Revue de presse du 26 avril 2023

Burkina Faso : à Karma, « les militaires ont défoncé les portes des maisons et ont réuni les habitants dehors pour les tuer »
Sur les photos prises dans le village de Karma (Burkina Faso) par des habitants et des rescapés, mardi 25 avril, cinq jours après la tuerie, apparaissent encore des dizaines de cadavres entassés dans les cours. Çà et là, gisent des femmes avec leur bébé au dos ; un enfant, la tête cachée dans ses bras. Les murs des maisons sont criblés de balles. … D’après le procureur du tribunal de grande instance de Ouahigouya, qui s’est exceptionnellement « saisi de ces faits dont la gravité est avérée », une soixantaine de personnes ont été tuées à Karma, jeudi 20 avril. En réalité, le nombre de morts serait au moins deux fois plus élevé. Dans un communiqué publié mardi, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme estime qu’« au moins 150 civils » auraient disparu après l’attaque menée par « des hommes armés en uniforme qui seraient des membres des forces de défense et de sécurité, accompagnés d’auxiliaires paramilitaires ». Si les faits sont confirmés, la tuerie de Karma est le pire massacre perpétré par l’armée burkinabée contre des civils depuis le début de la guerre déclenchée par des groupes djihadistes contre l’Etat en 2015. Le Monde

Burkina Faso: les survivants du massacre de Karma réclament justice et vérité
Les victimes de la tuerie de Karma, survenue le 20 avril, sont sorties de leur silence ce mardi 25 avril. Elles ont rappelé que ce sont des hommes en uniformes militaires qui ont encerclé leur village très tôt le matin, avant de procéder à des assassinats de masse. Si le procureur du Faso estimait le nombre de victimes à une soixantaine, les ressortissants, eux, pensent plutôt qu’elles sont plus d’une centaine, dont des personnes âgées, des femmes, des enfants et même des bébés. C’est à la suite d’une réunion, qui s’est tenue ce 25 avril au matin, que rescapés et proches des victimes de la tuerie de Karma ont décidé de publier un communiqué. Elles ont voulu revenir sur l’attaque de leur village, situé dans la province de Yatenga, dans le nord du Burkina Faso. « Il est important que les gens connaissent la vérité », explique un villageois. RFI

Au Burkina Faso, les journalistes doivent choisir leur camp
Ce 18 mars, le journaliste Lookman Sawadogo est convoqué à la Sûreté de l’État à Ouagadougou. Accompagné de son avocat, Me Paulin Salambéré, on lui demande de s’expliquer sur le contenu de l’émission « 7Afrique » qu’il anime sur la chaîne privée LCA. « J’ai été interrogé sur le traitement des sujets sécuritaires, raconte-t-il. Il a été aussi question du Centre national d’appel [CNA, mis en place « pour permettre aux Burkinabé de contribuer à la lutte contre le terrorisme »]. On me demande de lui envoyer les informations dont je dispose ou de me tourner vers lui pour en obtenir. » … Les Organisations professionnelles des médias (OPM) du Burkina ont ainsi attiré l’attention sur le cas de Radio Oméga et des journalistes Hyacinthe Sanou, Boukari Ouoba, Lamine Traoré, Lookman Sawadogo, Newton Ahmed Barry et Alain Traoré. Signe que les choses ont changé au pays des Hommes intègres ? … « La haine contre les médias et les journalistes s’est accentuée depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré sur la scène politique », regrettent les OPM. … Tout en prévenant qu’ « embastiller l’information peut cacher une incompétence ou une incapacité à produire des résultats à la hauteur des attentes du peuple ». Jeune Afrique

Comment la Russie entend s’allier avec les médias africains
Journalistes, intellectuels, influenceurs… Ils étaient une soixantaine à participer à un webinaire, le 9 février, lors duquel il a été décidé de tisser un nouveau partenariat entre médias russes et africains. Tous se réuniront de nouveau le 3 mai afin d’acter la création d’une association de journalistes. À la manœuvre à travers le Russian African Club, la réputée Université d’État Lomonosov de Moscou et le ministère russe des Affaires étrangères dirigé par Sergueï Lavrov. Face aux médias occidentaux, jugés responsables d’une campagne de dénigrement du Kremlin, cette nouvelle alliance vise à « coordonner le développement des relations russo-africaines dans le domaine de la diffusion d’une information objective et fiable », explique le projet de mémorandum, que Jeune Afrique a pu consulter. Ce même document précise que le Forum des journalistes russes et africains, désigné comme « organe suprême » de la nouvelle association, se réunira une fois par an. Entre chaque édition seront organisés « des réunions de travail, des conférences, des colloques, des études conjointes, des séminaires de formation […] », notamment. Jeune Afrique

