. Selon les autorités américaines, les fonds récoltés par la vente de la maison doivent bénéficier à ceux qui ont été lésés par les « actes de corruption et d’abus de pouvoir » de l’ancien président. BBC
Pour la journaliste britannique, l’accueil des réfugiés dans le pays pourtant le plus surpeuplé du continent africain ne représente pas seulement un apport financier pour Kigali (140 millions d’euros, comme premier versement), mais fait aussi partie d’une opération de charme du chef d’Etat du Rwanda. « Il est prêt à aider les Occidentaux à résoudre leurs problèmes, en leur présentant des solutions efficaces et peu couteuses », estime-t-elle. La participation de 5000 soldats rwandais à des opérations de maintien de la paix (Centrafrique) et contre le terrorisme islamique (Somalie, Mali, Mozambique) s’inscrit dans cette même logique. La même intention de séduire l’Occident se reflète dans le financement du club de foot d’Arsenal ou dans la protection des gorilles de montagne. … Les Etats-Unis se montrent toutefois beaucoup plus critiques depuis la condamnation en 2021, à 25 ans de prison, de Paul Rusesabagina, qui a inspiré le film « Hôtel Rwanda ». Les délégués américains à la session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le 25 janvier à Genève, ont ouvertement critiqué – avec d’autres- le non-respect des droits de l’homme au Rwanda. Kagame n’a pas été invité au sommet sur le climat organisé par Biden en avril avec cinq présidents africains. RTBF
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a entamé ce jeudi une visite d’État de deux jours en Italie. L’occasion de resserrer les liens entre les deux pays méditerranéens en matière de livraison de gaz et d’électricité. « Grâce à l’Italie, nous serons en mesure d’approvisionner l’Europe en électricité », s’est félicité Abdelmadjid Tebboune aux côtés de son homologue italien Sergio Mattarella, après leur rencontre au palais présidentiel du Quirinal. Un câble sous-marin est ainsi en projet entre les côtes algériennes et italiennes, rapporte notre correspondant à Rome, Éric Sénanque. La visite du président algérien s’est ensuite poursuivie au palais Chigi, siège de la présidence du Conseil, où il a été reçu par Mario Draghi. L’occasion de signer de nombreux accords de coopération en matière énergétique. RFI
L’un des plus grands événements du monde de l’art moderne africain, la Biennale de Dakar, a réouvert ses portes pour sa 14e édition – après une interruption de quatre ans due à la pandémie de coronavirus – et présente des centaines d’œuvres d’artistes du monde entier. Des expositions sont organisées dans toute la capitale sénégalaise, notamment dans des galeries, des centres d’art, des restaurants et des hôtels. Le thème de cette année est Ndaffa, qui signifie « forger à partir du feu » en langue locale sérère. L’un des artistes, le peintre britannico-nigérian Tunji Adeniyi-Jones, a déclaré que son séjour au Sénégal avait inspiré son travail. BBC
Une militante soudanaise des droits des femmes, Amira Osmane Hamed, a reçu vendredi le prix pour les défenseurs des droits humains en danger décerné par l’ONG internationale Front Line Defenders. Ingénieure âgée d’une quarantaine d’années, Mme Hamed, qui milite depuis de nombreuses années pour la cause des femmes au Soudan, a été arrêtée une première fois en 2002 pour avoir porté un pantalon, puis en 2013 pour avoir refusé de se couvrir les cheveux. A l’époque, une loi interdisait aux femmes au Soudan de découvrir leurs cheveux ou de porter un pantalon en public. Cette loi, qui « fait passer les Soudanaises de victimes à criminelles », selon Mme Hamed, a finalement été abrogée en 2019, après la destitution par l’armée du président Omar el-Béchir, qui dirigeait le Soudan d’une main de fer. Plus récemment, Mme Hamed a été arrêtée en janvier dernier avant d’être libérée une semaine plus tard pour avoir dénoncé le pouvoir militaire après le putsch du général Abdel Fattah al-Burhane en octobre 2021. Des proches de Mme Hamed avaient affirmé à l’AFP fin janvier que « 30 hommes armés et masqués » ont fait irruption dans sa maison à Khartoum au milieu de la nuit, « et l’ont emmené vers une destination inconnue ». AFP