Revue de presse du 27 juillet 2023

Au Niger, le coup de force contre Mohamed Bazoum déstabilise encore un peu plus le Sahel
Le chef d’Etat déchu était un des derniers alliés de la France dans la région. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des membres de la garde présidentielle ont annoncé sa destitution. La scène est désormais bien connue des téléspectateurs ouest-africains. A la télévision nationale, les programmes sont tout à coup interrompus et des militaires en treillis apparaissent sur le petit écran pour proclamer la destitution du président. Après le Mali, secoué par deux coups d’Etat en 2020 et 2021, et le Burkina Faso, où deux putschs ont eu lieu en 2022, c’est au Niger voisin que des soldats mutins ont annoncé avoir pris le pouvoir dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 juillet. Ce scénario était redouté depuis des mois par les alliés du président déchu Mohamed Bazoum, au premier rang desquels la France, qui avait redéployé dans le pays le cœur de son dispositif de lutte contre les groupes djihadistes. Ce coup de force pourrait modifier encore les équilibres au Sahel, en défaveur des Occidentaux. … Des forces spéciales, loyales au président, s’étaient déployées devant la télévision nationale dans le courant de la journée. Sur le réseau social X, la présidence nigérienne avait du reste mis en garde : «L’armée et la garde nationale sont prêtes à attaquer les éléments de la GP [garde présidentielle] impliqués dans ce mouvement d’humeur s’ils ne reviennent pas à de meilleurs sentiments.» La présence d’ociers issus de diérents corps de l’armée ainsi que de la garde nationale, lors de l’annonce télévisée du renversement du président, démontre cependant que l’action a dépassé le cadre d’une simple mutinerie de quelques soldats. Le Monde

Coup de force au Niger : Bazoum tentait de « gagner en autonomie » face à sa garde présidentielle
Le chef d’état-major des armées du Niger s’est rallié, jeudi, aux militaires putschistes qui affirment avoir mis « fin au régime » du président Mohamed Bazoum, séquestré et détenu depuis mercredi à la présidence. Un coup de force qui intervient dans un contexte de tensions grandissantes entre le président et sa garde présidentielle, analyse le chercheur nigérien Abdourahmane Idrissa. … « La garde présidentielle actuelle précède l’arrivée du président Bazoum. C’est son prédécesseur et mentor, le président Issoufou, qui avait constitué cette équipe. Des sources en interne affirment que cette garde présidentielle a été imposée à Mohammed Bazoum contre son gré. Lors d’une visite à la présidence à Niamey, j’ai moi-même constaté que ces forces de sécurité étaient les seules en contact direct avec lui. Il était donc très facile pour elles de prendre le contrôle. À son arrivée au pouvoir, le président Bazoum avait tenté de se démarquer de son prédécesseur tout en revendiquant la continuité de sa politique. Il avait, par exemple, opté pour un dispositif sécuritaire plus léger lors de ses déplacements et accordé des interviews à la presse, ce qu’Issoufou ne faisait pas. Le sentiment général était néanmoins qu’il avait du mal à s’affranchir de l’héritage d’Issoufou, au point qu’on parle au Niger de « présidence bicéphale ». Beaucoup considèrent que c’est pour se débarrasser de cette étiquette et gagner en autonomie que le président Bazoum a cherché à écarter le général Tchiani, ce que ce dernier n’a pas accepté. » France24

