Mohamed Bazoum : « Armer les civils pour combattre les terroristes est une tragique erreur »
N’attendez pas de lui qu’il relaie le narratif en vogue à Bamako, à Ouagadougou et sur les réseaux sociaux russolâtres, selon lequel les groupes armés jihadistes seraient en débandade au Sahel. Ancien étudiant en philosophie de l’université de Dakar, chef de l’État du Niger depuis le 2 avril 2021, Mohamed Bazoum est un homme lucide qui se garde bien de sous-estimer un ennemi dont l’emprise territoriale ne cesse de s’étendre dans la région…. Jeune Afrique : Du Mali au Niger en passant par le Burkina Faso, les groupes jihadistes sont à l’offensive. Ils encerclent des localités, attaquent des camps militaires, tendent des embuscades meurtrières et contrôlent des pans entiers de territoire. Y a-t-il un lien de cause à effet entre cette situation et le départ des Français de l’opération Barkhane au Mali ? Mohamed Bazoum : Ce regain dont vous parlez est d’abord palpable au Burkina Faso, où il est dû à l’affaiblissement d’une armée profondément désorganisée par les coups d’État. Les attaques terroristes n’y sont pas plus vigoureuses ni plus sophistiquées qu’auparavant, mais elles ont bénéficié de cette désorganisation. … JA: Le groupe mercenaire russe Wagner est présent au Mali, avec des visées sur le Burkina Faso, et il vous a, si l’on peut dire, dans son collimateur, via notamment des campagnes de désinformation. Est-ce une préoccupation ? MB: Inévitablement. C’est ce groupe qui est à l’origine des rumeurs de coup d’État propagées à deux reprises sur les réseaux sociaux, qu’il manipule, la dernière fois en février, lors de ma visite à Paris. Wagner cherche à recruter des chevaux de Troie au Niger, nous les avons identifiés et les gardons à l’œil. L’un d’entre eux, chef d’un petit parti politique, a d’ailleurs été arrêté. Jeune Afrique
Le chef de Wagner au Mali dans le viseur des États-Unis
Ivan Maslov, le chef opérationnel du groupe paramilitaire russe au Mali, a été sanctionné par le Trésor américain. Relais de Evgueni Prigojine à Bamako, il a débarqué dans le pays en 2021 pour y superviser l’arrivée de ses mercenaires. … Il a alors été chargé par Evgueni Prigojine, le patron du groupe paramilitaire russe, de prendre la tête des opérations dans le pays. En novembre et décembre 2021, il supervise le déploiement à venir des 1 400 mercenaires de Wagner dans plusieurs localités (dont Nara, Sikasso, Mopti et Mondoro), en coordination étroite avec plusieurs officiers de l’armée malienne – à commencer par le général Alou Boï Diarra, le chef d’état-major de l’armée de l’air, son « référent » au sein de la junte. … Enfin, le département d’État américain a adopté des restrictions de visas à l’encontre de deux officiers maliens qui, selon lui, « étaient responsables des éléments des forces armées maliennes qui ont mené l’opération à Moura », dans le centre du Mali, où au moins 500 personnes ont été exécutées fin mars 2022 par des membres des Forces armées maliennes (Fama) et des mercenaires de Wagner. Jeune Afrique
Soudan: l’aide humanitaire prise pour cible dans les combats
L’ONU et les ONG tentent de faire parvenir de l’aide humanitaire aux civils et aux hôpitaux qui en ont besoin. Mais le processus est fortement ralenti par l’absence de sécurité. Quatre jours après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu, les combats n’ont toujours pas cessé. Selon un responsable de l’ONU, une partie de cette aide, principalement médicale, arrivée à Port soudan a commencé à être distribuée dans l’est du pays. À Wad Madani et à Gedaref où la situation est plus calme que dans le reste du pays. Mais à Khartoum, l’acheminement reste difficile en raison des combats, déplore Abdou Dieng, coordinateur humanitaire de l’ONU au Soudan. Et pourtant les besoins sont considérables. « La nourriture est urgente, comme les médicaments, tout ce qui est relatif à l’eau également.. Les gens n’ont absolument rien, sont dans le dénuement total et il faut agir vite sinon on aura une catastrophe devant nous. » RFI
Au Conseil de sécurité, l’ONU plaide pour un soutien aux opérations de paix de l’Union africaine
Une haute responsable des Nations Unies a plaidé jeudi devant le Conseil de sécurité pour un soutien aux opérations de paix dirigées par l’Union africaine (UA) avec des ressources « prévisibles, durables et souples ». « Les arguments en faveur d’un financement adéquat des opérations de soutien à la paix dirigées par l’UA sont plus que solides. Nous espérons donc que le Conseil de sécurité acceptera d’apporter son soutien, notamment en autorisant l’accès aux contributions fixées par l’ONU », a déclaré la cheffe du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix des Nations Unies, Rosemary DiCarlo, devant les membres du Conseil. Elle a rappelé que la coopération entre l’Union africaine et l’ONU s’est considérablement développée depuis la signature en 2017 du Cadre conjoint ONU-UA pour un partenariat renforcé, prenant pour l’exemple « l’étroite collaboration, notamment en République centrafricaine, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan ». ONU Info
Attaque des shebab contre une base militaire de l’Union africaine en Somalie
