Revue de Presse du 26 avril 2022

En Afrique de l’Ouest, l’offensive des réseaux russes de désinformation
Pour se rendre à une manifestation de soutien à la Russie, Ismaël Sawadogo a demandé à un tailleur de lui coudre trois drapeaux aux couleurs russes : l’un pour l’accrocher à sa moto, un autre à porter comme un poncho et le dernier qu’il arbore comme couvre-chef tricolore. Coût de la commande, 5 000 francs CFA, soit environ 7,50 euros et près d’un quart de ses revenus mensuels. Le jeune Burkinabé est devenu “fan de Vladimir Poutine” après s’être plongé dans des vidéos sur les commandos russes diffusées sur Facebook. Il a été confronté au terrorisme dans son village et aux messages des réseaux sociaux qui accusaient “la France et l’Occident d’avoir alimenté l’effusion de sang, tout en présentant Poutine comme un héros prêt à aider”. Selon l’enquête du Washington Post, les messages et contenus prorusses sur les réseaux sociaux se sont multipliés depuis la guerre menée contre l’Ukraine. Ce sont ainsi des dizaines de comptes au Burkina Faso et dans les pays voisins qui diffusent le même message : l’Otan est l’agresseur et Moscou “est en mission humanitaire en Ukraine”, rapporte le quotidien américain. Code for Africa, un consortium d’investigation qui suit la désinformation dans 21 pays, a ainsi cartographié un réseau de 175 pages Facebook diffusant des récits prorusses et anti-occidentaux dans toute la région. Derrière cette communication qualifiée d’“industrielle” par un expert cité par le Washington Post, on retrouve Evgueni Prigojine, oligarque proche de Poutine, à la tête de la société paramilitaire privée Wagner. Courrier International (Washington Post)

Burkina: pas de changement de calendrier après l’ultimatum de la Cédéao sur la transition
Au Burkina Faso, les autorités burkinabè ne présenteront pas de nouveau calendrier pour la transition. Le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, l’a annoncé, lundi 25 avril, à l’AFP. C’était pourtant une requête de la Cédéao qui, en février, avait donné jusqu’à ce 25 avril, aux autorités burkinabè, pour fournir un « chronogramme raisonnable de retour à l’ordre constitutionnel. » La charte de la transition, signée début mars, prévoit un délai de trois ans avant de tenir des élections libres, une durée jugée trop longue par la Cédéao qui menace de prendre des sanctions économiques. « Nous n’allons pas sacrifier nos efforts pour ramener la paix au Burkina Faso en courant derrière un calendrier intangible », explique Lionel Bilgo à l’Agence France-Presse. RFI

Guinée: malgré l’ultimatum de la Cédéao, toujours pas de chronogramme de transition
Plus de 7 mois après le coup d’Etat qui a renversé le président Alpha Condé, les nouvelles autorités n’ont toujours pas annoncé de chronogramme de la transition. Et ce, malgré l’expiration lundi, de l’ultimatum fixé par la Cédéao. L’organisation sous régionale n’a pas encore communiqué sur la marche à suivre, mais selon certaines sources, la Cédéao se laisse encore quelques jours pour poursuivre les discussions. Ces dernières semaines, Conakry a posé certains actes pour tenter de se conformer aux exigences de l’organisation sous régionale. RFI

Soudan: six mois après le coup d’État militaire, toujours pas de gouvernement
Six mois après le coup d’État militaire, le Soudan n’a toujours pas de gouvernement. Les Nations unies et l’Union africaine ont tenté une médiation entre militaires et civils, mais celle-ci n’avance pas. Partis politiques et société civile sont divisés sur la question d’un dialogue avec le régime militaire. Certains refusent tout contact avec la junte comme les comités de résistance qui organisent les manifestations hebdomadaires et qui exigent le retour d’un gouvernement civil. De leur côté, les militaires sont peu pressés de dialoguer. Ils ont d’autres objectifs comme celui par exemple de trouver des partenaires économiques pour sortir le pays de la crise, d’où les récents déplacements du général Burhan en Arabie Saoudite et du numéro 2, le général Hemedti en Russie, indique un chercheur. Il s’agit aussi et surtout de s’assurer le soutien des islamistes en prévision d’élections qui pourraient avoir lieu l’année prochaine. Une dizaine de cadres de l’ancien régime ont d’ailleurs été libérés, il y a deux semaines. RFI