Niger : la CEDEAO et les USA affirment leur soutien au président Bazoum
Le président béninois Patrice Talon se rend au Niger en tant que médiateur sous l’égide de la CEDEAO présidé par Bola Tinibu, chef d’État nigérian. Les États-Unis ont également fait part de leur soutien au gouvernement du Président nigérien, Mohamed Bazoum. Détenu depuis mercredi, à la suite d’un de coup d’État, le président nigérien Mohamed Bazoum s’est entretenu avec le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui a fermement condamné la mutinerie en rappelant l’engagement de Washington auprès de Niamey. … Patrice Talon se rendra au Niger en tant que médiateur sous l’égide du président Nigérian Bola Tinubu, nouveau chef du bloc régional de la CEDEAO. Le président béninois a indiqué que tous les moyens nécessaires seront utilisés pour rétablir l’ordre dans le pays d’Afrique de l’Ouest. « Je crois que tous les moyens seront utilisés, au besoin, pour que l’ordre constitutionnel soit rétabli au Niger, mais l’idéal serait que tout se passe dans la paix et dans la concorde. Même quand ce qu’il n’est pas acceptable se fait, il faut que dans la paix, on puisse corriger cela. C’est notre première option. Nous pensons que ce sera avec succès, » a annoncé Patrice Talon. AfricaNews

Sommet Afrique-Russie: un test politique pour Moscou aux multiples enjeux
Le sommet Russie-Afrique qui se tient ces 27 et 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg doit permettre à Moscou d’approfondir ses relations sur le continent et de jauger ses alliés. Beaucoup de choses ont changé depuis la première édition du sommet Russie-Afrique qui s’était tenue à Sotchi en octobre 2019. Ce nouveau rendez-vous devrait avant tout permettre à la Russie de compter ses soutiens, alors que l’Afrique s’est montrée particulièrement divisée sur la question de l’invasion de l’Ukraine, au moment de voter devant l’Organisation des Nations unies. Quarante-trois chefs d’État et de gouvernement avaient fait le déplacement lors du premier sommet et la nouvelle photo de famille sera observée de très près, alors que la Russie espère convaincre ses alliés de lui renouveler leur confiance. … Le président russe, qui a visité l’Afrique subsaharienne une seule fois en vingt ans, apparaît isolé sur la scène internationale et fragilisé dans son propre pays. Après des mois de spéculation, Vladimir Poutine – qui est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale – a notamment dû renoncer à participer au sommet des Brics qui se tiendra fin août 2023 en Afrique du Sud. … Enfin, à l’approche du sommet de Saint-Pétersbourg, de nombreux observateurs ont pointé les manquements de la Russie, qui n’a pas toujours agi à la hauteur de ses engagements. En 2019, Vladimir Poutine avait notamment promis de « doubler dans les cinq ans les échanges commerciaux » avec le continent. Pourtant, ceux-ci ont enregistré un net recul entre 2018 et 2021, passant de 20 milliards de dollars à 17,7 milliards de dollars – très loin derrière la Chine, l’Union européenne ou les États-Unis. De plus, 70% de l’ensemble du commerce russe avec les pays africains se limite en réalité aux quatre partenaires privilégiés que sont l’Égypte, l’Algérie, le Maroc et l’Afrique du Sud. RFI

En Centrafrique, un référendum pour autoriser un troisième mandat présidentiel
Les électeurs centrafricains votent dimanche par référendum sur un projet de nouvelle constitution qui donnerait la possibilité au président Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat. M. Touadéra a été élu en 2016 puis réélu en 2020 à l’issue d’un scrutin entaché d’accusations de fraude et perturbé par des groupes armés rebelles. Protégé par des mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner depuis 2018, le chef de l’Etat est accusé par l’opposition et la rébellion de vouloir rester « président à vie ». Les bureaux de vote ouvriront à 6h (5h00 GMT) et fermeront à 16h (17h00 GMT) dimanche pour environ 1,9 million d’électeurs. Les résultats provisoires doivent être publiés sous huit jours, et la cour constitutionnelle proclamera les résultats définitifs le 27 août, selon l’autorité nationale des élections (ANE). Dans les rues de Bangui, capitale d’un pays où 71 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté selon la Banque mondiale, l’urgence d’un tel référendum interroge. VOA/AFP

