Niger : un an après le coup d’Etat, comment le général Tiani est parvenu à asseoir son pouvoir
[F]ace à la menace d’intervention armée [de la CEDEAO] – qui ne s’est jamais concrétisée –, le régime commandé par le général Abdourahamane Tiani n’a pas flanché. Un an [après le coup d’état], la stratégie jusqu’au-boutiste de [l’ancien chef de la garde présidentielle – tombeur, le 26 juillet 2023, de celui qu’il était censé protéger – a payé. Le général de 60 ans, président autoproclamé, a installé son pouvoir. Ses promesses ambitieuses – et pour certaines paradoxales – pourraient aussi lui jouer des tours. Lui qui a justifié son coup d’Etat par sa volonté de contrer « la dégradation continue de la situation sécuritaire » sous la présidence de Mohamed Bazoum n’a pas fait mieux. Bien au contraire. Selon l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), près de 1 700 personnes ont été tuées depuis le coup d’Etat, soit une augmentation de 108 % par rapport à l’année précédente. Jamais les violences djihadistes n’avaient fait autant de morts. Dans le même temps, dans le nord du pays, des attaques sporadiques sont perpétrées depuis le printemps par deux nouveaux groupes politico-militaires qui réclament le retour à l’ordre constitutionnel, avec pour cible principale le pipeline destiné à exporter le brut nigérien vers le Bénin. Le Monde
Niger: Mohamed Bazoum, toujours déterminé à ne rien lâcher malgré sa détention
Il y a un an tout juste, Mohamed Bazoum était renversé par un coup d’État militaire. Le général Tiani, adoubé par le reste de l’armée, prenait le contrôle du pays. Un an plus tard, les militaires ont assis leur pouvoir : limitation des libertés, activités des partis politiques suspendues, voix critiques muselées. Aucun calendrier de retour à un pouvoir civil n’est annoncé. Le pays s’est également coupé de ses anciens alliés occidentaux pour se rapprocher notamment de la Russie…Détenu avec sa femme Hadiza, au sein de la résidence présidentielle du Niger, l’ancien président est depuis octobre dernier coupé du monde extérieur. Pas de sorties ni de visites autorisées, hormis celles régulières de son médecin : Mohamed Bazoum et son épouse Hadiza sont détenus depuis un an dans une aile de la résidence présidentielle…Car, outre un entretien physique régulier, Mohamed Bazoum « lit énormément », affirme une de ses proches. Un moyen d’évasion pour celui qui fut professeur de philosophie dans les années 1980. Ses lectures ? Des auteurs classiques comme Shakespeare, Voltaire ou Tolstoï, mais aussi plus contemporains tel Romain Gary dont il a lu Les Racines du ciel et La vie devant soi. Signe qu’il n’a pas coupé avec la chose politique, l’ancien président s’est également plongé dans Le triomphe des émotions, un essai récent du géopolitologue français Dominique Moïsi. Malgré une crise de paludisme qui l’a affaibli au printemps, le natif de N’Guigmi est, selon son entourage, toujours aussi déterminé à ne rien lâcher. Hors de question donc pour lui de signer sa démission. Et ce malgré la levée récente de son immunité présidentielle, levée qui pourrait ouvrir la voie à un procès. RFI
Au Mali, affrontements entre l’armée et des séparatistes près de la frontière avec l’Algérie
Des affrontements ont opposé jeudi 25 juillet l’armée malienne et leurs alliés russes à des groupes rebelles séparatistes près de la frontière avec l’Algérie, ont rapporté à l’AFP un porte-parole des séparatistes et un témoin. La junte au pouvoir au Mali depuis 2020 a fait de la reconquête du territoire national l’une de ses priorités. Après avoir repris plusieurs localités, l’armée a affirmé lundi avoir pris le contrôle d’In-Afarak, un carrefour commercial situé à 122 kilomètres au nord-ouest de Tessalit, dans la région de Kidal. Elle a lancé mercredi une nouvelle offensive dans la localité de Tinzaouatine, près de la frontière avec l’Algérie…Les groupes armés séparatistes ont perdu le contrôle de plusieurs localités du nord du Mali fin 2023 après une offensive de l’armée qui a culminé par la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu de souveraineté majeur pour l’Etat central. L’offensive dans le nord du pays a donné lieu à de nombreuses allégations d’exactions commises à l’encontre de la population civile par les forces maliennes et leurs alliés russes depuis 2022, ce que les autorités maliennes démentent. Le Monde avec AFP
