Revue de presse du 27 juin 2024

Après des manifestations meurtrières, le président kényan annonce le retrait du projet de budget
Le président kényan essaie de mettre fin à la vague de contestation que connaît son pays. William Ruto a annoncé, mercredi 26 juin, le retrait du projet de budget 2024-25 prévoyant des hausses de taxes, à l’origine de la puissante mobilisation qui a sombré mardi dans une violence meurtrière. « Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré », a déclaré William Ruto dans un discours au lendemain d’une journée de manifestation contre ce texte qui a fait vingt-deux morts, selon la Commission nationale des droits humains du Kenya (KNHRC), organisme officiel de défense des droits humains…Le vote du texte mardi par le Parlement, où le parti présidentiel Kenya Kwanza est majoritaire, a déclenché la colère des manifestants réunis non loin, à Nairobi. Assez calmes depuis une semaine, les manifestations ont tourné au drame. Vingt-deux personnes ont été tuées lors des rassemblements contre le gouvernement, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP), mercredi 26 juin, Roseline Odede, la présidente de la KNHRC. Le Monde avec AFP

Plus de la moitié des Soudanais confrontés à « une insécurité alimentaire aiguë »
Quelque 25,6 millions de personnnes, soit plus de la moitié de la population du Soudan, sont confrontées à « une insécurité alimentaire aiguë » en raison du conflit qui ravage ce pays du nord-est de l’Afrique, a indiqué jeudi un rapport appuyé par l’ONU. Selon les projections du rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), sur lequel se basent les agences de l’ONU, ce chiffre inclut « plus de 755.000 » Soudanais confrontés à la « famine », le niveau le plus élevé de l’échelle IPC. Par ailleurs, plus de 8,5 millions de personnes sont en situation d' »urgence », dernier palier avant la famine…Il existe « un risque de famine dans 14 zones » du Darfour (ouest), du Kordofan (sud-ouest), d’al-Jazira (centre) et de la capitale Khartoum et ses environs, selon l’IPC. Dans ces régions les plus affectées par le conflit, « la situation est particulièrement critique pour les populations piégées par la guerre », affirme le rapport. La famine est définie par l’IPC comme « un état de privation alimentaire extrême ». « Des niveaux d’inanition, de décès, de dénuement et de malnutrition aiguë critiques sont manifestes ou risquent de le devenir ». AFP

Présidentielle en Mauritanie: cohésion sociale et unité nationale, priorités du candidat Hamadi Ould Sid’El Moctar
Pour Tawassoul, qui est la deuxième force politique au parlement de Mauritanie, le chantier prioritaire doit être la refondation du contrat social dans ce pays. Pour en parler, Oumar Amadou Mbaye, membre du bureau politique de la formation islamiste et de l’équipe de campagne du candidat Hamadi Ould Sid’El Moctar. « On ne peut pas bâtir un État si on ne revoit pas la cohabitation, souligne Oumar Amadou Mbaye, au micro de notre envoyée spéciale à Nouakchott, Léa-Lisa Westerhoff. Ce que notre candidat a choisi comme axe, c’est de se pencher d’abord sur la question de la cohésion sociale et de l’unité nationale ». Les Mauritaniens élisent leur prochain président samedi. Le sortant Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani brigue sa propre succession face à six autres candidats. Environ 1,94 million d’électeurs sont appelés à choisir entre les sept prétendants, tous des hommes, lequel dirigera pendant cinq ans la Mauritanie, rare pôle de stabilité en Afrique de l’Ouest et futur producteur de gaz. RFI