Centrafrique: à Bangui, le député Joseph Bendounga appelle au rejet du référendum constitutionnel
Dans la capitale centrafricaine, la campagne se poursuit en vue du référendum constitutionnel du 30 juillet 20123. En ville, l’affichage pour le « oui » est omniprésent. L’opposition, de son côté, a décidé d’appeler au boycott pour dénoncer ce qu’elle présente comme une tentative de Faustin-Archange Touadéra d’obtenir une présidence à vie. Elle dénonce un climat répressif et mène surtout campagne sur les réseaux sociaux. Mais, parmi les figures de l’opposition, le député de Bimbo, Joseph Bendounga, tente, lui de convaincre les Banguissois en parcourant chaque jour les quartiers de la ville en camion. Le micro en main et son traditionnel chapeau de paille sur la tête, Joseph Bendounga déambule devant un camion dont les enceintes relaient son discours hostile au président Touadéra et à la nouvelle Constitution, qu’il qualifie d’autoritaire. « Un aventurier politique du genre Touadéra, qui veut s’éterniser au pouvoir et modifier les règles du jeu démocratique en République centrafricaine », lance-t-il. RFI

Bangui, capitale de Wagner en Afrique
En Centrafrique, la société paramilitaire russe s’est rendue indispensable aux autorités. La tentative de rébellion, le 24 juin, en Russie du chef du groupe, Evgueni Prigojine, n’a pas remis en question ce statut privilégié, qui fait figure de vitrine pour d’autres pays du continent. … Dans les rues de Bangui, même s’ils se font plus discrets, les mercenaires – dont les effectifs sur place étaient évalués par des sources françaises, le 20 juillet, à environ 1 200 hommes – sont toujours bien présents. On les croise attablés dans les restaurants, dans les supermarchés ou essayant des baskets de seconde main. Leurs pick-up équipés de mitrailleuses font partie du paysage. « Ils semblent mieux intégrés. On rencontre plus de femmes. Certains sortent même sans masque [alors que les mercenaires ont habituellement le visage couvert] et vont jusqu’à faire des apparitions dans les soirées d’expatriés occidentaux », raconte un Français installé à Bangui. « Ils ont fait de la Centrafrique un hub pour leurs opérations africaines, en écartant les autres acteurs internationaux, analyse une source onusienne. Ils contrôlent l’aéroport, et le pays est devenu comme un trou noir d’où leurs activités mafieuses s’étendent sans aucun contrôle. » Le Monde

Démobilisation de plus de 50.000 membres des forces rebelles du Tigré
Plus de 50.000 membres des forces rebelles du Tigré ont été démobilisés, deux mois après le début du processus, en application de l’accord de paix entre le gouvernement fédéral d’Éthiopie et les autorités rebelles de cette région du Nord du pays, a rapporté mercredi soir la télévision du Tigré. « Plus de 50.000 anciens combattants ont été démobilisés dans le cadre de l’accord de paix » selon Tigrai TV, la télévision officielle du Tigré, citant le numéro 2 du gouvernement régional intérimaire le général Tadesse Worede, chef des forces du Tigré durant le conflit. Il est difficile de chiffrer précisément le nombre de combattants tigréens. Des médias proches des deux camps avaient annoncé le 26 mai le début de la démobilisation des forces rebelles du Tigré. Le 19 juillet, l’agence de presse officielle éthiopienne ENA avait annoncé qu’en 2023 quelque 50.000 anciens combattants rebelles tigréens seraient réintégrés dans l’armée régulière. VOA/AFP

Goma : les victimes de la guerre du M23 déposent une plainte contre cette rébellion
Le collectif des victimes de la guerre du M23 a déposé, mercredi 26 juillet, une plainte contre certains acteurs principaux de cette rébellion à l’auditorat militaire du Nord-Kivu. A travers cette action, il entend demander à la justice militaire congolaise de poursuivre ces acteurs de différentes tueries dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo. « Nous venons de déposer une plainte au niveau de la justice militaire congolaise à l’encontre du M23. Nous avons besoin que cette justice puisse s’intéresser de la question de l’agression rwandaise, à laquelle tous les citoyens congolais en sont victimes ; en particulier les populations de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo », a affirmé le porte-parole de ce collectif, Héritier Gashegu. Cette plainte cible les grandes personnalités politiques et militaires du M23, « puisqu’elles sont tantôt, les exécutants psychologique et matériels des affres, des massacres, des violations graves et abus des droits de l’homme, auxquels les populations de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi sont victimes jusqu’à présent ». … Le collectif parle de mille soixante (1060) personnes tuées dans ces trois territoires à l’intervalle d’une année, soit du 13 juin 2022 à ce jour. Radio Okapi