Au Burkina Faso, des paramilitaires russes filmés pour la première fois aux côtés du président
Depuis des mois, des informations concordantes faisaient état de la présence de paramilitaires russes autour du chef de la junte burkinabée, Ibrahim Traoré, mais pour la première fois, des images en apportent la preuve. Cette vidéo a été tournée jeudi 25 juillet, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, lors d’une cérémonie officielle banale : la remise d’une quinzaine de cliniques mobiles au ministère de la santé sur l’esplanade du monument des Martyrs. Filmées par un participant, les images, qui circulent depuis sur les réseaux sociaux, montrent « IB », selon le surnom donné au président Ibrahim Traoré par ses compatriotes, descendre de son 4 × 4 et s’engager sur un tapis rouge jusqu’à son comité d’accueil…Tout autour de lui, un solide dispositif de sécurité, composé de soldats burkinabés. Mais aussi, au premier plan, de deux hommes armés de fusils d’assaut et habillés en treillis intégral, le visage dissimulé par un cache-cou et des lunettes ou un masque sur les yeux. Sur l’épaule gauche du premier, un détail retient l’attention : un drapeau russe. Sur l’épaule droite du second, un autre écusson : celui de la Brigade Bear, reconnaissable à son empreinte d’ours. Le casque de cet homme est aussi orné d’un petit Jolly Roger, le drapeau noir des pirates, un symbole fréquemment utilisé par les mercenaires du groupe russe Wagner présents au Mali voisin. Visibles sur la vidéo amateur, ces deux hommes ne le sont pas dans le reportage officiel, diffusé par le Service d’information du gouvernement (SIG) burkinabé, qui a préféré diffuser un plan serré du président de la transition…Sur les images filmées jeudi à Ouagadougou, il apparaît donc que certains membres de la Brigade Bear participent aussi au dispositif de sécurité d’Ibrahim Traoré – avec lequel M. Yermolaev revendique une certaine proximité. Le Monde
Burkina Faso: face aux violences, des milliers de personnes se réfugient au Niger
La récente dégradation de la situation sécuritaire au Burkina a contraint des dizaines de milliers de personnes à se réfugier au Niger. C’est le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui s’en alarme (dans un communiqué publié le 23 juillet). Le HCR relève que cet afflux massif exacerbe une situation déjà « désastreuse » dans la région de Tillabéry. Le HCR s’est penché sur les conséquences des attaques menées de fin mai à début juin 2024 au Burkina Faso par les « groupes armés non-étatiques », à savoir les jihadistes du Jnim, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda. Ces attaques ont été menées dans les communes de Mansila, Kantchari et Sempelga, dans la région burkinabè du Sahel. Ces trois seules attaques ont « forcé plus de 3 000 demandeurs d’asile burkinabè à fuir vers Téra, dans la région de Tillabéry au Niger ». Une région où les déplacés internes nigériens sont déjà très nombreux. Au total, à ce jour, les Nations unies recensent « au moins 153 000 déplacés internes nigériens et plus de 36 000 demandeurs d’asile burkinabè » dans la région de Tillabéry. Une situation qui « met à rude épreuve les ressources locales et la résilience des communautés d’accueil. » RFI
L’absence de l’Etat dans le sud du Burkina impacte le Togo
Des djihadistes se sont emparés, le week-end des 20 et 21 juillet, pendant quelques heures, d’un poste avancé de l’armée dans le nord du Togo, près de la frontière avec le Burkina Faso. Cette attaque, selon des analystes, est une conséquence directe de l’insécurité au Burkina Faso. Depuis le début des menaces, les autorités togolaises ont mis en place plusieurs dispositifs pour renforcer la sécurité dans le Nord du pays. Tout d’abord, des investissements ont été faits ces dernières années dans la formation et l’équipement des forces de sécurité pour mieux faire face aux menaces djihadistes. Le Togo participe aussi activement aux initiatives régionales de sécurité, telles que l’initiative d’Accra qui prévoit une force commune contre le terrorisme. Mais comme l’expliquait récemment le journaliste et chercheur sur les groupes armés dans le Sahel, Wassim Nasr, la situation est plus complexe dans la région et les Etats ont besoin de beaucoup plus de moyens…Pour réduire la vulnérabilité des populations locales à la radicalisation, des programmes de développement économique et