Niger: coopération et questions sécuritaires au programme de la visite de deux députés français
Le président de la commission de la Défense nationale et des Forces armées à l’Assemblée nationale française, Thomas Gassilloud et la députée Michèle Peyron, présidente du groupe d’amitié France-Niger, sont en visite à Niamey. Les deux députés français séjourneront pendant 72 heures au Niger, un pays stratégiquement important pour la France du fait de son histoire, et surtout du fait de sa situation géographique. C’est un carrefour sécuritaire, a déclaré le député Thomas Gassilloud. Avec son homologue nigérien, Thomas Gassilloud, président de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale française, discutera de l’aspect sécuritaire. « Nous, ce qu’on essaie de faire, c’est de participer finalement au développement de la relation bilatérale, au travers de la relation avec nos homologues. Moi, par exemple, au travers de mon homologue qui est président de la Commission de la défense. » Des visites de terrains sont prévues, la députée ira à la rencontre des populations nigériennes. « Là, je me rends compte de l’aide au développement, des écoles qui ont été cofinancées par la France ». RFI

Soudan: le Conseil de sécurité de l’ONU s’inquiète après un cessez-le-feu très partiel
Pour le chef de la mission onusienne au Soudan Volker Perthes, qui s’adressait au conseil depuis Port-Soudan en visioconférence, le cessez-le-feu restait fragile et bien qu’en partie respecté dans certaines zones, les affrontements autour de « lieux stratégiques » ont « largement continué et parfois même se sont intensifiés ». Les factions rivales du général Abdel Fattah al-Burhane, et de son ancien numéro 2 le général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », ne semblent pas prêtes à négocier sérieusement : chacune serait convaincue de pouvoir emporter une victoire militaire, tout simplement, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten. L’émissaire de l’ONU au Soudan a aussi dénoncé les attaques contre les civils, les hôpitaux, les convois médicaux – et les violations nombreuses du droit de la guerre. La situation humanitaire, déjà très fragile au Soudan avec un tiers de la population dépendante de l’aide, s’achemine vers une catastrophe. RFI

Au Soudan en plein chaos, des suspects de crimes contre l’humanité en fuite
Un ancien responsable de la dictature au Soudan recherché pour crimes contre l’humanité a annoncé s’être enfui de prison en compagnie d’autres anciens collaborateurs dans ce pays en plein chaos, faisant craindre un nouvel embrasement au moment où un cessez-le-feu conclu sous l’égide des Etats-Unis reste fragile. Ahmed Haroun était détenu à la prison de Kober, dans la capitale Khartoum, avec d’autres hauts responsables de l’ancien régime, en particulier Omar Al-Bachir, dictateur déchu en 2019 et sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité » et « génocide » au Darfour. Dans une allocution enregistrée à la télévision soudanaise mardi soir 25 avril, M. Haroun, également recherché par la CPI, a affirmé que d’anciens responsables du régime de M. Al-Bachir n’étaient plus en détention. « Nous sommes restés en détention à Kober pendant neuf jours (…) et nous avons désormais la responsabilité de notre protection » dans un autre lieu, a-t-il affirmé. Le Monde avec AFP

Vent de panique à l’Union africaine après une nouvelle cyberattaque
Stupéfaction au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba. Le 3 mars, dix jours après la clôture du sommet annuel de l’organisation qui réunit les chefs d’Etats du continent, subitement c’est l’écran noir. Le système informatique s’est effondré. « Une cyberattaque massive a compromis les capacités de notre data center et a coupé l’accès à nos services et nos applications », prévient le 7 mars la vice-présidente de la Commission, Monique Nsanzabaganwa, dans une note interne, que Le Monde s’est procurée. L’attaque paralyse aussitôt l’intranet de l’institution. Les services financiers sont inaccessibles, tout comme les boîtes mail ou encore le logiciel de gestion de la performance du personnel. Plus de 200 ordinateurs sont infectés, suscitant un mouvement de panique au sein de l’organisation panafricaine. Le Monde

Discussions de paix à Zanzibar entre l’Ethiopie et une rébellion oromo
Le gouvernement éthiopien et l’Armée de libération oromo (OLA) ont entamé mardi de premières discussions à Zanzibar, île semi-autonome de Tanzanie, a annoncé un porte-parole de cette rébellion active dans la région de l’Oromia, la plus vaste et peuplée d’Ethiopie. « Des négociations ont commencé ce (mardi) matin à Zanzibar. Ces discussions initiales visent à poser les fondations pour des discussions plus approfondies dans un futur très proche », a déclaré à l’AFP Odaa Tarbii. « Le but pour le moment est de créer un climat de confiance et de clarifier les positions » des parties, a-t-il ajouté, précisant que « les gouvernements de Norvège et du Kenya servent de médiateurs ». AFP

