Revue de presse du 27 décembre 2024

Au Mozambique, 125 personnes sont mortes en trois jours de violences post-électorales
En soixante-douze heures, les violences au Mozambique, où l’opposition manifeste contre la victoire proclamée lundi du parti au pouvoir aux élections du 9 octobre, a causé la mort de 125 personnes, a affirmé l’ONG locale Plataforma Decide, jeudi 26 décembre. Mardi soir, le gouvernement avait fait état de 21 morts lors des premières vingt-quatre heures d’émeutes dans plusieurs grandes villes de ce pays pauvre d’Afrique australe, après la confirmation de l’élection à la présidence du candidat du pouvoir. L’évasion spectaculaire de 1 500 détenus de la grande prison de haute sécurité de la capitale Maputo, mercredi, a également fait 33 morts parmi les prisonniers évadés, selon le chef de la police, dans des affrontements avec les gardiens. Mais Decide, à la réputation sérieuse et dont les décomptes sont repris régulièrement par Amnesty International et d’autres ONG internationales, a comptabilisé en tout 125 morts sur l’ensemble du pays. Cela porte, selon cette ONG, le bilan depuis le début des manifestations qui ont suivi le scrutin d’octobre à 252 morts, dans un pays qui n’avait pas connu de telles violences depuis la fin de la guerre civile, hormis les exactions commises par des groupes armés djihadistes dans le nord…En dépit de nombreuses irrégularités soulevées par les missions d’observateurs internationaux, le Conseil constitutionnel a confirmé lundi que Daniel Chapo, choisi par les différentes factions du Frelimo, parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, avait gagné l’élection présidentielle avec 65,17 % des voix. Le Monde avec AFP

Tchad : l’armée française rétrocède officiellement une première base à l’armée tchadienne
La base militaire française de Faya Largeau, au Tchad, a été « rétrocédée » à l’armée tchadienne jeudi 26 décembre, moins d’un mois après l’annonce surprise de la suspension de l’accord militaire entre Paris et N’Djamena, le 28 novembre, a annoncé l’état-major tchadien dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP). « La rétrocession est conforme au calendrier établi avec le partenaire tchadien et suit le déroulé normal du plan », a réagi l’état-major français des armées.. Des soldats français, sans qu’on connaisse l’effectif précis, ont quitté Faya Largeau par la route pour rejoindre N’Djamena, la capitale, située à un peu moins de 780 kilomètres au sud-ouest, selon une source locale à Faya Largeau contactée par l’AFP. Des élections législatives, provinciales et locales se tiennent dimanche au Tchad. Les véhicules militaires provenant des bases françaises de Faya Largeau, Abéché et N’Djamena doivent être « rapatriés en France via le port de Douala [au Cameroun], avec une échéance attendue d’ici janvier » et « le trajet maritime prendra environ trois semaines », selon un responsable de l’armée française cité dans une publication du ministère des armées tchadien. Vendredi 20 décembre, une première unité de 120 soldats français avait quitté N’Djamena à destination de la France, dix jours après le départ d’avions de chasse. Le Monde avec AFP

Somalie : l’armée américaine rapporte avoir tué deux membres des Chabab dans une frappe
L’armée américaine a annoncé, jeudi 26 décembre, avoir tué mardi deux membres du groupe islamiste radical Chabab, dans le sud de la Somalie. « Aucun civil n’a été blessé » dans cette frappe menée « en coordination avec le gouvernement fédéral de Somalie » selon une « évaluation initiale », a affirmé le commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) dans un communiqué. En Somalie, le ministère de l’information, de la culture et du tourisme s’est, de son côté, félicité jeudi, sur X, de la mort du « chef du réseau terroriste Mohamed Mire Jama, également connu sous le nom d’Abu Abdirahman ». Ce dernier a été tué au cours « d’une opération méticuleusement planifiée et menée par nos forces nationales en collaboration avec des partenaires internationaux » dans le même secteur du sud du pays, a ajouté le ministère. Liés à Al-Qaida, les Chabab combattent depuis plus de quinze ans le gouvernement fédéral de Somalie, soutenu par la communauté internationale, afin d’instaurer la loi islamique dans ce pays qui fait partie des plus pauvres au monde. Chassés des principales villes en 2011-2012, ils restent solidement implantés dans de vastes zones rurales, d’où ils continuent de mener des attentats contre des cibles sécuritaires et civiles. Le Monde avec AFP

RDC: Ituri : les victimes des atrocités s’opposent à toute réconciliation avec les miliciens
Les communautés victimes des atrocités des groupes armés en Ituri déplorent l’approche de l’autorité provinciale qui veut qu’elles se réconcilient avec les différentes milices qui commettent de graves violations des droits de l’homme dans cette partie du nord-est de la RDC. Le porte-parole de ces communautés, Vital Tungulo, l’a fait savoir dans une déclaration faite à la presse jeudi 26 décembre à Bunia. Pour lui, cet appel du gouverneur est une façon pour l’autorité provinciale de se dérober de sa responsabilité et celle du Gouvernement d’imposer la paix en Ituri en combattant ces hommes armés. Il lui reproche également d’assimiler les groupes armés aux différentes communautés qui sont pourtant victimes des leurs atrocités…Il invite le pouvoir de l’état de siège à imposer la paix et forcer le désarmement des miliciens. Depuis plus d’une année, la province de l’Ituri est en état de siège à cause de l’activisme des groupes armés. Le gouverneur de province avait demandé mardi dernier, au cours d’une conférence de presse, aux fils et filles de l’Ituri de se réconcilier et de se pardonner pour la promotion de la paix dans cette province. Radio Okapi

