Soudan : violents combats à Khartoum et au Darfour, négociations en cours pour prolonger la trêve
Les combats meurtriers opposant des paramilitaires à l’armée soudanaise sont entrés, jeudi 27 avril, dans leur treizième jour dans le pays où la capitale Khartoum et la région du Darfour sont désormais en proie au chaos des bombes malgré un cessez-le-feu. Des avions militaires survolent la banlieue nord de Khartoum où les troupes des deux généraux en guerre pour le pouvoir échangent des tirs à la mitrailleuse et à l’arme lourde, rapportent des témoins à l’AFP, en dépit de la trêve de 72 heures conclue sous l’égide des États-Unis et de l’Arabie saoudite, qui a débuté mardi. Les violences ont fait au moins huit morts pour la seule journée de mercredi, selon le syndicat des médecins. … Mercredi soir, l’armée a annoncé avoir accepté d’envoyer un représentant à Juba, la capitale du Soudan du Sud voisin, pour des pourparlers avec les FSR « à l’initiative de l’IGAD », bloc régional d’Afrique de l’Est. Le général Burhane a dit accepter de discuter d’une prolongation de la trêve de 72 heures qui doit s’achever jeudi à minuit et a été globalement peu respectée. Les paramilitaires n’ont de leur côté pas commenté cette initiative régionale. France24 avec AFP
Autour du Soudan, un jeu géopolitique risqué
L’onde de choc de la guerre au Soudan a déjà dépassé les frontières du pays. Un vent d’inquiétude souffle désormais chez ses voisins, mêlé à un embarras croissant, sur fond d’exode des populations. Par la mer Rouge à l’est, par l’Ethiopie au sud, comme par l’Egypte au nord ou en traversant la frontière ouest avec le Tchad, des dizaines de milliers de civils cherchent à fuir les combats. Depuis le 15 avril, toutes les tentatives de faire cesser les affrontements entre les forces armées soudanaises (FAS), menées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », ont échoué. Les pertes civiles s’aggravent chaque jour, dépassant les cinq cents morts et plusieurs milliers de blessés, selon le ministère de la santé soudanais. Désormais, les puissances régionales multiplient les offres de médiation. Mais cette attitude masque difficilement le jeu dangereux auquel elles se sont livrées après la chute d’Omar Al-Bachir, en 2019, en soutenant les deux militaires, au détriment des aspirations démocratiques de la population. Les appels à la désescalade lancés par l’Egypte, les Emirats arabes unis (EAU) et l’Arabie saoudite sonnent particulièrement faux aux oreilles des Soudanais, nombreux à considérer ces trois pays comme une partie du problème et non de la solution. Le Monde
La Ligue tchadienne des droits de l’homme publie son rapport sur la répression du «jeudi noir»
Six mois après la violente répression des manifestations du 20 octobre, la Ligue tchadienne des droits de l’homme et l’Organisation mondiale contre la torture ont publié mercredi leur rapport sur les événements. Plusieurs partis d’opposition avaient alors appelé à manifester, malgré l’interdiction des autorités, contre la prolongation de la transition et le maintien à sa tête de Mahamat Idriss Deby. Les ONG dressent un bilan de 218 morts, supérieur à celui de la Commission nationale des droits de l’homme qui dénombrait déjà 128 victimes et à celui du gouvernement qui n’en décompte que 73. … « On extrait le corps nuitamment pour aller le jeter soit dans le fleuve ou bien dans des fosses communes, explique Me Adoum Mahamat Boukar, président de la LTDH. Donc l’étendue de ces massacres, personne ne peut le mesurer avec exactitude. Quand vous regardez, la plupart des victimes ont des balles au niveau du front, à la tête, à la poitrine ou au dos. Donc ça veut dire que les gens visent la mort, quelque chose qui a été planifié. Et donc l’objectif était de décapiter l’opposition. » RFI
Au Tchad, le futur référendum constitutionnel divise