M23 en RDC : qui va payer pour la force régionale ?
Critiquée par l’opinion congolaise, en délicatesse avec les Forces armées de RDC (FARDC) et une partie de l’entourage de Félix Tshisekedi, la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EACRF) a malgré tout continué à renforcer sa présence au Nord-Kivu, avec l’arrivée des premiers contingents ougandais et sud-soudanais début avril. Toujours en cours de déploiement dans les zones où le M23 a amorcé un retrait, l’EACRF demeure confrontée à un problème chronique depuis sa création, en juin 2022 : celui du financement de ses opérations militaires. Selon les statuts de cette force – adoptés pour six mois en septembre 2022 et en attente de renouvellement –, les pays sont censés financer eux-mêmes l’intervention de leurs contingents. Mais les États membres, qui déploient des troupes dans l’est de la RDC, prospectent individuellement depuis des mois pour obtenir des fonds afin de soutenir leurs opérations. Et William Ruto est sans doute celui qui se montre le plus pro-actif dans ce domaine. Jeune Afrique

Les propos du président Paul Kagame sur les frontières entre la RDC et le Rwanda sont-ils fondés historiquement ?
Le 15 avril dernier à Cotonou, au Bénin, à l’occasion de sa visite dans ce pays, le président rwandais Paul Kagame a remis en cause la légitimité des frontières entre le Rwanda et la RDC héritées de la période coloniale. Selon le chef de l’État rwandais une partie du Rwanda avait été donnée à l’actuelle RDC. Les propos de Paul Kagame sont-ils fondés historiquement ? Bob Kabamba, professeur congolais de sciences politiques à l’Université de Liège et Jean-Pierre Karegeye, enseignant rwandais au Dickinson College et à Harvard, répondent à nos questions. TV5Monde

Recadrage de Ramaphosa: l’Afrique du Sud ne quitte pas la CPI
La présidence de l’Afrique du Sud a annoncé mardi qu’elle ne quitterait pas la Cour pénale internationale (CPI), invoquant une « erreur » de communication du parti au pouvoir, l’ANC, concernant le mandat d’arrêt contre le président de la Russie, Vladimir Poutine, pour crime de guerre présumé en Ukraine. « La présidence souhaite clarifier le fait que l’Afrique du Sud reste signataire du Statut de Rome (…) Cette clarification fait suite à un commentaire erroné lors d’une conférence de presse de l’ANC », a annoncé la présidence dans la soirée. Le président Cyril Ramaphosa avait annoncé mardi que l’ANC avait demandé que le pays, critiqué depuis le début de la guerre en Ukraine pour sa proximité avec Moscou, quitte la CPI. … La question de savoir si l’Afrique du Sud arrêtera Poutine est « à l’étude », avait ajouté le chef d’Etat. Le président russe Vladimir « Poutine peut venir à tout moment dans ce pays », avait déclaré plus tôt le secrétaire général de l’ANC Fikile Mbalula lors d’une conférence de presse. AFP

Mozambique : explosion des cas de choléra après le cyclone Freddy
Les cas de choléra au Mozambique ont été multipliés par dix depuis février avec plus de 28 000 personnes infectées dans le pays d’Afrique australe encore sous le choc après le passage du cyclone meurtrier Freddy, a alerté mardi l’Unicef. « Plus de 28 000 cas de choléra ont été enregistrés au Mozambique », a déclaré lors d’une conférence de presse à Genève, Guy Taylor, porte-parole de la branche mozambicaine de l’agence des Nations unies qui a distribué 2,4 millions de doses de vaccins oraux dans le pays. « C’est dix fois plus que le chiffre enregistré au début du mois de février, et plus de la moitié des cas concernent des enfants », a-t-il poursuivi, ajoutant que les chiffres continuent d’augmenter. L’interruption de l’approvisionnement en eau, des services d’hygiène et de l’assainissement causé par le cyclone a accru la propagation. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la maladie a tué 123 personnes au Mozambique depuis la fin de l’année 2022. Infection diarrhéique aiguë provoquée par l’absorption d’aliments ou d’eau contaminés par une bactérie, le choléra est en forte recrudescence notamment en Afrique, selon l’OMS. Le Monde avec AFP

Combats au Soudan : gare aux vidéos détournées sur les réseaux sociaux
« Info ou Intox » s’intéresse aux affrontements qui se déroulent depuis 10 jours au Soudan, opposant l’armée régulière et les paramilitaires des forces spéciales rapides (FSR). Les civils sont les premières victimes des tirs et des bombardements. Sur les réseaux sociaux, des vidéos prétendent montrer des combats ou atrocités qui seraient filmés dans le pays. Mais ces images sont parfois plus anciennes et peuvent avoir été tournées ailleurs qu’au Soudan. France24