Revue de Presse du 27 juillet 2022

Macron cherche à réveiller l’influence française en Afrique
Emmanuel Macron veut faire de l’Afrique l’une des priorités de son second quinquennat, face à la concurrence de la Chine et de la Russie, mais en pariant sur le « soft power » plutôt que sur la politique ou le militaire, les outils traditionnels d’influence de la France. « Il nous appartient d’être meilleurs, plus efficaces », a déclaré mardi le président français au premier jour d’une tournée au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau, au moment où le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov est également en visite sur le continent africain. … Le choix de commencer par le Cameroun sa première tournée africaine depuis sa réélection a suscité de vives critiques: les chercheurs Ilaria Allegrozzi (Human Rights Watch) et Fabien Offner (Amnesty International) avaient jugé « crucial », dans Le Monde, que M. Macron exprime « clairement » à M. Biya « son inquiétude » quant à « la répression à l’encontre de toute personne dans le pays qui ose critiquer le pouvoir ». … « Nous ne lâcherons pas la sécurité du continent africain », a toutefois prévenu le président, en réaffirmant sa volonté de « réinventer » le « dispositif militaire et sécuritaire ». Pour lui, la France doit « être là de manière plus explicite encore à la demande des États africains, avec une demande claire et explicite, en étant plus présente sur les sujets de formation, d’équipements, en étant en appui des armées africaines pour les aider à monter en capacité et en articulant toujours notre dispositif avec la sécurité, la défense, la diplomatie et le développement », a-t-il détaillé. Face à Paul Biya, qui a refusé de condamner explicitement l’invasion de l’Ukraine, Emmanuel Macron a aussi vivement dénoncé la « présence hybride » de la Russie en Afrique, qui « passe par la désinformation et des milices », et qui « est une préoccupation d’abord pour le continent africain ». AFP

Emmanuel Macron en visite au Bénin
Le programme du séjour au Bénin du président Emmanuel Macron est chargé. Un programme qui sera meublé par des séances de travail et de signature de documents avec son hôte béninois, Patrice Talon, ce mercredi. … Il est également prévu des visites de l’exposition des œuvres d’art et d’autres structures qui illustrent l’élan de développement du pays, ainsi qu’une rencontre avec la jeunesse. … 75 députés français de gauche ont alerté mardi dernier, le président Emmanuel Macron sur « les dérives autoritaires » dans ce pays et la situation « alarmante » des prisonniers politiques. … Les élus évoquent principalement les condamnationsde l’ancienne Garde des Sceaux Reckya Madougou à 20 ans de réclusion pour »terrorisme » et du constitutionnaliste Joël Aïvo, à 10 ans de prisonpour « complot contre l’autorité de l’Etat » à la mi-décembre 2021. … Après ces deux condamnations, les Etats-Unis avaient fait part de leurs « graves inquiétudes quant à l’ingérence politique dans le système judiciaire pénal du Bénin »,déplorant un « ciblage systématique des figures de l’opposition ». La plupart des grandes figures de l’opposition au Bénin ont été poursuivies par la justice, et vivent désormais en exil, une situation que pointent également les élus dans leur lettre. DW

RDC : trois membres de la Monusco et douze manifestants tués à Butembo et Goma
Trois membres de la mission de l’ONU et au moins douze manifestants ont été tués dans deux villes de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), mardi 26 juillet, au deuxième jour de manifestations contre les Nations unies, accusées d’inefficacité dans la lutte contre les groupes armés. A Butembo, troisième ville de la province du Nord-Kivu, « trois morts parmi les membres de la Monusco, deux Indiens et un Marocain, et un blessé » ont été recensés ; et « côté manifestants, sept morts et plusieurs blessés », a déclaré à l’AFP le colonel Paul Ngoma, chef de la police urbaine. Il s’agit d’« un casque bleu » et de « deux membres de la police des Nations unies », a précisé la Monusco dans un communiqué, ajoutant que « des assaillants ont violemment arraché des armes à des éléments de la police nationale congolaise et tiré à bout portant sur nos forces de maintien de la paix ». La mission onusienne « condamne fermement cette attaque, que rien ne justifie », a-t-elle ajouté. Le Monde avec AFP