La presse burkinabè sous pression après l’enlèvement d’un journaliste
Avec l’enlèvement, lundi 24 juin au petit matin, de Serge Atiana Oulon, journaliste et directeur de publication du journal d’investigation L’Événement, c’est un palier de plus qui a été franchi dans le musèlement de la presse au Burkina Faso. M. Oulon est le premier journaliste à être enlevé. A l’issue d’une réunion de crise, lundi dans la mi-journée, les Organisations professionnelles de médias du Burkina se sont dit « consternées » par l’enlèvement de Serge Atiana Oulon. Ces organisations précisent que « selon des témoins, des individus à bord de deux véhicules se sont présentés à son domicile autour de 5H du matin et, à force de menaces, y ont eu accès. Ils l’ont alors kidnappé devant les membres de sa famille et l’ont amené vers une destination jusque-là inconnue. » Prise de peur panique, l’épouse de Serge Atiana Oulon s’est rendue chez le grand frère de son mari, Ouézen Louis Oulon, lui aussi journaliste de renom. Dans une interview à VOA Afrique quelques heures après l’incident, ce dernier assure que les ravisseurs de Serge ont d’abord refusé de décliner leurs identités. C’est quand ils sont revenus pour saisir les appareils électroniques (les ordinateurs et le téléphone) que ces hommes ont dit qu’ils étaient des agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Le 20 juin 2024, le Conseil supérieur de la communication (CSC), organe de régulation, avait suspendu pour un mois le journal L’Evénement dont Serge Oulon est le directeur de publication. Le CSC reproche au bimensuel d’investigation des  » manquements  » dans son écrit:  »400 000 000 francs CFA des VDP détournés, le capitaine Prospère Boena s’en est allé avec son témoignage »…Depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir en septembre 2022, la situation de la liberté de la presse est devenue progressivement préoccupante. Les médias étrangers, notamment français (Le Monde, RFI, France24, Jeune Afrique) et leurs correspondants étaient les premières cibles. Puis progressivement la répression s’est étendue au nom de la lutte contre le terrorisme. VOA

Congo-B: les cas de torture sont en hausse en 2024, selon le rapport d’une ONG
Au Congo-Brazzaville, l’organisation de défense des droits humains dénommée Centre d’actions pour le développement (CAD) a déploré le 26 juin 2024, dans un rapport, l’augmentation des cas de torture dans le pays, passés de 13 durant le premier semestre de 2023 à 122 pendant la même période en 2024. C’est devant la presse et des militants du CAD arborant des tee-shirts appelant à la fin de la torture que Trésor Nzila, premier responsable de cette ONG du Congo-Brazzaville, a publié ce rapport : « Puisque nous parlons de la torture, l’année passée, au premier semestre, nous étions à 13 cas de torture documentés. Cette année, donc la même période, le premier semestre 2024, nous sommes passés à 122 cas de torture, de traitements cruels, inhumains et dégradants. Ce qui montre une augmentation très importante de la pratique de la torture. » Créé en 2021, le CAD mène et publie chaque année une enquête sur la torture, alors que le pays est signataire de la convention des Nations unies contre cette pratique. RFI

Drogue: consommation en hausse sur le continent africain, selon un rapport de l’ONU
Le continent africain reste une zone majeure de transit du trafic de drogue, mais aussi un lieu de consommation croissante de substances illicites. C’est ce que dévoile le nouveau rapport mondial sur la drogue réalisé par les Nations unies présenté mercredi 26 juin à Accra, au Ghana. 120 tonnes de cocaïnes saisies en Afrique depuis 2019, majoritairement dans le golfe de Guinée, mais aussi au Cap-Vert et au Sénégal. Pour Cheikh Ousmane Touré, responsable application de la loi du bureau régional, à Dakar, de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, cela ne fait aucun doute : le continent reste une zone importante de transit pour la drogue produite en Amérique du Sud favorisant le développement d’une activité criminelle locale…Autre problème pointé par le rapport : l’émergence de drogues mélangées, consommées localement, comme la kush, la khadafi, et le Monkey Tail. RFI

RDC: la détention de Gloria Sengha et de Robert Bunda, de la campagne «Nous en avons marre de la misère», inquiète
Une figure connue de la société civile congolaise croupit dans les geôles de l’Agence nationale des renseignements en République démocratique du Congo (RDC) depuis près d’un mois et demi. Des voix s’élèvent pour exiger la libération de la militante et opposante Gloria Sengha et d’un collaborateur, détenus par les services de sécurité depuis plus d’un mois à Kinshasa. Mercredi, des organisations de la société civile ont donné de la voix. Gloria Sengha venait d’initier la campagne « Nous en avons marre de la misère ». Ancienne figure de la Lucha, elle a créé son mouvement citoyen, Vici-RDC (Vigilance citoyenne), et rejoint plus tard un parti d’opposition. Gloria Sengha et son collaborateur Robert Bunda, ont été arrêtés, le 17 mai par des hommes encagoulés, pour certains en tenue de policiers. Ce n’est que deux semaines plus tard qu’ils seront localisés dans les geôles de l’Agence nationale de renseignements, où ils sont privés de visite et d’accès à leurs avocats. Des conditions de détention qui semblent avoir affecté la santé de la jeune femme, âgée de 31 ans. Selon sa mère, qui a été autorisée, fin mai et début juin, à rencontrer brièvement la militante, ses pieds ont enflé, elle souffre de courbatures et de démangeaisons et serait même privée des soins appropriés. Opposants et militants estiment que Gloria Sengha a été arrêtée à cause de sa campagne citoyenne « tolmembi pasi » (« Nous en avons marre de la misère » en lingala) dénonçant la vie chère. RFI

