Revue de presse du 25 juin 2025

La Chine élargit son influence en Afrique en multipliant ses engagements sécuritaires
Les entraînements conjoints de la Chine avec les forces africaines, dont 20 ont eu lieu depuis 2006, ont gagné en ampleur et en sophistication ces dernières années…Le concept de sécurité global de la Chine, connu sous le nom d’Initiative de sécurité globale, oriente les engagements élargis de la Chine en matière de sécurité en Afrique. Ces engagements s’inscrivent dans le cadre du renforcement du soutien politique à certains partis au pouvoir et de la promotion des normes de sécurité et des pratiques de gouvernance du Parti communiste chinois (PCC). Ainsi, la Chine cherche à s’attirer les faveurs des élites au pouvoir, à obtenir un traitement préférentiel pour ses entreprises et à rallier le soutien de l’Afrique à ses ambitions géopolitiques. La multiplication des engagements sécuritaires de la Chine n’a pas été exempte de problèmes. Les armes chinoises sont parfois tombées entre les mains de militants dans des zones de conflit, telles que le Mali, le Darfour, le Soudan du Sud et la République démocratique du Congo. En l’absence de réglementations strictes, des armes et équipements de surveillance chinois ont été utilisés par certains gouvernements africains pour harceler et réprimer leurs opposants politiques. Cette situation, résultant de la multiplication des engagements de la Chine en matière de sécurité, suscite des sentiments défavorables à l’égard de la Chine dans certaines parties de l’opinion publique africaine, où elle est souvent critiquée pour avoir renforcé les pratiques illibérales en Afrique. Elle pose également un dilemme quant à la divergence entre les intérêts des citoyens africains et les ambitions sécuritaires et géostratégiques croissantes de la Chine sur le continent. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Kenya : un an après les manifestations de juin 2024, une commémoration sous haute tension
Un an après l’assaut du Parlement, des Kényans se réunissent mercredi 25 juin en mémoire de la soixantaine de personnes tuées lors des manifestations de juin 2024. Plus de 80 personnes avaient aussi été enlevées – certaines des mois après les manifestations – et des dizaines d’entre elles sont toujours portées disparues. Pour rappel, la prise de l’hémicycle du 25 juin 2024 par des milliers de jeunes réclamant la démission du président Ruto avait marqué l’apogée de mois de protestation, durement réprimée par les forces de l’ordre, contre l’augmentation des impôts et la corruption présente dans le pays. Cette année, le gouvernement Ruto, soucieux de limiter les troubles, s’est efforcé d’éviter toute hausse directe d’impôts dans le budget. Mais, le 8 juin, un enseignant et blogueur de 31 ans, Albert Ojwang, est mort en cellule. Il avait été arrêté la veille à son domicile par des officiers de police pour son activité sur les réseaux sociaux. Les forces de l’ordre avaient initialement tenté de camoufler son décès en suicide, arguant qu’il s’était cogné la tête contre les murs. L’autopsie a révélé des marques de strangulations, des ecchymoses, un traumatisme crânien… ce qui a amplifié la colère d’une partie de la société civile, descendue dans la rue pour réclamer justice…Les militants et les familles des personnes tuées l’année dernière ont appelé à une marche commémorative pacifique, exhortant les policiers et les « voyous » à rester chez eux. Le Monde avec AFP

Soudan: à Pretoria, Abdallah Hamdok tente de rassembler des appuis contre la guerre
En déplacement à Pretoria, Abdallah Hamdok a rencontré le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Il y mobilise les relais diplomatiques face à une guerre qui, depuis plus de deux ans, oppose au Soudan les Forces armées soudanaises (FAR) du général Abdel Fattah al-Burhan aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Hamdan Daglo, dit Hemedti. « Nous ne croyons pas qu’une solution militaire soit en mesure de régler ce conflit. Et aucun des deux belligérants ne sera capable d’obtenir une victoire totale », dit-il. « Je pense qu’on doit mettre un terme aux souffrances de notre peuple et s’engager dans un processus politique beaucoup plus crédible ». En février dernier, la coalition civile Taqaddum, que dirigeait Abdallah Hamdok, s’est scindée en deux, sur fond de désaccords, notamment sur la participation – ou non – à un gouvernement dans les zones contrôlées par les FSR. « Certains de nos membres de Taqaddum ont commencé à envisager de former un gouvernement. Et nous avons eu une conversation très franche à ce propos », explique-t-il. La visite d’Abdallah Hamdok en Afrique du Sud a suscité la colère du gouvernement soudanais, aujourd’hui contrôlé par l’armée. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères accuse la coalition Somoud de prendre parti pour les FSR et met en garde les pays qui choisiraient de traiter avec elle. RFI