Algérie : après quatre ans de trêve, le front social s’enflamme sur le pouvoir d’achat
Les syndicats de la fonction publique annoncent une grève nationale pour les 26 et 27 avril. Alors que les autorités ont déjà menacé de lancer des poursuites, un bras de fer s’annonce. L’exécutif algérien s’apprête à faire face à une mobilisation inédite contre l’augmentation généralisée des prix des produits de grande consommation. Une coalition de 29 syndicats de la fonction publique, de l’Éducation nationale à la Santé en passant par l’Éducation nationale, les Affaires religieuses, l’administration fiscale et l’administration locale, appellent à une grève nationale les 26 et 27 avril. L’ampleur de la contestation annoncée a fait réagir le gouvernement, qui a lancé le 21 avril des menaces contre les syndicats impliqués, lesquels « prendraient la responsabilité, soit d’appeler les travailleurs et les fonctionnaires à une grève nationale solidaire contraire aux dispositions de la loi, soit de commettre des actions de contestation se traduisant par une atteinte à la liberté de travail et à la continuité des services publics ». Le communiqué du ministère du Travail précise que la Confédération des syndicats algériens « n’a pas reçu à ce jour le récépissé d’enregistrement de sa déclaration de constitution ». Jeune Afrique

Au Maroc, quatre ans de prison pour un militant et journaliste citoyen accusé d’avoir critiqué le roi
Un militant marocain, Rabie Al-Ablaq, a été condamné lundi 25 avril à quatre ans de prison ferme pour « offense » envers le roi Mohammed VI sur les réseaux sociaux, a-t-on appris auprès de sa défense. « Le tribunal de première instance d’Al-Hoceima [nord] a condamné Rabie Al-Ablaq à quatre ans de prison ferme pour offense envers la personne du roi par voie électronique », a déclaré à l’AFP son avocat Abdelmajid Azaryah. Ce militant et journaliste citoyen de 35 ans devra également s’acquitter d’une amende de 20 000 dirhams (quelque 1 900 euros). Son avocat a annoncé son intention de faire appel. M. Al-Ablaq a comparu libre devant le tribunal d’Al-Hoceima où son procès s’était ouvert le 11 avril. L’accusé était poursuivi pour avoir publié « des vidéos critiquant les disparités sociales et la corruption », selon son avocat. « J’ai été choqué par ce verdict car il [M. Al Ablaq] n’a fait qu’exprimer son opinion. J’estime qu’il n’a pas porté atteinte à l’institution [royale]. » Le Monde avec AFP

Corruption: Madagascar bientôt dans la liste des pays à risques?
Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI), organe indépendant du système de lutte contre la corruption à Madagascar, tire la sonnette d’alarme. Si rien ne change d’ici septembre, le pays basculera sur la liste des pays à risques du Gafi, l’organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cette inscription vaudrait à la Grande Île des sanctions financières lourdes, mais aussi des contraintes qui vont impacter sur les Malgaches, quel que soit leur niveau social. RFI

Centrafrique : le premier procès de la CPS à nouveau renvoyé
Démarrage difficile pour le tout premier procès de la Cour pénale spéciale depuis sa création il y a 7 ans. La CPS est une juridiction mixte composée de magistrats nationaux et internationaux et chargée de juger les crimes le plus graves commis en Centrafrique depuis 2003. Si le procès a effectivement démarré, pour l’ouverture des débats il faudra encore attendre. Puisque l’audience a été une nouvelle fois reportée au 16 mai prochain. RFI

Un membre présumé d’un escadron de la mort gambien jugé en Allemagne
Le procès d’un Gambien accusé d’avoir fait partie d’un escadron de la mort sous l’ancien dictateur Yahya Jammeh a débuté lundi 25 avril en Allemagne. Salué comme une avancée dans le combat des victimes du régime, ce procès, qui pourrait se tenir jusqu’en 2023, est « le premier à poursuivre les violations des droits humains commises en Gambie », souligne l’ONG Human Rights Watch. Bai Lowe, 46 ans, comparaît devant le tribunal de Celle (Basse-Saxe) pour crimes contre l’humanité, meurtres et tentatives de meurtre entre 2003 et 2006. Parmi les faits poursuivis, l’assassinat du journaliste Deyda Hydara. Cofondateur du journal privé The Point, il était aussi le correspondant en Gambie de l’AFP et de l’ONG Reporters sans frontières. Agé de 58 ans et père de quatre enfants, il était considéré comme le doyen des journalistes de ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest. Lors de la première audience, sans ôter son anorak de la journée, Bai Lowe a suivi les débats, principalement consacrés à des points techniques, sans prendre la parole. « C’était bien, ce face-à-face avec lui », a affirmé à l’AFP, à la fin de l’audience, Baba Hydara, fils de Deyda Hydara et partie civile : « Après dix-huit ans d’attente, ce procès historique est le symbole que les crimes ne peuvent pas restés impunis. » Le Monde avec AFP