RDC: autrefois adversaires, Joseph Kabila et Moïse Katumbi se rencontrent et critiquent Félix Tshisekedi
L’ancien président Joseph Kabila et Moïse Katumbi, ancien gouverneur de province et président du parti politique Ensemble pour la République, se sont rencontrés à Addis-Abeba, en Éthiopie, peu avant Noël, selon les informations fournies par leurs équipes respectives. Plus de deux ans après leur dernière rencontre à Lubumbashi, les deux hommes, autrefois adversaires, critiquent d’une même voix la présidence de Félix Tshisekedi, qu’ils qualifient « la dictature ». Jadis adversaires politiques farouches, les deux hommes se rapprochent de plus en plus dans leur opposition au président Félix Tshisekedi. Ils ont même publié jeudi 26 décembre un communiqué conjoint pour afficher leur entente et leurs objectifs communs. La dernière fois que Joseph Kabila et Moïse Katumbi avaient été vus ensemble en public remontait à mai 2022, lors du Forum sur la réconciliation des leaders katangais, tenue à Lubumbashi. Ce forum avait marqué un moment clé dans leurs relations, avec une poignée de main symbolique. La rencontre a été discrète…En parallèle, ils réitèrent leur opposition absolue à toute réforme constitutionnelle dans un tel contexte. RFI

Un député centrafricain condamné à un an de prison pour « complot »
Le député centrafricain Dominique Yandocka a été condamné jeudi à un an de prison pour « complot » par la cour d’appel de Bangui malgré son immunité parlementaire, a constaté une journaliste de l’AFP. Le président de la Cour Thierry Joachim Pessiré a déclaré « Yandocka Dominique Euphrem coupable du délit de complot » et l’a condamné « à un an d’emprisonnement ferme ». Le député a échappé à une condamnation pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », chef d’accusation pour lequel il encourait une peine maximale de travaux forcés à vie. Le parlementaire, figure du parti d’opposition Initiative pour la transformation par l’action, qui dispose également de la nationalité française, a été placé en détention préventive pendant près d’un an après son arrestation à son domicile en décembre 2023, accusé de préparer un coup d’Etat…Le procureur général Jacques Ouakara a émis jeudi soir un ordre de remise en liberté immédiate, sans que l’on sache s’il a été exécuté. Une autre figure de l’opposition en Centrafrique, Crépin Mboli Goumba, a été condamnée en mars à un an d’emprisonnement avec sursis pour diffamation et outrage à magistrats, dans un pays où toute voix dissonante est réprimée par le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra. AFP

Toujours plus de morts sur les routes migratoires vers l’Espagne, en particulier vers les Canaries
Plus de 10 400 migrants sont morts ou ont disparu en mer en tentant de rejoindre l’Espagne en 2024. La route la plus meurtrière au monde est la route Atlantique qui relie le Sénégal, la Mauritanie ou le Maroc aux îles Canaries. Elle comptabilise près de 95% des victimes de cette année, selon un rapport publié jeudi 26 décembre par l’ONG espagnole Caminando Fronteras. Plus de 400 femmes et 1 500 enfants sont morts dans cette traversée. Des chiffres hors norme qui font de 2024 l’année la plus meurtrière jamais enregistrée. À elle seule, la traversée au départ de la Mauritanie vers les Canaries a fait autant de morts que l’ensemble des routes de l’immigration l’année dernière. Sur les embarcations de fortune, on retrouve principalement des personnes originaires du Sahel, qui fuient aussi bien la guerre que les conséquences du changement climatiques et les violences d’une région hostile. Cette année 2024, il y a eu près de 30 morts par jour, entre janvier et le 15 décembre, sur les différentes routes migratoires vers l’Espagne, soit 10 400 victimes au total. Ces personnes étaient originaires d’au moins 28 pays, principalement d’Afrique de l’Ouest, mais aussi du Pakistan ou du Yémen. RFI