Tchad : en détention depuis plus d’un mois, l’opposant Succès Masra annonce une grève de la faim
L’opposant et ancien premier ministre du Tchad, Succès Masra, en détention depuis plus d’un mois, a annoncé mardi 24 juin entamer une grève de la faim, dans une lettre adressée à ses militants…« Cela fait quarante jours que je suis là, cherchant encore, sans doute comme vous, la raison de ma présence dans ce lieu », écrit l’opposant, candidat malheureux à la présidentielle de 2024. Arrêté le 16 mai, il est poursuivi par la justice pour « incitation à la haine, à la révolte, constitution et complicité de bandes armées, complicité d’assassinat, incendie volontaire et profanation de sépultures ». Le 19 juin, ses avocats ont introduit une demande de libération provisoire, qui a été rejetée par la chambre d’accusation. Me Francis Kadjilembaye, coordinateur du collectif des avocats de M. Masra, a répété à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il s’agit, selon eux, d’une « détention arbitraire ». Et, de Paris, l’un de ses avocats français, Me Vincent Brengarth, a réagi à l’annonce de M. Masra. « Nous avons saisi le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme ainsi que la sous-commission droits de l’homme du Parlement européen. Il est urgent que cette détention cesse en même temps que cette procédure injustifiée », a-t-il affirmé dans un message à l’AFP. Le 14 mai, quarante-deux personnes, « majoritairement des femmes et des enfants », ont été tuées à Mandakao, dans la province du Logone-Occidental (sud-ouest du Tchad), selon la justice tchadienne, qui accuse M. Masra d’avoir provoqué ce massacre. Un message audio est mis en avant par la justice pour incriminer Succès Masra, qui daterait de 2023…Les conseils de Succès Masra affirment que cette déclaration, prononcée « dans un contexte précis, avait fait l’objet d’un mandat d’arrêt international » contre leur client qui « avait été levé en date du 2 novembre 2023, suite à un abandon des poursuites ». Le Monde avec AFP

Tchad : L’ONU débloque 8 millions de dollars pour répondre à la crise humanitaire
Face à l’aggravation de la crise humanitaire au Tchad, les Nations Unies ont annoncé mardi l’octroi de huit millions de dollars d’aide d’urgence pour soutenir les populations déplacées et les réfugiés soudanais installés dans le pays. Dans un communiqué, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a précisé que six millions de dollars seront alloués aux communautés d’accueil vulnérables, aux réfugiés fuyant la guerre au Soudan, ainsi qu’aux Tchadiens rapatriés dans l’est du pays. Les deux millions restants serviront à assister plus de 220 000 personnes déplacées dans la province du Lac, à l’ouest, où les attaques persistantes de groupes armés non étatiques poussent les habitants à fuir. Ce nouveau financement s’inscrit dans la continuité d’un appui antérieur de 14,5 millions de dollars octroyé plus tôt cette année via le Fonds central d’intervention d’urgence. Une aide précieuse, mais encore loin de couvrir l’ampleur des besoins. Depuis le début du conflit au Soudan en avril 2023, le Tchad a vu affluer près de 860 000 réfugiés soudanais et plus de 270 000 Tchadiens rapatriés, dont une majorité d’enfants. Un afflux massif qui exerce une pression intense sur les ressources déjà limitées des communautés locales. Le Tchad fait face à une crise humanitaire complexe, amplifiée par les conflits régionaux, la pauvreté chronique et l’instabilité sécuritaire. Sahel Intelligence

Mozambique : au moins 120 enfants enlevés par des djihadistes
Au nord du Mozambique, la province de Cabo Delgado est à nouveau le théâtre d’exactions d’une extrême gravité. Selon l’organisation Human Rights Watch (HRW), au moins 120 enfants ont été enlevés ces dernières semaines par un groupe armé affilié à l’État islamique, connu localement sous le nom d’al-Shabab (sans lien avec le groupe somalien homonyme). Ces enfants, enlevés lors de raids menés dans des villages reculés, sont contraints de transporter des biens pillés, d’effectuer des travaux forcés, de combattre dans les rangs des insurgés ou encore d’être mariés de force. Certains d’entre eux ont été relâchés, mais le nombre exact de ceux toujours retenus en captivité demeure inconnu, a précisé Ashwanee Budoo-Scholtz, directrice adjointe pour l’Afrique chez HRW. Dans un communiqué publié mardi, HRW qualifie ces actes de crimes de guerre et alerte sur une résurgence inquiétante de la violence dans la région. En mars, six enfants avaient déjà été enlevés pour transporter du butin, dont seulement quatre avaient été libérés. Le 11 mai dernier, huit autres enfants — six filles et deux garçons — ont été capturés lors d’un raid dans le district de Muidumbe. Trois filles, dont la plus jeune était âgée de 12 ans, ont été tuées lors de cette attaque, a précisé l’UNICEF, qui s’est déclaré « profondément préoccupé ». Depuis 2017, Cabo Delgado est en proie à une insurrection islamiste qui a fait au moins 6 000 morts, dont 2 500 civils. Plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées selon l’ONU, et la violence ne cesse de s’étendre aux provinces voisines. En 2021, des combattants affiliés à l’État islamique ont mené une attaque de plusieurs jours contre la ville portuaire de Palma, provoquant un exode massif des habitants. Africanews avec AP