social ont été mis en place pour améliorer les conditions de vie dans les zones frontalières. Malgré ces efforts, l’attaque récente montre que la menace djihadiste reste présente et capable de frapper même des zones relativement mieux sécurisées…En effet, les dispositifs sécuritaires du Togo ont sans doute permis de limiter l’ampleur des incursions djihadistes et de maintenir une certaine stabilité dans le Nord du pays…L’attaque djihadiste dans le nord du Togo est un rappel brutal de la vulnérabilité des États face aux menaces transnationales. Elle souligne l’importance de renforcer la coopération régionale et d’adopter des approches qui combinent sécurité, développement et gouvernance, précise la même source. DW
RDC : Washington annonce des sanctions contre les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo, dont fait partie le M23
Le département américain du Trésor a annoncé, jeudi 25 juillet, une série de sanctions visant une coalition de groupes rebelles congolais, l’Alliance Fleuve Congo (AFC), accusée de vouloir renverser le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC). L’AFC, qui comprend notamment le Mouvement du 23 mars (M23), est accusée par Washington de renforcer l’instabilité dans le pays et les déplacements de civils, en particulier dans l’Est, où les combats sont réguliers depuis plus de vingt ans…Les sanctions visent notamment Bertrand Bisimwa, le président du M23, et Charles Sematama, le chef militaire d’un autre groupe armé, Twirwaneho, ainsi que l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante, Corneille Nangaa, accusé par Washington d’avoir joué un rôle-clé dans le report des élections, prévues en 2016, jusqu’en 2018. Les sanctions prévoient, comme à chaque fois, le gel de l’ensemble des avoirs détenus aux Etats-Unis, directement ou indirectement, par les entités ou personnes visées, ainsi que l’interdiction pour toute entreprise ou citoyen américain de commercer avec les personnes, physiques ou morales, sanctionnées. Dans un communiqué séparé, le département d’Etat a confirmé participer aux sanctions annoncées, ce qui implique également une interdiction pour les personnes visées d’entrer sur le territoire américain. Le Monde avec AFP
Afrique du Sud: 95 Libyens arrêtés après un raid contre un camp militaire présumé
Beaucoup de questions en Afrique du Sud après la découverte de ce qui ressemble à un camp d’entraînement militaire : 95 ressortissants Libyens y ont été interpellés. Ils étaient dans le pays depuis avril pour suivre un entraînement de garde de sécurité mais la police les soupçonne d’une formation beaucoup plus extrême. À première vue, ce lieu ressemble à un camp militaire, avec de larges tentes kaki, des sacs de sable pour les maintenir, une structure pour passer des obstacles et des containers aux couleurs du camouflage. Mais la ressemblance s’arrête là car la police ne mentionne aucune saisie d’arsenal militaire et le site était déjà présenté comme un camp d’entraînement pour une société de sécurité. Les 95 ressortissants libyens découverts sur le site n’étaient pas habillés en tenue militaire. Ils ont tous été conduits dans des commissariats pour être interrogés. Pour le moment, ils sont inquiétés pour avoir violé les lois sur l’immigration car ils sont soupçonnés d’avoir menti sur la raison pour laquelle ils sont venus en Afrique du Sud. Ces Libyens vivaient dans des conditions déplorables, selon un journaliste présent sur place qui a décrit des restes de nourriture, des mouches, des odeurs nauséabondes. Le camp a été découvert dans une région rurale, agricole, au nord de l’Afrique du Sud et proche du Mozambique. La police rassure la population : elle n’encourt aucun risque et elle promet de fournir plus de détails dès que possible. RFI
Algérie: trois candidats retenus pour la présidentielle, dont le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune
