De l’usage de l’Afrique comme scène au sommet Russie-Afrique
Les 43 chefs d’État africains qui s’étaient rendus au premier sommet Russie-Afrique en 2019 avaient grand espoir que la Russie deviendrait une nouvelle source d’investissements et d’échanges pour le continent. Le président russe Vladimir Poutine avait en effet promis de doubler les échanges commerciaux avec la Russie pour atteindre 40 milliards de dollars en cinq ans. Au lieu de cela, les échanges du continent avec la Russie ont baissé pour atteindre 14 milliards de dollars. Ils demeurent aussi très inégaux puisque la Russie exporte sept fois plus qu’elle importe d’Afrique et 70 pour cent de ces échanges surviennent de quatre pays, c’est-à-dire l’Égypte, l’Algérie, le Maroc et l’Afrique du Sud. Par ailleurs, la Russie n’investit que très peu en Afrique. Elle ne représente qu’un pourcent de l’investissement direct étranger (IDE) dans le continent. … Malgré ces liens économiques affaiblis, l’influence russe en Afrique s’est rapidement accrue depuis le premier sommet Russie-Afrique. Cela s’est largement produit par l’usage de moyens irréguliers, notamment le soutien aux régimes isolés et autocratiques en combinant le déploiement de forces paramilitaires du groupe Wagner, l’ingérence électorale, la désinformation et des échanges d’armes contre des ressources. … Le sommet dote Moscou de bénéfices évidents. Il communique une perception de retour à la normale après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale émis contre Poutine et de la révolte avortée du chef de Wagner Evgueni Prigozhine. Le sommet permet de démontrer que la Russie n’est pas un paria mais qu’elle bénéficie du soutien implicite des chefs d’État africains malgré ces violations du droit international, comme si de rien n’était. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Sommet Russie-Afrique : des enjeux économiques en trompe-l’œil ?
Le 27 juillet s’ouvre à Saint-Pétersbourg la deuxième édition du sommet Russie-Afrique, dédié au renforcement des partenariats avec le continent. … En octobre 2019, devant une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement réunis dans la ville balnéaire de Sotchi, Vladimir Poutine avait promis de “doubler dans les cinq ans les échanges commerciaux” avec le continent. Pourtant, après plusieurs années de croissance, ceux-ci ont enregistré un recul sur la période 2018 – 2021, passant de 20 à 17,7 milliards de dollars. Un chiffre sans commune mesure avec le commerce chinois (282 milliards), de l’Union européenne (254 milliards) ou bien des États-Unis (83 milliards) avec l’Afrique, alors que la Russie représente toujours moins de 1 % des investissements étrangers sur le continent. Dans sa lettre aux pays africains, Vladimir Poutine affirme que le chiffre de commerce de la Russie avec les pays d’Afrique a augmenté en 2022“ pour atteindre presque 18 milliards de dollars américains”, tout en reconnaissant que les “capacités de [leur] partenariat commercial et économique sont beaucoup plus grandes”. La Russie à tendance à “sur-promettre et à ne pas tenir ses promesses lorsqu’il s’agit de ses engagements économiques en Afrique”, analyse Joseph Siegle, auteur d’un rapport sur les engagements économiques de la Russie en Afrique. Pour le chercheur américain, la Russie souhaite avant tout “promouvoir ses intérêts géostratégiques […] : s’assurer un pied dans la Méditerranée à la frontière sud de l’Otan, déplacer l’influence occidentale et normaliser la vision du monde de la Russie”. France24
Washington sanctionne trois responsables maliens, dont le ministre de la Défense
Les Etats-Unis ont annoncé lundi des sanctions économiques visant trois militaires maliens, dont l’actuel ministre de la Défense, pour avoir « facilité le déploiement et l’expansion » des activités au Mali du groupe paramilitaire russe Wagner. Ces sanctions visent trois gradés de l’armée malienne: le colonel Sadio Camara, ministre de la Défense, ainsi que le colonel Alou Boi Diarra et le lieutenant-colonel Adama Bagayoko, tous deux responsables dans l’armée de l’air. Washington fait état « de preuves montrant que ces responsables maliens ont contribué aux activités malveillantes du groupe Wagner au Mali », dans un communiqué du Trésor américain. « L’action d’aujourd’hui expose les principaux responsables maliens qui ont contribué à faciliter l’enracinement du groupe Wagner au Mali au cours des deux dernières années », a déclaré le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, Brian Nelson, cité dans le communiqué. »Ces responsables ont rendu leur peuple vulnérable aux activités déstabilisatrices et aux violations des droits humains du groupe Wagner tout en ouvrant la voie à l’exploitation des ressources souveraines de leur pays au profit des opérations du groupe Wagner en Ukraine », a-t-il ajouté. VOA avec AFP