Au Maroc, le projet de réforme du code de la famille déçoit les féministes : « Il reste du chemin à parcourir »
Six mois d’auditions pour une vingtaine de mesures. C’est peu dire que les premières propositions de réforme du code de la famille présentées par le ministre de la justice, mardi 24 décembre à Rabat, n’ont pas suscité l’enthousiasme des féministes au Maroc. Celles-ci reconnaissent que le projet de révision du texte, déjà fortement modernisé en 2004, constitue « un pas supplémentaire » vers l’amélioration des droits des femmes, mais le dévoilement des grandes lignes de cette rénovation n’a pas conduit à l’aggiornamento espéré par les plus progressistes…Les récriminations ont été particulièrement vives à l’encontre du Conseil supérieur des oulémas, présidé par Mohammed VI. Questionnés sur plusieurs points, les théologiens musulmans ont écarté une mesure pourtant réclamée de longue date par les associations. Ainsi le test génétique de paternité a-t-il été jugé non conforme aux préceptes de l’islam, ce qui n’a pas manqué de susciter les commentaires amusés des internautes. « Nos oulémas devraient aussi interdire l’usage des smartphones pour connaître les horaires de prière ou empêcher les pèlerins de se rendre par avion à La Mecque », a ironisé mardi Omar El Hyani, membre de la Fédération de la gauche démocratique, un parti d’opposition. Le choix des oulémas n’a toutefois pas totalement surpris. Le droit à la filiation paternelle est certes protégé par une convention internationale ratifiée par le Maroc, mais il se confronte au droit musulman, pour lequel la prohibition des relations sexuelles hors mariage l’emporte sur le seul fait biologique. La société civile dénonce régulièrement cette dualité entre les deux référentiels, l’un religieux, l’autre réglementaire. Le Monde

En Algérie, le président Tebboune annonce des mesures d’« apaisement » et la libération de 2 471 détenus
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé dans un communiqué, mercredi 25 décembre, « des mesures de grâce présidentielle au profit de 2 471 détenus » et « des mesures d’apaisement » pour « huit détenus [en détention provisoire] dans l’attente des procédures d’enquête et de jugement ». Les noms des personnes concernées et les modalités de ces mesures « d’apaisement » n’ont pas été précisés, mais certains juristes espèrent qu’elles consisteront en l’abandon des poursuites et la libération des détenus…En Algérie, ces prisonniers de droit commun sont considérés comme « des victimes, voire des otages d’une parade politico-judiciaire », pointe l’avocat algérien Aïssa Rahmoun, en exil en France et secrétaire général de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) : « C’est la meilleure manière officielle de masquer la qualité de détenu d’opinion. » …L’ancien vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) fait référence au hashtag « Manich radi » (« je ne suis pas satisfait », en arabe), qui a fait irruption ces derniers jours sur les réseaux sociaux. En l’utilisant, des Algériens dénoncent le manque de liberté, la répression, mais aussi la situation économique et sociale du pays. Une campagne qualifiée d’« hostile » par plusieurs journaux algériens proches du régime. Le Monde

La Cédéao défend le Nigeria, accusé par le Niger d’un complot de déstabilisation
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a pris la défense du Nigeria après que le Niger a affirmé que son voisin complotait pour le déstabiliser. Le chef militaire du Niger, le général Abdourahamane Tchiani, a accusé le Nigeria d’héberger deux ressortissants français qu’il avait expulsés, officiellement pour des activités antigouvernementales, lors d’une émission télévisée diffusée mercredi le jour de Noël. M. Tchiani s’en est également pris à la Cédéao et a affirmé que la France avait établi une base au Nigeria où elle armait des groupes terroristes dans la région du lac Tchad pour fomenter des troubles dans son pays…Le ministère des Affaires étrangères du Nigeria avait déjà démenti dans un communiqué, le 21 décembre dernier, les allégations portées par le Niger l’accusant de vouloir le « déstabiliser ». Le gouvernement nigérian avait alors affirmé « fermement qu’il n’y a pas de troupes militaires françaises dans le nord du pays se préparant à déstabiliser le gouvernement du Niger ». AFP

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko dévoile son projet de rupture
Le Premier ministre Ousmane Sonko a décliné vendredi son plan de rupture pour les cinq prochaines années et annoncé le projet d’abroger la loi d’amnistie de l’ex-président Macky Sall couvrant les violences politiques qui avaient fait des dizaines de morts entre 2021 et 2024. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a été élu fin mars au terme de trois ans de confrontation avec le pouvoir du président Macky Sall (2012-2024) qui a fait des dizaines de morts, selon des ONG et l’opposition d’alors. Il avait nommé son mentor, Ousmane Sonko, chef de gouvernement. Une loi d’amnistie à l’initiative de M. Sall avait été votée avant le scrutin pour décrisper une situation devenue explosive. Elle avait permis de faire sortir de prison des centaines de personnes écrouées, dont MM. Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. M. Sonko a annoncé que son gouvernement proposerait « dans les semaines à venir » un projet de loi « pour que toute la lumière soit faite et les responsabilités établies de quelque bord qu’elles se situent » sur ces violences…M. Sonko a décliné sept axes de rupture basés sur une refonte de l’action publique et une croissance endogène, alors que le Sénégal est resté selon lui « enfermé dans le modèle économique colonial ». Il a aussi annoncé une importante réforme fiscale, en « élargissant l’assiette fiscale, tout en abaissant graduellement les taux d’imposition moyen ». L’objectif est de « faire payer moins à tous les Sénégalais mais faire payer à tous les Sénégalais » pour « parvenir à une fiscalité efficace et équitable ». AFP