Al-Qaïda fait monter la pression au Mali
Attaque kamikaze au coeur du pouvoir malien, incursions de plus en plus au sud: les jihadistes de la nébuleuse sahélienne d’Al-Qaïda ont accentué ces derniers jours la pression sur la junte malienne, avec une coordination des opérations inédite. Dans un contexte de détérioration continue de la situation sécuritaire dans ce pays d’Afrique de l’ouest rongé par la guerre depuis 2012 et secoué par deux coups d’Etat en deux ans (2020, 2021), le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe), affilié à Al-Qaïda, ne fait qu’étendre son influence. Dernier fait d’arme marquant: deux véhicules piégés ont foncé vendredi sur un bâtiment de l’armée à Kati, ville-garnison à 15km de Bamako et coeur de l’appareil militaire malien, tuant un soldat. C’est la première fois qu’une cible de cette importance stratégique et symbolique est atteinte par les jihadistes d’Al-Qaïda, qui s’en prenaient davantage ces dernières années aux postes de sécurité en zone rurale et périurbaines, dans le nord et le centre du pays. Comme « une façon de dire (aux autorités) qu’ils peuvent frapper partout, aussi loin que possible » de leur base, souligne un observateur malien de la situation sécuritaire à Sévaré (centre). … L’armée, qui annonce chaque semaine des bilans humains aussi importants qu’invérifiables à ses opérations, a plusieurs fois annoncé que le groupe jihadiste était « aux abois ». AFP

L’inquiétante expansion du jihadisme en Afrique
L’hydre jihadiste semble se répandre à une vitesse exponentielle sur le continent, atteignant désormais de nombreux pays longtemps épargnés. Le 5 juillet 2022, le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), faction dissidente de Boko Haram, a attaqué la prison de Kujé, près d’Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, et fait évader près de 900 prisonniers, dont des hauts cadres du mouvement. Ce raid audacieux est révélateur de la montée en puissance de l’insurrection jihadiste en Afrique de l’Ouest et plus généralement sur le continent africain. … Du côté des sociétés civiles africaines, nombreuses sont celles qui considèrent qu’au-delà d’une réponse militaire plus coordonnée, les leviers de la bonne gouvernance ne devraient pas être occultés afin de prévenir le basculement de la jeunesse vers l’extrémisme violent. AFP

Référendum en Tunisie : la nouvelle Constitution adoptée malgré une forte abstention
Selon des résultats officiels préliminaires, 94,6 % des électeurs tunisiens qui se sont rendus aux urnes ont voté « oui » à l’adoption de la nouvelle Constitution proposée par le président Kaïs Saïed. Une victoire en demi-teinte, en raison d’une très forte abstention. … Le taux de participation, considéré comme très faible, a un peu augmenté par rapport aux chiffres provisoires annoncés la veille, « à 2,756 millions d’électeurs » soit 30,5 % des inscrits, contre 2,46 millions de votants et une participation de 27,54 % annoncés la veille. La coalition d’opposants Front du salut national (FSN), qui avait appelé à boycotter le scrutin dénonçant un texte « taillé sur mesure » pour Kaïs Saïed, a accusé l’Isie d’avoir « falsifié » en les amplifiant les chiffres sur l’affluence au scrutin. Pour le FSN, dont fait partie le mouvement d’inspiration islamiste Ennahdha, bête noire de Kaïs Saïed, en n’allant pas aux urnes, « 75 % des Tunisiens ont refusé de donner leur approbation au projet putschiste lancé il y a un an par Kaïs Saïed ». France24 avec AFP

L’armée burundaise a mené des opérations secrètes en RDC, selon une ONG
Des centaines de militaires et miliciens burundais ont été envoyés clandestinement dans l’Est de la RDC depuis fin 2021 pour traquer le groupe rebelle RED-Tabara, affirme mercredi dans un rapport l’ONG Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB). L’armée burundaise a toujours démenti toute opération secrète, affirmant agir uniquement dans le cadre d’interventions connues par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), l’Union africaine ou l’ONU. Le Burundi fait notamment partie d’une force militaire régionale décidée en juin par l’EAC afin de lutter contre les groupes armés qui ensanglantent l’Est de la RDC et enveniment les relations avec les pays voisins. Mais selon l’IDHB, organisation basée à l’étranger qui a recueilli de nombreux témoignages (soldats, familles, membres du parti au pouvoir et de l’opposition…), des militaires et des « Imbonerakure » – membres du mouvement de jeunesse du parti au pouvoir – ont été secrètement déployés dès décembre 2021. AFP