Centrafrique: Serge Gbabyombo, le porte-parole du parti d’opposition URCA, brièvement arrêté
En Centrafrique, le porte-parole du parti d’opposition URCA Serge Gbabyombo, finalement libéré hier lundi dans la soirée, annonce son parti, après avoir été retenu quelques heures au SIR, le Service de renseignements et d’investigations dans le centre de la capitale. Selon la direction du parti d’Anicet Georges Dologuélé, il se trouvait à son domicile dans le 4ème arrondissement de Bangui lorsque « des éléments de la garde présidentielle » se sont présentés hier après-midi. … Depuis plusieurs semaines, les membres de l’URCA dénoncent des intimidations à leur encontre qui auraient, selon plusieurs observateurs, poussé Anicet Georges Dologuélé à quitter le pays. Hier soir, dans un communiqué, le Bloc républicain de défense pour la Constitution, plateforme dont fait partie l’URCA, a affirmé tenir le président Touadéra pour responsable « de l’intégrité physique de Serge Gbayombo » et exigé sa libération immédiate. RFI
Deux ans après le coup de force de Kaïs Saïed, la Tunisie s’enfonce dans la crise
En l’espace de deux ans, la Tunisie a vécu de nombreux soubresauts politiques et le pays est entré dans une phase de sa transition démocratique difficile à définir. Les ONG et associations de défense des droits humains dénoncent fréquemment la régression des libertés. Depuis qu’il a accaparé les pleins pouvoirs en un coup de force, le président tunisien bafoue les acquis de 2011. Il gouverne par décrets-lois et essaie de « museler les voix critiques », selon Amnesty International. Les défenseurs des droits de l’homme dénoncent également des arrestations arbitraires et une ingérence dans la justice. « Les libertés en Tunisie sont aujourd’hui menacées et le pouvoir est en dérive autoritaire », selon Hatem Nafti auteur de Tunisie : vers un populisme autoritaire ?. « En deux ans, la Tunisie a chuté de 49 places dans le classement de Reporters sans frontières en matière de liberté d’expression, elle devient le quatrième pays arabe en termes de liberté d’expression, après avoir été leader pendant presque dix ans, souligne Hatem Nafti, joint par Houda Ibrahim de la rédaction Afrique. Les journalistes sont harcelés par un cadre juridique, notamment avec une loi contre les fake news qui crée une sorte d’autocensure. » RFI
En Tunisie, une manifestation anti-gouvernementale pour réclamer la libération des opposants
Une nouvelle manifestation contre la « dérive autoritiaire » du pouvoir en Tunisie. Plusieurs centaines de personnes ont défilé, mardi 25 juillet, à Tunis contre le coup de force du président Kaïs Saïed qui s’est arrogé les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, réclamant la libération de plus de 20 opposants et personnalités emprisonnés depuis février. « À bas le coup d’État », « Liberté pour tous (les opposants) emprisonnés », ont notamment scandé les manifestants rassemblés au centre de Tunis à l’appel du Front de salut national (FSN), principale coalition de l’opposition, dont fait partie le parti islamo-conservateur Ennahda, bête noire du président Kaïs Saïed. Bravant une vague de chaleur inédite en Tunisie (avec près de 50 degrés lundi à Tunis et près de 45 mardi), les manifestants, dont des dirigeants du FSN, ont crié aussi leur colère contre une « magistrature aux ordres ». France24 avec AFP
Canicule : la Tunisie et l’Algérie suffoquent, entre incendies et températures proches des 50 °C à l’ombre
Le mercure a frôlé les 50 °C lundi 24 juillet en Tunisie, soit 6 à 10 °C de plus que les normales de saison, ce qui a provoqué des coupures de courant et obligé de nombreux habitants à chercher refuge sur le littoral ou les plages, même la nuit. En Algérie voisine, les autorités étaient aussi en alerte, avec des pics pouvant atteindre 48 °C localement dans cinq préfectures de l’est : Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf et Guelma, placées en « vigilance orange ». Dans les deux pays, des incendies violents ont été enregistrés au milieu d’une végétation surchauffée et privée d’eau depuis des semaines. En Algérie, des feux dans le nord et l’est ont fait 15 morts et 26 blessés dans la nuit de dimanche à lundi, et rendu nécessaire l’évacuation de 1 500 personnes. En Tunisie, dans une zone frontalière de l’Algérie, près de Tabarka (nord-ouest), des incendies ont redémarré, attisés par de fortes rafales de vent et les températures caniculaires. Au moins 300 personnes ont été évacuées par la mer du village de Melloula, déjà victime d’un grave incendie dans la semaine, et d’autres par la voie terrestre. Le Monde avec AFP