Près de 800 migrants sont morts noyés au large de la Tunisie en 2023
[Vidéo] Près de 800 migrants tentant de rallier clandestinement l’Europe sont morts noyés au large de la Tunisie au cours des six premiers mois de l’année 2023, a indiqué jeudi 27 juillet le porte-parole de la Garde nationale tunisienne, Houcem Eddine Jebabli. Le Figaro

L’indispensable assainissement de l’eau usée et de mer au Maghreb
Une deuxième station de dessalement ouvrira bientôt en Tunisie, à Zarat, pour soulager le sud assoiffé. Dans un Maghreb en manque de pluie, assainir l’eau de mer est devenu indispensable, malgré des critiques, en plus d’un recours croissant au recyclage des eaux usées en agriculture. En Tunisie, Algérie, Maroc et Libye, les précipitations se font rares, même l’hiver. Ces pays risquent de tomber d’ici 2030 sous le seuil de la « pénurie absolue » en eau (500 m3 par an et habitant), selon la Banque mondiale. Le Maroc est déjà à 600 m3, la Tunisie à moins de 400. Le dessalement d’eau de mer « est la seule solution » pour obtenir de nouvelles ressources en eau potable, explique à l’AFP le PDG sortant de l’entreprise des eaux tunisienne Sonede, Mosbah Helali évoquant une situation « alarmante ». Pour la Tunisie et le Maroc, dépourvus d’hydrocarbures, le dessalement, très énergivore, représente un défi. VOA/AFP

Mgr Laurent Dabiré: au Burkina Faso, «encourager les fidèles à vaincre la peur de l’autre»
En juin 2023, un rapport de l’AED, Aide à l’Église en Détresse (une fondation pontificale qui soutient les chrétiens dans le monde) faisait apparaître une nette dégradation de la liberté religieuse dans plus de 60 pays : violations des droits des communautés religieuses, violation du droit à croire ou à ne pas croire, persécutions, multiplication d’attaques, conversions forcées… en toute impunité. Un recul de la liberté religieuse qui s’est accentuée avec l’épidémie de Covid, la guerre en Ukraine et l’augmentation de la pauvreté. Le niveau de violence s’est particulièrement accru sur le continent africain : en cause, de nombreux groupes armés djihadistes qui ont étendu leur contrôle sur les territoires, notamment dans le Sahel. Rencontre avec Mgr Laurent Dabiré, président de la Conférence épiscopale Burkina-Niger et évêque de Dori (au nord-est du Burkina Faso): il témoigne de la situation sécuritaire très difficile au Burkina Faso, à majorité musulmane, et de l’instrumentalisation du religieux par les groupes djihadistes, dans ce pays dirigé par une junte militaire, qui a connu deux coups d’État successifs en 2022. Malgré cela, l’évêque de Dori est convaincu que le dialogue interreligieux doit perdurer entre les différentes communautés. RFI

Combler le fossé technologique entre hommes et femmes en Afrique stimulera les systèmes agroalimentaires
Les femmes qui travaillent dans l’agriculture ont toujours beaucoup moins accès que les hommes aux équipements mécanisés, selon le rapport « The Status of Women in Agrifood Systems », publié en 2023 par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le rapport se fonde sur une étude des systèmes agroalimentaires, du rôle du genre et du travail dans le secteur, des inégalités existantes dans la distribution des ressources, de l’action des femmes, des normes et des politiques, et de la résilience aux chocs et aux stress. L’étude montre que les hommes et les femmes sont tout aussi susceptibles d’adopter de nouvelles technologies lorsque les facteurs favorables sont en place, ce qui souligne l’importance d’assurer un accès égal aux ressources productives pour les deux sexes. Afrique Renouveau