Côte d’Ivoire : sur la piste des narcotrafiquants entre Abidjan et San Pedro 
La grande horloge de l’Hôtel du district du Plateau, à Abidjan, affiche 11 heures pétantes. Le lieu a une certaine importance dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. C’est devant ce bâtiment moderne fait de béton bouchardé et paré de galets de quartz ocre que Félix Houphouët-Boigny proclama l’indépendance du pays le 7 août 1960. Ce lundi 27 juin 2022, on s’affaire sur le parvis. Une importante délégation pénètre dans la salle de conférence. Elle affiche complet. À l’occasion de la 35e édition de la Journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic de drogue en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) lance son rapport mondial annuel. À la tribune, le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la Sécurité, Diomandé Vagondo, n’y va pas par quatre chemins. « Notre pays est malheureusement en passe de devenir une forte zone de transit », lance ce fidèle d’Alassane Ouattara, vêtu d’un costume bleu pétrole. Les mots du ministre résonnent particulièrement : depuis bientôt deux mois, Abidjan est secouée par le démantèlement d’un vaste réseau de trafiquants de drogue dont les ramifications s’étendent jusqu’au Liban, en Espagne, en Italie et en Colombie. Jeune Afrique

Burkina Faso: l’ancien président Compaoré présente ses excuses à la famille Sankara
Au début du mois de juillet, il a effectué une visite éclaire à Ouagadougou, où il a pu prendre part à une concertation autour de l’actuel président Paul Henri Damiba. Trois semaines après cette visite, il présente ses excuses aux familles des victimes des drames survenus durant ses mandats. Peut-on voir dans ces manoeuvres des signes d’un prochain retour de l’ex-président du pays, après huit ans d’exil en Cote d’Ivoire ? « Tout ce qui joue en ce moment, concourt à préparer les burkinabè pour un retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso », nous dit un observateur de la scène politique. Selon une source proche du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, le président Paul Henri Sandaogo Damiba fait de la réconciliation nationale l’un des principaux axes de sa mission à la tête du Burkina Faso. « Le séjour de quelques jours et le message de pardon adressé au peuple burkinabè sont les deux premiers pas vers un retour définitif de Blaise Compaoré au pays » assure notre source. RFI

Election présidentielle au Kenya : un « débat » avec un seul candidat
Deux pupitres, un candidat : le « débat » prévu entre les deux principaux candidats à l’élection présidentielle du 9 août au Kenya s’est transformé en interview, mardi 26 juillet, deux jours après que l’un d’entre eux a annoncé qu’il boycotterait ce traditionnel rendez-vous pré-électoral. Raila Odinga, figure historique de la politique kényane soutenu par le président sortant, Uhuru Kenyatta, a annoncé dimanche qu’il ne participerait pas au débat, accusant son rival, le vice-président William Ruto, de vouloir éluder certains thèmes, comme la corruption. Odinga, 77 ans, a fait de la lutte contre celle-ci un de ses principaux thèmes de campagne face à un Ruto à la réputation sulfureuse et qui fait l’objet d’accusations de corruption dans une affaire en cours depuis l’an dernier. Les organisateurs du débat avaient toutefois annoncé que le rendez-vous – qui précède chaque élection depuis 2013 – était maintenu selon les règles prévues, c’est-à-dire en abordant de nombreux thèmes et sans faire préalablement part des questions aux candidats, espérant convaincre Odinga de changer d’avis. Le Monde avec AFP