La surreprésentation des partisans du régime de transition au sein de la Conorec, la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel ainsi que la mise à l’écart de la société civile, passent mal auprès d’un grand nombre de représentants politiques. Ces derniers accusent l’ancien parti au pouvoir, le MPS, mais aussi l’UNDR de Saleh Kebzabo, l’actuel Premier ministre de transition, de vouloir imposer leur choix qui est celui d’un Etat unitaire. Les critiques portent également sur la proposition d’un seul projet de Constitution qui évoquerait un Etat unitaire, sans donner aux Tchadiens le choix entre l’Etat fédéral ou unitaire. Une situation que dénonce le juriste et vice-président du parti Les Transformateurs, Sitack Yombatina Béni : « L’intelligence et la sagesse voudraient qu’on soumette aux Tchadiens deux types de Constitutions produites dans les mêmes formats afin que les Tchadiens et les Tchadiennes puissent, le moment venu, se prononcer là-dessus. On devait donner du temps aux populations afin de connaître le contenu de ces deux Constitutions. Mais tout semble indiquer que le MPS et l’UNDR veulent imposer leur point de vue aux 17 millions de Tchadiens comme ce qui s’est passé lors du dialogue national inclusif. Donc nous ne sommes pas sortis de l’auberge. » DW
Au Sénégal, l’hétéroclite Plateforme F24 pour faire obstacle à un troisième mandat de Macky Sall
Comme un air de déjà-vu. Douze ans après le Mouvement du 23 juin (M23) constitué pour faire barrage au troisième mandat de l’ancien président Abdoulaye Wade, la plateforme « des forces vives de la nation F24 » a vu le jour le 16 avril au Sénégal, regroupant au moins 150 partis politiques et organisations de la société civile. Cette fois, c’est Macky Sall qui est dans le viseur, accusé d’entretenir le flou sur sa candidature à un troisième mandat pour la présidentielle de février 2024. « Je comprends l’inquiétude des Sénégalais mais le moment viendra, c’est pour bientôt », a assuré le chef de l’Etat, samedi 22 avril sur les ondes de la radio privée sénégalaise RFM. Les membres hétéroclites de la Plateforme F24 se sont fixé plusieurs priorités : la lutte contre la troisième candidature de Macky Sall, la libération des détenus politiques, la cessation des interdictions de manifester, ainsi que l’abrogation de certains articles du code électoral portant sur l’inéligibilité des candidats. Parmi ce front qui se veut massif figurent des leaders politiques qui se sont déclarés candidats au scrutin de 2024 comme Ousmane Sonko, l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, Déthié Fall ou encore Aminata Touré. Face au risque de voir l’un d’eux utiliser la nouvelle formation pour servir son propre dessein, il a été décidé d’en confier la coordination à un membre issu de la société civile. C’est l’ancien syndicaliste et figure de proue du M23, Mamadou Mbodj, qui a été choisi. Le Monde
Le réchauffement climatique accélère la sécheresse record dans la Corne de l’Afrique
La sécheresse historique qui frappe la Grande Corne de l’Afrique (Ethiopie, Erythrée, Somalie, Djibouti, Kenya et Soudan) est la conjonction inédite d’un manque de pluie et de fortes températures qui n’aurait pas pu se produire sans les conséquences des émissions humaines de gaz à effet de serre, démontre une étude scientifique publiée jeudi 27 avril. « Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu la sécheresse agricole dans la Corne de l’Afrique environ 100 fois plus probable » qu’autrefois, indique dans un rapport le World Weather Attribution (WWA), réseau mondial de scientifiques qui évalue sans délai le lien entre les événements météorologiques extrêmes et le dérèglement climatique. Depuis la fin de 2020, les pays de la Grande Corne de l’Afrique, large péninsule de l’est du continent, subissent leur pire sécheresse depuis quarante ans. Cinq saisons de pluies déficitaires d’affilée ont tué des millions de têtes de bétail et détruit les récoltes. Selon l’ONU, 22 millions de personnes sont menacées par la faim en Ethiopie, au Kenya et en Somalie (où sévit en plus une insurrection islamiste). Le Monde avec AFP
Le Togo et le Bénin s’arment contre l’érosion côtière
De grands travaux de réaménagement sont en cours sur le littoral entre Agbodrafo, au Togo, et Grand-Popo, au Bénin voisin. Objectif: lutter contre l’érosion côtière. DW
