Les opposants à la junte au Soudan continuent de défier les putschistes. Des dizaines de milliers de Soudanais ont de nouveau essuyé des tirs des grenades lacrymogènes au Soudan, samedi 25 décembre, où les autorités avaient coupé les communications après deux mois d’une répression qui a fait quarante-huit morts. La foule, parvenue aux portes du palais présidentiel de Khartoum, où siègent les autorités de transition chapeautées par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, auteur du coup d’Etat du 25 octobre, se dispersait en début de soirée sous les coups des charges policières. … Les heurts les plus violents ont eu lieu aux abords des ponts reliant ses banlieues à Khartoum, barrés par les forces de l’ordre, dont les grues avaient dès l’aube déposé des containers en travers des ouvrages. Tôt le matin, l’Internet mobile et les communications téléphoniques ont été coupés alors que le gouvernorat de Khartoum avait prévenu vendredi que les forces de sécurité « s’occuperont de ceux qui contreviennent à la loi et créent le chaos », notamment aux abords « des bâtiments de souveraineté stratégique ». … « Nous n’arrêterons pas de manifester jusqu’à ce que nous ayons un gouvernement civil, le peuple est dans la rue pour dire que c’est lui qui décide », clame une jeune manifestante auprès de l’AFP. Non loin de là, également aux abords du palais présidentiel, Othmane Moustafa, 31 ans, dit vouloir « plus que dégager les militaires » : « On veut choisir notre Soudan : un Soudan qui nous ressemble, qui réponde à nos demandes et donne des droits à tous équitablement. » Le Monde avec AFP
Le déploiement de mercenaires russes est en cours au Mali, selon les partenaires occidentaux de Bamako, qui ont dénoncé, jeudi dans un communiqué commun, l’arrivée du groupe Wagner pour appuyer les forces armées maliennes. L’offensive diplomatique européenne n’aura pas suffi à décourager Bamako de recourir aux services des milices de Wagner. Les partenaires occidentaux du Mali ont dénoncé, jeudi 23 décembre, le déploiement de mercenaires russes de ce groupe proche du Kremlin sur le territoire malien, dans un communiqué. … « Nous, partenaires internationaux résolus à soutenir le Mali et son peuple dans leurs efforts pour parvenir à une paix et une stabilité durables et à lutter contre le terrorisme, condamnons fermement le déploiement de mercenaires sur le territoire malien », peut-on lire dans le document signé par 16 États (France, Allemagne, Belgique, Canada, Danemark, Estonie, Italie, Lituanie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni et Suède). … Le 13 décembre, l’Union européenne a sanctionné, le groupe paramilitaire russe ainsi que huit personnes et trois sociétés qui lui sont liées pour les « actions de déstabilisation » menées en Ukraine et dans plusieurs pays d’Afrique. Le groupe Wagner est accusé d’avoir « recruté, formé et envoyé des agents militaires privés dans des zones de conflit du monde entier afin d’alimenter la violence, de piller les ressources naturelles et d’intimider les civils en violation du droit international, notamment du droit international des droits humains », précise le communiqué. France24 avec Reuters et AFP
« La symphonie africaine de Poutine » (1/2). Incontournable au Soudan et en Centrafrique, présente en sous-main au Sahel, cette société de sécurité privée officieuse liée au maître du Kremlin est de plus en plus active sur le continent. De Khartoum à Bamako, en passant par Bangui et Saint-Pétersbourg, plongée dans le monde interlope des vrais-faux mercenaires. Jeune Afrique
Les autorités maliennes dominées par les militaires ont lancé lundi la phase finale des consultations nationales censées constituer le préalable à des élections et un retour des civils au pouvoir. Ces Assises nationales de la refondation sont présentées par les autorités comme un moment crucial de la transition ouverte après le putsch de 2020 mais boycottées par de nombreuses organisations. … Le 11 décembre, le Cadre d’échange, réunion de plusieurs partis et regroupements de partis, a jugé dans un communiqué que ces Assises n’étaient qu’une « manœuvre dilatoire » destinée à prolonger la transition, de la part d’un gouvernement « sans repère, ni boussole ». Un jour auparavant, d’autres acteurs importants, au sein d’un Cadre stratégique permanent (CSP), avaient eux aussi prévenu que les conclusions des Assises ne les engageraient « nullement ». Le Mali a été le théâtre de deux coups d’État militaires en moins d’un an, en août 2020 et mai 2021. Les militaires s’étaient engagés sous la pression de la Cédéao, médiatrice, et d’une partie de la communauté internationale, à remettre le pouvoir aux civils après des élections présidentielle et législatives programmées en février 2022. Mais les autorités ont finalement notifié à la Cédéao être dans l’incapacité de respecter le calendrier convenu. Belga