RDC: « Tentative de coup d’Etat » : le tribunal militaire rejette la demande de liberté provisoire des prévenus
Le tribunal militaire de Kinshasa a refusé, mardi 25 juin, d’accorder la liberté provisoire aux prévenus poursuivis dans l’affaire de « tentative de coup d’état », par crainte de les voir se soustraire des poursuites et par manque de preuves de torture et de maladie. Cette juridiction a ainsi motivé son jugement avant dire droit prononcé au procès des présumés assaillants de la tentative du coup d’Etat, à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa. Ce tribunal militaire a ainsi décidé de poursuivre la procédure, en rejetant toutes les exceptions soulevées par la défense. Il a également motivé son jugement sur sa compétence à juger des civils qui détenaient illégalement des armes létales et sont poursuivis notamment pour terrorisme, attentat et tentative d’assassinat, infractions dont la justice militaire est compétente, conformément au code judiciaire militaire. Radio Okapi

Massacre de 2009 en Guinée : le jugement mis en délibéré au 31 juillet
Le tribunal jugeant douze anciens responsables militaires et gouvernementaux au procès du massacre du 28 septembre 2009 en Guinée a mis mercredi son jugement en délibéré au 31 juillet. Le président du tribunal Ibrahima Sory 2 Tounkara a annoncé cette date après les dernières plaidoiries et les ultimes prises de parole des différents accusés, dont l’ex-dictateur Moussa Dadis Camara. Ils répondent d’une litanie d’assassinats, d’actes de torture, de viols, enlèvements et séquestrations, incendies et pillages commis en masse le 28 septembre 2009 et les jours suivants…Au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées dans la répression d’un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry et ses environs, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Au moins 109 femmes ont été violées. Les chiffres réels sont probablement plus élevés. C’est l’une des pages les plus sombres de l’histoire moderne de la Guinée, qui n’en manque pas. AFP

Au Sénégal, le retour d’un projet de loi pour durcir le délit d’homosexualité et « contre les valeurs immorales de l’Occident »
La question de la criminalisation de l’homosexualité se pose à nouveau entre les murs de l’Assemblée nationale sénégalaise. Lundi 24 juin, un député a déposé une proposition de loi visant à durcir la législation en vigueur. En théorie, l’initiative bénéficie d’un soutien d’une large partie de l’opinion, de l’Hémicycle et de l’exécutif puisque le premier ministre Ousmane Sonko, avait promis dès 2022 lorsqu’il était opposant qu’il s’agirait d’une des premières lois qu’il ferait voter s’il arrivait aux responsabilités. Néanmoins, en pratique, l’adoption de cette proposition par le Parlement s’avère délicate tant elle pourrait déstabiliser certaines relations diplomatiques du Sénégal…Le texte prévoit donc une condamnation de dix à quinze ans de prison ferme et une amende de 1 à 5 millions de francs CFA et instaurerait des « délits de bisexualité, de transsexualité, de nécrophilie et de zoophilie ». En un mois, il s’agit de la deuxième proposition déposée à l’Assemblée nationale visant à durcir la législation sur l’homosexualité…La nouvelle proposition, si elle est en mesure de satisfaire un électorat conservateur, pourrait toutefois avoir des conséquences à l’international et perturber les relations diplomatiques que Dakar entretient avec les chancelleries occidentales, voire le priver de certains financements institutionnels. La Banque mondiale a par exemple suspendu deux fois ses versements à l’Ouganda, après l’adoption de textes criminalisant l’homosexualité. La même menace plane aujourd’hui sur le Ghana, qui a durci sa loi en février. Le Monde