Terrorisme : dans le village togolais de Waldjouague, la mort est passée
C’est l’histoire d’un village du Togo, dont le malheur réside dans sa proximité avec la frontière burkinabè. En relatant l’attaque qu’il a subie le 21 avril, le site togolais “Laabali” raconte aussi une lente diffusion du terrorisme sahélien vers les pays du golfe de Guinée. … Waldjouague ou la colline de chasse. 21 avril 2023. Matinée ensoleillée. En ce jour de ramadan, la fête de l’Aïd El-Fitr n’a pas eu lieu. Et pour cause : six villageois ont trouvé la mort dans des circonstances troublantes. Situé au sud des villages maraîchers de Diakaarga et de Djaal (Burkina), Waldjouague traverse l’histoire la plus triste de son existence. Nous sommes à plus de 600 kilomètres de Lomé, dans ce village parsemé de karité où jadis les chasseurs gourma s’offraient des gibiers. Courrier international (Laabali)
Des armées étrangères sont déployées dans l’Est de la RDC, mais les rebelles sont toujours là
En novembre, Kenya, Ouganda, Burundi et Soudan du Sud – deux pays où les armées sont accusées de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité –, ont été invités par les autorités congolaises à déployer plusieurs milliers d’hommes pour libérer des espaces conquis depuis un an par le M23. Selon des experts indépendants de l’ONU, le Rwanda – qui a démenti – a aussi combattu, seul ou au côté du M23, l’armée congolaise et des groupes armés pour contrôler des villes et des axes stratégiques. À Kibumba, Rumangabo et Bunagana (des bastions de la rébellion au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu), des officiers de l’EACRF se sont affichés tout sourire auprès de dirigeants rebelles censés avoir été écartés. Du 18 au 21 avril, un voyage de presse auquel a participé l’AFP a été organisé par l’EACRF dans des localités dites « libérées ». Malgré des restrictions, des habitants ont pu être interrogés. « S’ils (les rebelles) entendent ce que j’ai à vous dire, ils me tueront », confie, inquiet, un commerçant à Bunagana, poste frontalier entre la RDC et l’Ouganda, officiellement repris le 31 mars au M23 par l’armée ougandaise. « Les M23 sont toujours là ! L’arrivée des soldats de l’EACRF n’a rien changé, je paye toujours des taxes au M23 », se plaint-il, affirmant que côté congolais, la frontière est encore tenue par les rebelles. AFP
Burundi: La société civile dénonce des crimes graves
Au Burundi, il y a huit ans, le 26 avril 2015, débutait un mouvement citoyen de contestation contre le troisième mandat du président de l’époque, Pierre Nkurunziza. La répression de ce mouvement avait ensuite entrainé le pays dans un cycle de violences. Depuis, le président Pierre Nkurunziza est décédé et c’est désormais Evariste Ndayishimiye qui dirige le pays. Si à son arrivée au pouvoir, la communauté internationale a salué une certaine ouverture politique, des cas de violations des droits de l’homme continuent toutefois d’être signalés au Burundi. Pour marquer les huit ans du mouvement de contestation de 2015, des organisations de la société civile ont publié un mémorandum. Janvier Bigirimana est juriste, coordinateur national de « Tournons la page Burundi » et secrétaire général du Focode, le Forum pour la conscience et le développement, une organisation de défense des droits humains qui enquête sur les disparitions forcées au Burundi. Il revient sur les atteintes aux droits de l’Homme dans son pays et affirme que la situation se dégrade. DW
Le SED, cette prison « née de la peur » du régime Biya