Centrafrique : un Casque bleu zambien tué à la frontière du Soudan
La mort d’un casque bleu zambien en République centrafricaine vendredi. Stephen Muloké Sachachoma, 33 ans, a perdu la vie lors de l’attaque d’une patrouille de la Minusca, la Mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique, par un groupe armé soudanais. L’incident s’est déroulé près de la frontière nord avec le Soudan, dans le village d’Am-Sissia1. Un autre casque a été blessé lors de cette même attaque. Le gouvernement zambien exige que les responsables de cet acte soient traduits en justice conformément au droit international. C’est la troisième attaque dirigée cette année contre les casques bleus en République centrafricaine. Suscitant l’inquiétude du Conseil de sécurité. La crise sécuritaire qui a débuté en 2013 a nécessité la mise en place de la Mission de maintien de la paix de l’ONU dans ce pays. Africanews

Municipales au Togo : l’opposition dénonce des candidatures irrégulières
Plusieurs partis de l’opposition dont l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (Addi), dénoncent la présence de candidats « inéligibles au regard du code électoral » sur la liste du parti au pouvoir, l’Union pour la République (Unir), en des élections municipales. Dans un communiqué du 22 juin 2025, consulté par Ouestaf News, Addi dénonce aussi une « justice instrumentalisée » ayant permis aux candidats concernés d’être sur la liste du parti Unir dans la circonscription de Tône 1, au nord du Togo. Cette situation fait monter la tension politique au Togo à moins d’un mois des élections municipales prévues le 17 juillet 2025. Selon le communiqué de l’Addi, ces irrégularités concernent notamment la candidature d’un chef traditionnel, d’un membre de la Commission nationale des droits de l’homme, ainsi que d’un représentant du parti Unir siégeant à la Commission électorale locale indépendante. Tous seraient en situation d’« incompatibilité », explique ce parti de l’opposition. Selon le document de l’Addi, initialement, la Cour suprême avait donné raison à leur requête d’invalidation de la liste Unir dans cette localité. Mais, dans un revirement inattendu, explique l’opposition, elle a réhabilité la même liste quelques jours plus tard, « sans justification claire », suscitant l’« indignation ». Les formations de l’opposition y voient une « dérive grave » et une « soumission du pouvoir judiciaire à l’exécutif ». Récemment, des représentants de partis politiques de l’opposition, réunis au sein du Cadre permanent de concertation (CPC), avaient appelé, le 26 mai 2025, à l’accélération du processus de renouvellement de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qu’ils jugeaient « partiale ». Ouestaf

Vienne : L’AIEA programme un contrôle sur les sites nucléaires et les déchets radioactifs en Algérie
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) prépare une mission de contrôle qui sera déployée en Algérie, pour inspecter les installations nucléaires civiles, ainsi que les systèmes de gestion des déchets radioactifs issus des centres médicaux du pays. « Cette visite vise à vérifier le respect des normes internationales en matière de sûreté nucléaire, de sécurité des installations et de gestion des déchets radioactifs, notamment dans le secteur médical, jugé opaque», selon un expert de l’AIEA. Des rapports confidentiels de l’AIEA, évoquent un manque de clarté dans la traçabilité des déchets radioactifs générés par les hôpitaux et les laboratoires en Algérie. Cette mission entre dans le cadre des engagements internationaux de l’Algérie en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de son accord de garanties généralisées avec l’AIEA, signé en 1996. Des analystes en sécurité redoutent que les matières faiblement radioactives, si elles sont mal sécurisées, puissent être détournées à des fins non conventionnelles, pour servir à la fabrication de « bombes sales », c’est-à-dire des dispositifs explosifs classiques contenant des substances radioactives destinées à contaminer une zone plutôt qu’à provoquer une explosion nucléaire. Sahel Intelligence