Le Premier ministre guinéen Mohamed Béavogui a décliné sa feuille de route au président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, qui a renouvelé sa confiance à son chef du gouvernement. Mais cette feuille de route a été accueillie très différemment selon les leaders politiques guinéen, puisqu’elle ne comporte pas de chronogramme de la transition. … Feuille de route diversement interprétée par la classe politique guinéenne. « Je trouve d’abord que c’est une bonne chose que le Premier ministre présente une feuille de route, parce que cela sert au moins à savoir quel est le programme de la transition, explique Dr Ousmane Kaba, président du Parti des démocrates pour l’espoir. Celle qui est perçue par le Premier ministre et qui va être mise en application, donc, c’est une étape importante ». Rafiou Sow, lui, s’interroge sur la feuille de route présentée par le Premier ministre. Pour lui, il faut aller à l’essentiel : « Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on doit faire, comment faire en sorte qu’on fasse des élections, qu’on revoie le fichier, qu’on essaye de donner la chance à ceux qui doivent voter, qu’ils puissent avoir leurs cartes d’électeurs et aller à des élections sécurisées, libres et transparentes ? C’est ce qui devaient être l’essentiel de la feuille de route du Premier ministre ». Il lance un appel au colonel Mamadi Doumbouya, le président de la transition : « Le président de la transition doit nous donner un chronogramme clair, nous, opposition pour nous aujourd’hui la transition a commencé depuis le 6 septembre. Nous, on a proposé 15 mois, c’est-à-dire, qu’on le veuille ou pas, nous devons avoir des élections au mois de décembre 2022 ». RFI
« Parce que sa détention est politique et que la Cour de répression des infractions économiques ne remplissant pas les garanties d’une juridiction indépendante, elle s’est dit, et ce qui est d’ailleurs légitime, que ce serait donner de faux espoirs à sa famille que de faire appel », indique maître Renaud Agbodjo, l’un de ses avocats. La Criet, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, a prononcé, le 11 décembre au petit matin, son verdict contre l’opposante et ancienne garde des sceaux, dont la candidature à la présidentielle du 11 avril avait été rejetée. Elle a été condamnée à vingt ans de réclusion criminelle et 50 millions de francs CFA d’amende. Elle avait été arrêtée quelques semaines avant le scrutin. Reckya Madougou avait 15 jours pour faire appel, et aurait été jugée de nouveau par la même juridiction. « Si, malgré la vacuité du dossier, elle a été condamnée par la Criet, alors tout appel devant la même juridiction est quasiment voué à l’échec. Donc, elle estime qu’elle n’a pas confiance en la justice de son pays. », explique son avocat. RFI
Une nouvelle attaque de jihadistes présumés a frappé le Burkina Faso cette semaine, avec la mort de 41 civils et supplétifs de l’armée dans une embuscade dans le nord du pays, où un deuil national de deux jours a été décrété, dimanche 26 décembre. Une embuscade de groupes armés a visé, jeudi, des civils et des Volontaires de défenses pour la patrie (VDP), dans la zone de You (nord). « La mission de ratissage sur la zone d’embuscade (…) a établi un bilan de 41 corps », affirme un communiqué du porte-parole du gouvernement, Alkassoum Maïga. « Le Président du Faso décrète un deuil national de 48 heures », qui a débuté dimanche à minuit, ajoute le texte. Parmi les victimes figure Ladji Yoro, considéré comme un leader des VDP au Burkina Faso, précise le communiqué. Dans sa lutte contre les groupes jihadistes, l’armée burkinabè, faible et mal équipée, s’appuie sur ces « VDP », supplétifs civils formés en deux semaines et qui paient un lourd tribut. France24 avec AFP