En Algérie, au moins 34 morts, dont 10 militaires, après des incendies qui ont sévi dans le nord du pays
Au moins 34 personnes, dont 10 militaires, ont péri dans de violents incendies survenus dans le nord-est de l’Algérie dans la nuit de dimanche 23 à lundi 24 juillet et toujours en cours, selon un nouveau bilan publié par le ministère de l’intérieur lundi soir. Un précédent bilan faisait état de 15 morts et 26 blessés. Des soldats se sont retrouvés encerclés par les flammes alors qu’ils étaient évacués de Beni Ksila, dans la wilaya (préfecture) de Béjaïa, accompagnés d’habitants de hameaux limitrophes, a indiqué pour sa part le ministère de la défense. Au total, le pays a enregistré 97 incendies dans seize wilayas, mais les plus violents se sont déclarés à Béjaïa, Bouira et Jijel, a fait savoir le ministère dans son communiqué. Ces incendies, attisés par des vents très forts, ont atteint des zones d’habitations dans ces trois wilayas, où 1 500 personnes menacées par les flammes ont été évacuées. Des images de médias locaux montrent des champs et des zones boisées en feu, des voitures calcinées et des devantures de magasins réduites en cendre dans des villages entièrement détruits par les flammes. L’Algérie fait face à une canicule intense dans certaines régions, avec des pics de températures à 48 degrés lundi, qui contribuent à assécher la végétation, la rendant plus vulnérable aux départs de feux. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a adressé ses condoléances aux familles en évoquant des « victimes civiles » mais aussi « militaires ». Le Monde
Côte d’Ivoire: inauguration d’un deuxième site d’accueil de réfugiés burkinabè dans le nord
L’opération s’est déroulée en trois jours, sur deux sites différents, au nord-est du pays. Samedi dernier, 191 demandeurs d’asile burkinabè ont été relocalisés, sur la base du volontariat, sur le site de Niornigué dans la région du Tchologo. Près de 1 100 maisons de 26 m2 chacune, composées d’un salon et d’une chambre, ont été construites pour accueillir des familles ou des groupes de six à sept personnes. La deuxième opération a été lancée, ce lundi 24 juillet, à partir de la ville de Bouna, la capitale régionale du Bounkani. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 51 ménages ont pu être relocalisés dans le centre de Timala, près du village de Notadouo, à 15 km de Bouna. Celui-ci est légèrement plus grand que le premier, avec environ 1 500 maisons. 271 personnes, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, s’y sont déjà installés. Les deux centres sont protégés par des clôtures barbelées et par des agents de sécurité. Ces structures sont financées à 90 % par la Côte d’Ivoire, une démarche saluée par le Haut Commissariat pour les réfugiés qui évoque « une première » sur le continent. RFI
Bola Tinubu bientôt à Cotonou pour resserrer les liens entre les deux pays
Lorsque Patrice Talon était dans la loge présidentielle à l’investiture de Bola Tinubu, les signes de rapprochement n’étaient pas visibles. Mais depuis, les rencontres se sont multipliés. Les deux hommes se sont vus quatre fois en moins de deux mois, à Abuja et en Guinée-Bissau. Patrice Talon, très réservé sur les sommets, accepte même un rôle au sein d’une troïka présidentielle à Bissau. Et cela commence sous le mandat de Bola Tinubu à la tête de la Cédéao. Selon nos informations, le chef de l’État nigérian sera l’invité d’honneur de la fête de l’indépendance du Bénin le 1er août prochain. Autre signe de détente entre les deux chefs d’État : le 12 juillet dernier, Patrice Talon a reçu l’homme d’affaires et industriel nigérian Aliko Dangoté. Vu les relations très tendues entre les deux pays, personne n’imaginait voir les deux présidents ensemble de si tôt. Des photos les montrent même la main dans la main. Entre Muhammadu Buhari et Patrice Talon c’était le grand froid, les relations étaient tellement tendues entre les deux États qu’en 2019, les nigérians ont unilatéralement fermé la frontière pendant plus d’un an. RFI