Russie-Afrique : Ukraine, Mali, Libye… Au cœur du tête-à-tête entre Denis Sassou Nguesso et Sergueï Lavrov
Si rien n’a officiellement filtré quant au contenu du tête-à-tête, on sait que le chef de la diplomatie russe, qui était porteur d’un message de Vladimir Poutine, s’est longuement entretenu avec son hôte de la guerre en Ukraine avant d’assurer à ce dernier que la Russie n’entraverait en rien les exportations de blé via les ports de la mer Noire. Une argumentation classique et rodée, maintes fois servie depuis le début du conflit il y a cinq mois, mais que l’envoyé de Poutine a tenu à justifier auprès d’un chef d’État perçu par Moscou comme influent auprès de ses pairs africains. La crise libyenne (le soutien russe au projet de conférence de réconciliation porté par DSN a été réitéré), la situation en Centrafrique et au Mali (deux pays où le groupe Wagner est actif), ainsi que les tensions dans l’Est de la RDC ont également été abordés. Jeune Afrique

Le Maroc et Israël instaurent leur première coopération juridique
Le Maroc et Israël ont convenu d’établir une coopération juridique, nouvelle étape de la rapide normalisation entre les deux pays alliés, mardi 26 juillet lors d’une visite du ministre israélien de la justice, Gideon Saar, à Rabat. Ce partenariat s’inscrit à la suite d’une série d’accords bilatéraux dans des domaines aussi divers que la défense et la sécurité, l’économie et l’industrie, les technologies, la culture ou encore le sport. La coopération juridique, scellée par la signature d’un protocole d’accord entre Gideon Saar et son homologue marocain, Abdellatif Ouahbi, est la première du genre depuis la reprise des liens diplomatiques entre Israël et le Maroc, fin 2020. Elle doit se traduire notamment par un « partage d’expertise » et une modernisation des systèmes judiciaires grâce à la numérisation, selon un communiqué conjoint. Les deux parties prévoient aussi de lutter de concert contre le crime organisé, le terrorisme et la traite humaine. Le Monde avec AFP

Japon-Afrique : les entreprises nippones, entre confiance et méfiance
En matière de business, tout est affaire d’impressions. Celles des entrepreneurs japonais installés en Afrique reste mitigées. C’est ce qui ressort de l’étude lancée en 2021 par l’Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro), dont les résultats ont été publiés en février dernier. Sur les 900 entreprises nipponnes présentes aujourd’hui en Afrique, 335 ont été sollicitées par les services de Jetro et 258 ont répondu, soit les deux tiers, disséminées dans vingt pays à travers le continent. Près de la moitié (49,2 %) des entreprises sondées ont annoncé des résultats d’exploitation bénéficiaires pour 2021, soit une hausse de près de 13 points en douze mois. « C’est un retour au chiffre d’avant la crise sanitaire », selon les experts du Jetro, qui notent néanmoins une disparité selon les pays. Si les opérateurs nippons établis en Afrique du Sud, en Égypte et en Côte d’Ivoire ont en effet retrouvé leurs résultats de 2019, leurs collègues du Kenya, du Maroc, du Nigeria et du Ghana sont encore loin du compte. Au Mozambique et en Éthiopie, on espère le retour de jours meilleurs. Jeune Afrique

Au Sénégal, jour de fête pour les régates de Saint-Louis
La régate de Saint-Louis se déroule chaque année, à quelque 250 km au nord de Dakar. Des centaines d’hommes s’y affrontent dans une course de deux kilomètres et demi à bord de longues pirogues en bois, sur l’estuaire où le fleuve Sénégal vient se jeter dans l’océan Atlantique. Koutayé Niang participe à « la régate de Saint-Louis » depuis 20 ans, mais samedi, jour de compétition, il a vécu « le plus beau jour de sa vie ». Ce pêcheur du quartier de Guet N’dar – comme tous ses coéquipiers – est le capitaine de l’une des trois pirogues victorieuses de cette course traditionnelle, qui fait la fierté de la ville côtière et de ses habitants depuis des générations. « Tous ceux qui vivent dans ma communauté, Dak, se sentent comme des rois aujourd’hui », savoure l’homme de 43 ans, enveloppé dans un drapeau aux couleurs rouge et verte de son équipe. Il a mis fin aux cinq ans de règne de l’équipe rivale. Cette compétition existe depuis plus d’un siècle mais ce n’est que dans les années 50 que l’événement a pris sa forme actuelle, explique à l’AFP le président du comité d’organisation, El Hadj Moctar Gueye. AFP