En République Démocratique du Congo, un attentat à la bombe survenu à Beni au Nord Kivu dans la soirée du 25 décembre, a fait plusieurs morts. Selon le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, il s’agit vraisemblablement d’un homme qui s’est fait exploser à côté d’un bar appelé »In Box » non loin d’un autre bar très populaire à Beni, ‘Ishango’. Selon M. Muyaya, cette attaque a tué au moins 8 personnes dont un capitaine de l’armée et ses deux filles. »Nous condamnons fermement cette deuxième attaque qui a endeuillé Noël. Vous savez, la nuit de Noël est la nuit où les chrétiens et pas seulement les chrétiens se réunissent avec leurs familles, » a déclaré Patrick Muyaya. Le porte-parole du gouvernement de révéler »qu’il y avait des alertes le 27 juin, toujours dans la même ville de Beni. Cette fois, il s’agissait d’une attaque contre une église. Il y avait aussi eu une tentative dans un bar à l’époque, le kamikaze s’était suicidé, » rapporte Reuters. Les autorités annoncent une enquête pour déterminer les circonstances du drame. Cette attaque à la bombe a suscité une vague d’émotion et de réactions dans le pays. Le prix Nobel de la paix, Denis, Mukwege s’est dit « horrifié » par ce qu’il qualifie d’attentat terroriste commis le jour de Noël. BBC
Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed a annoncé, lundi 27 décembre, qu’il suspendait le Premier ministre Mohamed Hussein Roble, au lendemain d’un différend public à propos des élections, longtemps retardées dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique. … Dimanche, le Premier ministre a accusé le président de saboter le processus électoral, après la décision du chef de l’État de lui retirer la charge d’organiser les élections, longuement attendues et à l’origine d’une grave crise institutionnelle. Président depuis 2017, Farmajo a vu son mandat expirer le 8 février sans avoir pu s’entendre avec les dirigeants régionaux sur l’organisation des élections, régies en Somalie par un système électoral complexe et indirect. L’annonce mi-avril de la prolongation de son mandat pour deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio. De nombreux observateurs estiment que la crise au sommet de l’État et l’impasse électorale détournent l’attention de problèmes plus importants de la Somalie, comme l’insurrection des Shebab qui secoue le pays depuis 2007. France24 avec AFP
Ils ont été reconnus coupables de la pire marée noire que les côtes de l’île Maurice aient connue. Le capitaine et le second du navire Wakashio – dont l’échouage à l’été 2020 est à l’origine de la catastrophe – ont été condamnés, lundi 27 décembre, à vingt mois de prison, a appris l’Agence France-Presse auprès du tribunal. « La cour a pris en considération le fait que les deux accusés ont plaidé coupables et ont présenté des excuses. La sentence prononcée est de vingt mois de prison », a affirmé la juge, Ida Dookhy Rambarrun. Le vraquier japonais s’était échoué le 25 juillet 2020 sur un récif corallien au sud-est de l’île Maurice, relâchant plus de 1 000 tonnes de fioul dans ses eaux cristallines. Le capitaine indien, Sunil Kumar Nandeshwar, qui a reconnu durant l’audience qu’il avait bu lors d’une soirée organisée à bord du navire, a ainsi été reconnu coupable de « mise en danger de la sécurité de la navigation », de même que son second sri-lankais Hitihanillage Subhoda Janendra Tilakaratna, par un tribunal de Port-Louis. Le Monde avec AFP
Il était un rire, une énergie et surtout une conscience. L’ancien archevêque sud-africain Desmond Tutu est décédé dimanche à 90 ans, au terme d’une vie de combat, d’abord contre l’apartheid puis pour la réconciliation de son pays et la défense des droits de l’Homme. Jusqu’à son dernier souffle, le prix Nobel de la paix a imposé sa petite silhouette ronde et son franc-parler légendaire pour dénoncer les injustices et écorner tous les pouvoirs, quels qu’ils soient. Affaibli, depuis quelques temps il ne parlait plus en public. Mais il saluait les journalistes, sourire ou regard malicieux, à chacune de ses sorties récentes, lors de son vaccin contre le Covid ou d’un office pour ses 90 ans. « C’est un grand privilège, un honneur que les gens pensent que votre seul nom peut changer les choses », confiait à l’AFP le prêtre anglican en 2011. S’ils ont inspiré les foules, les engagements de Desmond Tutu ont aussi beaucoup irrité. Son église anglicane par exemple, quand il défendait les droits des homosexuels (« je ne pourrais pas vénérer un Dieu homophobe ») ou, plus récemment, le droit de mourir dignement. La Chine aussi, chaque fois qu’il prenait partie pour le Dalaï Lama. Ou encore les gouvernements sud-africains successifs, dont il a dénoncé les turpitudes. Même son ami Nelson Mandela n’a pas échappé à ses foudres. A son arrivée au pouvoir en 1994, Tutu a reproché à son Congrès national africain (ANC) une mentalité de « profiteur ». Ses convictions étaient fermes, mais « the Arch », un de ses surnoms, les a toujours défendues avec une joyeuse exubérance. Volontiers blagueur, y compris à ses dépens, il n’hésitait pas à agrémenter ses harangues de quelques pas de danse et d’un rire proche du gloussement devenu sa marque de fabrique. AFP