Les rebelles burundais refusent les exigences du mini-sommet de Nairobi
Lors du mini-sommet consacré à la sécurité à l’est de la République démocratique du Congo jeudi 21 avril à Nairobi, les chefs d’État du Burundi, du Kenya, de l’Ouganda, de la RDC et du Rwanda ont décidé de soutenir Kinshasa dans sa lutte contre les groupes armés qui y sévissent. Le président burundais a lancé un appel aux groupes armés burundais, qu’il avait qualifiés de « criminels », à déposer les armes et à rentrer. Un message qui ne passe pas pour le principal groupe rebelle burundais, le RED – Tabara. Le groupe Résistance pour un État de Droit (RED) – Tabara a dénoncé dans un communiqué du 24 avril un « langage insultant » et des « propos méprisants » à l’égard « des milliers de Burundais qui ont fui la terreur du parti CNDD-FDD » du président Évariste Ndayishimiye. Cela avant d’opposer, à lui et à ses pairs de la communauté des États d’Afrique de l’Est, une fin de non-recevoir. Le groupe affirme qu’il « ne déposera ses armes que lorsque le droit aux élections libres et crédibles (…) sera totalement rétabli » au Burundi, selon son porte-parole Patrick Nahimana. RFI

Deux décès causés par le virus Ebola signalés en République démocratique du Congo
Un deuxième décès causé par le virus Ebola a été signalé mardi en République démocratique du Congo, quelques jours après la détection d’un nouveau foyer de cette maladie mortelle dans le pays, a indiqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les deux personnes décédées sont un homme et une femme du nord-ouest de la RDC, qui avaient un lien de parenté. Selon l’OMS, le premier patient avait contracté la maladie par l’intermédiaire d’un animal infecté. Il a développé des symptômes le 5 avril mais ne s’est fait soigner qu’une semaine plus tard. Le 21 avril, il a été admis dans un centre de traitement de la maladie à virus Ebola à Mbandaka, la capitale de la province de l’Équateur (nord-ouest). L’homme est décédé le même jour. Ces nouvelles contaminations ne résultent pas, selon l’OMS, de la précédente épidémie d’Ebola survenue en RDC, qui s’est terminée en décembre. La maladie apparaît de façon cyclique depuis qu’elle a été découverte en 1976 en Afrique. Le virus Ebola se transmet à l’homme par des animaux infectés. La transmission humaine se fait par les liquides corporels, avec pour principaux symptômes des fièvres, maux de tête, vomissements, saignements et diarrhées. Actuellement, les équipes de lutte contre Ebola disposent de deux traitements approuvés fin 2020 par l’Agence américaine des médicaments (FDA): le REGN-EB3, un cocktail de trois anticorps monoclonaux, et le mAb114, un anticorps monoclonal commercialisé sous la marque Ebanga. Les experts utilisent également le vaccin anti-Ebola rVSV-ZEBOV pour interrompre la chaîne de transmission, par la vaccination des cas contacts des malades. Belga

Cameroun-Nigeria : de Yaoundé à Lagos, le bois et l’argent du bois
« Trafic de bois : les coulisses du pillage » (2/5). Depuis près de quinze ans, au Cameroun, une nouvelle loi forestière censée juguler le commerce illicite de bois précieux est en gestation. En attendant sa promulgation, le trafic se poursuit, jusqu’à la frontière du Nigeria. Plongée au cœur d’une mafia aux racines profondes. … Nous sommes en 2008. Au palais d’Etoudi, Paul Biya prépare déjà l’élection présidentielle qui lui accordera un sixième mandat trois années plus tard. Non loin de la présidence, au ministère des Forêts et de la Faune, Elvis Ngolle Ngolle met quant à lui en branle un chantier d’envergure, celui de la gestion du domaine forestier camerounais. La loi régissant le secteur date de 1994. Une autre époque. Les bailleurs de fond, l’Union européenne (UE) en tête, demandent sa révision. Les mots de « contrôle » et de « transparence » sont prononcés, répétés, martelés. Alors, le ministre, sur instruction du chef du gouvernement Ephraïm Inoni et du président Biya, prend les choses en main, en collaboration avec le titulaire du portefeuille des Finances, Essimi Menye. Jeune Afrique