En Algérie, l’Autorité électorale a annoncé jeudi avoir accepté seulement trois candidatures sur seize pour l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre dont celle du président sortant Abdelmadjid Tebboune qui a le plus de chance de l’emporter et qui part favori. Le président Tebboune, 78 ans, avait annoncé le 11 juillet vouloir briguer un deuxième mandat. Il est pour cela appuyé par quatre formations politiques dont le FLN et le parti islamiste al Bina d’Abdelkader Bengrina. Pour les deux autres dossiers retenus, il s’agit d’Abdelali Hassani, président du principal parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), et de Youssef Aouchiche, chef depuis 2020 du Front des forces socialistes (FFS). Abdelali Hassani, est un ingénieur des travaux publics de 57 ans. Il préside le principal parti islamiste, MSP. Le troisième candidat, Youssef Aouchiche, est un ancien journaliste et député de 41 ans qui dirige depuis 2020, le Front des forces socialistes (FFS), un parti de l’opposition historique ancré en Kabylie. Le FFS a mis fin à un boycott des élections présidentielles qui a duré 25 ans. Cette confirmation de trois candidatures, définitivement retenues pour la présidentielle en Algérie, n’est pas une surprise : les prétendants devaient présenter au moins 600 signatures d’élus de différentes assemblées répartis dans 29 préfectures, ou au minimum 50 000 signatures d’électeurs inscrits avec au moins 1 200 signatures par préfecture. Les deux seules femmes candidates, l’avocate Zobeida Assoul, avocate du Hirak, et Saïda Nezgha, qui dirige l’une des grandes organisations patronales, ont été rejetées. Cette dernière a annoncé qu’elle tentera un recours devant la Cour constitutionnelle. « Je ne crains personne, j’arracherai mes droits par la force de la loi », a-t-elle déclaré. RFI
L’armée soudanaise annule le passeport diplomatique de Hemedti et de plusieurs de ses soutiens
Le ministère soudanais des Affaires étrangères du gouvernement désigné par l’armée a décidé le 20 juillet d’annuler les passeports diplomatiques de plusieurs responsables militaires et politiques du Soudan. Le chef des forces de soutien rapide et son frère, le vice-président de ces forces, figurent sur la liste qui regroupe au total 112 personnalités. Selon les médias soudanais qui ont publié une copie de la circulaire et la liste des personnes concernées par cette décision, ces responsables politiques sont tous accusés de soutenir les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). En plus de Mohamad Hamdnane Daglo, le président des forces de soutien rapide, de son frère, Abderrahmane le vice-président et de sa femme, la liste comprend des dirigeants des Forces de liberté et du changement, coalition crée après la chute d’Omar el Béchir en 2019. La plupart de ces membres ont acquis des passeports diplomatiques. Parmi ces responsables, il y a Khaled Omar Youssef, Mohamed el-Faki ainsi que Mariam Sadek al-Mahdi et plusieurs autres responsables du parti Oumma. Abdallah Hamdok, l’ancien premier ministre, et l’actuel président de la coalition Taqaddum y figure aussi. Il avait signé un accord avec Mohamed Hamdan Daglo au début de cette année…Cette décision intervient à la veille des discussions qui doivent se tenir le 14 août prochain à Genève sous l’égide des Nations Unies et de Washington. Alors que les FSR ont salué l’idée de ces pourparlers et confirmé leur présence, l’armée soudanaise n’a pas encore réagi. RFI
JO 2024: Cindy Ngamba, boxeuse camerounaise et porte-drapeau de l’équipe olympique des réfugiés
Parmi les délégations présentes en France, il y a l’équipe olympique des réfugiés composée de 37 athlètes de 15 nationalités différentes. La boxeuse camerounaise Cindy Ngamba portera le drapeau accompagné du spécialiste syrien de taekwondo, Yahia Al Ghotany…Le pouvoir de s’assumer complètement, voilà ce que Cindy Ngamba, née à Douala, a trouvé adolescente du côté de l’Angleterre. Épaulée par son grand frère, la boxeuse s’essaie d’abord au football avant de s’enfiler les gants. Depuis, les titres nationaux s’enchaînent et la qualification pour les Jeux a été une formalité : « Je suis partie deuxième pour la qualification en Italie. J’ai gagné ma dernière bagarre. » Homosexuelle, la pugiliste camerounaise ne pouvait rentrer dans son pays sous peine d’être emprisonnée. Elle obtient son statut de réfugiée en 2021. Sa vie a basculé depuis mais Cindy Ngamba n’oublie pas que ses combats vont bien au-delà du sport : « C’est un honneur de représenter les réfugiés aux Jeux olympiques. J’espère que tous les réfugiés, pas seulement les sportifs, pourront nous voir et leur montrer que ça peut être eux un jour. » Cindy Ngamba portera fièrement le drapeau de l’équipe olympique des réfugiés, avant de retirer la tenue de cérémonie et tout donner pour aller chercher la toute première médaille de cette délégation. RFI