Au Cameroun, le secrétariat d’État à la Défense fait office de service d’enquête et – surtout – de lieu de privation de liberté pour les détenus les plus sensibles. Plongée dans un lieu où police et politique ne font qu’un, au service de l’État… et de son chef. … « Le SED est la prison de ceux qui détiennent des informations sur l’État ou sur Paul Biya », résume un visiteur régulier. Rien n’est censé sortir de ses murs ou presque. En une décennie, Marafa Hamidou Yaya est parvenu à plusieurs reprises à faire publier, y compris dans Jeune Afrique, des lettres au chef de l’État, ou à alerter sur son état de santé. Mais, chaque fois, ces failles de sécurité ont agacé au plus haut point Paul Biya, qui a donné l’ordre de serrer la vis. … Sa fonction première, en revanche, reste inchangée : protéger les secrets du régime et de son éternel numéro un, Paul Biya. Toute information le concernant est d’ailleurs placée sous le sceau du sacrosaint secret défense, raison pour laquelle nos interlocuteurs ont préféré, avec raison, rester anonymes. Jeune Afrique
Les députés comoriens condamnent l’opération Wuambushu à Mayotte
L’Assemblée nationale vient d’adopter ce mercredi 26 avril une résolution condamnant l’opération Wuambushu dans le département français de Mayotte. La campagne de destruction de lieux occupés par des migrants comoriens jugés illégaux par les autorités françaises était censée débuter mardi, mais a été suspendue suite à une décision de justice. En attendant, les députés comoriens ont voulu acter leur opposition à cette opération française controversée. … La campagne française d’évacuation des bidonvilles à Mayotte a été stoppée avant même de commencer par le tribunal de Mamoudzou, capitale de Mayotte. En début de semaine, un navire transportant des habitants expulsés a dû faire demi-tour, après le refus du port d’Anjouan de le laisser accoster. RFI
Les anciens combattants autorisés à rentrer au pays avec leur pension
La France permet aux anciens combattants africains âgés de rentrer chez eux avec des allocations.Comme Yoro Diao, 95 ans, ils sont plusieurs anciens soldats africains à vivre en région parisienne dans des chambres minuscules à des milliers de kilomètres de leurs familles. Cet ancien combattant va pouvoir, après 20 ans passé en France pour pouvoir prétendre à une pension de l’armée française, retourner vivre dans son pays natal le Sénégal. « J’ai donné à la France tout mon sang – même si je n’ai pas saigné -, ma jeunesse… Ma jeunesse, la mémoire que je n’ai plus, parce que j’oublie tout maintenant, j’oublie tout ! Il faut que j’écrive, sinon j’oublie, je suis vieux. », s’est confié Yoro Diao. … Les anciens combattants survivants, aussi appelés les « tirailleurs sénégalais » pour la plupart, devaient vivre en France pendant la moitié de l’année sous peine de perdre leur pension. En janvier dernier, l’État français a supprimé cette condition, déclarant qu’ils pouvaient rentrer définitivement dans leur pays et continuer à percevoir leur allocation mensuelle de 950 euros augmentée en 2006. … L’Etat français a également stipulé qu’il prendrait en charge le vol et le déménagement de tout ancien combattant souhaitant partir. AfricaNews
Réformes du FMI : Les ministres africains appellent à «un FMI adapté au XXIème siècle »
Les ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique ont appelé à des réformes visant à renforcer le modèle de fonctionnement, les instruments de prêt et la structure de gouvernance du Fonds monétaire international (FMI) afin de faire face de façon plus efficace aux chocs exogènes mondiaux tels que la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et la crise climatique en cours. L’appel aux réformes a été lancé lors d’une réunion du Groupe de travail africain de haut niveau sur l’architecture financière mondiale en marge des réunions de printemps de 2023 organisées par le Groupe de la Banque mondiale (GBM) et le Fonds monétaire international (FMI) qui se tiennent à Washington D.C. Le Groupe de travail de haut niveau, coordonné par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), comprend les ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique, l’Union africaine, la Banque africaine de développement, Afreximbank et la Banque mondiale, avec la participation du personnel et des directeurs exécutifs du FMI. Le Groupe sert de forum pour élaborer des propositions de réforme de l’architecture financière mondiale et renforcer la voix africaine sur la scène mondiale. AFRIMAG