Les islamistes radicaux shebab ont lancé vendredi une attaque contre une base de la force de l’Union africaine en Somalie (Atmis), à environ 120 kilomètres au sud-ouest de la capitale Mogadiscio, a annoncé l’Atmis, sans donner plus de détails sur un éventuel bilan. Les rebelles shebab, affiliés à Al-Qaïda, combattent depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale. Chassés des principales villes du pays en 2011-2012, ils restent solidement implantés dans de vastes zones rurales. Ils commettent régulièrement des attentats-suicides dans ce pays pauvre et instable de la Corne de l’Afrique. Vendredi matin, « une base de l’Atmis à Bulo Marer a été attaquée par Al-Shabab. Les forces Atmis évaluent actuellement la situation sécuritaire », a annoncé dans un tweet la force de l’Union africaine en Somalie, sans donner plus de détails. Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, revenu au pouvoir en mai 2022, a promis de lancer contre les shebab une « guerre totale ». AFP
L’insécurité, dossier brûlant du nouveau président nigérian Tinubu
La résurgence des attaques massives de groupes criminels et jihadistes au Nigeria, un temps ralenties pendant la période électorale, est un cruel rappel des immenses défis qui attendent dès lundi le nouveau président Bola Tinubu à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique. Ces violences sont aussi une illustration cinglante de l’échec du président sortant Muhammadu Buhari, un ancien général putschiste de l’armée, qui s’était fait élire démocratiquement en 2015 et en 2019 avec la promesse de ramener la paix au Nigeria. Car, pas une semaine, pas une journée ne se passe sans que des attaques d’envergure de groupes criminels (dans le nord-ouest et le centre), jihadistes (dans le nord-est), ou séparatistes (dans le sud-est) n’endeuillent le géant ouest-africain, pourtant l’un des pays les plus dynamiques du continent. AFP
Quel avenir pour le «contrat du siècle» entre la RDC et la Chine?
Au cours de ces quatre jours de visite, la première à Pékin pour Félix Tshsiekedi depuis le début de son mandat en 2019, l’objectif de Kinshasa est de remettre à plat la relation sino-congolaise émoussée par le « contrat du siècle » passé il y a 15 ans sous l’ère Kabila. Un contrat « mines contre infrastructures » qui a tourné au fiasco. La RDC et les Congolais sont les grands perdants de ce contrat jugé léonin et que le numéro un Congolais va tenter de renégocier à partir de ce vendredi. RFI
En Algérie, Karim Tabbou, figure du Hirak, de nouveau ciblé par la justice
Nouvel épisode d’une longue série de poursuites en Algérie. Figure du Hirak, un mouvement populaire enclenché en 2019 pour faire barrage au cinquième mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika (1999-2019), Karim Tabbou a été placé sous contrôle judiciaire, jeudi 25 mai, après deux nuits en garde à vue. Quatre accusations sont retenues contre lui, mais ses avocats n’ont pas plus de précisions. « Notre client a été présenté seul et sans défense. Nous ignorons encore ce que contient son dossier », a affirmé au Monde Toufik Belala, membre du collectif de défense. Karim Tabbou, coordinateur du parti non agréé Union démocratique et sociale (UDS), a été arrêté par des agents en civil mardi à Dely Brahim, une commune de la wilaya d’Alger. « Nous ignorons à quelle institution appartiennent [ceux qui l’ont interpellé] », a alerté le jour même Me Belala. Plusieurs heures après son arrestation, Karim Tabbou a pu appeler ses proches et sa défense pour les informer de son placement en garde à vue. Prévenu par les avocats, le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs a indiqué ne pas être au courant de l’affaire. Le Monde
En Guinée, le combat d’Oumou Hawa Diallo pour reboiser le « poumon vert » de Conakry
Agée de 24 ans, la militante écologiste œuvre pour la résurrection de la forêt de Kakimbo, et plus largement pour la « conscientisation des Guinéens » aux enjeux environnementaux. … Ce combat pour la résurrection de la forêt, la jeune femme, chargée du développement numérique d’une entreprise présente notamment dans l’écotourisme après un diplôme d’informaticienne, le mène depuis 2018 au sein de l’association Agir contre le réchauffement climatique (Acorec), qu’elle a cofondée. Quand on lui demande ce qui l’a décidée à prendre les armes, Oumou Hawa Diallo plonge dans ses souvenirs d’enfance : « J’ai grandi dans une maison pleine de plantes et de fleurs qu’on traitait comme des bébés, comme des membres de la famille. Et puis au village, on a commencé à voir les effets du réchauffement climatique, les marigots s’assécher, les rivières se tarir. Ça a germé comme ça dans ma tête. » Le reboisement de la forêt de Kakimbo, théoriquement protégée par son statut de patrimoine national, est ainsi devenu un objectif. Le Monde
La Côte d’Ivoire impose des périodes de fermeture pour la pêche en mer
La Côte d’Ivoire, important pays africain exportateur de thon, va instaurer des périodes de fermeture de pêche en mer pour freiner la baisse du nombre de poissons, notamment début 2024 pour les navires thoniers majoritairement étrangers. « Face à la menace que constitue la baisse continue des ressources halieutiques marines », le ministère « a pris l’initiative d’instaurer un repos biologique annuel dans les zones marines de Côte d’Ivoire », a annoncé jeudi lors d’une conférence de presse le ministre des Ressources animales et halieutiques Sidi Tiémoko Touré. AFP
Des milliers de réfugiés soudanais au Tchad en quête de sécurité
A quelques kilomètres de la frontière avec le Soudan, Borota, au Tchad, abrite le plus grand camp de réfugiés soudanais. Plus de 30.000 personnes y ont trouvé refuge mais leur sécurité est loin d’être assurée. DW